1 INVENTAIRE ÉCOLOGIQUE DE LA RÉSERVE NATURELLE DU MARAIS-KERGUS, ABITIBI (QUÉBEC) Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Graphisme et photos: Corporation du marais Kergus Corporation du marais Kergus - Anne-Marie Lemay, 2004 Corporation du marais Kergus 2 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus INVENTAIRE ÉCOLOGIQUE DE LA RÉSERVE NATURELLE DU MARAIS-KERGUS, ABITIBI (QUÉBEC) Rapport réalisé pour le compte de la Corporation du marais Kergus par Anne-Marie Lemay, biologiste (M. Sc.) été 2004 Corporation du marais Kergus 3 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Table des matières 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Introduction............................................................................................................... 9 Contexte biophysique ............................................................................................. 10 2.1 Situation géographique .........................................................................................10 2.1.1 Caractères topographiques...........................................................................10 2.1.2 Réseau hydrographique .................................................................................10 2.1.3 Conditions climatiques ................................................................................... 11 2.1.4 Assise rocheuse.............................................................................................. 11 2.1.5 Dépôts de surface.......................................................................................... 11 2.1.6 Sols ...................................................................................................................12 2.2 Végétation ...............................................................................................................12 2.3 Perturbations..........................................................................................................12 Méthodologie.......................................................................................................... 13 3.1 Végétation ...............................................................................................................13 3.2 Faune ........................................................................................................................14 Végétation .............................................................................................................. 15 4.1 La végétation du milieu aquatique et du milieu humide....................................15 4.1.1 Herbaçaies aquatiques...................................................................................16 4.1.2 Herbaçaies semi-aquatiques (annexes 4 et 5)...........................................16 4.1.3 Arbustaies de tourbières et arbustaies sur tapis flottant (annexe 6) 17 4.1.4 Arbustaies riveraines (annexes 7 et 8)......................................................19 4.1.5 Forêts tourbeuses et forêt marécageuse................................................. 20 4.2 La végétation du milieu terrestre ...................................................................... 24 4.2.1 Boisés et herbaçaies humides ..................................................................... 24 4.2.2 Boisés frais ou secs ...................................................................................... 27 4.2.3 Boisés très secs............................................................................................. 33 Flore ....................................................................................................................... 33 Faune ..................................................................................................................... 34 Risques de dégradation du site .............................................................................. 35 Conclusion et recommandations ............................................................................ 36 Annexes 1,2 3 ........................................................................................................ 41 Corporation du marais Kergus 4 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Corporation du marais Kergus 5 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Liste des symboles et abréviations Dans l’ensemble du document ~ approximativement cm centimètre ° degré °C degré Celcius DHP diamètre à hauteur de poitrine sp. espèce indéterminée < inférieur à GPS système de positionnement global ha hectare km kilomètre km2 kilomètre carré m mètre m2 mètre carré mm millimètre ' minute N Nord O Ouest pH potentiel hydrogène % pourcentage '' seconde Dans les tableaux uniquement Ai strate arborescente inférieure As strate arborescente supérieure > supérieur à Classe de drainage : Corporation du marais Kergus 6 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 0 excessif 1 rapide 2 bon 3 modéré 4 imparfait 5 humide 6 très humide Exposition : E N est nord NE nord-est NO nord-ouest O ouest SE sud-est T totale Mesures : . un point seul signifie nul - donnée non disponible Texture du dépôt minéral : AL argile limoneuse AS argile sableuse L loam LA loam argileux LS loam sableux LSA loam sablo-argileux Corporation du marais Kergus 7 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Remerciements Je souhaite adresser vivement ma reconnaissance à toutes les personnes et tous les organismes qui ont collaboré à la réalisation de ce projet. Merci d’abord à la Fondation de la Faune du Québec, pour son soutien financier via le programme Emplois-naturejeunesse d’Emploi-Québec. Merci au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, et de façon plus particulière à Sylvie Flageolle, Michel Beauchesne et Michel Poitras, pour avoir fourni une bonne partie du matériel de terrain et de laboratoire. Merci également à Jacques Labrecque, botaniste au Ministère de l’Environnement du Québec, pour son aide précieuse dans la vérification ou l’identification de spécimens. À Germain Bérubé, pour ses « lifts » en canot, pour m’avoir fait partager ses connaissances du site d’étude et avoir participé au montage de l’herbier. À Florence Lafon, qui a eu l’amabilité et la patience de rentrer les notes de terrain dans la base de données et pour avoir apporté son aide dans la conception des cartes. Merci à Lucille Lemay, pour son aide durant certaines journées de travail sur le terrain, et à Pierre Aquin, Line Couillard, Roger Larivière et Louise Voynaud, pour leurs conseils ou leur aide dans l’identification de spécimens. Finalement, j’aimerais souligner que l’inventaire de la faune a été réalisé entre 1985 et 2001 par André-Guy Bernier, Sylvain Chateauvert, Jeannette Boisclair, Jean Aubé, Lucie Auclair, Florence Lafon, Germain Bérubé, le Ministère de la Faune du Québec, la Société du Loisir Ornithologique de l’Abitibi-Témiscamingue et Edith van de Walle, et qu’une liste préliminaire des plantes vasculaires des milieux humides répertoriées durant l’année 2000 a été fournie par Roger Larivière et Sylvie Gagnon. Corporation du marais Kergus 8 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 1 Introduction La réserve naturelle du Marais-Kergus est située dans la municipalité de La Motte en Abitibi (Québec) et fait partie du réseau de réserves naturelles en milieu privé mis en place par le ministère de l’Environnement du Québec. Elle a été reconnue le 28 mai 2003 pour une durée perpétuelle, en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (L. R. Q., c. C-61.01). Cette réserve possède plusieurs caractéristiques d’intérêt pour la conservation. Elle a la particularité de contenir un agencement d’habitats très diversifiés: un lac marécageux, des herbiers aquatiques, un milieu humide, des forêts naturelles, des plantations ainsi que des zones agricoles. Le territoire de la réserve abrite aussi une aire de concentration d’oiseaux aquatiques (halte et aire de reproduction pour la sauvagine), une zone fréquentée par les hérons, de même qu’un habitat du poisson. Sur le plan floristique, on signale la présence du rosier brillant (Rosa nitida), une espèce plus méridionale. La réserve a également la particularité de chevaucher deux bassins hydrographiques importants, soit le bassin de l’océan Arctique (via la rivière Harricana et la baie James) et celui de l’océan Atlantique (via la rivière Outaouais et le fleuve Saint-Laurent). Parmi les réserves naturelles en milieu privé, la réserve naturelle du MaraisKergus a été la première, et est l’une des seules, à avoir été reconnue comme une aire protégée habitée, selon le souhait des propriétaires. La vocation principale du site est reliée à la conservation des habitats qui s’y trouvent. Le territoire peut également servir de lieu à des activités scientifiques et éducatives. Depuis de nombreuses années déjà, l’endroit suscite l’intérêt des naturalistes. Jusqu’à maintenant, des observations sporadiques ont été faites sur la faune, entre 1985 et 2001, afin de déterminer les espèces qui fréquentent les lieux. Une liste partielle des plantes du milieu humide a également été dressée au cours de l’année 2000. Aucune de ces compilations n’a cependant fait l’objet d’un rapport. À la demande de la Corporation du marais Kergus, un organisme voué entre autres à la protection et la mise en valeur de la réserve naturelle du MaraisKergus, un inventaire écologique a été réalisé sur le territoire de la réserve à l’été 2004 dans le but d’en dresser un portrait plus complet. C’est ce dont ce présent rapport fait l’objet. Ce bilan servira à orienter les efforts de conservation et mettre en valeur des composantes naturelles particulières. De façon plus précise, cette étude comporte les objectifs suivants : inventorier et cartographier les groupements végétaux; Corporation du marais Kergus 9 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus établir la liste des plantes vasculaires (en intégrant la liste préliminaire des plantes du milieu humide établie en 2000); faire le bilan des données recueillies sur la faune entre 1985 et 2001; identifier les risques de dégradation du site; et formuler des recommandations pour mettre en valeur ou conserver certaines caractéristiques naturelles. 2 Contexte biophysique 2.1 Situation géographique La réserve naturelle du Marais-Kergus est située sur le territoire de la municipalité de La Motte (48°22'35''N, 78°08'18''O), dans la municipalité régionale de compté (MRC) de l’Abitibi, qui fait elle-même partie de la région de l’Abitibi-Témiscamingue. La réserve est à environ 580 km au nord-ouest de Montréal et une trentaine de kilomètres au sud d’Amos. Le territoire couvre une superficie de 301,1 ha (~3 km2). L’annexe 1 présente les limites de la réserve ainsi que du secteur visé par l’étude. 2.1.1 Caractères topographiques L’ensemble du territoire de la réserve est peu accidenté. Son altitude varie autour de 300 m, comme l’altitude moyenne de la platte-forme abitibienne (Massicotte, 1982), qui forme la plaine la plus étendue au Québec après celle du Saint-Laurent. Les quelques collines rencontrées sur le site ne s’élèvent seulement qu’à 310 ou 320 m d’altitude (annexe 1). 2.1.2 Réseau hydrographique La plaine abitibienne est divisée en deux versants, soit le versant de l’Arctique et celui de l’Atlantique, par une ligne de partage des eaux orientée obliquement de l’est vers le sud-ouest. Cette ligne traverse la réserve naturelle du Marais-Kergus au nord du chemin Saint-Luc (annexe 1). Sur le versant de l’Arctique, la réserve comprend le lac Kergus et ses ruisseaux tributaires (Thibodeau, Langevin, Lachance et un cours d’eau sans nom situé à l’est du lac; annexe 1). Les eaux du lac Kergus se drainent dans le lac Malartic par la crique à Bellefeuille et poursuivent leur parcours vers la rivière Harricana, avant d’atteindre la baie James, puis l’océan Arctique. Le niveau d’eau du lac Kergus subit une fluctuation qui suit un cycle annuel, causant l’inondation périodique des terres humides en périphérie. Aux plus hauts niveaux d’eau, en particulier durant la crue printanière, même les terres agricoles avoisinantes sont en partie inondées et un tronçon du chemin de la Baie se trouve sous l’eau. L’amplitude de la variation du niveau d’eau notée durant l’été 2004 est de 1,5 m. Corporation du marais Kergus 10 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Sur l’autre versant, celui de l’Atlantique, la réserve comprend un petit cours d’eau intermittent, qui fait partie d’un réseau de lacs et de rivières qui coulent vers la rivière Outaouais, avant d’aboutir dans le fleuve Saint-Laurent, puis dans l’océan Atlantique. On trouve également deux petits étangs artificiels (annexe 1). 