plantes hommes

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DES
HOMMES
&
DES
PLANTES
QUI SOIGNENT
Editions OUEST-FRANCE
Préface
S
’il est un domaine qui touche au cœur des préoccupations du public,
c’est bien celui des plantes qui guérissent. Depuis la nuit des temps,
chamans et guérisseurs, dans toutes les cultures, ont soigné par les plantes.
Ces pratiques se poursuivent aujourd’hui dans de nombreuses régions du
monde et ont été relayées et reprises à son compte par la médecine moderne.
C’est cette longue et belle histoire que vous raconte cet ouvrage.
Les plantes médicinales sont au cœur de la thérapeutique, non seulement
les plantes douces consommées en infusions ou en gélules, mais aussi des
plantes à haut pouvoir thérapeutique comme la pervenche de Madagascar
et l’if dans le traitement du cancer. Et comment soulagerait-on les douleurs
même les plus sévères sans l’apport irremplaçable du pavot et de la morphine ?
À une époque où les percées de la science lorsqu’elle est par trop prométhéenne
peuvent effrayer – ne parle-t-on pas de cyborgs, d’androïdes et d’hommes
« augmentés » ou immortels ? – le recours et le retour à la nature offrent
un champ immense de possibilités fondées sur des savoirs millénaires.
Les plantes médicinales sont à la base de la phytothérapie, de l’aromathérapie,
de l’homéopathie, de la naturopathie, toutes ces pistes dont les bénéfices
viennent opportunément renforcer ceux attendus de la médecine
conventionnelle.
Vous découvrirez tout cela dans cet ouvrage publié à l’occasion de
l’exposition présentée au Domaine de la Roche Jagu, et je vous souhaite
d’y prendre le plus vif intérêt et le plus grand plaisir.
© Jacques Fleurentin / SFE
Jean-Marie PELT
Président de l’Institut Européen d’Ecologie
Professeur Honoraire de l’Université de Metz
En couverture
© Shutterstock et Photononstop
3
À partir de la révolution industrielle, la transmission des remèdes traditionnels
décline subitement. Les chercheurs copient les substances naturelles et les
reproduisent par synthèse, voire créent de toutes pièces des molécules originales.
La nature sauvage se trouve temporairement mise à distance à mesure que se
développent la biochimie et la biologie moléculaire.
Introduction
Aujourd’hui, notre société urbanisée semble redécouvrir le végétal comme
« ré-initiateur » de son bien-être. On assiste donc à un réel engouement pour
la phytothérapie, et dans les officines, les médicaments naturels font recette.
Mais quelle place « les plantes qui soignent » peuvent-elles occuper dans la
médecine occidentale actuelle, guidée par la recherche pharmaceutique de
pointe et la chimie ? Un dialogue est-il encore possible entre les traditions
thérapeutiques à base de plantes et la médecine de demain ?
Des hommes et des plantes
qui soignent
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epuis l’origine, les êtres vivants ont su trouver dans la nature les ressources
qui leur sont essentielles et même vitales. L’Homme, apparu sur terre il y
a 3 millions d’années, n’échappe pas à cette règle. Au fil du temps, il assure sa
survie en sélectionnant dans son environnement les végétaux capables de le
nourrir, de l’habiller… et de le soigner. « Le remède végétal est sans doute
aussi ancien que la conscience humaine », selon Pierre Lieutaghi. Pourtant, la
découverte du pouvoir des plantes fut un long apprentissage qui, aujourd’hui
encore, pose de nombreuses questions.
Comment, au cours de l’histoire, l’homme a-t-il pu discerner la plante
bienfaisante de la plante toxique, la plante qui soigne de la plante qui tue ?
Ce savoir est-il inné ?
e
6
alic
Cette connaissance aiguisée du végétal montre que l’espèce humaine a su lire
la nature à livre ouvert, allant même jusqu’à déjouer ses pièges, en dosant
intelligemment des plantes toxiques, susceptibles de causer sa mort. Peu à peu,
ce savoir s’est codifié, théorisé, tout en cherchant une logique dans les signes
révélés par la nature.
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/D
Les anthropologues s’accordent à dire que la connaissance du monde végétal
est le fruit d’une longue série d’observations et d’expérimentations. Cette
approche empirique des populations humaines, lesquelles ont agrégé une
foule d’informations au fil des générations, leur a permis de sélectionner
progressivement les bons remèdes.
Sabrina Krief, primatologue au Muséum national d’histoire naturelle, précise
que les animaux sont les premiers à utiliser les plantes de manière thérapeutique.
Elle a ainsi identifié plus de vingt plantes consommées en automédication
par des chimpanzés de Tanzanie. L’observation des animaux domestiques
témoigne encore d’autres méthodes de soin instinctives : le mouton ingère des
fougères mâles pour se purger, le chat s’enivre de cataire…
Qui a copié qui ? L’homme ou l’animal ? Probablement les deux !
