“Les nouveaux (dés)équilibres mondiaux”,
Michel Foucher, Documentation photographique n° 8072
Édito
Comment lire notre monde, un monde complexe, qui n’oppose plus des blocs mais
développe les interactions, encourage les connexions et multiplie les flux ?
Michel Foucher, professeur de géographie à l’École normale supérieure, ancien conseiller
d’Hubert Védrine aux Affaires étrangères et ambassadeur de France en Lettonie, nous livre
ici une réflexion originale sur ce “monde rugueux” dont il analyse les nouveaux équilibres et
déséquilibres.
Les États entrent dans le jeu global avec leurs économies, certes, mais également avec leurs
populations, leurs cultures, leurs ressources, leurs territoires. D’où l’intensification des flux
économiques et humains, qui va de pair avec le renforcement régalien des contrôles : la
mondialisation se joue bien entre États nations. Cela n’empêche pas un nombre toujours
plus important d’acteurs de se livrer à des luttes d’influence, des multinationales aux cartels
du crime, des Organisations non gouvernementales à Al-Qaida, des médias reconnus aux
individus utilisant Twitter. L’échiquier mondial a volé en éclats et notre représentation du
monde avec lui.
La présidence Obama inaugure une nouvelle position américaine sur la scène internationale :
le bipolaire n’est plus, l’hyperpuissance a vécu, les États-Unis sont désormais disposés à
établir des “partenariats”. En d’autres termes, il est temps de prendre en compte, dans les
relations internationales, les multiples liens induits par la mondialisation économique et
financière et l’affirmation de nouvelles puissances (dites “émergentes”) fondées avant tout
sur la croissance.
Au-delà, la crise du crédit qui affecte aujourd’hui le monde a démontré, s’il le fallait, la
nécessité d’une régulation globale de l’économie. Les nouveaux défis environnementaux,
agricoles, énergétiques, etc. appellent des réponses collectives. Reste donc à établir une
gouvernance globale fondée sur un polycentrisme en devenir, qui redonne un cadre et
dessine un avenir à ce XXI
e
siècle naissant.