ÉCHO
eCES rappelle àjuste titre, que
la place financière restela loco-
motive de l'économienationale.Le
secteur emploie en effet 40 000 per-
sonnes,soit 13 %de la main-d'œu-
vredu pays.Plus important encore,
le tiers desrecettes fiscales de l'État
dépend du secteur financierqui
compte aussi pour la moitié du PIB
luxembourgeois.
«
Un replimêmepartiel desper-
formances du secteurne sera pas
sans conséquence sur la valeur
ajoutée de notre économie, ni sur
lesfinances publiques
», souligne le
CES.
Certes, la place financière luxem-
bourgeoise ne dépendpas de l'in-
vestment banking,le secteur le plus
durement touché parles crédits sub-
prime. Mais la criseestaujourd'hui
baséesurle manque de confiance et
surl'incertitude, quantàla localisa-
tion des créditsqui ontété, parle
biaisde la titrisation,dispersés dans
le monde entier.
Le Luxembourg étantuneécono-
mieparticulièrement ouverte,il est
donccenséd'imaginer quela crise
passera nécessairement, d'une façon
ou d'une autre, parle pays.
Ainsi, les banques du Grand-Du-
chéont, dès 2007, doublé leurs pro-
visions parrapportà2006, ce qui a
eu pour conséquence, malgré des re-
venusbrutspositifs,de faire baisser
leursrevenusnets de 10 %.
Lesfondsd'investissement ont,
eux, bien commencé 2007en dépas-
sant la barresymboliquedes 2000
milliardsd'avoirs sous gestion.
Mais les marchés baissiersonten-
suite fait rapidement fondre ces
avoirs.Si la tentationestgrande de
dire quela place financière luxem-
bourgeoise estpasséeentreles gout-
tesde la crise,le CES met en garde
contre toute conclusion hâtive.
Selonlui, l'un ou l'autre établisse-
ment situé dans le pays fera sans
doute part au cours de l'année de
dommages sensibles pouvanten-
traînerdes conséquences surl'em-
ploi. Le CESpensesans doute auxfi-
lièresdans le pays de grands groupes
internationauxcomme UBS, qui
ontannoncédesrestructurations au
niveau mondial et qui pourraient de
ce fait être amenés à licencier au
Luxembourg.
Uneannée
charnière
Malgrétout, la pénuriede
main-d'œuvre surle marché finan-
cier luxembourgeoisdevrait, dans le
meilleur des scénarios, freiner toute
tendance au dégraissage dans les
grands groupes.
Le CESappelle les autoritésàfaire
preuve de la plus grande prudence
et d'offrir des possibilités de provi-
sionnementauxbanques pour
amortird'éventuelsaccidents de
parcours. Le CESappelle aussi la
CSSF à jouer pleinementson rôle
dans cettesituation difficile pour
garder sa crédibilité.Pour le CES, il
ne faitpasde doute quel'économie
réelle sera contaminée parla fi-
nancepuisquele secteur estle pou-
monéconomique du pays.
Sans être toutefoistrop pessimiste
pour l'avenirde la place financière,
le comité prévoitun ralentissement
de l'offre d'emploi dans le secteur
pour les mois àvenir. Il évoque aussi
unebaise de commissions pour les
fondsdont les avoirs sous-gestion
baissent.
Les banques aussi sont actuelle-
ment dans une situation délicate et
dans un environnement où il est
difficile pour elles de se refinancer à
des taux favorables.
L'année2008sera pour le secteur
financierluxembourgeois, comme
pour l'ensemblede la financeinter-
nationale, une année charnière.
Cettesituation devraitaussi affecter
les recettes fiscales du pays,déjà ac-
cusées parle CES d'être très imprévi-
sibles et de contribuer de ce fait à
renforcerla volatilitédesfinances
publiques.
