A ce propos, Mgr Pascal Gollnisch, évêque, directeur de
l’Œuvre d’Orient et vicaire général pour les Chrétiens
d’Orient, a récemment été interviewé par La Nef sur l’Etat
islamique (EI) et son financement. Ci-dessous, quelques
extraits adaptés de l’interview :
Quels sont les soutiens de l’Etat Islamique ?
Il faut déjà écarter la thèse complotiste qui a cours dans
certaines régions proche-orientales selon laquelle l’Occident
serait derrière l’Etat Islamique. C’est évidemment faux. Pour
l’Arabie Saoudite et le Qatar, le soutien qu’ils ont pu lui
fournir est terminé. Car un homme comme al-Baghdadi qui se
proclame calife menace immédiatement tous les pouvoirs
sunnites (Arabie, Maroc, Jordanie…). Mais le rôle de la
Turquie n’est pas clair. Selon moi, elle joue un triple jeu :
avec l’Occident ; avec les Kurdes ; avec les sunnites. C’est
par la Turquie que transitent aujourd’hui armes, munitions,
djihadistes, pétrole, etc. Personne ne maîtrise non plus les
mouvements financiers dont son territoire est la plaque
tournante.
Comment situez-vous l’islamisme de l’Etat Islamique par
rapport à l’islam ?
Il est sûr que Daech se réclame de l’islam, et que le «
padamalgam » (ndmg – pas d’amalgame entre islam et terreur
islamique) se révèle insuffisant pour comprendre la situation.
Il faut d’abord que se développe une théologie qui montrerait
en quoi cette radicalisation n’est pas fondée. Et cela, seuls
les musulmans eux-mêmes peuvent le faire. Car on peut
manipuler le Coran dans tous les sens et lui faire dire ce que
l’on veut. Il ne suffit pas que le CFCM (Conseil Français du
Culte Musulman) fasse une déclaration. La première cause tient
au fait qu’il n’y a plus de hiérarchie dans l’islam sunnite
depuis 1922 et à la disparition du sultan. Si al-Baghdadi
affirme qu’il est le nouveau Calife, qui peut lui rétorquer
que non ?