2.1.3 Conditions climatiques Le climat régional est de type continental (Villeneuve, 1967), marqué par de grandes amplitudes de température. Ainsi, les hivers y sont très froids (moyenne de janvier : -17,3 °C) et, les étés, relativement chauds (moyenne de juillet : 17,2°C), et les précipitations totalisent annuellement en moyenne 918,4 mm, dont 27% tombent sous forme de neige1. Ce climat est influencé par les vents d’ouest dominants et surtout par les masses d’air froid venant du nord. La durée annuelle moyenne de la saison de croissance dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue est de 140 à 160 jours, soit 20 à 30 jours de moins que dans la région de Montréal2. 2.1.4 Assise rocheuse Le secteur d’étude fait partie du bouclier canadien, dont les roches sont parmi les plus vieilles de la planète. De façon plus précise, il est situé dans la partie sud de la province géologique du lac Supérieur, qui se caractérise par de longues zones de roches volcaniques et sédimentaires métamorphosées, séparées par des aires de roches granitiques intrusives (Veillette et al., 2000). La région est reconnue pour l’exploitation de ses divers gisements minéraux (or, cuivre, zinc, argent, ...). Pour éviter que ce genre d’exploitation ne puisse se faire sur la réserve naturelle du Marais-Kergus, les droits miniers ont été abolis (excepté pour un lot dans le nord de la réserve). 2.1.5 Dépôts de surface L’assise rocheuse de la région est recouverte de dépôts glaciaires qui ont été mis en place entre 10 000 et 8 000 ans avant aujourd’hui, au moment où l’Abitibi se libérait de sa couche de glace du dernier âge glaciaire de l’Amérique du Nord (Veillette et al., 2000). Le till (composé surtout de sable) est le sédiment glaciaire le plus répandu en Abitibi. Il tapisse les dépressions topographiques et est masqué par des dépôts d’argile, d’origine glaciolacustre, qui s’étendent en général sous les 300 m d’altitude (Veillette et al., 2000). Sur les flancs des collines ainsi que sur les platières élevées de l’ordre de 300 m et plus d’altitude se trouvent des dépôts fluvioglaciaires (faits essentiellement de sable et de gravier) (Lafond et Ladouceur, 1968). D’autres dépôts, plus récents, se sont déposés sur la plaine abitibienne. Ils sont représentés par une grande quantité de tourbières et d’alluvions sablo-limoneuses en bordure des lacs, des rivières et de leurs deltas (Gaudreau, 1979). 1 2 Source : Environnement Canada, 1971-2000 (station météorologique d’Amos). Source : Ressources naturelles Canada. Corporation du marais Kergus 11 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Selon une carte écoforestière de la région, le territoire de la réserve naturelle du Marais-Kergus est recouvert par des dépôts d’origine glaciolacustre, sauf à certains endroits sur les collines, où le roc granitique est exposé. Au niveau du lac Kergus et des terres humides qui l’entourent, les dépôts de surface sont composés de matière organique. 2.1.6 Sols Selon Clayton et al. (1977), les sols de l’Abitibi sont représentés par les podzols humo-ferriques, les luvisols gris, les gleysols et les sols organiques. Les podzols ont pris naissance sur les sables grossiers, alors que sur les dépôts argileux se sont développés les luvisols (argiles bien drainés) et les gleysols (argiles humides). Quant aux sols organiques, leur formation est due à l’accumulation de matériaux organiques dans le fond des dépressions, où les eaux de drainage stagnent, du moins à certaines périodes de l’année (Gaudreau, 1979). Faute de temps, les sols n’ont pas fait l’objet d’une classification dans le cadre de ce projet. 2.2 Végétation La végétation du secteur étudié se situe à l’extrémité sud de la forêt boréale. Elle fait partie du domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau blanc (Jurdant, 1964), et plus particulièrement du sous-domaine de l’ouest (sapinière boréale sèche), où les tremblaies (associées aux sédiments glaciolacustres), les bétulaies et les tremblaies à bouleau blanc (till), les pinèdes (roc ou sable) ainsi que les pessières (roc, sable ou tourbières) abondent (Bérard et al., 1996). La végétation de la réserve naturelle du Marais-Kergus est dominée par les forêts de tremble (Populus tremuloides) et les forêts d’épinette noire (Picea mariana). Le cèdre (Thuya occidentalis) et le mélèze laricin (Larix laricina) sont également abondants. 2.3 Perturbations La végétation du domaine de la sapinière à bouleau blanc est modelée par les feux, les épidémies d’insectes et les chablis, auxquels se sont ajoutés plus récemment la coupe et l’agriculture (Bérard et al., 1996). La végétation de la réserve n’a pas été épargnée par ces perturbations. Parmi les plus importantes, survenues au cours du siècle dernier, on signale d’abord le passage d’un grand feu de forêt au début des années 1900. Selon des photographies aériennes datant de 1926, à peu près juste la végétation du milieu humide aurait échappée aux flammes. Au moment de l’incendie, le territoire n’était pas encore habité. À l’arrivée des premiers occupants en 1938, des terres ont été défrichées pour permettre l’agriculture. Aujourd’hui, une partie de ces terres a été reboisée, une petite parcelle a été laissée en friche, alors que le reste des terres défrichées possèdent encore une vocation agricole (annexe 1). Du côté des épidémies d’insectes, on en rapporte au Corporation du marais Kergus 12 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus moins une. Elle a fait un ravage important durant deux années consécutives (2000 et 2001). C’était une épidémie de la livrée des forêts (Malacosoma disstria). La chenille de cette espèce de papillon de nuit s’attaque aux feuillus en se nourrissant de leurs feuilles (le tremble est son préféré). Les autres perturbations importantes sont associées à la coupe de bois. Il y a eu plusieurs coupes à blanc sur le territoire. Les plus récentes ont eu lieu entre 1994 et 1998 dans des tremblaies qui bordent le milieu humide. Les boisés qui sont maintenant en régénération à ces endroits sont indiqués à l’annexe 1. Même si la réserve n’était pas encore reconnue à cette époque, selon la réglementation municipale, aucune coupe n’aurait dû avoir lieu à ces endroits. Il y a eu d’autres coupes sur les rives est et ouest du lac Kergus durant la même période, mais à l’extérieur des limites de la réserve. Faute de photographie aérienne récente, les boisés coupés à ces endroits n’ont pas été représentés sur la carte. Les zones où le bois a été coupé sur la réserve se basent sur des repères pris au GPS sur le terrain. 3 Méthodologie 3.1 Végétation L’inventaire de la végétation a d’abord nécessité une interprétation de photographies aériennes en noir et blanc (1:20 000) du territoire à l’étude dans le but de distinguer les différentes unités de végétation présentes. La photointerprétation a été suivie d’un échantillonnage sur le terrain, basé sur la méthode phytosociologique de Braun-Blanquet (1932). Les placettes, ou sites d’échantillonnage, ont été réparties à l’intérieur des unités de végétation identifiées sur les photos en suivant des transects orientés est-ouest et séparés de 100 m les uns des autres (sauf dans la végétation basse du milieu humide où les transects ont été visités à des intervalles de 200 m étant donné la grande homogénéité de la végétation dans ce secteur). Cette approche systématique a été adoptée pour satisfaire les besoins de la cartographie et dans l’idée d’augmenter les chances de tomber sur des espèces rares. Les placettes avaient une superficie de 100 m2 dans les arboraies, 25 m2 dans les arbustaies et 1 m2 dans les herbaçaies. Les données recueillies dans chacune des placettes comprenaient : la longitude, la latitude et l’altitude prises au GPS, la situation topographique, l’inclinaison et l’exposition de la pente, l’épaisseur de l’humus, l’épaisseur et la texture du dépôt minéral, le pH du sol pris à l’aide d’un Kelway HB-2 Professional pH Tester (permettant de prendre une mesure sur les sols ayant entre 60 et 70% d’humidité), la pierrosité, la classe de drainage, la profondeur de la nappe phréatique ou la profondeur de l’eau, la liste des plantes vasculaires (selon la nomenclature de Marie-Victorin, 1995) par strate de végétation, accompagnées des coefficients d’abondance-dominance (recouvrement) et de sociabilité (mode de dispersion des individus d’une même espèce), la classe de recouvrement de chaque strate de végétation, la Corporation du marais Kergus 13 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus hauteur de l’arbre moyen, l’âge de l’essence d’arbre dominante ou codominante et son DHP, et les signes d’activités humaines. Les échelles des coefficients d’abondance-dominance et de sociabilité sont les suivantes : abondance-dominance : + occasionnel et moins de 5% de recouvrement 1 abondant avec peu de recouvrement ou moins abondant avec un recouvrement plus élevé, mais moins de 5% du recouvrement total 2 5 à 25% du recouvrement total 3 25-50% du recouvrement total 4 50-75% du recouvrement total 5 75-100% du recouvrement total sociabilité : 1 isolés 2 en touffes 3 en petites colonies 4 en grandes colonies 5 populations pures Les travaux de terrain ont été réalisés à l’été 2004 (de la mi-juin jusqu’au début septembre). À cause d’un manque de temps, seuls les milieux aquatique et humide ainsi que les boisés adjacents ont pu être couverts par l’inventaire (annexe 1). Aussi, un intérêt moins important a été accordé aux herbaçaies présentes dans les secteurs forestiers. Elles ont été décrites de façon qualitative avec une liste des espèces les plus fréquentes. C’est le cas aussi des herbaçaies aquatiques, où il était difficile d’établir des stations d’échantillonnage. Au total, 56 relevés ont été complétés dans les arboraies, 57 dans les arbustaies et 14 dans les herbaçaies. Les données recueillies sur le terrain ont permis de déterminer différents groupements végétaux grâce à des tableaux phytosociologiques, en tenant compte des espèces dominantes et des espèces différentielles. Une carte de la végétation de la zone étudiée a ensuite été réalisée avec le logiciel ArcView 3.2 à partir des photographies aériennes géoréférencées. Une carte des régimes hydriques a également été produite à partir des classes de drainage déterminées sur le terrain aux différentes placettes. 3.2 Faune Cette partie du travail a simplement consisté à faire un bilan des observations sporadiques faites par différents naturalistes entre 1985 et 2001. Les noms utilisés suivent la nomenclature proposée par Desrosiers et al. (1995). Corporation du marais Kergus 14 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 4 Végétation Cette section présente les groupements végétaux inventoriés dans le secteur étudié de la réserve naturelle du Marais-Kergus, selon leur physionomie, leur composition floristique et certaines caractéristiques de leur habitat. Les tableaux qui ont servi à classifier ces groupements sont rassemblés à la fin du document aux annexes 4 à 22. Ces tableaux comprennent les valeurs d’abondance-dominance et de sociabilité pour chaque espèce, les classes de recouvrement de chaque strate de végétation et certaines caractéristiques de l’habitat pour chaque placette. Certains groupements ont été décrits sur la base d’un seul site d’échantillonnage. Malgré la fragilité d’une telle classification, tous les groupements ont été présentés dans le but de montrer toute la diversité qui se trouve sur le territoire. On dénombre 56 types de communautés végétales qui se répartissent en 22 arboraies, 22 arbustaies et 12 herbaçaies. Dans le milieu humide, on compte 37 groupements, et 19 dans les autres secteurs. La carte des groupements végétaux et la carte des régimes hydriques du secteur d’étude ont été placées aux annexes 2 et 3 respectivement. Certaines unités de végétation n’ont pas pu être délimitées sur la carte de la végétation (annexe 2), en raison d’un faible contraste sur les photographies aériennes disponibles. Pour certains de ces groupements, des points indiquent l’emplacement des placettes qui ont servi à faire leur classification. 