ECOFLORE, UN LOGICIEL SIMPLE DE DIAGNOSTIC ÉCOLOGIQUE

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ECOFLORE,UNLOGICIEL SIMPLE
DE DIAGNOSTIC ÉCOLOGIQUE
M.BARTOLI -M.TRAN-HA -G.LARGIER
G.DUMÉ -L.LARRIEU
Ecofloreest dédié àJean-Claude Rameau dont nous avons,
avec ses encouragements, utilisélegrand savoir.
La valeur indicatricedes plantes”ou,en reflet,“les exigences de chaqueesce” sont labasede
laphytcologie. Dans lalignée d’ouvrages associant termination des esces et information sur
leur autécologie, undes apports les plus novateurs de la récenteFloreforestrefrançaise(1)
(Rameau et al.,1989 et 1992)est de proposer une structuration de la végétation en groupes d’es-
ces indicatrices.Celaau niveau nationalalors quecefructueux concept était,au travers des
divers catalogues de types de stations, très régionalisé. Les auteurs de cet ouvrage nous indiquent
d’ailleurs queces groupes «permettent de réaliser unpremier diagnostic stationnel en l’absence
d’uncataloguedes stations forestres;ils se révèlent être utilisables sur l’ensemble du territoire
concer[par chacundes deux volumes(2) ]».
Ainsi,au-delàde latermination des esces,les objectifs de laFloreforestresont,d’une part,
d’aider àétablir undiagnosticécologique simple (humidité/acidité),d’autrepart,de participer àdes
études de relations entre végétation et facteurs du milieu ou d’en contrôler lacohérence. Ecoflore ,
le logiciel présentéici,en informatisant cettedouble démarche,la rend plus aisée.
Pour tester lafiabilitédundiagnostipartir des informations de laFloreforestre,Bartoli et
Largier (1992)avaient utiliséles groupes d’esces indicatrices qu’elle propose,dans une étude
des liaisons station-production pour le Merisier du piémont pyrénéen de laHaute-Garonne. Le
niveau hydriqueet le niveau trophiquedes stations y étaient mis en évidenceàl’aide des cock-
tails”des groupes propres àchaque station. Ayant obtenu un résultat positif très net,les auteurs
notaient «quunlogiciel capable de reproduireces démarches permettrait undiagnostic rapide et
de conserver en mémoireledétail des relevés pour une utilisation globale de l’information qu’ils
contiennent» .
Cetteidée continuant à sediscuter entre ses promoteurs,des élèves de laFormation d’Ingénieurs
forestiers (Auet al.,1993;Barot et Largier,1993)avaient tentédes approches informatiques.
Sous une autreforme, une maquettedelogiciel utilisant une feuille de calculExcel avait étécréée
(Bartoli,1996). Unprogramme informatiqueplus convivial,veloppé par l’und’entrenous sous
(1) Floreforestreplus avant dans le texte.
(2)Plaines et collinesd’une part,Montagnesde l’autrepour les deux tomes édités àcejour.Le tome Région méditerranéenne est
en cours de préparation.
VisualBasic et Access—et nommé Ecofloreest présentéici. Les principes d’Ecofloreexposés,
on en montreralafiabilité,les limites et des exemples d’une première utilisation réalisée avecdes
relevés botaniques de l’Inventaireforestier national(IFN)et undéveloppement informatiqueplus
complet.
LA STRUCTURATION DE LA FLORE EN GROUPES DESPÈCES INDICATRICES
Les groupes d’esces indicatrices correspondent àdes «comportements moyens relativement
superposables»(Rameau et al.,op. cit.). La Floreforestrerattache chaqueesce végétale à un
groupe d’esces indicatrices en proposant une structuration en 31groupes.Pour illustrer la valeur
indicatricedeces groupes et l’autécologie de chaqueesce,elle utilise toujours le même schéma
de représentation : undiagramme niveau hydrique / niveau trophique—dit “écogramme” —qui
donne une image, réduitemais claire,des situations écologiques relatives rencontrées vis-à-vis de
ces deux facteurs primordiaux (figure1,ci-dessous).
Eneffet,pour porter undiagnosticde fertilitécorrect,le croisement de données hydriques et de
données trophiques semble suffisant.Tous les catalogues de types de stations font cetteconsta-
tation. Dans laFloreforestre ,certains des groupes d’esces indicatrices intègrent de plus une
autredonnée autécologique:la richessedu milieu en azote(esces nitrophiles et nitroclines).
Ecoflorereprend ceclassement proposépar laFloreforestrehormis pour unnombre réduit de
cas une vingtaine d’esces sur plusieurs centaines crites,où nous avons étéamenés àle
modifier.