>
La crise ébranle
l'économie réelle
De notre journaliste
Delphine Dard
PourleCES,lacrisemontrera sonvrai
visage en 2008et le ralentissement
dusecteurfinancier pourraitaffecter l'État.
Pour dresser le panorama le plus com-
plet possible de l'économie luxem-
bourgeoise en 2007,le CES
ne pouvaitpas ne pas évoquer large-
mentla question de la crise financière.
Au Luxembourg,économie sensible
auxmouvements mondiaux,la
finance représente une part substan-
tielle du revenu de l'État et lesrevers
du secteur pourraient toucher le pays.
Des recettes
fiscales fragiles
Le CESadressé,hier,dans son
évaluation économiquedu pays,
un bilancritiquedes plansde
prévision budgétaire des finan-
cesde l'État.Il rappelle quedans
unepetite économie ouverte,
commele Luxembourg,la volati-
litéde recettes est très élevée et
préconise donc la prudence.
En ce qui concerne, par exem-
ple, les impôts indirects comme
les droits d'accise,le CESsouli-
gnequeles exigences en matière
de changementclimatiquepour-
raient amener le pays àrelever
cesdroits et pourraient doncoc-
casionner une baisse des recettes
àla pompe en décourageantcer-
taines personnesàvenir s'appro-
visionner dans le pays. Si cette
mesure estune conditionindis-
pensable pour réduire les émis-
sions de CO
2
du Luxembourg,
elle représente aussi une incerti-
tude en matière de recettes fisca-
les. Pour le CES, les turbulences
surles marchésfinanciers pour-
raient aussi engendrerdes recet-
tesfiscales àla baisse.Pour le
CES, cettevolatilité rend la ges-
tion macroéconomique difficile.
Selonle comité,un pays comme
le Luxembourg devraitdonc par
sécurité opterpour des objectifs
budgétairesàmoyentermeplus
exigeants queceux de grands
pays comme la France ou l'Alle-
magne, même si le pays connaît
unecroissance supérieure à celle
de ses voisins. Le CESsouligne
enfin,quecesobservations mon-
trent la fragilitéde l'assiette
d'imposition au Luxembourg à
l'horizoj 2015,si desrecettes de
remplacement ne sont pas trou-
vées.
Avec la crise,l'activité de la place financière devraitralentiren 2008.
eCES adressé hier un portrait
de la cohésion socialeluxem-
bourgeoise baséesurdes chiffesdu
Statec de 2006.
Le comité atout d'abordsaluéla
mise en applicationdesmesures que
sont la création d'un boni pour en-
fant et l'adaptationde 6% du ba-
rème d'imposition du revenu des
personnesphysiques.Selonle CES,
la mesure estd'autant plus justifiée
qu'auLuxembourg, le taux de risque
de pauvreté estplus élevépour les
ménagesavec enfants àcharge que
pour les ménages sans enfant.
Mais pourtant,le comité insiste
surl'importance de mensualiser
l'ensembledesaidesfinancièresac-
cordées aux familles dontle boni
pour enfant,carle nouveau système
implique, selonle comité,une aug-
mentationpossible de la pression
fiscale pour les ménages.
Le CESaensuitepassé en revuele
détail des personnesen situation de
pauvreté au Luxembourg. Il rappelle
quele seuilde risquede pauvreté est
fixé à 60 %du revenu disponible
équivalent médian,àsavoir 1484
euros par mois en 2006. Or,les mé-
nagesdontle revenu ne dépassepas
le seuil de risquede pauvreté ont re-
présenté 14 %en 2006,un chiffre en
hausse par rapport aux13,4 %de
2005. Mais le CESs'inquiète surtout
du nombre grandissant de ménages
qui se rapprochent de ce seuil:plus
de 11 %de ménages luxembour-
geoisontun revenuqui se situe en-
tre1978 et 2226euros parmois.
Desaides
plus ciblées
Le faible niveau d'éducation,
l'inactivité,l'isolement et le fait
d'avoir des enfants àcharge sont
évidemment des facteursquiaug-
mententle risque de pauvreté.