4.1 La végétation du milieu aquatique et du milieu humide De façon grossière, la végétation de ces milieux se distribue en anneaux concentriques (ou ceintures) autour du lac Kergus (annexe 2) et cette répartition est en grande partie régulée par la profondeur de l’eau et la durée de submersion pendant un cycle annuel. Les herbaçaies aquatiques forment les premières ceintures de végétation qui bordent l’eau libre du lac. Elles sont composées de plantes submergées à longueur d’année et de plantes à feuilles flottantes. La prochaine ceinture de végétation en s’éloignant de l’eau libre est représentée de façon irrégulière par des arbustaies de tourbières et des arbustaies sur des tapis flottants qui sont inondées durant une partie de la saison de végétation. La profondeur moyenne de la nappe phréatique mesurée dans ce secteur est de 5,5 cm. Viennent ensuite les herbaçaies semi-aquatiques, composées de plantes émergentes qui ont les pieds dans l’eau pendant la plus grande partie de leur période de croissance. Ces herbaçaies sont suivies d’arbustaies riveraines qui reposent sur un substrat plus stable et qui sont submergées moins longtemps que les ceintures de végétation précédentes (profondeur moyenne de la nappe phréatique : 10 cm). La dernière ceinture est représentée par des forêts tourbeuses (pessières noires, mélézaies laricins et cédrières) et une forêt marécageuse (frênaie noire). Ces boisés sont surtout inondées au printemps, Corporation du marais Kergus 15 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus mais la nappe phréatique demeure près de la surface tout au long de l’été (profondeur moyenne de la nappe phréatique : 15 cm). Elle est souvent visible dans les dépressions du terrain. Les communautés inventoriées dans ces ceintures de végétation se développent sur un substrat organique composé de tourbe. Ce substrat est soit submergé ou saturé d’eau durant une grande partie de la saison de végétation et possède en général au moins 1 m d’épaisseur. La tourbe repose sur un substrat d’argile limoneuse avec un régime hydrique très humide, donc avec un drainage mauvais ou très mauvais (annexe 3). 4.1.1 Herbaçaies aquatiques Au total, cinq types d’herbaçaies aquatiques ont été inventoriées : 1. 2. 3. 4. un groupement à grand nénuphar jaune (Nuphar variegatum); un groupement à potamot flottant (Potamogeton natans); un groupement à rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium); un groupement à rubanier à feuilles étroites et utriculaire vulgaire (Utricularia vulgaris); et 5. un groupement à potamot de Richardson (Potamogeton Richardsonii). Les espèces des trois premiers groupes sont des plantes à feuilles flottantes, alors que l’utriculaire vulgaire est sans racine et flotte librement à travers les rubaniers et que le potamot de Richardson possède des feuilles complètement submergées. Le grand nénuphar jaune forme de petites colonies en eau courante peu profonde (0.5 m) dans la crique à Bellefeuille, tout comme le potamot de Richardson, enraciné à 0.8 m de profondeur. Le grand nénuphar jaune est l’une des nourritures favorites du castor et de l’orignal et tolèrerait mal la pollution de l’eau (Fleurbec, 1987). Contrairement aux deux espèces précédentes, le potamot flottant pousse en très grande colonie à la même profondeur que le potamot de Richardson, mais au nord de la crique, plus près du lac. Il est aussi présent en amont à l’embouchure du ruisseau Thibodeau dans des eaux stagnantes peu profondes (0.5 m). Quant au rubanier à feuilles étroites, il forme de petites colonies en compagnie de l’utriculaire vulgaire dans certaines petites baies abritées du lac. On trouve également le même rubanier flotter dans le courant ici et là dans la crique à Bellefeuille. 4.1.2 Herbaçaies semi-aquatiques (annexes 4 et 5) Le paysage de cette ceinture de végétation est clairement dominée par le carex à fruits tomenteux (Carex lasiocarpa). Cette espèce forme de grandes prairies émergentes, en eau peu profonde (0.3 m). Mais vers la fin de l’été, avec le vent et un niveau d’eau plus bas, les plantes sont couchées au sol et forment un véritable champ de bataille. Près d’une dizaine de communautés dominées par le carex à fruits tomenteux ont été échantillonnées. Elles ont été séparées en deux groupements (annexe 4) : Corporation du marais Kergus 16 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 1. un groupement à carex à fruits tomenteux et utriculaire intermédiaire (Utricularia intermedia); et 2. un groupement à carex à fruits tomenteux et potentille palustre (Potentilla palustris). Le trèfle d’eau (Menianthes trofoliata) et la prêle fluviatile (Equisetum fluviatile) accompagnent souvent les espèces du premier groupement. Les autres herbaçaies semi-aquatiques inventoriées sont présentées à l’annexe 5 et comprennent : 1. 2. 3. 4. 5. un groupement à typha à feuilles larges, ou quenouille (Typha latifolia); un groupement à éléocharide de Small (Eleocharis Smallii); un groupement à Carex utriculata; un groupement à carex à long rhizome (Carex chordorrhiza); et un groupement à phalaris roseau (Phalaris arundinacea). Le groupement à quenouille a été échantillonné sur un substrat saturé d’eau. La quenouille est surtout accompagnée de prêle fluviatile (Equisetum fluviatile). L’éléocharide de Small pousse en compagnie de la même espèce de prêle, mais en eau peu profonde (0.2 m). Le groupement à Carex utriculata a été échantillonné dans la même quantité d’eau accompagné surtout de trèfle d’eau (Menianthes trifoliata) et de potentille palustre (Potentilla palustris). Pour le groupement à carex à long rhizome, le substrat était très mouillé et, avec le carex, on note une présence importante de potentille palustre et de lycope uniflore (Lycopus uniflorus). La potentille palustre joue un rôle important dans le dynamisme de la végétation du milieu humide. Ses tiges peuvent se ramifier plusieurs fois et s’avancer carrément dans l’eau, de sorte qu’elles servent de support à d’autres plantes qui cherchent à s’avancer également (Fleurbec, 1987). Le groupement à phalaris roseau a été placé parmi les herbaçaies semiaquatiques (annexe 5), mais il fait plutôt partie de la prairie riveraine. Le groupement a été observé sur la plaine de débordement du ruisseau Langevin et, sauf en période de grande crue, c’est la terre plus ou moins ferme. Le phalaris roseau pousse en compagnie d’autres espèces de milieu humide, dont la glycérie du Canada (Glyceria canadensis) et le Carex utriculata, sur un humus de 38 cm d’épaisseur. La nappe phréatique se situe à près de 1 m de profondeur. Cette communauté s’est probablement développée suite au creusage du ruisseau Langevin pour servir de canal de drainage. 4.1.3 Arbustaies de tourbières et arbustaies sur tapis flottant (annexe 6) Sur les bords du lac Kergus et en particulier sur les îles, on rencontre des arbustaies de tourbières (annexe 2). Elles sont généralement basses (0,2 m) et poussent sur un tapis de sphaignes saturé d’eau. Elles sont dominées par le myrique baumier (Myrica Gale) ou le cassandre caliculé (Cassandra calyculata). On peut distinguer trois groupements : 1. un groupement à myrique baumier et cassandre caliculé, sous-groupement à carex oligosperme (Carex oligosperma); Corporation du marais Kergus 17 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 2. un groupement à cassandre caliculé, myrique baumier et linaigrette de Virginie (Eriophorum virginicum); et 3. un groupement à cassandre caliculé et andromède glauque (Andromeda glaucophylla). Parmi les arbustes répertoriés dans ces groupements, l’airelle canneberge (Vaccinium Oxycoccos), un arbuste rampant à tiges filiformes caractéristique des tourbières très mouillées, est le plus fréquent. Dans la strate herbacée, le carex oligosperme, la rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) et la sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea) sont les espèces les plus communes. Ces deux dernières sont de bons exemples de carnivorisme chez les plantes. Grâce à la faible hauteur de ce type d’arbustaie, il est relativement facile d’observer à partir d’une embarcation les hampes des sarracénies pourpres qui colonisent ces milieux. Outre les arbustes et les herbacées, on observe quelques jeunes mélèzes laricins et épinettes noires dispersés. Des mares parsèment aussi le paysage de ces tourbières. Ces petits plans d’eau ainsi que la configuration complexe du littoral, en particulier dans la partie nord du lac, sont très appréciés par la sauvagine qui peut y trouver refuge contre les prédateurs. En périphérie des arbustaies de tourbières, sur le bord de l’eau, s’est installée une ceinture dense d’arbustes sur tapis flottant dominée par le myrique baumier et souvent suivie d’une bande très étroite de sagittaire latifoliée (Sagittaria latifolia) entre l’eau et la « terre ». Cette espèce de sagittaire constitue l’une des nourritures du castor, du porc-épic d’Amérique, du rat musqué, de certains canards et oiseaux de rivage. Un total de quatre types de communautés végétales ont échantillonnées dans ce milieu (annexe 6) : 1. un groupement à myrique baumier (Myrica Gale) et cassandre caliculé (Cassandra calyculata), sous-groupement à carex à fruits tomenteux (Carex lasiocarpa); 2. un groupement à myrique baumier et cassandre caliculé, sous-groupement à duliche roseau (Dulichium arundinaceum); 3. un groupement à myrique baumier et cassandre caliculé, sous-groupement à iris versicolor (Iris versicolor); et 4. un groupement à myrique baumier et cassandre caliculé, sous-groupement à typha à larges feuilles, ou quenouille (Typha latifolia). Dans ces formations arbustives, le myrique baumier est toujours accompagné de cassandre caliculé et très souvent d’andromède glauque (Andromeda glaucophylla) et d’airelle canneberge (Vaccinium Oxycoccos). Selon le type de communauté, les herbacées sont représentées soit par une dominance de carex à fruits tomenteux, de duliche roseau, d’iris versicolor ou de quenouille. La strate inférieure des herbacées est généralement plus importante que dans les arbustaies de tourbières. Parmi les espèces qui composent cette strate, le trèfle d’eau (Menianthes trifoliata) peut être assez abondant dans le sousgroupement à carex à fruits tomenteux. Et la présence d’espèces comme le millepertuis de Virginie (Hypericum virginicum), la rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), l’utriculaire intermédiaire (Utricularia intermadia), le lycope uniflore (Lycopus uniflorus), la potentille palustre (Potentilla palustris) et Corporation du marais Kergus 18 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus la sagittaire latifoliée (Sagittaria latifolia) est assez fréquente. Le recouvrement par la strate muscinale, quant à lui, est plutôt variable. Comme mentionné précédemment, ces arbustaies se trouvent sur des tapis flottants. Cependant, à certains endroits, elles reposent sur un substrat plus solide. Les branches transportées par le courant contribuent à solidifier ce substrat, tout comme les huttes de castors. Durant la période d’inventaire, une dizaine de huttes ont été répertoriées sur les rives du lac. 4.1.4 Arbustaies riveraines (annexes 7 et 8) Ces arbustaies denses forment la ceinture la plus large de la végétation basse dans le milieu humide (annexe 2). Ce secteur est composé lui-même de différentes ceintures de végétation. En suivant un gradient d’éloignement de la rive, voici d’abord les types de communautés qui ont été inventoriées à proximité du lac (annexe 7) : 1. un groupement à andromède glauque (Andromeda glaucophylla) et myrique baumier (Myrica Gale), sous-groupement à prêle fluviatile (Equisetum fluviatile); 2. un groupement à andromède glauque, saule pédicellé (Salix pedicellaris) et prêle fluviatile; 3. un groupement à saule pédicellé et prêle fluviatile; 4. un groupement à cassandre caliculé (Cassandra calyculata), saule pédicellé et prêle fluviatile; 5. un groupement à myrique baumier, saule pédicellé et prêle fluviatile. L’andromède glauque, le cassandre caliculé et le saule pédicellé sont présents dans la strate arbustive de tous ces groupements à des degrés divers. Le myrique baumier n’est présent que dans le premier et le dernier groupement. Dans la strate herbacée supérieure, ces groupements partagent de toute évidence une chose en commun, c’est-à-dire la présence constante de la prêle fluviatile. Elle est accompagnée fréquemment par le carex oligosperme (Carex oligosperma), le carex à fruits tomenteux (Carex lasiocarpa) et la potentille palustre (Potentilla palustris). La strate herbacée inférieure et la strate muscinale sont peu représentées, voir même absentes. En s’éloignant de la rive, les communautés qui succèdent aux groupements à prêle fluviatile sont distribuées dans l’ordre suivant (le groupement numéro 8 est donc celui qui se situe le plus proche de la forêt) : 6. un groupement à andromède glauque (Andromeda glaucophylla) et myrique baumier (Myrica Gale), sous-groupement à bouleau nain (Betula pumila) (annexe 7); 7. un groupement à bouleau nain, myrique baumier et carex raide (Carex stricta) (annexe 8); 8. un groupement à myrique baumier et némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus) (annexe 8). Corporation du marais Kergus 19 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Dans