AinsiVacciniummyrtillus est passée du groupe des esces acidiphiles de dysmoder et mor (A+)
dans le groupe desesces acidiphiles àlarge amplitude (Ala). Celaest conforme àdes obser-
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A+
xx la
xx
x
m
f
h
hh
H
AA Aaaa nb
Ala
très
acide
acide assez
acide
peu
acide
neutrecalcique
très
sec
sec
sophile
frais
assez
humide
humide
mouillé
b
Figure1
ÀTITRE DEXEMPLE, LÉCOGRAMME
AVEC 4(SUR 31) GROUPES DESPÈCES
INDICATRICES DE LA FLORE FORESTIÈRE
xx la: esces xérophiles
àlarge amplitude trophique
A+:esces acidiphiles
de dysmoder et de mor
b:esces calciclines
Ala: esces acidiphiles
àlarge amplitude
vations comme celles de Richard(1961) (3)ou de Largier (1988) (3).Demême,Hepatica nobilis,
classée dans le groupe des xérophiles et soxérophiles calcaricoles et calcicoles, semble,au vu
de son autécologie telle quedécritepar laFloreforestre,mieux classée dans les neutrocalcicoles.
Lappartenancedu buis au groupe queluiassigne laFloreforestreaégalement étémodifiée. Les
raisons de cedernier changement sont données plus loin car elles résultent de l’examen d’un test
utilisant Ecoflore.
Dautres modifications,les plus nombreuses, sont justifiées par le fait quel’esceest signalée
deux fois (esceditebimodale) mais dans des groupes assez proches pour qu’ils soient rassem-
bs.Lecas des esces perçues comme ayant une autécologie vraiment bimodale est traitéà
part.Enfin,nous avons séparéles calcaricoles des calcicoles àpartir des indications de laFlore
forestre.
LE PRINCIPE DU LOGICIEL
Nous avons veloppé notreprogramme en mettant nos pas dans ceux de laFloreforestre:
—il utilisel’écogramme qu’elle proposecomme basede représentation,
—il retient les caractéristiques des groupes dans cette schématisation.
Chaqueesceest automatiquement rattachée à son groupe indicateur.Ecoflorecalcule unbary-
centre. Labscisse(Xr:niveau trophique) et l’ordonnée (Yr:niveau hydrique) du barycentredes
esces du relevé sont calculées en utilisant(4) :
—labscisseou l’ordonnée Gdu centredu rectangle schématisant,dans l’écogramme,le
groupe auquel appartient une esce.
—le“poids interne” du groupe lié àlaprécision queles auteurs de laFloreforestrelui
prêtent.Cepoids est différent suivant quel’on regarde le niveau trophiqueou le niveau hydrique.
Legroupe A+(acidiphiles de dysmoder et de mor)apporte une forteinformation sur le plan
trophiquemais une faible information sur le planhydrique. Pour tous les groupes, une pondération
interne est ainsipriseencompte. Sur l’axe voulu,elle est l’inversedelalongueur relative(Ri)du
côtédu rectangle illustrant le groupe. Legroupe A+a une largeur de 1dans lacoordonnée
trophiquedel’écogramme: son poids interne est de 1. Legroupe Ala, moins précis avec sa
largeur de 2,5 sur l’axedes x adonc unpoids 2,5fois plus faible (1/ R i).
une correction cde cepoids quenous justifions ci-après.
un“poids externe” (m) lié au coefficient d’abondance-dominancedel’escedans le relevé.
Nous avons utilisédirectement le classiquecoefficient variant de +à5. Àl’issuedequelques
essais,“+” aétépris égalà0,2.
Àl’aide des relevés-types des types de stations d’uncatalogue,comparant sur l’écogramme les
situations de leurs barycentres, utilisant Ecofloreavec une pondération uniforme des groupes
c’est-à-dire sans lacorrection “c”deleur poids interne —et celles quenous définissaient ces
relevés,nous observions:
unbiais marquépour le niveau hydrique: toutes les stations humides étaient estimées
comme étant trop sèches et réciproquement;
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(3)Dans le Jura suisse,le premier ne considèrpas V.myrtillus comme une bonne esceindicatrice. Bien quacidophile,elle
est une véritable ubiquiste». Pour une forêt des Pyrénées centrales,le second met en évidence une station àHepatica nobiliset
Vacciniummyrtillus tout en constatant,par ailleurs,l’existence,classique,d’une hêtraie acidiphile àmyrtille.
(4) Pour iesces,laformule complèteest :Xr ou Yr=(Gi**ci*mi) / (*ci*mi).
1
Δi
1
Δi
unbiais,plus faible mais dissytrique,pour le niveau trophique: siles niveaux acides
étaient àpeu près correctement apprécs,les situations calcaricoles et calcicoles étaient calées
vers le pôle acide.