La Sauge
(Salvia officinalis)
À travers les âges et dans toutes les cultures, les hommes ont contracté des liens très forts avec les plantes. La flore agit
sur nos corps, nos sens, notre esprit et notre imagination. Ses fragrances protectrices, fortifiantes, énergisantes
et médicales sont censées pénétrer par le nez, la bouche, les pores de la peau dans les organismes et
leur communiquer ses pouvoirs bénéfiques. « Toute la vertu des médicaments ne consiste que dans la
communication d’un certain parfum », déclare l’abbé Rousseau, médecin de Louis XIV.
Dès l’Antiquité, les bonnes odeurs des plantes aromatiques sont utilisées pour lutter contre les
épidémies et les maladies. Elles apparaissent même comme les armes principales contre la
corruption de l’air et du corps, cause de tous les maux.
Du latin « salvare », « sauver », la sauge officinale est apparue très tôt en Occident
comme le paradigme de ces végétaux salutaires. Il est remarquable qu’elle tienne
un rôle équivalent dans la pharmacopée arabe sous le nom de « sâlma », ou
« sâlmiya », « celle qui procure le salut ».
Ce sous-arbrisseau à feuilles rugueuses, blanchâtres, recouvertes de poils
laineux qui les protègent du froid et aux grandes fleurs d’un bleu-rose
lilas, est considéré depuis la nuit des temps comme l’herbe de tous
les bienfaits.
7
Évolution
titre
de la pharmacopée :
entre théorie
et pratique
Histoire de la pharmacopée
végétale
L
Physicien consultant un papyrus médical,
tandis qu’une princesse malade et sa famille
attendent, lithographie de H. Herget
(1885- 1950).
© National Geographic Creative / Bridgeman Images
a majorité des produits utilisés par les humains pour soulager leurs maux
trouve son origine dans le monde végétal, et la connaissance des vertus
médicinales des plantes est aussi ancienne que l’humanité ! Longtemps, l’art
de guérir a été le fait de l’empirisme et de l’observation transmise au fil des
générations, de pratiques de magie et de superstitions, et du fait de divinités
qui ont révélé leurs connaissances aux humains.
Dès le troisième millénaire avant J.-C. apparaissent néanmoins en Mésopotamie
et en Égypte les premières pharmacopées indiquant les prémices d’une
rationalisation du savoir. Aux côtés de ces premiers savoirs écrits, les
guérisseurs et leurs rituels conservent toutefois tous leurs pouvoirs.
En Chine, l’époque des « Printemps et Automnes » (770-476 av. J.-C.) marque
la fin de la phase de développement strictement empirique de la médecine et le
début de sa transformation en système médical.
Dans la Grèce antique, Hippocrate (460-377 av. J.-C.) produit, par sa
« théorie des humeurs », ses premiers fondements scientifiques à la médecine
en la séparant de ses préceptes philosophiques, religieux et magiques.
Traduit en latin, le Canon du Persan Avicenne (Ibn Sînâ, 980-1037) reste la
base de l’enseignement médical en Europe jusqu’au xviie siècle.
Au xie siècle, en Italie, l’École de Salerne constitue un établissement de renom
où se synthétisent les courants médico-pharmaceutiques grec, latin et arabe.
Dans l’Occident du Moyen Âge, alors que la Bible est la référence universelle,
la médecine se contente de répéter l’antique doctrine de Galien et de soigner
avec les plantes qu’il avait prescrites et les remèdes qu’il utilisait. Mais
les pratiques superstitieuses et magiques sont largement présentes, et les
femmes, « sorcières » pour certaines, sont les grands dépositaires des secrets
des « herbes » qui soignent. Toutefois, des communautés d’apothicaires se
constituent, et en 1258, le roi Saint Louis leur offre un statut, confirmé par
Philippe le Bel.
Ainsi, dans cette relation complexe qui lie plantes et humains depuis toujours,
la coexistence entre savoirs rationnels et empiriques s’est-elle toujours
étroitement poursuivie au travers des siècles. Et cette antinomie n’est-elle pas
encore largement présente aujourd’hui dans bien des endroits du monde ?
7
Bas-relief de la tombe de Pairkep montrant
des servantes pressant de l’huile de lys pour
fabriquer du parfum, Egypte ancienne
(XXVIe dynastie, 664-525 av. J.-C.)/Musée
du Louvre, Paris.