le groupement numéro 6, la strate arbustive est dominée par l’andromède glauque et le myrique baumier. Les autres arbustes sont représentés principalement par le bouleau nain, le cassandre caliculé (Cassandra calyculata) et le saule pédicellé (Salix pedicellaris). La strate herbacée est peu développée. On y trouve la smilacine à trois feuilles (Smilacina trifolia) de façon constante et la présence de plantes moins communes, dont la prêle fluviatile (Equisetum fluviatile), le carex oligosperme (Carex oligosperma) et le carex à fruits tomenteux (Carex lasiocarpa) sont les plus fréquentes. Le recouvrement par la strate muscinale est très variable. Dans le groupement numéro 7, le bouleau nain semble atteindre son maximum de développement. Il domine la strate arbustive avec le myrique baumier. Les autres arbustes sont représentés principalement par l’andromède glauque, le saule pédicellé (Salix pedicellaris) et l’airelle canneberge (Vaccinium Oxycoccos), auxquels s’ajoutent parfois de nombreuses touffes de rosier brillant (Rosa nitida) et de spirée à larges feuilles (Spiraea latifolia). La strate herbacée est presque uniquement composée de carex raide (Carex stricta) supérieurement et de smilacine à trois feuilles (Smilacina trifolia) inférieurement. La strate muscinale est pauvre et le terrain possède un microrelief bosselé. Finalement, le groupement numéro 8 est dominé par le myrique baumier et le némopanthe mucroné. Le bouleau nain est présent, mais est moins abondant que dans le groupement précédent. Le reste de la strate arbustive est composée essentiellement de cassandre caliculé (Cassandra calyculata), d’aulne rugueux (Alnus rugosa) et de petits mélèzes laricins (Larix laricina). On trouve aussi des espèces qui ne sont pas présentes dans les autres arbustaies riveraines, comme le viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides), le saule à feuilles de poirier (Salix pyrifolia) et le chèvrefeuille à feuilles oblongues (Lonicera oblongifolia). Les herbacées sont surtout représentées par des espèces de la strate inférieure : la smilacine à trois feuilles (Smilacina trifolia), la ronce pubescente (Rubus pubescens), la prêle des bois (Equisetum sylvaticum) et différents carex (Carex tenuiflora, Carex disperma et Carex trisperma). La strate muscinale recouvre de 25 à 50 % de la surface de la placette et le terrain est bosselé. Dans les arbustaies riveraines, des aulnaies rugueuses à myrique baumier ont également été échantillonnées à lisière de la forêt, mais elles sont décrites avec les autres groupements d’aulne rugueux (voir la section 4.2.1.4). 4.1.5 Forêts tourbeuses et forêt marécageuse Ces forêts composent la ceinture de végétation la plus éloignée du lac. Elles sont représentées par des cédrières, des pessières noires et des mélézaies laricins à sol tourbeux, ainsi que par un bois marécageux dominé par le frêne noir (annexe 2). 4.1.5.1 Cédrière à aulne rugueux, sous-groupement à sapin baumier (annexe 9) Corporation du marais Kergus 20 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Ce type de communauté est située dans des dépressions ouvertes où l’eau circule bien (annexe 2). Les forêts échantillonnées sont basses (hauteur moyenne du couvert végétal : 7,6 m), passablement ouvertes et assez âgées (âge moyen des cèdres : 99 ans; DHP moyen : 20,2 cm). La strate arborescente est dominée par le cèdre (Thuya occidentalis). Il est parfois accompagné par un peu de mélèze laricin (Larix laricina), de bouleau blanc (Betula papyrifera) ou d’épinette noire (Picea mariana). La strate arbustive est très dense. Elle est dominée par l’aulne rugueux (Alnus rugosa) et le cèdre. Une bonne partie de la régénération se fait aussi en sapin baumier (Abies balsamea) et à l’occasion avec un peu de mélèze laricin et d’épinette noire. Ces espèces sont accompagnées par une grande variété d’arbustes caractéristiques des milieux humides, dont le cassandre caliculé (Cassandra calyculata), le lédon du Groenland (Ledum groenlandicum) et le némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus) sont parmi les plus fréquents. La strate herbacée est également riche en espèces avec, entre autres, du carex trisperme (Carex trisperma), de la ronce pubescente (Rubus pubescens) et du cornouiller du Canada (Cornus canadensis). La strate muscinale est très abondante. 4.1.5.2 Cédrière à aulne rugueux, sous-groupement à épinette noire (annexe 9) Cette vieille cédrière (âge d’un cèdre : 133 ans; DHP : 16,8 cm) se situe plus loin du lac que les cédrières précédentes (annexe 2). Elles ont toutefois une physionomie similaire. Sur le plan floristique, le cèdre (Thuya occidentalis) partage la dominance du couvert de la strate arborescente avec l’épinette noire (Picea mariana) et un peu de mélèze laricin (Larix laricina). La strate arbustive est très dense mais peu diversifiée. Elle est composée essentiellement de cèdre, d’aulne rugueux (Alnus rugosa) et d’épinette noire. La composition floristique de la strate herbacée est comparable à celle de la cédrière à aulne rugueux et sapin baumier et la strate muscinale est très développée. 4.1.5.3 Pessière noire à lédon du Groenland (annexe 10) Cette pessière colonise des sites à proximité des groupements de cèdre. Il semble même avoir une alternance sur le terrain dans la disposition de ces deux types de communautés (annexe 2). Le groupement se caractérise par un couvert végétal fermé d’une hauteur moyenne de 10,8 m. Il s’agit d’un peuplement à peu près pur d’épinette noire (Picea mariana), dont l’âge moyen est de 71 ans (DHP moyen : 16,6 cm). L’épinette est parfois accompagnée de mélèze laricin (Larix laricina). Selon Lafond et Ladouceur (1968), le mélèze est présent dans les stations les plus humides où se développe cette association. La strate arbustive est dense et est constituée essentiellement de jeunes épinettes noires produites par marcottage et d’arbustes de la famille des éricacées caractéristiques des terrains tourbeux, dont le plus abondant est le lédon du Groenland (Ledum groenlandicum). La strate herbacée est peu développée. On y trouve presque uniquement de la smilacine à trois feuilles (Smilacina trifolia) et du carex trisperme (Carex trisperma). Le strate muscinale forme un tapis continu. Corporation du marais Kergus 21 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Pour Lafond et Ladouceur (1968), il s’agit d’un des peuplements les plus importants et les plus caractéristiques du nord de l’Abitibi et probablement d’un des plus caractéristiques de la plaine abitibienne dans les bas fonds mal drainés. Mais un peu partout en Abitibi, ce type de peuplement a été exploité de façon très intensive. 4.1.5.4 Pessière noire à mélèze laricin, sous-groupement à épinette noire (annexe 11) 4.1.5.5 Ce peuplement couvre une assez grande étendue au nord du lac Kergus (annexe 2). C’est une forêt passablement ouverte et relativement basse, avec une hauteur moyenne du couvert végétal égale à 9,8 m. Elle est composée d’un étage supérieur de mélèze laricin (Larix laricina), dont l’âge moyen est de 51 ans (DHP moyen : 16,4 cm), et d’un sous-étage assez dense d’épinette noire, particulièrement au niveau de la strate arbustive inférieure. La régénération se fait donc surtout en épinette noire, mais on peut trouver également de l’aulne rugueux (Alnus rugosa) et du sapin baumier (Abies balsamea). La strate herbacée est généralement assez bien développée et le tapis de mousses couvre plus de 75% de la superficie de la placette. Pessière noire à mélèze laricin, sous-groupement à éricacées (annexe 11) Il s’agit d’une forêt basse (hauteur moyenne du couvert végétal : 7,7 m) et très ouverte. L’étude dendrométrique indique qu’une épinette noire serait âgée d’au moins 59 ans (DHP : 13,1 cm). Dans ce peuplement, l’épinette noire (Picea mariana) forme des îlots denses autour desquels poussent quelques mélèzes laricins (Larix laricina) et une strate dense d’arbustes composée essentiellement d’éricacées, en particulier le lédon du Groenland (Ledum groenlandicum) et le cassandre caliculé (Cassandra calyculata). La strate herbacée est peu développée. Elle est représentée par des cypéracées (Carex paupercula, Carex oligosperma et Carex pauciflora), la smilacine à trois feuilles (Smilacina trifolia) et la rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). Plus tard dans la saison, la présence de verge d’or des marais (Solidago uliginosa) a été notée dans le secteur. Le sol est bosselé et couvert de mousses sur plus des trois quarts de la superficie de la placette. 4.1.5.6 Pessière noire à sapin baumier (annexe 12) Sur la rive nord du lac Kergus, proche de la zone agricole, ont été échantillonnées quatre communautés d’épinette noire (Picea mariana) et de sapin baumier (Abies balsamea) (annexe 2). Ce sont des forêts avec un couvert végétal généralement fermé d’une hauteur moyenne de 12,3 m. La strate arborescente est dominée par l’épinette noire (Picea mariana), qui s’accompagne du sapin baumier (Abies balsamea). L’âge moyen des épinettes est de 56 ans (DHP moyen : 19 cm). Le sapin, lui, est probablement rendu à son maximum de développement, comme le suggère la présence de spécimens matures desséchés ou déjà tombés. Le mélèze laricin (Larix laricina), le cèdre (Thuya occidentalis), le saule discolore (Salix discolor) et le bouleau blanc (Betula papyrifera) peuvent également faire partie de la strate arborescente. On trouve un sous-étage d’aulne rugueux (Alnus rugosa) et de sapin baumier. L’épinette noire est peu abondant dans la régénération. Les arbustes qui les accompagnent sont représentés par de nombreuses espèces Corporation du marais Kergus 22 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus de milieu humide, dont le petit-thé (Chiogenes hispidula), le lédon du Groenland (Ledum groenlandicum), le chèvrefeuille velu (Lonicera villosa) et le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera). La strate herbacée est également très riche, avec une moyenne de 23 espèces, et le carex trisperme (Carex trisperma) est généralement l’espèce la plus abondante. Le tapis muscinal est très développé. 4.1.5.7 Mélézaie laricin à aulne rugueux, sous-groupement à aulne rugueux (annexe 13) Ce peuplement pur de mélèze laricin (Larix laricina) en pleine maturité (âge moyen des mélèzes laricins : 80 ans; DHP moyen : 24,9 cm) est présent à plusieurs endroits sur la rive ouest du lac Kergus (annexe 2). Il possède une bonne hauteur (16,9 m en moyenne). Du point de vue floristique, il est caractérisé par un étage supérieur de mélèze laricin et un sous-étage dense d’aulne rugueux (Alnus rugosa) et plusieurs autres arbustes de milieu humide, dont le lédon du Groenland (Ledum groenlandicum), le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia), le cassandre caliculé (Cassandra calyculata), le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera), le saule à feuilles de poirier (Salix pyrifolia) et la spirée à larges feuilles (Spiraea latifolia) sont parmi les plus communes. La strate herbacée est peu développée et compte surtout des cypéracées (Carex paupercula, Carex trisperma et Carex disperma), de la ronce pubescente (Rubus pubescens) et du maïenthème du Canada (Maianthemum canadense). La strate muscinale est très abondante. 4.1.5.8 Mélézaie laricin à aulne rugueux, sous-groupement à épinette noire (annexe 13) Cette association se trouve au nord et à l’est du lac Kergus (annexe 2). Son ouverture varie de passablement ouverte à fermée et les arbres ont en moyenne 13,6 m de haut. L’espèce arborescente dominante est le mélèze laricin (Larix laricina), dont l’âge moyen est de 44 ans (DHP moyen : 18,9 cm). Il est accompagné d’épinette noire (Picea mariana) et d’un sous-étage d’aulne rugueux (Alnus rugosa) très développé. L’épinette noire et le mélèze laricin font également partie de la régénération, auxquels peuvent parfois s’ajouter le cèdre (Thuya occidentalis) et le sapin baumier (Abies balsamea). La composition floristique de la strate arbustive inférieure et de la strate herbacée est comparable à celle du groupement précédent. Mais on trouve aussi d’autres espèces, dont le viorne comestible (Viburnum edule) et l’airelle Fausse-myrtille (Vaccinium myrtilloides) dans les arbustes, et le cornouiller du Canada (Cornus canadensis), le coptide du Groenland (Coptis groenlandica) et la violette agréable (Viola blanda) dans les herbacées. La strate muscinale possède généralement un recouvrement de plus de 75%. 