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de cet endroit où fleuve et mer se confondent, quand notre Rhône alpin devient
mer, notre mer, mare nostrum, méditerranée.
Réalité géographique
La future vallée du Rhône, à l’ère primaire, s’esquisse dans quelques
effondrements entre le Massif central et les roches cristallines du Briançonnais,
au fond d’une fosse marine de 5 à 6000 m de profondeur ; elle évolue à l’ère
secondaire, avec les calcaires de l’étage urgonien, Vercors, Chartreuse, Bauges,
par exemple, puis de l’étage rhodanien, creusés de failles profondes capables
d’absorber l’écoulement de surface ; elle se précise enfin à l’ère tertiaire : une
gouttière apparait entre le vieux Massif central et la surrection de la chaine des
Alpes, vite envahie par la mer. Les éboulis alpins s’y déposent petit à petit,
repoussant la mer vers le sud, et la future vallée apparait. Le dépôt est moins
rapide au pied du Jura, montagne ancienne, et l’eau reste formant un lac bressan.
Au Pliocène-dernière période de l’aire tertiaire-, la mer revient et la vallée prend
la forme d’un fjord limité au Nord par le verrou de Givors, avec des criques qui
sont la préfiguration des vallées des affluents, en aval de Lyon. Un nouveau
recul de la mer provoquera une vidange lente du lac bressan, et l’apparition du
sillon rhodanien.
A l’époque quaternaire, la future vallée n’est qu’une succession de cuvettes
dans lesquelles s’amoncellent des avalanches de débris. Puis vient le grand
refroidissement, avec des glaciers alpins d’une superficie de 150 000 km2, et
une succession de crues et décrues glaciaires au cours desquelles le cours du
futur fleuve devait chercher sa route. Ainsi entre le défilé de Fort l’écluse et
Seyssel, où le futur Rhône emprunta un temps la vallée des Usses, avant de
rejoindre Bellegarde et le tracé de son affluent actuel : la Valserine ; ainsi
également en Suisse où un élément du Rhône se dirigeait vers le Rhin, ce qui
aurait pu être un tracé du futur canal du Rhône au Rhin. Une question a même
préoccupé les géologues : au confluent lyonnais, est-ce bien le Rhône qui vient
de Suisse, plutôt que le Rhin qui aurait transité par la future vallée du Doubs,
vers l’ancien lac bressan ?
Mais soyons rassurés : c’est bien le Rhône, qui prend sa source dans le massif du
saint Gothard, qui traverse le Valais, puis le lac Léman, reçoit les torrents du
mont Blanc, butte sur le Jura dans lequel il creuse une gorge profonde puis qu’il
contourne vers le Sud, avant de se diriger vers l’Ouest, vers Lyon où il rencontre