L’héritage méditerranéen
© Werner Forman Archive / Bridgeman Images
Le Kyphi
Un papyrus médical, datant de la XVIIIe dynastie, le papyrus Ebers, nous fournit l’une des plus anciennes formules
connues de parfum thérapeutique, celle du Kyphi. Elle est également gravée sur les murs du temple d’Horus, à
Edfou, et sur ceux du temple de la déesse Hathor, à Dendérah. Dioscoride, Plutarque et Galien, trois auteurs
grecs des Ier et IIe siècles apr. J.-C., en donnent chacun une version un peu différente.
Souchet (famille des papyrus), baies de genièvre, raisins secs, résine de térébinthe, roseau odorant,
jonc odorant, fleurs de genêt, vin d’oasis, miel, myrrhe, entrent dans la plupart de ces recettes,
complétées parfois de nard (plante herbacée aromatique), cannelle, safran, menthe, séséli
(apiacée), cardamome, henné.
Utilisé en pastilles à brûler pour honorer les dieux, ce parfum « deux fois bon », à
l’odeur florale, résineuse et sucrée, soigne aussi, sous forme liquide, les maladies
intestinales, hépatiques et pulmonaires. Le Kyphi est réputé en outre pour ses
vertus décontractantes et déstressantes. Il en émane une vapeur suave et
bénéfique qui dénoue sans le secours de l’ivresse la pénible tension
des soucis de la journée. C’est le premier parfum aromachologique,
censé avoir des effets sur l’humeur et le comportement.
Tablette d’argile cunéiforme, Irak,
vers 2500 av. J.-C.
© Pictures From History / Bridgeman Images
E
n Mésopotamie, entre Tigre et Euphrate, les documents les plus anciens
attestant d’une pharmacopée ont été découverts à Nippour, au sud de Babylone,
où des milliers de tablettes d’argile, cunéiformes, datant de 2100 av. J.-C., ont
été exhumées. Des médecins possèdent alors une bonne connaissance des
vertus curatives de nombreuses plantes (250) ainsi que de substances animales
(écailles) et minérales (soufre). Ces pratiques thérapeutiques concernent
tant le médecin que le thaumaturge, guérisseur ayant recours au rituel et à
l’incantation. Si au fil des générations l’empirisme est l’origine de la sélection
de beaucoup de ces plantes, la transmission des connaissances est également
le fait des dieux qui les ont révélées aux humains. Au vu de la présence
d’espèces exotiques dans les pharmacopées, une partie de ces savoirs provient
probablement aussi des peuples avec lesquels les Mésopotamiens ont été en
contact. La Mésopotamie a été en effet très tôt en lien avec le sous-continent
indien, à l’époque de la civilisation « de l’Indus ».
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Le papyrus médical Chester Beatty,
vers 1200 av. J.-C., Égypte ancienne
(XIXe dynastie). Son nom vient de Sir Alfred
Chester Beatty qui a fait don de dix-neuf
papyrus au British Museum.
© British Museum, Londres, UK / Bridgeman Images
En Égypte, des inscriptions funéraires
et des bas-reliefs renseignent sur de très
anciennes pratiques médicales, en liaison
avec Imhotep (c. 2686 à 2613 av. J.-C.),
vénéré comme dieu guérisseur. Une
dizaine de précieux papyrus fournit des
informations sur l’état de la médecine,
et en particulier le papyrus Ebers, l’un
des plus anciens documents médicaux
originaux connus. Il date du début de la
XVIIIe dynastie (vers 1580 av. J.-C.) et se
présente comme un long document de
plus de 20 m et 30 cm de large. Véritable
encyclopédie médicale, il se décline
en 877 paragraphes qui rapportent
de nombreuses maladies et pratiques chirurgicales, et plusieurs centaines de
remèdes contre toutes sortes d’affections. Il contient aussi une importante
pharmacopée, principalement élaborée à partir de plantes, parmi lesquelles le
caroubier, l’encens, la gomme ammoniaque ou le térébinthe.
9
Les médecines savantes d’Asie
E
n Chine, les plus anciens témoignages sur les conceptions des maladies et
de leurs traitements remontent au xie siècle av. J.-C. et la maladie est alors
comprise comme la vengeance d’ancêtres défunts mal honorés ou de démons.
Une compréhension nouvelle du monde apparaît sous les Qin (221-206 av. J.-C.)
puis les Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) : le monde qui entoure les humains est
gouverné par des lois naturelles, fondées sur des principes appelés Yin et Yang. Le
Yin, souffle opaque et lourd, a formé la Terre, tandis que le Yang, souffle pur et léger,
a fait le Ciel. Ces théories rendent compte des phénomènes visibles et invisibles qui
entourent les humains, et du fonctionnement régulier de l’univers et de l’un de ses
composants, l’homme.
Le plus ancien traité chinois connu, le Shen nung pen ts´ao king (ou Shennong
Bencao Ging), décrit toutes les plantes énergétiques connues à l’époque. Attribué à
l’Empereur rouge Shennong (mort en 2967 av. J.-C.), il ne fut en fait rédigé que sous
la dynastie des Han, au ier siècle de notre ère, et il est considéré comme le premier
expérimentateur des préparations médicinales à base d’herbes.