4.1.5.9 Frênaie noire à onoclée sensible (annexe 14) Ce petit peuplement de frêne noir (Fraxinus nigra) a été inventorié au sud du lac Kergus en bordure du chemin de la Baie (annexe 2). C’est un bois marécageux, dont le couvert végétal est fermé et assez haut (hauteur moyenne du couvert végétal : 17,7 m). La strate arborescente est fortement Corporation du marais Kergus 23 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus dominée par le frêne noir. Au niveau des arbustes, on trouve de nombreux frênes noirs en régénération. Le reste de la strate arbustive est composée principalement d’aulne rugueux (Alnus rugosa), de saule discolore (Salix discolor) et de némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus). La strate herbacée est dominée par une espèce de fougère, l’onoclée sensible (Onoclea sensibilis). La strate muscinale est plus ou moins abondante, avec un recouvrement de 25 à 50%, et l’humus possède 30 cm d’épaisseur. Selon une carotte de bois récoltée dans un frêne, cette communauté serait âgée d’environ 65 ans (DHP : 22,1 cm). En Abitibi, le frêne noir ne forme généralement que de petites populations (Veillette et al., 2000). 4.2 La végétation du milieu terrestre La végétation du milieu terrestre repose sur des dépôts glaciolacustres et origine en grande partie du feu de forêt qui a sévi au début du siècle dernier. 4.2.1 Boisés et herbaçaies humides 4.2.1.1 Aulnaie rugueuse à saule discolore (annexe 15) Cette association se situe au bas des pentes dans des anciens lieux défrichés (annexe 2), où le drainage est modéré à humide. Elle est caractérisée par une strate arborescente dense d’aulne rugueux (Alnus rugosa), avec lequel s’établissent le saule discolore (Salix discolor) et parfois le peuplier baumier (Populus balsamifera) et le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica). La hauteur moyenne du couvert végétal est de 5,5 m. Dans la strate arbustive, les espèces les plus communes sont l’aulne rugueux, le framboisier (Rubus idaeus), le gadellier glanduleux (Ribes glandulosum), le viorne comestible (Viburnum edule), le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera) et le sureau pubescent (Sambucus pubens). La strate herbacée est bien développée. On note la présence constante de deux espèces de fougère (Dryopteris spinulosa et Athyrium Filix-femina), du carex brunâtre (Carex brunnescens), de la trientale boréale (Trientalis borealis) et du maïenthème du Canada (Maianthemum canadense). La strate muscinale est peu abondante. L’épaisseur moyenne de l’humus est de 24,5 cm et la moyenne du pH mesuré à deux sites d’échantillonnage sur quatre est de 6,0. Le groupement se développe sur un substrat d’argile limoneuse où la profondeur moyenne de la nappe phréatique est de 57 cm. 4.2.1.2 Aulnaie rugueuse à pigamon pubescent (annexe 15) Une seule aulnaie rugueuse à pigamon pubescent a été échantillonnée pour l’ensemble de la zone d’étude. Elle occupe une dépression fermée (annexe 2) sur un substrat d’argile limoneuse mal drainé. La hauteur moyenne du couvert végétal est de 4,8 m. L’aulne rugueux (Alnus rugosa) domine fortement la strate arbustive supérieure, alors que la strate arbustive inférieure est représentée essentiellement par le framboisier (Rubus idaeus) et le cerisier de Virginie (Prunus virginiana). Le tapis des herbacées est très bien développé avec comme principale espèce le pigamon pubescent (Thalictrum pubescens). 24 Corporation du marais Kergus Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus La strate muscinale est presque absente. Le sol possède un humus de 28 cm d’épaisseur et un pH de 6,4. La nappe phréatique a été mesurée à 60 cm de profondeur. 4.2.1.3 Aulnaie rugueuse à sphaignes (annexe 15) On dénombre deux communautés d’aulne rugueux à sphaignes. Les deux colonisent des dépressions mal drainées. La principale caractéristique qui les distingue des aulnaies précédentes est la présence d’un tapis de mousses composé essentiellement de sphaignes. On remarque aussi que le couvert végétal moyen est plus bas, soit 2,8 m. L’une des communautés (placette numéro 04071, celle située la plus au nord du secteur d’étude annexe 2) ressemble beaucoup à la sapinière baumière à aulne rugueux qui l’entoure (voir la section 4.2.1.7) à cause de la présence de sapin baumier dans la strate arbustive et un développement important de prêle des bois (Equisetum sylvaticum). Le creusage du sol jusqu’à 1 m de profondeur à cet endroit nous apprend que la nappe phréatique se trouve à 20 cm sous la surface et que le sol est composé d’une couche supérieure d’humus humide, de 3 cm d’épaisseur, suivie de 30 cm d’argile limoneuse, alors que le reste du profil est composé de tourbe à peine humide (le pH à la surface du sol est de 5,8). Le sol n’a pas été sondé davantage autour de la placette pour savoir jusqu’où s’étendait le phénomène, mais il serait intéressant de pousser l’étude plus loin pour chercher à comprendre le dynamisme de la végétation dans ce secteur. L’autre communauté d’aulne rugueux à sphaignes repose aussi sur de l’argile limoneuse et possède un humus de 55 cm d’épaisseur, alors que la nappe phréatique a été observée à 5 cm de profondeur. 4.2.1.4 Aulnaie rugueuse à myrique baumier (annexe 15) Cette association se trouve an bordure du lac Kergus à la lisère des communautés forestières (annexe 2). L’aulne rugueux (Alnus rugosa) domine la strate des arbustes avec une hauteur moyenne de 1,4 m. Il est accompagné d’arbustes de milieu tourbeux, dont le myrique baumier (Myrica Gale), le cassandre caliculé (Cassandra calyculata) et le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia). Sur un des deux sites échantillonnés, on observe un bon recouvrement de carex raide (Carex stricta), alors que la strate herbacée de l’autre site est peu développée. Le recouvrement par les mousses est variable, soit 1 à 5 % ou plus de 75 %. Le groupement se développe sur un humus de 36 cm ou plus de 100 cm d’épaisseur, et le dépôt minéral observé à un site est composé de loam argileux. La profondeur moyenne de la nappe phréatique est de 21 cm et la classe de drainage varie de humide à très humide. 4.2.1.5 Saulaie discolore à nerprun à feuilles d’aulne (annexe 15) Dans les boisés humides, une communauté dominée par le saule discolore (Salix discolor) a été inventoriée sur la rive ouest du lac Kergus (annexe 2) sur un sol argilo-limoneux mal drainé. Ce groupement s’est probablement développé suite à la coupe intensive qui a déjà eu lieu dans le secteur. La strate arborescente est moyennement ouverte et est composée principalement Corporation du marais Kergus 25 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus de saule discolore (Salix discolor), dont la hauteur moyenne atteint 8,1 m. La strate arbustive est caractérisée par une grande abondance de nerprun à feuilles d’aulne (Rhamnus alnifolius). Les principaux arbustes qui l’accompagnent sont l’aulne rugueux (Alnus rugosa), le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera), le némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus) et le viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides). Le couvert très dense d’arbustes empêche probablement le développement de la strate herbacée qui n’est représentée que par des espèces à faible recouvrement. La strate muscinale est présente sur 25 à 50 % de la superficie de la placette. L’épaisseur de l’humus est de 18 cm et la nappe phréatique à été observée à 36 cm de profondeur. 4.2.1.6 4.2.1.7 Sapinière baumière à bouleau blanc (annexe 16) À l’ouest et au nord du milieu humide, deux communautés végétales dominées par le sapin baumier (Abies balsamea) et le bouleau blanc (Betula papyrifera) ont été échantillonnées (annexe 2). Elles sont située au pied de pentes faibles sur des sites à drainage imparfait, humide ou très humide et avec un substrat d’argile limoneuse. Le sapin baumier (Abies balsamea) domine la strate des arbres et la strate des arbustes. Le bouleau blanc (Betula papyrifera) est son co-dominant dans la strate arborescente, mais on peut trouver aussi de l’épinette blanche (Picea glauca) et du saule discolore (Salix discolor). Le couvert forestier est fermé et relativement haut (hauteur moyenne : 15,3 m) et l’âge moyen des sapins est de 53 ans (DHP moyen : 20,2 cm). La strate herbacée est très riche avec une moyenne de 25 espèces, la plus abondante étant l’oxalide de montagne (Oxalis montana). Le tapis de mousses est également très développé. L’épaisseur de l’humus est variable, avec 11, 30 ou plus de 100 cm d’épaisseur. Le pH est de 5,9 et 6,4 pour deux des trois sites d’échantillonnage. La nappe phréatique a été atteinte à un site seulement, à 15 cm de profondeur. Sapinière baumière à aulne rugueux (annexe 16) Le groupement à sapin baumier (Abies balsamea) et aulne rugueux (Alnus rugosa) occupe des dépressions fermées mal drainées au nord du milieu humide (annexe 2). C’est une forêt ouverte dont le couvert végétal mesure en moyenne 4,8 m de haut. Elle est dominée par le sapin baumier dont l’âge est sensiblement le même que pour la sapinière baumière à bouleau blanc (âge d’un sapin : 54 ans; DHP : 15,7 cm). Le sapin domine faiblement la strate des arbres. Sa présence est plus importante au niveau des arbustes où on le trouve en compagnie d’une colonie très dense d’aulne rugueux. Le reste de la strate arbustive est constituée essentiellement de sorbier d’Amérique (Sorbus americana), de gadellier glanduleux (Ribes glandulosum), de framboisier (Rubus idaeus) et de lédon du Groenland (Ledum groenlandicum). Le tapis d’herbacées est très fourni, avec comme espèce dominante la prêle des bois (Equisetum sylvaticum), suivie de près par le carex trisperme (Carex trisperma) et le carex engaîné (Carex vaginata). La strate muscinale possède un recouvrement de plus de 75%. L’épaisseur de l’humus est de 50 cm et le dépôt minéral est composé d’argile limoneuse. La nappe phréatique est située à 14 cm de profondeur. Corporation du marais Kergus 26 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 4.2.1.8 Friche et groupement de framboisier et d’épilobe à feuilles étroites Un petit terrain en friche et des herbaçaies situées dans les secteurs forestiers (annexe 2) ont été décrits de façon qualitative seulement. Ce sont toutes des herbaçaies très denses de plus de 1 m de haut sur un sol à drainage imparfait. Les principales espèces rencontrées dans la friche sont l’épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), la verge d’or rugueuse (Solidago rugosa), la vesce jargeau (Vicia Cracca), le framboisier (Rubus idaeus), le calamagrostis du Canada (Calamagrostis canadensis), le rumex crépu (Rumex crispus) et le brome cilié (Bromus ciliatus). Les autres herbaçaies sont dominées par l’épilobe à feuilles étroites et le framboisier. Les autres espèces communes sont le pigamon pubescent (Thalictrum pubescens), la verge d’or rugueuse, le pâturin des prés (Poa pratensis) et la verge d’or du Canada (Solidago canadensis). 4.2.2 Boisés frais ou secs 4.2.1.1 Pessière noire à aralie à tige nue (annexe 10) Cette pessière noire a été échantillonnée sur une butte argilo-limoneuse bien drainée au nord-est du lac Kergus (annexe 2), avec une nappe phréatique profonde. Elle est située dans le milieu d’une pente forte (30°) d’orientation est à 300 m d’altitude. Il s’agit d’un peuplement presque pur d’épinette noire (Picea mariana), avec un peu de sapin baumier (Abies balsamea) et de tremble (Populus tremuloides). Le couvert forestier est fermé et la hauteur moyenne des arbres est de 14,2 m. L’étude dendrométrique donne 52 ans pour une épinette noire (DHP : 18,7 cm). Dans la strate arbustive, on trouve principalement de l’épinette noire en régénération, avec un peu de sapin et quelques touffes d’aulne rugueux (Alnus rugosa) et de viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides). Les autres arbustes sont peu abondants. Parmi les herbacées, l’espèce caractéristique est l’aralie à tige nue (Aralia nudicaulis) qui se développe bien, sans toutefois former une grande plage homogène. On signale aussi la présence, entre autres, de petites colonies d’aster à grandes feuilles (Aster macrophyllus), de cornouiller du Canada (Cornus canadensis) et de ronce pubescente (Rubus pubescens). La strate muscinale possède un recouvrement de 50 à 75 %. Le groupement se développe sur un humus de 13 cm d’épaisseur et le pH est de 5,8. 