Toutes les rivières seront logées à la même enseigne : en été, leur débit devrait chuter de façon
spectaculaire. En 2050, les affluents non méditerranéens du Rhône, comme la Saône,
pourraient perdre jusqu'à 50% d'eau en été et en automne. A cette échéance, les prévisions
sont encore plus pessimistes pour, par exemple, la Durance et l'Isère: jusqu'à -75% en été.
Sécheresse
En France, sur le littoral méditerranéen, les signes du réchauffement climatique seront les plus
inquiétants. Les sécheresses seront plus intenses avec une diminution de 60% des pluies d'ici à
2080. Elles seront plus longues et plus intenses, selon les experts. L'agriculture sera la première
touchée par ce bouleversement. L'évapotranspiration sera le facteur aggravant avec des sols
qui sèchent plus tôt et plus vite, et des cultures plus précoces. Et plus généralement, la
végétation va subir le même sort.
Des étés plus torrides
Les scientifiques prévoient également des étés toujours plus torrides. Les températures vont
grimper de 1 à 2°C d'ici à 2030 dans le sud de la France, par exemple, et de 3 à 6°C à l'horizon
2080. Des pointes de +10°C par rapport aux moyennes actuelles pourraient être enregistrées
au mois d'août. Les conséquences sur la faune et la flore suivront. Il s'agira notamment de la
disparition d'une quinzaine d'espèces de poissons en mer. D'autres espèces comme les perches
ou les ablettes vont croître et se multiplier, alors que d'autres vont migrer vers le nord.
Partager l'eau
Pour Martin Guespereau, la conséquence de ce chamboulement est "qu'il va falloir apprendre à
vraiment partager l'eau" . Ce n'est pas une petite affaire tant les intérêts peuvent être
contradictoires, "voire conflictuels" , souligne le directeur de l'Agence, entre l'agriculture,
l'alimentation des populations, l'industrie et le tourisme. A l'avenir, il faudra éviter les
gaspillages d'eau et protéger au mieux les nappes phréatiques. L'eau deviendra une denrée
rare.
"LES RIVIERES SONT VOUEES A DISPARAITRE" THIERRY LARGEY, CHARGE
D'AFFAIRE DE PRO NATURA VALAIS
Du point de vue biologique, l'eau du Rhône, limoneuse et froide, est pauvre. A part les poissons,
il n'y a pas beaucoup de vie. Je crois qu'un ou deux degrés supplémentaires ne vont pas avoir
un impact très fort, sauf peut-être sur les poissons. Certaines espèces pourraient disparaître et
d'autres s'adapter à ce nouvel environnement. D'ailleurs, pour avoir des milieux intéressants
pour le biotope, nous avons plutôt tendance à rechercher un étalement du fleuve avec des eaux
plus chaudes.
A mon avis, ce réchauffement de la température du Rhône n'est pas dramatique, du moins pas
directement. Il découle du réchauffement climatique qui, lui par contre, a des effets directs sur
les réserves d'eau. C'est très inquiétant car cela est un bien essentiel à notre existence.
Concrètement, la diminution des stocks de neige et la fonte des glaciers vont engendrer des
problèmes de réserves à terme. De même, les rivières sont vouées à disparaître si l'eau se
réchauffe plus rapidement.
Quant à l'évapotranspiration, elle peut avoir un impact positif vu que davantage d'eau part dans
l'atmosphère créant des nuages, puis de la pluie, mais en même temps, cela signifie qu'il y a
moins d'eau dans les zones de stockage, comme la nappe phréatique. LF
Par LYSIANE FELLAY AVEC LE DAUPHINE LIBERE