En Inde, les principes de la médecine traditionnelle de l’Ayurveda, le « Savoir
(veda) sur la longévité (âyur) » sont déjà établis il y a plus de deux millénaires.
Des similitudes existent entre les théories grecques et indiennes concernant les
humeurs et le pneuma, souffle circulant comme un fluide dans l’organisme. L’état
de santé résulte de l’équilibre ou de l’altération de trois humeurs – le vent, la bile et
le phlegme –, qui sont à la fois des fluides nourriciers, des fonctions physiologiques
et, par l’équilibre ou le déséquilibre de leur jeu, les causes des m aladies.
Traités médicaux fondateurs, la Charaka Samhita et la Sushruta Samhita
préconisent des remèdes préparés essentiellement à base de plantes et diverses
thérapies (lavements, sudation). L’opium est utilisé, probablement à partir de
sources islamiques, comme antidiarrhéique. À partir de la fin du Ier millénaire
apr. J.-C., des composants métalliques sont introduits dans l’usage médical.
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À gauche
Les dieux ancêtres de la médecine.
© Bibliothèque nationale, Paris, Italie / Archives Charmet /
Bridgeman Images
À droite
« Mais de quoi souffre-t-il ? » (détail),
miniature indienne, Rajasthan, second quart
du xviie siècle (illustration du Rasikapriya).
© akg-images / Jean-Louis Nou
Page de droite
Plantes tirées d’un « Pen T’Saó »,
traité chinois de plantes médicinales
du xviiie siècle.
© Société Asiatique, Collège de France, Paris / Archives
Charmet / Bridgeman Images
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Les grands théoriciens antiques
Autel funéraire de Julia Victoria (détail
avec des oiseaux sur laurier), Rome,
ier siècle apr. J.-C.
© De Agostini Picture Library / G. Dagli Orti / Bridgeman
Images
Onguent
au laurier et à l’iris
E
n Grèce, Platon pose les bases de la philosophie selon laquelle son disciple
Aristote, au ive siècle av. J.-C., aborde l’étude de la nature. Celui-ci classe
les êtres vivants selon une hiérarchie de valeurs établie en fonction de leur degré
de « perfection », accordant à l’homme la prépondérance absolue. Les plantes
sont, par essence, à la disposition de l’homme. Elève d’Aristote, Théophraste
élargit, dans son Histoire des plantes, les connaissances botaniques de l’époque
en mettant à profit les expéditions d’Alexandre le Grand. Mais la connaissance
des plantes reste utilitaire et mythique.
Quatre siècles plus tard, le médecin grec Dioscoride (ier siècle) publie le
Traité de matière médicale, et le Latin Pline l’Ancien (23-79), en Italie, fait
paraître son Histoire naturelle, deux ouvrages fondamentaux à l’art médical.
Cependant, leur esprit à l’égard de l’étude des plantes reste fidèle à celui des
grands ouvrages précédents. Encyclopédies de compilation, ils réunissent les
connaissances de leur temps sur l’exploitation que l’on peut faire du monde
végétal, et la description des plantes est des plus sommaires. Néanmoins,
ces ouvrages constituent pendant quinze siècles les principales références
en histoire naturelle, sans qu’aucun progrès n’ait lieu dans l’étude directe et
objective des plantes vivantes. Ils sont recopiés maintes fois, les dessins se
modifiant au gré du temps et de l’imagination des artistes.
Dans le domaine de la médecine, le Grec Hippocrate (460-377 av. J.-C.)
donne ses premiers fondements scientifiques à la médecine en la séparant de
ses préceptes philosophiques, religieux et magiques. Il définit la santé comme
l’équilibre dans la proportion des quatre humeurs (sang, phlegme, bile jaune,
bile noire) et la maladie comme une rupture de cet équilibre. Ces théories,
reprises par le Grec Claude Galien (vers 131-200), font autorité, avec le soutien
de l’Église, sur toute la médecine jusqu’au milieu du xviie siècle.
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À gauche
Discoride recevant un plant de mandragore
d’Euresis.
© Biosphoto / Sheila Terry / Science Photo Library
Symbole du succès chez les Romains, le laurier dit d’Apollon est l’ornement des victoires. Scipion serait entré dans
Carthage une branche de laurier à la main. Pouvant atteindre une hauteur de 8 à 10 mètres, le laurier noble,
Laurus nobilis, est présent dans la région méditerranéenne et sur le littoral atlantique.