4.2.1.2 Pessière blanche à bouleau blanc (annexe 14) La pessière à bouleau blanc est une communauté peu fréquente pour l’Abitibi (Massicotte, 1982). Dans le secteur étudié, elle occupe un territoire restreint sur un mi-versant (annexe 2). La communauté a été échantillonnée à 307 m d’altitude sur un sol mince (30 cm) composé de loam sablo-argileux à drainage modéré. La strate arborescente est dominée par l’épinette blanche (Picea glauca) et le bouleau blanc (Betula papyrifera). Le couvert végétal est fermé et possède une hauteur moyenne de 17,2 m. L’épinette blanche semble avoir profiter de conditions de croissance très favorables si on se fie à l’étude dendrométrique qui indique 50 ans pour une épinette blanche avec un DHP de 36,5 cm. Dans la strate arbustive, on trouve quelques touffes de sapin baumier Corporation du marais Kergus 27 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus (Abies balsamea), d’épinette blanche, de bouleau blanc et de tremble (Populus tremuloides) en régénération. Les autres arbustes sont représentés surtout par le viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides), le petit-thé (Chiogenes hispidula), l’airelle fausse-Myrtille (Vaccinium myrtilloides) et le sorbier d’Amérique (Sorbus americana). Les espèces caractéristiques de la strate herbacée sont le cornouiller du Canada (Cornus canadensis), le maïenthème du Canada (Maianthemum canadense) et le coptide du Groenland (Coptis groenlandica). La strate muscinale possède un recouvrement de 25 à 50 %. La surface du sol est caractérisée par un pH de 5,8 et une couche d’humus de 7 cm d’épaisseur. La nappe phréatique est visible dans une dépression et a été mesurée à 30 cm de profondeur. On note la présence d’un bloc erratique à proximité du site d’échantillonnage ainsi que des coupes sporadiques. 4.2.1.3 Tremblaie à bouleau blanc (annexe 17) Pour ce groupement, trois sites ont été échantillonnés. Ils se situent à une altitude moyenne de 311 m, à mi-versant ou sur un haut de versant, tous sur une pente de 10° bien drainée, mais d’orientations différentes (ouest, sud-est et est). C’est un peuplement dominé par le tremble (Populus tremuloides). Le bouleau blanc (Betula papyrifera) est son co-dominant mais il est plus dispersé. Le couvert forestier est fermé et généralement assez haut (hauteur moyenne : 17,4 m). L’âge moyen des trembles est de 28 ans (DHP moyen : 18 cm). Dans la strate arbustive, le tremble et le bouleau blanc font partie de la régénération avec le sapin baumier (Abies balsamea). Les autres espèces caractéristiques de la strate des arbustes sont le dièreville chèvrefeuille (Diervilla Lonicera), le viorne cassinoïde (Viburnum cassinoide) et le bleuet (Vaccinium myrtilloides et Vaccinium angustifolium). La strate herbacée est composée principalement de ptéridium des aigles (Pteridium aquilinum). Les autres espèces comprennent essentiellement l’aster à grandes feuilles (Aster macrophyllus), la clintonie boréale (Clintonia borealis), le maïenthème du Canada (Maianthemum canadense), l’aralie à tige nue (Aralia nudicaulis) et le cornouiller du Canada (Cornus canadensis). Quant à la strate muscinale, elle est relativement peu développée. L’épaisseur moyenne de l’humus est de 7 cm. Parmi les sites visités, deux reposent sur un sol excessivement pierreux (placettes 04051 et 04050). La texture du dépôt minéral à ces endroits est composé de loam ou de loam sableux. La nappe phréatique a été atteinte à 25 cm de profondeur pour une de ces placettes, où le pH du sol est 5,7. Le troisième site (placette 04053) se trouve sur un substrat de loam sablo-argileux peu pierreux et à nappe phréatique profonde. 4.2.1.4 Tremblaie à aulne rugueux (annexe 17) À l’ouest du lac Kergus et dans la partie nord du secteur d’étude, trois tremblaies à aulne rugueux ont été inventoriées. Elles sont situées dans le milieu d’une pente faible (pente moyenne de 5%) bien drainée d’orientation ouest, ou sur un replat à drainage modéré. Le tremble (Populus tremuloides) domine fortement la strate des arbres et s’accompagne parfois d’épinette blanche (Picea glauca). Le couvert végétal est fermé. Dans les communautés étudiées, on en trouve une assez jeune (âge d’un tremble : 17 ans; DHP : 11,3 cm), avec un couvert forestier d’une hauteur moyenne de 10,2 m (placette Corporation du marais Kergus 28 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 04073) et, d’autres, plus âgées (âge moyen des trembles : 37 ans; DHP moyen : 31,7 cm), dont les arbres mesurent en moyenne 24,7 m de haut (placettes 04074 et 04114). Sous la strate arborescente, on trouve un sousétage d’aulne rugueux (Alnus rugosa) dispersé en touffes. Le tremble est présent dans la régénération des peuplements plus âgés, avec très peu de sapin baumier (Abies balsamea). Des arbustes comme le dièreville chèvrefeuille (Diervilla lonicera) et le framboisier (Rubus idaeus) peuvent couvrir d’assez grandes étendues. Le tapis d’herbacée est très dense et est principalement composée d’aster à grandes feuilles (Aster macrophyllus). Les autres espèces dominantes sont l’épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), le calamagrostis du Canada (Calamagrostis canadensis), la verge d’or rugueuse (Solidago rugosa) et la ronce pubescente (Rubus pubescens). La strate muscinale, au contraire, est relativement peu abondante. Selon le site d’échantillonnage les tremblaies à aulne rugueux colonisent un substrat d’argile limoneuse ou d’argile sableuse. L’épaisseur moyenne de l’humus est très mince (4 cm) et la nappe phréatique se situe audelà de 1 m de profondeur. Le pH du sol mesuré à deux placettes est égal à 6,4. 4.2.1.5 Tremblaie à peuplier baumier (annexe 18) Cette association est dominée par le tremble (Populus tremuloides) et le peuplier baumier (Populus balsamifera). En général, le tremble possède un recouvrement plus grand ou similaire à celui du peuplier baumier, à l’exception de la communauté 04075 où le peuplier baumier est plus important. Elle a quand même été placée parmi les tremblaies à peuplier baumier avec lesquelles elle partage une flore similaire. Parmi les communautés échantillonnées, celles des placettes 04068 et 04072 sont assez jeunes (âge moyen des trembles : 12 ans; DHP moyen : 7,2 cm), alors que celles des placettes 04075 et 04067 sont plus âgées (âge moyen des peupliers baumiers : 36 ans; DHP moyen : 26 cm). Elles sont situées dans le boisé le plus au nord du secteur d’étude (annexe 2) sur des pentes faibles (inclinaison moyenne : 4%) d’orientation ouest, ou sur terrain plat. Ce sont des forêts fermées. Au stade jeune, les peupliers sont accompagnés de l’aulne rugueux (Alnus rugosa) et du saule discolore (Salix discolor) dans les strates arborescentes et arbustives. À un stade plus âgé, le saule est absent mais l’aulne est présent dans la strate des arbustes. Dans le reste de la strate arbustive, les espèces les plus fréquentes parmi tous les sites échantillonnés sont le framboisier (Rubus idaeus), le rosier sauvage (Rosa blanda), le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera), le cerisier de Virginie (Prunus Virginiana) et le noisetier à long bec (Corylus cornuta). Au niveau des herbacées, on note la présence constante et généralement importante de la verge d’or rugueuse (Solidago rugosa), du calamagrostis du Canada (Calamagrostis canadensis), et de la ronce pubescente (Rubus pubescens). La strate muscinale est peu abondante. L’épaisseur moyenne de l’humus est de 6 cm. Selon le site d’échantillonnage, le dépôt minéral est composé d’argile limoneuse ou d’argile sableuse. La valeur du pH mesuré est constante, soit 6,4 ou 6,5. La nappe phréatique se situe au-delà de 1 m de profondeur et le drainage est modéré. Corporation du marais Kergus 29 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 4.2.1.6 Tremblaie à sapin baumier, sous-groupement à aster à grandes feuilles (annexe 19) Dans ce type de boisé, on compte deux sites d’échantillonnage bien drainés. Ils sont situés sur un replat ou sur une mi-pente de 6 ° d’orientation ouest. Le troisième site visité occupe un terrain plat à drainage imparfait. La strate arborescente est dominée par le tremble (Populus tremuloides) et un sousétage de sapin baumier (Abies balsamea) et quelques épinettes blanches (Picea glauca) ou épinettes noires (Picea mariana). Le couvert forestier est fermé et très haut (hauteur moyenne : 24 m). L’âge moyen des trembles est de 53 ans (DHP moyen : 34,1 cm). La strate arbustive est caractérisée par une bonne régénération de sapin baumier et de tremble. Le reste de la strate comprend plusieurs espèces, dont le dièreville chèvefeuille (Diervilla lonicera), le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera), le viorne comestible (Viburnum edule), l’airelle fausse-Myrtille (Vaccinium myrtilloides) et le rosier sauvage (Rosa blanda) sont parmi les plus communes. La strate herbacée est assez riche, avec une moyenne de 22 espèces. L’espèce dominante est l’aster à grandes feuilles (Aster macrophyllus), qui forme un tapis très étendu. La strate muscinale est peu développée. Ce groupement colonise un sol argilolimoneux, avec un pH de 6,4 en surface. L’humus a 14 cm d’épaisseur en moyenne et, en creusant jusqu’à 1 m de profondeur, la nappe phréatique n’a pas été observée. 4.2.1.7 Tremblaie à sapin baumier, sous-groupement à bouleau blanc (annexe 19) À l’ouest du lac Kergus, deux tremblaies à sapin baumier et bouleau blanc ont été inventoriées (annexe 2). L’une d’entre elles a été échantillonnée sur une colline dans le haut d’une pente de 5° d’orientatio n ouest bien drainée. L’autre occupe un replat à drainage modéré. Au niveau des arbres, le tremble (Populus tremuloides) co-domine avec le sapin baumier (Abies balsamea) et le bouleau blanc (Betula papyrifera). L’épinette blanche peut également être présente. Le couvert végétal est fermé et atteint une hauteur moyenne de 24 m. Le tremble y atteint probablement sa pleine maturité (âge moyen des trembles : 59 ans; DHP : 36,3 cm), car on observe ici et là des gros chicots appartenant à cette espèce. On note aussi que le sapin possède un recouvrement plus important que dans le groupement précédent et atteint presque la hauteur du tremble dans la strate arborescente. Au niveau des arbustes, le sapin semble constituer la seule source de régénération, laissant peu de place aux autres espèces de la strate arbustive pour se développer. On suppose que le sapin va éventuellement dominer et remplacer le tremble. La strate herbacée est très diversifiée. Sa composition floristique se compare en grande partie à celle de la tremblaie à sapin baumier décrite ci-dessus. L’aster à grandes feuilles a toutefois moins d’importance. En ce qui concerne les mousses, elle sont pratiquement absentes. Une étude du sol indique que cette tremblaie se développe sur un substrat d’argile sableuse, avec un humus de 7 cm d’épaisseur en moyenne. Le pH mesuré a une valeur de 6,3 et la nappe phréatique se situe au-delà de 1 m de profondeur. 4.2.1.8 Tremblaies en régénération après coupe totale (annexe 20) Corporation du marais Kergus 30 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Ces tremblaies en régénération résultent de coupes totales qui se sont produites entre 1994 et 1998. Elles sont donc très jeunes. La hauteur moyenne du couvert végétal est de 3,4 m. Elles sont toutes dominées par le tremble (Populus tremuloides), qui forme quatre associations : 1. 2. 3. 