Mais si 14 %de la population est
concernée parle risque de pauvreté,
il estencore plus inquiétant de
constaterque10 % destravailleurs
sont touchés par le phénomène,
surtout que70 %de ceux-ci sont sa-
lariés à plein tempset ne devraient
>
donc pas connaître une tellesitua-
tion de précarité. Ce sont essentiel-
lement les jeunes travailleurs (25-29
ans) de nationalitéportugaise et
luxembourgeoisequi sont concer-
nésparle phénomène.
Fortheureusement, les transferts
sociauxjouentun rôle important
dans la réduction du risquede pau-
vreté qui concerneraitprès de 24 %
de la population s'ils n'étaient pas
distribués.
Parailleurs, en termede pauvreté
subjective, il apparaît queplus de
18 %des ménages estiment avoir
des difficultésà joindre les deux
bouts.
Face àl'ampleur du problème,le
CESinsistesurl'importance de ré-
former l'école afin qu'elle puisse
mieux qualifierles futurs travail-
leurset donc leur éviter ainsid'ap-
procher le seuilde pauvreté.
Le CESinvite aussi l'État à réfléchir
àdes systèmes de prestationsfami-
liales plus ciblées qui pourraient,
pourquoi pas, prendrela formede
chèques garderie ou cantine.
Le risque de pauvretégrandit
Quatorze pour cent des ménages ne dépassent pas le seuil de risque de pauvreté.
Un chiffrequi inquiète le CES,qui souhaite que l'État cible mieux ses aide familiales.
Pour classerla population,le Sta-
tecse base surle revenu médian et
non sur la moyenne quiestfaussée
parlesextrêmes. Le revenu médian
est le revenu quipartage exacte-
ment la population (50%ont
moins, 50 %ont plus). En 2006, il
étaitde 3979eurosparmois. Il
faut aussidistinguer le revenu mé-
dian disponible,calculéen fonc-
tion de la composition desména-
ges. En 2006, il étaitde 2473 euros
parmois,contre2372euros en
2005.
Le revenumédian
en question
jeudi8mai2008
eConseil économiqueetsocial
du Grand-Duché de Luxem-
bourg (CES)aétéinstituépar la loi
du 21 mars 1966.Le Conseil écono-
miqueet social estl'institution
consultative centrale et perma-
nente du gouvernement en ma-
tière d'orientationéconomique et
sociale. Il estl'enceinte du dialo-
gue social et de la concertation so-
cioprofessionnelle au plan natio-
nal et supranational sur les problè-
meséconomiques,sociaux et fi-
nanciers.
Dans la hiérarchie des institutions,
le Conseiléconomique et social,en
tantqu'organe consultatif de la
concertation tripartite,se situe au
premier stade des réflexions sur
lesproblèmes en amontdes arbi-
trages et décisionsfinaux,quisont
du ressortdu gouvernement et de
la Chambre des députés. En ce
sens,il remplit un rôle important
de prospective et de catalyseur
d'idées.Sa finalité premièreestle
rapprochement despositions entre
lesdeux forces principales de l'éco-
nomie,souventopposées, quesont
le capital et le travail, en tenant
compte de l'intérêt général. Le
Conseil a pour mission de soumet-
treau gouvernement desproposi-
tions viables permettant de guider
leschoixà opérer dans la mise en
œuvre des politiquesfutures.
Le CES a pour compétence géné-
rale l'étude des problèmes écono-
miques,sociauxet financiers inté-
ressant, soit plusieurs secteurs
économiques, soit l'ensemblede
l'économie nationale. La saisine du
Conseil s'opèreàla demande du
gouvernement ou de sa propre ini-
tiative.
Parmises principales missions,
l'élaboration d'un avis sur l'évolu-
tion économique,sociale et finan-
cièredu pays lui incombe annuel-
lement.
Les attributions du Conseil
économique et social