France rajeunit : elle apparaît de plus en plus comme un pays
d’entrepreneurs et qui facilite l’entrepreneuriat, à rebours des
clichés qui dénoncent un pays frileux et allergique au risque.
Non, la France n’a pas décroché : elle est de plain-pied dans
la 3e révolution industrielle, et l’un de ses acteurs clés. En
affirmant, en juillet 2016, que « la France est la Silicon Valley
de l’Europe », le Président de Cisco n’a fait qu’entériner une
vitalité entrepreneuriale bien réelle. Cette nouvelle image
s’acclimate parmi les dirigeants étrangers, comme le montre
notre sondage TNS-Sofres auprès des investisseurs. Dans
un contexte économique et politique difficile, l’attractivité
économique de la France progresse : 75 % des investisseurs
étrangers jugent le site France attractif contre 65 % en 2014
(et 53 % en 2009).
Pour autant, des faiblesses subsistent ou se font jour. Les
perceptions des chefs d’entreprise restent défavorables en ce
qui concerne l’environnement réglementaire, le coût du travail
et la fiscalité, malgré des efforts notables de simplification
administrative – il faut 4 jours pour créer une entreprise en
France, contre 4,5 au Royaume-Uni et 10,5 en Allemagne –,
malgré la réduction récente du coût du travail signalée plus
haut, et bien que le taux réel de la fiscalité sur les entreprises
soit nettement moindre que le taux nominal affiché, notamment
en raison de l’ampleur, unique en Europe, du crédit d’impôt
recherche.
Les bons résultats de l’investissement étranger en France
n’en viennent pas moins confirmer les bonnes nouvelles
précitées. En 2015, notre pays se classe au 3e rang en Europe
pour le nombre de projets d’implantation créatrice d’emploi,
et à la 1re place pour l’accueil des implantations industrielles.
Quant au nombre de projets étrangers de R & D, il continue
d’augmenter, dépassant les 90 l’année dernière, soit une hausse
de 130 % en cinq ans. La grande variété de secteurs et de
fonctions économiques couverte par tous ces projets témoigne
de la gamme très riche d’atouts de notre pays. Sachant que
les réformes lancées ces dernières années n’ont pas encore
toutes porté leurs fruits et que d’autres suivront, on peut être
raisonnablement optimiste sur l’attractivité à venir de la France.
En ces temps de doutes, le réflexe est de noircir le tableau.
C’est particulièrement le cas au plan économique. Aussi faut-il
s’abstraire de l’air du temps si l’on veut se faire une idée juste de
l’attractivité de la France. Un bon moyen d’y parvenir consiste
à se reporter aux statistiques internationales reconnues sur le
sujet. Tel est l’objet de ce Tableau de bord de l’attractivité de
la France, qui met en regard les performances de la France
avec celles de treize autres grands pays de l’OCDE sur tous
les grands déterminants de l’attractivité. Que nous révèle
l’analyse minutieuse de ces indicateurs économiques ? Que
le pessimisme qui a cours n’est pas justifié : les résultats qu’ils
présente, quoi qu’on y fasse, sont plutôt bons pour notre pays.
Première bonne nouvelle : dans un monde qui change à toute
vitesse, les atouts structurels de la France se maintiennent à
un haut niveau. Le marché est dynamique, grâce au meilleur
taux de fécondité d’Europe. La qualité de nos infrastructures
demeure incontestée, en témoignent l’électricité, l’une des
moins chères d’Europe, ou l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle,
le 1
er
en Europe pour le fret, le 2
e
pour le nombre de passagers.
Deuxième bonne nouvelle : certains de nos atouts se
renforcent. C’est le cas de notre position géographique :
l’Hexagone a vocation à devenir un hub, tant vers les pays
européens que vers le continent africain. C’est le cas aussi de la
productivité horaire, qui s’améliore nettement dans l’industrie
manufacturière (+ 3,6 % en 2015). C’est le cas, enfin, du niveau
de personnel de R & D, qui progresse comparativement à celui
des autres pays étudiés.
Troisième bonne nouvelle : des facteurs habituellement
moins bien notés gagnent en attractivité. La compétitivité-
coût a progressé en 2015, notamment en raison du crédit
d’impôt compétitivité-emploi. Le nombre de créations nettes
d’entreprises augmente également. Et l’accès à l’emprunt est
jugé aisé par les investisseurs étrangers, qui placent la France
au 4
e
rang en Europe, devant l’Allemagne et le Royaume-
Uni. En 2015, la France était à la 2e place en Europe pour le
nombre d’opérations de capital-risque. Avec un milliard d’euros
mobilisé au premier semestre 2016, la France se hisse même
au 2
e
rang en Europe pour le financement des startups : la
French Tech a le vent en poupe ! Le visage économique de la
UNE DYNAMIQUE POSITIVE QUI SE CONFIRME
ÉDITORIAL 05