4. un groupement à tremble et érable à épis (Acer spicatum); un groupement à tremble et bouleau blanc (Betula papyrifera); un groupement à tremble et ptéridium des aigles (Pteridium aquilinum); et un groupement à tremble et calamagrostis du Canada (Calamagrostis canadensis). Tous ces groupements sont situés en bordure du milieu humide (annexe 2). (1.) La tremblaie à érable à épis forme une bande étroite au pied d’un escarpement. Elle a été échantillonnée dans le haut d’une pente de 20° d’orientation nord-ouest bien drainée. L’érable à épis est co-dominant avec le tremble dans la strate arbustive. On note aussi la présence entre autres de cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica) et de sorbier d’Amérique (Sorbus americana). La strate herbacée comprend peu d’espèces, les principales étant l’aralie à tige nue (Aralia nudicaulis) et la clintonie boréale (Clintonia borealis). La strate muscinale est pratiquement absente et l’humus est de 4 cm d’épaisseur. Le creusage du sol indique que la texture du dépôt minéral est composée d’une couche supérieure de loam sablo-argileux (entre 4 et 72 cm de profondeur) et une couche inférieure d’argile limoneuse (entre 72 et plus de 100 cm de profondeur). La nappe phréatique n’a pas été observée dans le profil. (2.) La tremblaie à bouleau blanc a été inventoriée sur une butte au sud du lac Kergus (annexe 2) au milieu d’une pente de 10° d’or ientation nord-est à drainage bon à rapide. Dans cette communauté, le tremble domine la strate arbustive supérieure avec des touffes de bouleau blanc (Betula papyrifera) dispersées. On note aussi une bonne abondance de sorbier d’Amérique (Sorbus americana). La strate arbustive inférieure est composée principalement de tremble, de sapin baumier (Abies balsamea), de framboisier (Rubus idaeus), de viorne cassinoïde (Viburnum cassinoide), de némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus) et d’amélanchier de Bartram (Amelanchier Bartramiana). A niveau des herbacées, l’espèce dominante est la ronce pubescente (Rubus pubescens). La strate muscinale est presque nulle. Le sol à cet endroit est mince (14 cm) et est constitué presque entièrement d’humus. Le pH du sol est égal à 6,1. (3.) Les tremblaies à ptéridium des aigles ont été échantillonnée sur un substrat d’argile limoneuse au nord-est du lac Kergus (annexe 2). Elles sont situées à une altitude moyenne de 305 m, sur un bas ou un milieu de pente à faible inclinaison (10° en moyenne) et d’orientation ouest ou sud-ouest. Ce groupement est caractérisé par une strate arbustive dominée par le tremble, et un sous-étage très développé de ptéridium des aigles dans la strate herbacée supérieure. Parmi les autres espèces répertoriées, les plus fréquentes sont le framboisier (Rubus idaeus) et l’aulne dans les arbustes, et l’aster à grandes feuilles (Aster macrophyllus) et l’épilobe à feuilles étroites Corporation du marais Kergus 31 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus (Epilobium angustifolium) dans les herbacées. La strate muscinale est pratiquement absente. On note que l’humus de ce type de peuplement est très mince (5 cm). Un des sites d’échantillonnage est excessivement pierreux (placette 04037) et la régénération de tremble dans ce secteur semble difficile. Les chicots sont nombreux. Le compactage du sol par la machinerie qui a coupé cette forêt pourrait peut-être expliquer ce retard de développement. La nappe phréatique est profonde à tous les sites. Le drainage est bon à rapide et le pH du sol est égal à 6,1 ou 6,2. (4.) Les tremblaies à calamagrostis du Canada se situent dans le même secteur que les tremblaies à ptéridium des aigles (annexe 2). Les communautés échantillonnées occupent soit un terrain plat au pied d’une pente, un replat ou un milieu de pente de 8° orient ée sud-est. Ce groupement se distingue de l’association précédente principalement par l’absence de ptéridium des aigles et la présence importante de calamagrostis du Canada dans la strate herbacée. Les autres espèces caractéristiques sont représentées essentiellement par la ronce pubescente (Rubus pubescens) et l’épervière des prés (Hieracium pratense). La strate muscinale est presque nulle. L’étude du sol indique que l’humus est de 5 cm d’épaisseur en moyenne, que le dépôt minéral est composé d’argile limoneuse et que le pH moyen est de 6,2. La nappe phréatique a été observée seulement sur les terrains plats, où elle se situe à 42 cm de profondeur en moyenne. Le drainage est modéré à bon. 4.2.1.9 Pessière noire à kalmia à feuilles étroites (annexe 21) Ce peuplement d’épinette noire (Picea mariana) est situé sur le haut d’une colline bien drainée à une altitude de 314 m, où le roc affleure à certains endroits (annexe 2). L’épinette noire domine au niveau des arbres et des arbustes. Les autres essences comprennent le pin gris (Pinus divaricata) et le bouleau blanc (Betula papyrifera), mais elles occupent une place moins importante. Le couvert végétal est plus ou moins fermé et relativement bas, avec une hauteur moyenne de 10 m. L’étude dendrométrique indique qu’une épinette noire est âgée de 55 ans (DHP : 18,7 cm). Le recouvrement par le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia) dans la strate arbustive est relativement important. Parmi les autres arbustes, on trouve entre autres du bleuet (Vaccinium myrtilloides et Vaccinium angustifolium), de l’amélanchier sanguin (Amelanchier sanguinea), du viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides), du saule humble (Salix humilis), du sorbier d’Amérique (Sorbus americana) et du némopanthe mucroné (Nemopanthus mucronatus). La strate herbacée comprend seulement trois espèces à faible recouvrement : le ptéridium des aigles (Pteridium aquilinum), le cornouiller du Canada (Cornus canadensis) et le maïenthème du Canada (Maianthemum canadense). La strate muscinale couvre de 50 à 75% de la superficie de la placette. Elle est surtout représentée par des mousses. Les lichens sont peu nombreux. Le roc dénudé possède un recouvrement de 1 à 5 % et on signale la présence d’un bloc erratique. La roche mère est située à 41 cm de profondeur et la nappe phréatique est absente. Le sol comprend un humus de 9 cm d’épaisseur et le dépôt minéral est composé de loam sableux. Corporation du marais Kergus 32 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 4.2.3 Boisés très secs 4.2.3.1 Pinède grise à épinette noire (annexe 22) Le groupement à pin gris (Pinus divaricata) et épinette noire (Picea mariana) a été observé sur un affleurement rocheux à proximité du groupement précédent (annexe 2). C’est un peuplement très ouvert et relativement jeune (âge d’un pin gris : 29 ans; DHP : 21,7 cm). Quelques pins gris et épinettes noires dispersés dominent le couvert végétal, dont la hauteur moyenne est de 6,7 m. En régénération, on trouve le pin gris, l’épinette noire, le bouleau blanc (Betula papyrifera) et un peu de sapin baumier (Abies balsamea) et de tremble (Populus tremuloides). La végétation au sol est caractérisée principalement par un recouvrement important de bleuet (Vaccinium angustifolium et Vaccinium myrtilloides) et de lichen. Les autres espèces ont généralement un faible recouvrement. Cette communauté colonise un humus très mince (3 cm), composé presque juste de mousses et de lichens. Le feu qui a ravagé le secteur au siècle dernier a probablement brûlé complètement l’humus qui recouvrait le roc à l’époque et favorisé le développement de ce peuplement de faible densité. Le drainage est considéré comme excessif. 4.2.3.2 Sapinière baumière à épinette noire (annexe 16) Au sud-est du lac Kergus se trouve une colline rocheuse sur laquelle s’est développé un peuplement ouvert de sapin baumier (Abies balsamea) et d’épinette noire (Picea mariana) (annexe 2). La communauté a été échantillonnée à 313 m d’altitude sur une pente irrégulière de 30° et d’exposition nord-ouest. Sur le plan floristique, la strate arborescente est faiblement dominée par le sapin baumier et l’épinette noire. On trouve aussi du pin gris (Pinus divaricata), mais il est très dispersé. La hauteur moyenne du couvert végétal est de 7,4 m. Les strates non arborescentes sont dominées par le bleuet (Vaccinium angustifolium et Vaccinium myrtilloides) dans les arbustes et les lichens dans la strate muscinale. Les autres espèces principales sont le sapin baumier, l’épinette noire et le bouleau blanc (Betula papyrifera). La strate herbacée est à peu près nulle. Le roc dénudé occupe de 25 à 50 % de la superficie de la placette. L’humus n’est formé que par une litière de mousses et de lichens et le drainage est excessif. Soulignons que le site est très exposé aux vents qui ont sans doute un rôle à jouer dans la dynamique du peuplement, comme le suggère la présence de chablis de sapin dispersés sur la colline. Ceci étant dit, ce lieu offre une excellente vue sur le secteur du lac Kergus et la plaine environnante. Il est possible d’apercevoir quelques-unes des collines qui parsèment le paysage abitibien. 5 Flore L’inventaire de la flore dans le secteur étudié (et un peu dans les zones agricoles) a permis de répertorier un total de 262 espèces vasculaires (annexe 22). Ces espèces représentent 58 familles de plantes et comprennent 13 espèces d’arbres, 50 espèces d’arbustes ou arbrisseaux et 199 espèces Corporation du marais Kergus 33 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus d’herbacées. On compte 169 espèces dans le milieu humide (dont 80 ont été observées uniquement dans ce milieu) et 183 dans les autres secteurs (dont 94 ont été observées seulement dans ces endroits). La flore inventoriée représente plus du quart des quelques 1000 espèces rapportées pour la zone d’argile, une enclave d’environ 181 000 km2 à l’intérieur du bouclier canadien, dont fait partie l’Abitibi (Gaudreau, 1979). La superficie couverte par l’inventaire n’est que de 151 ha, soit 1,51 km2 (en excluant la superficie couverte par l’eau). Parmi les espèces inventoriées, certaines atteignent dans la zone d’argile leur limite septentrionale de distribution au Québec. C’est le cas de la claytonie de Caroline (Claytonia caroliniana), la campanule des vases (Campanula uliginosa) (Gaudreau, 1979) et le rosier brillant (Rosa nitida), une espèce qui était déjà connue sur la réserve. On note aussi que l’airelle des marais (Vaccinium uliginosum), la rossolis intermédiaire (Drosera intermedia), la campanule des vases (Campanula uliginosa), la benoîte d’Alep (Geum aleppicum) et la renoncule de Pennsylvanie (Ranunculus pensylvanicus), sont peu communes dans le secteur couvert par l’inventaire. Les groupements végétaux les plus riches floristiquement sont situés presque exclusivement dans le milieu humide. Par ordre décroissant du nombre moyen d’espèces, il s’agit de la pessière noire à sapin baumier (40), la cédrière à aulne rugueux et sapin baumier (35), la sapinière baumière à bouleau blanc (35) et la mélèzaie à aulne rugueux et épinette noire (34). De nombreux spécimens ont été récoltés durant l’inventaire et montés sur des cartons d’herbier. On en compte 215. Les spécimens sont conservés aux bureaux de la Corporation du marais Kergus à La Motte. 6 Faune La compilation des données sur la faune a permis de dénombrer 78 espèces d’oiseaux, 17 espèces de mammifères, six espèces d’amphibiens et deux espèces de reptiles (annexe 23). La richesse en oiseaux est assez importante, puisqu’elle représente près de 25 % de la faune aviaire québécoise, constituée de 326 espèces3. Parmi les espèces d’oiseaux observées, le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) est désigné comme espèce vulnérable au Québec4 en raison du faible effectif de sa population nicheuse. Le pygargue à tête blanche est menacé principalement par les proies contaminées par les épandages de pesticides organochlorés ou par les métaux lourds, les dérangements causés par les activités humaines dans ses habitats de reproduction, la perte d’habitats ainsi que la mortalité engendrée par le piégeage et l’abattage au 3 4 Source : ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs. Espèce dont la survie est précaire au Québec, même si la disparition n’est pas appréhendée. Corporation du marais Kergus 34 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus fusil. Le pygargue à tête blanche préfère nicher dans les grands arbres des forêts matures situés à proximité des grandes étendues d’eau (Lessard, 1996). Parmi les autres animaux répertoriés sur la réserve, le hibou des marais (Asio flammeus) et la grenouille des marais (Rana palustris) sont des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables.5 De nombreux animaux répertoriés sur le site sont connus pour fréquenter les milieux humides, soit pour s’abriter, se nourrir, ou encore se reproduire. C’est le cas notamment de l’orignal, du castor, de la loutre de rivière, de la belette, du vison d’Amérique, du rat musqué, du crapaud d’Amérique, du triton vert, de la rainette crucifère, de la grenouille des marais, de la grenouille du nord, de la grenouille des bois, de la chélydre serpentine et de la plupart des oiseaux observés. 