Au Ier siècle apr. J.-C., Pline l’Ancien donne la tonalité générale de toutes ses vertus médicales : « Tout
dans le laurier a des propriétés échauffantes, les feuilles, l’écorce et les baies. » Sa racine macérée
dans du vin odorant dissout les calculs, fortifie le foie, facilite l’accouchement. Ses baies soignent
les démangeaisons, les bronchites et la phtisie, combattent l’asthénie et les refroidissements.
Ses feuilles fermes, luisantes, d’un beau vert foncé, une fois broyées et brûlées, servent
à se protéger des contagions pestilentielles. Pilées avec le rhizome de l’iris, elles sont
souveraines contre les céphalées.
Pour conserver à l’iris toute sa vigueur thérapeutique, Pline recommande
de le couper « en état de chasteté ». Cette précaution « magique »
fait écho à celle de Théophraste qui, quatre cents ans auparavant,
préconisait, après l’avoir cueilli, de mettre à sa place un gâteau
de blé et de miel.
À droite
De materia medica de Dioscoride.
Constantinople, 512/513 ap. J.-C.,
Bibliothèque nationale d’Italie.
© akg-images / Interphoto / Bildarchiv Hansmann
La théorie des humeurs
La théorie des humeurs, développée par Hippocrate, puis reprise et affinée
par Galien (médecin grec, 131-201 apr. J.-C.), a régné en Occident pendant
plus de quinze siècles avant d’être contestée par Paracelse. Elle a influencé
des domaines divers comme la médecine, la biologie, la philosophie, la
cosmologie ou même la géographie et l’astronomie. Fondée sur le concept du
microcosme (le corps humain) et du macrocosme (l’univers), cette doctrine
a longtemps imprégné notre perception de la maladie : ne dit-on pas encore
aujourd’hui « être de bonne/mauvaise humeur » ou « se faire de la bile » !
Selon Hippocrate, le corps est traversé par quatre fluides, quatre
« humeurs » : le sang, la bile jaune, le phlegme (ou pituite) et la bile noire (ou
l’atrabile). A chaque humeur correspond un élément (l’eau, l’air, la terre ou
le feu), et chacune d’entre elles se caractérise par deux qualités élémentaires.
La proportion entre ces humeurs détermine le tempérament d’un individu : il
sera sanguin, phlegmatique, mélancolique, ou colérique.
Ainsi, la bile jaune, chaude et sèche, est associée au feu et décrit une personne colérique.
Si une humeur est en excès, l’équilibre est rompu et la maladie s’installe. Le traitement
médical de Galien, à base de plantes dotées de qualités premières (chaud ou froid, sec ou
humide), et prescrites selon le type de déséquilibre, combat le mal par son contraire. « Si
nous perdons de la chaleur, une plante nous réchauffera. Si nous en avons en excès, une autre
amènera de la froidure. »
Les éléments et les humeurs, in Livre
des propriétés des choses, 1445-1450, Maître
de Barthélemy l’Anglais, Ms. Fr. 135, fol. 91.
© Bibliothèque nationale de France
13
En complément de plantes médicinales, ces ouvrages
font connaître de nouveaux produits chimiques
(1’alcool grâce à 1’utilisation de l’alambic). Ils donnent
une place particulière au sucre, par son extraction de la
canne à sucre, permettant des formes pharmaceutiques
nouvelles, comme les sirops et les loochs.
Le Canon de la Médecine d’Avicenne (Ibn Sînâ,
980-1037) rassemble le savoir médical de son temps,
enrichi de ses propres observations, et se caractérise
par la réflexion théorique et le recours au raisonnement
logique. L’ouvrage classe les maladies selon les parties
du corps, de la tête aux pieds. Le deuxième livre traite
en particulier de la pharmacologie, avec une liste
alphabétique d’environ 760 simples. Traduit en latin
à Tolède, le Canon reste la base de l’enseignement
médical en Europe jusqu’au xviie siècle. Au xie siècle,
l’École de Salerne (Italie) constitue un établissement
réputé où s’opère la synthèse des courants médicopharmaceutiques grec, latin et arabe.
La médecine arabo-persane
Plantes médicinales dans un ancien
manuscrit arabe.
© Biosphoto / Jean-Loup Charmet / Science Photo Library
Rose cent-feuilles/
Rosa centifolia (Maroc).
© Biosphoto / Michael Peuckert /
Flowerphotos
L’Eau de rose
D
u viiie au xe siècle, l’essor de la médecine est surtout l’apanage de la
civilisation arabe. Vers 900, toutes les grandes études médicales de
l’Antiquité ont été traduites et circulent dans les centres culturels de Damas,
de Bagdad et du Caire. Yuhanna ibn Massawayh dit Jean Mésué le Jeune
et le Persan Rhazès (860-923) réalisent des ouvrages médicaux enrichis des
connaissances botaniques de l’Arabie, de la Perse et de l’Inde, et y exposent
l’art de préparer les extraits végétaux. Au xiiie siècle, le Manuel de l’Officine
de Cohen El Attar rapporte des recommandations sur la récolte des simples,
et les remèdes y sont classés selon leurs propriétés : chaud, froid, humide, sec.