Enpondérant le poids des groupes en fonction de leur position dans l’écogramme,cebiais sat-
ténuefortement alors quelaforme de la représentation initiale de l’écogramme demeure. Cette
pondération constituelacorrection “c”quiintervient dans le calculdu barycentre.
La représentation ci-dessous montreque,dans la zone centrale —enblancdans lafigure2, un
certain “flou”dans le diagnosticest àattendre. Mais il affectedes conditions variant entreméso-
phile frais et sophile secet/ou peu acide et assez acide dont on comprendraqu’il est parfois
difficile,pour le phytcologueet pourEcoflore ,d’en apprécier toutes les nuances.
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Figure 2 PAR LE JEU DE PONDÉRATIONS DES GROUPES DESPÈCES INDICATRICES
QUI SE SUPERPOSENT AUX DIVERSES ZONES PLUS OU MOINS FONCÉES,
IL EST POSSIBLE DE RÉDUIRE LES BIAIS QUUN ÉCOGRAMME NON CORRIGÉ FAIT APPARAÎTRE
xx
x
m
f
h
hh
H
AA Aaaa nb
Pondération
Trèsforte
Forte
Assezforte
Moyenne
Faible
LUTILISATION DECOFLORE ET LES DOCUMENTS FOURNIS
Lutilisateur peut intervenir directement sur tous les paratres d’Ecoflore(5) malgréles inconvé-
nients d’unprogramme ainsi“ouvert”. Les relevés sont enregistrables et pourront être réutilisés
sous Ecofloremais également exportables,notamment sous tout tableur ou autregestionnairede
données,pour être rapprocs d’autres éléments écologiques ou cartographiques.Après une
traduction informatique,il est possible d’importer unfichier de relevés déjà saisis sous unautre
format.
Comme pour toutes les esces,laFloreforestrefournit une image de l’autécologie des essences
forestres.Sur le modèle de la schématisation des groupes d’esces indicatrices,il était simple
(5) Paratres de laformule de calculdu barycentremais aussi rattachement des esces à ungroupe,création de groupes,
introduction d’esces nouvelles,de noms synonymes usités par l’utilisateur,etc.
de créer une représentation de ces enveloppes autécologiques pour les superposer àl’écogramme
où figurelebarycentredu relevéfloristiquedune station. La basededonnées d’Ecoflorefournit,en
standard,ces représentations pour les principales essences.
Les états imprimés fournis sont,comme l’illustrelannexe(pp. 545-546):
—le relevéfloristique. Sionledésire,il seraclassédans l’ordredes groupes d’esces indi-
catrices et comporterales coordonnées du barycentre;
ucogramme renseigné —identiqueàceluidelacopie d’écranmontrée avec, au
moins,le barycentredu relevéet,par exemple,les essences dont on veut visualiser l’intérêt compte
tenu du diagnosticfait.
En utilisant le même principe quepour les essences,il est,de plus,possible de faire représenter
sur l’écogramme d’Ecoflore:
untype de stations .Sans douteest-il plus sûr et plus logiquedutiliser les cs des cata-
logues de stations locaux,mais on peut vouloir vérifier quelafloreest bien unbon indicateur ou
faireapparaître une éventuelle divergencedediagnostic.
untype d’habitat, si tant est quel’on puissele réduireà une représentation dans un
écogramme.
UN EXEMPLE DE RÉSULTAT :LES PLATEAUX CALCAIRES DE LORRAINE
Les catalogues de types de stations forestres utilisant laflorecomme bio-indicateur,fournissent,
par type,au moins un relevéà titred’exemple. Pour chacundes relevés-types,nous avons comparé
laposition du barycentrecalculé par Ecofloreavecla représentation du type de station définie à
partir des données du catalogue. Le schémade droitedelafigure3 rassemble les positions rela-
tives de tous les types:par exemple,les barycentres des types2et14 sont cas d’une seule
case vers le bas (ils sont estimés trop humides par Ecoflore )par rapport àcequtait attendu.
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Type de station
sec
assezsec
assezfrais
assezhumide
humide
frais
assez
acide
assez
acide neutrecalcique
2
4
6b
8
10
12
14
16
18
3
5
7
9
11
13
15
17
19
4/8/9/18/16
3/5/6/7/10
11/12/13/15/17/19
2/14
Niveautrophique
bien appréc
Niveauhydrique
trop sec
bien appréc
trop humide
Figure 3 UTILISATION DES RELEVÉS-TYPES
DU CATALOGUE DES TYPES DE STATIONS DES PLATEAUX CALCAIRES DE LORRAINE
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