7 Risques de dégradation du site En réalisant l’inventaire, des observations ont également portées sur les risques qui menacent l’intégrité écologique du milieu. Parmi les faits observés, la présence de bétail dans des secteurs inondables adjacents au milieu humide est très préoccupante. Au printemps, une partie des terres agricoles situées juste au nord-ouest du lac Kergus est inondée et des vaches pataugent dans ce milieu à cette période de l’année. Au courant de l’été, une visite sur les rives du ruisseau Langevin a permis de constater qu’une bonne partie de la végétation basse était piétinée le long du ruisseau, à la jonction de la zone agricole et du milieu humide (annexe 1), et que des excréments de vache étaient présents au bord du cours d’eau. Aucune clôture n’est installée pour tenir les vaches éloignées à aucun des endroits mentionnés ci-dessus. Les impacts probables dus à cette source de pollution sont la perte de diversité biologique, l’eutrophisation (le vieillissement) des lacs et des cours d’eau, la prolifération d’espèces envahissantes et la réduction des ressources en eau utilisable. Le Groupe Stavibel inc. a été mandaté par la municipalité de La Motte en 1999 pour faire une étude de caractérisation environnementale qui avait pour but d’évaluer les impacts de l’exploitation agro-forestière sur la qualité des eaux de ruissellement tributaires du lac Kergus (Rouleau & Marcotte, 1999). La conclusion de l’étude est que l’impact sur le milieu est négligeable. Signalons qu’il est également spécifié que « Le nombre de points d’échantillonnage et d’analyses chimiques, la fréquence d’échantillonnage et d’analyses, la sélection des contaminants chimiques à analyser pour déterminer tous les paramètres pertinents ou leur variation en fonction du temps qui peuvent influencer la nature et l’envergure des actions correctives ainsi que les techniques et les coûts de traitement devraient normalement être plus élevés que ceux utilisés pour les besoins de caractérisation ». Au total, deux 5 Source : ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs. Corporation du marais Kergus 35 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus échantillons ont été récoltés pour chaque ruisseau tributaire (un en aval et un en amont) et un autre pour le cours d’eau qui draine le lac. Malgré la conclusion qui est tirée de cette étude, il est important de mentionner que les auteurs recommandent que la zone de protection de la réserve soit agrandie pour englober des secteurs inondables plus fragiles aux interventions humaines. Une autre source de pollution a été observée dans le milieu humide, de chaque côté du chemin de la Baie. Celle-ci est causée par les nombreux déchets jetés par les passants. Non seulement les objets laissés sur place contribuent à dégrader le milieu et nuire aux animaux qui y habitent, mais ils enlaidissent également le paysage. Des tournées d’observation ont aussi été menées dans le milieu humide et le boisé qui forment une péninsule au sud du chemin de la Baie (annexe 1) afin de repérer des signes d’activités humaines. Trois communautés dominées par le frêne noir y ont entre autres été observées et des coupes sporadiques plus ou moins récentes ont été signalées dans l’une d’entre elles. Une autre coupe, qui date de 2004, a été repérée au sud, dans le boisé, où de nombreux arbres ont été abattus, incluant des spécimens assez âgés d’épinette blanche et de cèdre. Il est prévu que cette zone de coupe soit reboisée. Mentionnons que, selon les règlements municipaux, toute coupe de bois est interdite dans ce secteur, autant dans le milieu humide que dans le boisé. 8 Conclusion et recommandations L’inventaire écologique réalisé à l’été 2004 dans un secteur de la réserve naturelle du Marais-Kergus permet d’avoir un portrait plus complet sur sa végétation, sa flore et sa faune. Les résultats de l’étude permettent aussi de mieux juger encore de l’intérêt du site pour la conservation, mais également pour l’interprétation de la nature et la recherche scientifique. Par sa grande diversité biologique, ses traits géomorphologiques particuliers, la présence d’espèces et de communautés végétales peu communes pour la région, la fréquentation du site par le pygargue à tête blanche dont le statut est précaire au Québec, et la présence d’un lac et d’un milieu humide avec une flore et une faune caractéristiques de ces milieux, la réserve naturelle du Marais-Kergus constitue un milieu important pour préserver des éléments de notre patrimoine naturel. Elle constitue également un point d’intérêt exceptionnel pour l’observation de la nature et chercher à mieux connaître le dynamisme de certains habitats, comme les milieux humides, où il reste encore beaucoup de choses à découvrir. Cependant, dans la situation actuelle, avec les signes de perturbation mis en évidence sur des terrains adjacents à la réserve (la pollution d’origine agricole, la présence de déchets et la coupe de bois), le lac Kergus et le milieu humide, en particulier, ne sont pas protégés de façon adéquate pour assurer leur Corporation du marais Kergus 36 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus conservation et risquent de se dégrader si des mesures de sauvegarde ne sont pas envisagées rapidement. Pour terminer, voici des recommandations qui pourraient aider à la conservation ou la mise en valeur du site : 1. La réserve naturelle du Marais-Kergus devrait être agrandie dans le but d’inclure l’ensemble du lac Kergus et du milieu humide avec une zone tampon ou, au moins, le lac en entier et les secteurs humides à l’ouest et au sud du lac Kergus (annexe 1), où des risques de dégradation de cet écosystème fragile ont été identifiés. La possibilité de conclure une entente de conservation avec les propriétaires des terrains adjacents pourrait aussi être envisagée. Dans tous les cas, il faudrait s’assurer que les boisés situés à l’ouest et au nord-ouest du lac en dehors de la réserve ne soient pas coupés davantage. Ces forêts, qui jouent un rôle de tampon entre les terres agricoles et le milieu humide, forment en réalité une bande plus étroite que celle qui apparaît à l’annexe 1. 2. Les cours d’eau qui se drainent dans le lac Kergus à partir des zones agricoles devraient absolument être clôturés afin d’empêcher le bétail d’y avoir accès. Les cours d’eau visés sont les ruisseaux Thibodeau, Langevin et Lachance (annexe 1). La possibilité de constituer une aire clôturée pour le bétail, éloignée de la zone d’inondation durant la crue printanière, devrait aussi être fortement considérée. 3. Une nouvelle étude sur la qualité des eaux de ruissellement tributaires du lac Kergus devrait être réalisée. L’étude devrait contenir un nombre suffisant de points d’échantillonnage et d’analyses de laboratoire, une fréquence d’échantillonnage et d’analyses suffisantes ainsi qu’une sélection adéquate des contaminants chimiques à analyser pour les besoins de la caractérisation. 4. Pour aider à enrayer le problème des déchets trouvés dans le milieu humide, des poubelles devraient être installées sur le chemin de la Baie. De la sensibilisation devrait aussi être faite auprès de la population pour les informer de la réglementation en vigueur sur la réserve et sur l’importance de conserver les milieux humides. Les gens devraient en même temps être informés sur le statut précaire du pygargue à tête blanche. Il semble que la chasse soit pratiquée dans le secteur, comme le suggèrent les cartouches de fusil récoltées dans le milieu humide à l’intérieur de l’aire de protection durant la période d’inventaire. La chasse est d’ailleurs une activité interdite sur le territoire de la réserve. 5. Un achalandage important des sentiers dans le milieu humide justifierait l’installation de trottoirs de bois pour faciliter l’accès à ce secteur et éviter la dégradation du substrat organique. 6. La coupe de bois de faible intensité effectuée par les propriétaires dans les zones désignées à cette fin devrait éviter de se faire dans la pessière blanche à bouleau blanc, un peuplement qui est peu fréquent dans la région. Corporation du marais Kergus 37 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 7. Il serait intéressant de compléter l’inventaire de la flore et de la faune dans les autres secteurs de la réserve et même dans les milieux humides situés sur les terrains adjacents pour révéler la richesse de ces milieux et développer l’herbier davantage. 8. En matière d’éducation, la réserve naturelle du Marais-Kergus possède un bon potentiel qui mériterait d’être développé. Par sa situation particulière à la tête de deux bassins versants importants, et avec la présence d’affleurements rocheux et de blocs erratiques, le territoire constitue un lieu propice pour apprendre sur le réseau hydrographique et la géomorphologie de la région. Un sentier partant du chemin de la Baie pourrait être aménagé pour avoir accès à la colline au sud-est du lac Kergus afin d’offrir un point de vue sur la plaine abitibienne et constituer en même temps un lieu propice pour faire connaître aux visiteurs l’histoire géomorphologique de la région. Avec la végétation, il est possible, entre autres, de se familiariser avec de nombreux groupements végétaux et d’observer des plantes particulières, comme les plantes carnivores par exemple. Sur le plan faunique, l’observation des oiseaux à elle seule offre plein de possibilités. 9. Sur le plan scientifique, cette étude peut servir de point de départ pour de nouvelles recherches, qui auraient pour but, par exemple, de chercher à mieux connaître le dynamisme de la végétation des milieux humides. Les autres sujets d’études sont nombreux : les champignons, les poissons, le pygargue à tête blanche, etc. ____________________________________________________________ _ RÉFÉRENCES Bérard J., Côté M. & Ordre des ingénieurs du Québec (1996). Manuel de foresterie. Les Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, 1428 p. Braun-Blanquet J. (1932). Plant Sociology. McGraw Hill Book Co., New-York, 439 p. Clayton J. S., Ehrlich W. A., Cann D. B., Day J. H. & Marshall I. B. (1977). Soils of Canada. Vol. I, Soil Report, Research Branch, Canada Department of Agriculture, Ottawa. Desrosiers A., Caron F., Ouellet R. (1995). Liste de la faune vertébrée du Québec, nouv. éd. Ministère de l’environnement et de la faune, Québec, 122 p. Fleurbec (1987). Plantes sauvages des lacs, rivières et tourbières. Fleurbec éditeur, Saint-Augustin (Portneuf), Québec, 400 p. Corporation du marais Kergus 38 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Gaudreau L. (1979). La végétation et les sols des collines Tanginan, AbitibiOuest, Québec. Études écologiques no 1, Laboratoire d’écologie forestière, Univiversité Laval, Québec, 391 p. Jurdant M. (1964). Carte phytosociologique et forestière de la forêt expérimentale de Montmorency, Direction de la recherche forestière, Min. Can. For., Ottawa, Publ., no. 1046F, 73 p. Lafond A. & Ladouceur G. (1968). Les forêts et les sères physiographiques de l’Abitibi. Service de la recherche forestière. Ministère des Terres et Forêts, 229 p. Lessard S. (1996). Rapport sur la situation du pygargue à tête blanche au Québec. Plan de rétablissement du pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) au Québec. Société de la faune et des parcs du Québec, Québec, 43 p. Marie-Victorin F. (1995). Flore Laurentienne, 3e éd. (mise à jour et annotée par L. Brouillet et I. Goulet). Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1093 p. Massicotte G. N. (1982). Étude écologique de la végétation forestière du mont Kekeko, région Rouyn-Noranda, Abitibi-Témiscamingue, Québec. Mémoire de M.Sc., Université de Montréal, Montréal, 180 p. Rouleau G. & Marcotte G. (1999). Municipalité de La Motte, lac Kergus : étude de caractérisation environnementale. Groupe Stavibel inc., 11 p. Veillette J., Miron F. & Royer A (2000). Abitibi-Témiscamingue : de l’emprise des glaces à un foisonnement d’eau et de vie : 10 000 ans d’histoire. Éd. MultiMondes, Sainte-Foy, 159 p. Villeneuve G.-O. (1967). Sommaire climatique d’Amos, compté d’Abitibi. M. P., Ministère des richesses naturelles, (12), 68 p. Corporation du marais Kergus 39 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Corporation du marais Kergus 40 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus 9 Annexes 1,2 3 Note : les autres annexes sont dans le fichier : annexes.xls Corporation du marais Kergus 41 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Corporation du marais Kergus 42 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Corporation du marais Kergus 43 Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Annexe 2. Cartographie des groupements végétaux inventoriés 10 22 ! " ! " 03 " ! 05 " ! 22 ! " 03 ! " 04 " ! # 20 ! " 33 " ! # # 03 " ! ! " ! " 23 ! " 11 ! " 15 " ! 16 ! " 03 06 27 " ! ! " 14 18 " ! # ! " 29 04 " ! 33 ! " # N 30 " ! 19 14 " ! ! " 21 " ! 27 " ! 31 ! " 05 ! " ! " 14 ! " 18 " ! ! " 12 07 " ! 02 14 " ! 12 ! " 12 " ! 18 ! " # 17 " ! 12 " ! " ! 12 ! " 01 07 " ! 03 ! " 25 ! " 02 ! " ! " 07 ! " 12 " ! 13 " ! ! " 01 ! " 01 " ! 26 32 18 " ! 12 ! " 14 ! " 01 ! " Types de groupements végétaux 12 ! " 02 " ! arbustaies riveraines aulnaies 01 " ! 23 ! " autres types d'arbustaies 02 ! " cédrières ! " 12 ! " eau libre et herbaçaies aquatiques 01 " ! 32 02 " ! friche 01 ! " ! " frênaie 28 ! " herbaçaies humides ! " 12 13 # herbaçaies semi-aquatiques 24 ! " mélézaies pessières pinède 09 ! " 12 ! " 02 " ! 12 " ! sapinières saulaie 27 ! " tremblaies 02 ! " 100 Corporation du marais Kergus 44 0 100 200 300 400 500 mètres Meters Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Annexe 3. Régimes hydriques du secteur d'étude N Lac Kergus Régime hydrique Trés sec (drainage rapide ou excessif) Sec (drainage bon) Frais (drainage modéré) Humide (drainage imparfait) Très humide (drainage mauvais ou très mauvais) 100 0 100 Corporation du marais Kergus 200 300 400 45 mètres 500 Meters Inventaire écologique de la Réserve naturelle du Marais-Kergus Anne-Marie Lemay, biologiste, été 2004 Corporation du Marais Kergus CP 748, Amos, Québec J9T3X3 téléphone et télécopieur : 819 732 0796 courriel : [email protected] Corporation du marais Kergus 46