Dans le Corps des Simples, Ibn el Baittar (1197-1248) décrit plus de 1 400
matières premières dont 300 mentionnées pour la première fois (ambre, musc,
girofle…).
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Préparation de médicaments pour un patient
touché par la variole, miniature du Canon de
Médecine d’Avicenne (980-1037), manuscrit
ottoman, Turquie, xviie siècle.
© De Agostini Picture Library / G. Dagli Orti / Bridgeman Images
Au VIe siècle av. J.-C., les jardins suspendus du roi Nabuchodonosor, à Babylone, exhalaient déjà son parfum et
elle fut la fleur préférée des rois de Perse.
Les Arabes, qui avaient emprunté aux Grecs le principe de la distillation et amélioré cette technique,
fabriquaient ainsi des « attars » (des essences) de rose, beaucoup plus légers que les parfums antiques
à base huileuse ou vineuse. Un progrès capital pour la pharmacie et la parfumerie
Cueillis le matin, au lever du soleil, les pétales de rose étaient ensuite distillés en alambic
à la vapeur d’eau.
Trois centres étaient célèbres pour cette production. Farsitar, dans le sud de la
Perse, qui en livrait 30 000 bouteilles par an au calife de Bagdad ; Ab-Munazzah,
en Syrie, et Gûr (aujourd’hui Firuzâbad). Cette ville traitait surtout la Rosa
centifolia. Du Xe au XVIIe siècle, Shiraz en Perse devint la « capitale » de
l’industrie de la rose.
L’eau de rose était conseillée, par voie interne ou externe, dans le
traitement des fièvres, des états nauséeux, des migraines, des
insolations, des otites, de la nervosité et de l’anxiété.
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Mélisse, Grandes Heures d’Anne de Bretagne
(1503-1508), Bourdichon, Jean (1457?-1521),
Ms. latin 9474, fol. 151v.
© Bibliothèque nationale de France
L’Eau de Mélisse
Magistrale
Une ancienne tradition fait remonter à 1379 l’apparition d’une Eau de Mélisse mise au
point par des religieux pour le roi de France Charles V qui était très malade.
Cette première version serait l’ancêtre de celle dont les secrets de fabrication auraient été confiés en 1611
au Père Damien, religieux de la confrérie des Carmes Déchaussés. Le cardinal de Richelieu et Louis
XIV appréciaient particulièrement cette préparation tonique à base de romarin, d’anis, de marjolaine, de
thym, d’absinthe, de sauge, de baies de genièvre, de cannelle, de cardamome, de coriandre, de clou
de girofle, d’hysope, d’angélique, d’écorce de citron et surtout de mélisse.
Au XVIIIe siècle, le Père Polycarpe Poncelet en vante les mérites dans le traitement de
l’apoplexie, de la léthargie, de l’épilepsie, des vapeurs et des coliques : « L’Eau de
Mélisse, vulgairement appelée Eau des Carmes, parce que ces religieux en font
un grand débit, soutient depuis longtemps sa célébrité par son excellence et
ses effets salutaires ; quand elle est faite avec soin, elle est non seulement
odorante mais encore très médicale. »
Soulignant que sa réalisation est complexe et onéreuse, il dénonce
les nombreuses imitations simplifiées par souci d’économie et
conclut que cette eau très estimée serait même préférable à la
célèbre Eau de la Reine de Hongrie.
La médecine dans les monastères
A
u vie siècle, fin de l’Empire romain, Cassiodore (vers 490-575), ancien sénateur
romain, féru d’Hippocrate, de Dioscoride et de Galien, se réfugie dans un
monastère, et invite les moines à recopier ces œuvres antiques. Transcripteur de
l’Antiquité, il permet ainsi la conservation de tout ce savoir antique à la merci des
envahisseurs. Cassiodore incite les moines à cultiver les plantes médicinales et à
préparer les médicaments. Les religieux sont ainsi tout naturellement conduits à
exercer la médecine, une médecine de qualité supérieure à celle de leurs « confrères
laïcs ». Médecine et pharmacie se concentrent ainsi entre les mains du clergé régulier.
Chaque monastère possède son jardin pour la culture des « simples », comprenant
au moins une quinzaine d’espèces jugées de première nécessité comme le lys, la
sauge ou le fenouil. Les moines conservent les médicaments dans une armoire, ou
armorium pigmentarium, dont le responsable est le moine « apothicaire ». Les papes
tentent à plusieurs reprises de limiter cet exercice dans les couvents, pour éviter que
le clergé ne tombe dans le mercantilisme. La rupture entre l´Église et la médecine est
confirmée lors du concile de Latran, en 1215.
Abbesse d’un monastère bénédictin près de Bingen (Allemagne) et remarquable
médecin, Hildegarde de Bingen (1098-1179) s’intéresse aux plantes dans son
œuvre qui tient à la fois de l’encyclopédie, du régime de santé et du recueil de
diagnostics. Dans son De Arboris, elle recense quelque 200 plantes médicinales
16
La Thébaïde ou La Vie des saints pères
(détail), de Paolo Uccello, 1418-1420.
© Galleria degli Uffizi, Florence, Italy / De Agostini Picture
Library / G. Dagli Orti / Bridgeman Images
Le Jardin des simples
La règle de saint Benoît, la plus répandue dans les couvents du Moyen Âge, indique que le monastère doit comporter
des jardins. Au jardin claustral destiné à la prière, s’ajoutent les jardins d’utilité tels que le potager (hortus), le verger
(pomarius) et le jardin des simples (herbularius) où les moines obéissent à la règle de travailler (labora).
Le jardin des simples désigne celui des plantes médicinales, qualifiées de « simples » contrairement aux préparations
composées, dites « magistrales », des apothicaires. Ce jardin clos qui côtoie l’infirmerie s’inspire largement du fameux
plan de l’abbaye bénédictine de Saint-Gall, élaboré vers 820. Les jardins bordés de plessis étaient cultivés en carrés,
selon le multiple de 4, un chiffre symbolique renvoyant aux 4 éléments de l’Univers, aux 4 points cardinaux…
La pharmacopée médiévale des moines se divise en 6 grands registres correspondant à des pathologies précises : les
fièvres, les maux des femmes, les blessures, les purges, les maux du ventre et les intoxications venimeuses. Pendant
longtemps, les jardins de simples ont été cultivés majoritairement par des religieux qui apportaient des soins non
seulement aux habitants des monastères, mais également aux hôtes, religieux ou laïcs, aux pèlerins comme aux
indigents. Le concile de Latran en 1215 a restreint cette pratique de soins aux malades à l’extérieur des monastères.
À partir du XIIIe siècle, la culture des simples s’étendit autour des châteaux et des bâtiments civils.
Page de gauche
Hildegarde de Bingen (1098-1179) était une
abbesse bénédictine allemande. Scientifique,
femme politique, musicienne, compositrice,
écrivain et poétesse, visionnaire mystique
et médecin, auteur de Physica, elle avait
ainsi développé de vastes connaissances
pharmacologiques sur les plantes.
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et leurs applications. Il n’y a pas de maladies, précise-t-elle, mais des hommes
malades, et ces hommes sont intégrés dans un univers qui, de même qu’il participe
à leur malheur, doit aussi prendre sa part dans la guérison.
D’une curiosité intellectuelle qui préfigure le monde moderne, Albert le Grand
(1193-1280) est le premier à définir clairement le statut des sciences dans la
Chrétienté. Grand maître de l’enseignement des sciences au xiiie siècle, ses travaux
s’inspirent largement de ceux d’Aristote. Il consacre sept livres aux végétaux.
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La naissance du métier
d’apothicaire
Un apothicaire et son auxiliaire avec balance
et mortier préparent un remède aux herbes
médicinales. Enluminure italienne, fin du
xive siècle, in Livre de la Maison Cerruti.
Illustration pour le Tacunium sanitatis in medicina.
Cod. Ser. Nov. 2644.
Au Moyen Âge, l’ouvrage de référence était l’Antidotaire de Nicolas,
recueil de quelque cent vingt formules, s’inspirant du Grand Antidotaire
de Salerne, plus volumineux.
Les drogues constituant la matière médicale, les matières premières servant
à la confection des médicaments, appartenaient au règne végétal, animal ou
minéral, comme l’indiquait la devise latine des apothicaires « in his tribus
versantur » (ils sont versés dans les trois règnes). Celles issues des plantes
étaient toutefois les plus nombreuses. On utilisait plante entière, feuilles,
graines, racines, fruits séchés, sucs, ou même bois. Parmi les ouvrages de
référence des apothicaires figurait De Materia Medica de Dioscoride.
Au xie siècle, se produisit à Salerne, près de Naples, un renouveau de la
médecine, par le mélange des héritages grec, arabe et juif. À cette époque,
Platearius rédigea le Livre des simples médecines consacré aux plantes
médicinales (Circa Instans dans la version originale), dont on connaît de
nombreux manuscrits enluminés. Ces deux ouvrages furent à la base de
l’enseignement des apothicaires jusqu’à la Renaissance.
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Portrait de Theophrastus Paracelsus (1493-1541),
copie d’une illustration tirée de son livre
Astronomica et Astrologica Pouscula, Cologne, 1567,
in History of Magic, publiée à la fin du xixe siècle.
© Private Collection / The Stapleton Collection / Bridgeman Images
Paracelse
et l’apparition
de la chimie
A
pparue à Bagdad au viiie siècle, la profession d’apothicaire s’est développée
en Europe occidentale à partir du xiie, et surtout du xiiie siècle, à l’époque
des premières universités.
Dès l’origine, cette profession fut encadrée par une législation stricte. Les
Constitutions de Melfi de 1231 et de 1241 sont les premiers textes officiels qui
réglementent la préparation et la délivrance au public des médicaments dans le
royaume de Sicile, sous le règne de l’empereur Frédéric II Hohenstaufen.
Peu à peu, la plupart des grandes villes allaient se doter de statuts régissant la
communauté des apothicaires. Les examens d’accession à la maîtrise comportaient
trois parties. L’acte de lecture consistait en la lecture commentée de textes latins
traitant de pharmacie. L’acte des herbes était consacré à la reconnaissance de
plantes fraîches et de drogues simples, assortie de commentaires sur leurs
propriétés. Le chef-d’œuvre comportait la préparation publique de plusieurs
médicaments composés et durait plusieurs jours. L’exercice professionnel
nécessitait la possession de pharmacopées officielles décrivant la formule des
médicaments et les méthodes utilisées pour les préparer.
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Médecin, entre un apothicaire pilant dans
un mortier et un herboriste dans un jardin,
Ms latin 6966, fol. 154v, in Antidotaire ;
Collectorium chirurgicum (1451), Bernard
de Gordone et Guy de Chauliac.
© Bibliothèque nationale, Paris, Archives Charmet / Bridgeman
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Philippus Bombast von Hohenheim, alias Theophrastus Aureolus Paracelsus, est né en Suisse, à Einsielden, en
1493 ou 1494.
Une fois reçu bachelier à Vienne, Paracelse poursuit des études médicales à l’Université de Ferrare, avant de voyager à
travers l’Europe. Il suit l’imprimeur Froben à Bâle, où il rencontre Erasme et y est nommé médecin de la ville. Multipliant les
provocations et faisant l’unanimité contre lui, il est contraint de quitter la cité et de reprendre son errance à travers les pays
germanophones, pour finalement mourir à Salzbourg en 1541.
Paracelse estimait qu’il y avait une relation entre le macrocosme (les planètes) et le microcosme (l’homme). Son
approche de la maladie reposait sur une conception alchimique. Pour lui, la matière, ainsi que le corps humain
étaient constitués à partir de trois principes : le soufre, le mercure et le sel. Les métaux se formaient au centre
de la terre ou dans le fourneau des alchimistes (l’athanor) par la combinaison du soufre et du mercure, en
présence de sel. Le corps humain fonctionnait semblablement et nécessitait, pour demeurer en bonne
santé, un équilibre entre les trois principes. En cas de déséquilibre, la maladie apparaissait. Pour la
soigner, il fallait rétablir l’équilibre entre les principes, en administrant au malade des substances
chimiques, elles-mêmes constituées de soufre, de mercure et de sel, en proportions variables
et choisies judicieusement. Pour la première fois, une théorie justifiait l’utilisation de
produits chimiques en thérapeutique.
Cette approche changea la finalité de l’alchimie qui n’avait plus pour but la
quête de la pierre philosophale, mais la fabrication de produits chimiques
utilisables en thérapeutique. On parla d’iatrochimie, la chimie qui
soigne. Les idées progressistes de Paracelse lui valurent un succès
posthume et annoncèrent la médecine chimique.
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Des apothicaires aux pharmaciens
Page de gauche
Apothicaire, 1695, gravure de J. Schweitzer
d’après une gravure d’Auguste Christian
Fleichmann in Hausväterbuch de Franz
Philipp Florinas, 1ere édition 1702.
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A
u cours des xvie et xviie siècles, les apothicaires furent de plus en plus
impliqués dans le développement des sciences. Nicaise Lefebvre et
Christophle Glazer rédigèrent des traités de chimie qui firent autorité. Le Cours
de Chymie de Nicolas Lémery connut 17 éditions de 1675 à 1757 et fut traduit
en allemand, anglais, espagnol, italien ou latin. Sa Pharmacopée Universelle ou
son Traité des Drogues Simples furent des succès de librairie. Nombre d’entre
eux firent partie de l’Académie Royale des Sciences.
Par ailleurs, une nouvelle doctrine économique, le libéralisme, vint mettre
en cause l’organisation des communautés de métiers, jugées être des freins
au développement de l’économie. Le 25 avril 1777, une déclaration royale
réorganisa la profession, créant le titre de maître en pharmacie, un Collège de
Pharmacie et un enseignement officiel reposant sur la botanique, la chimie et
la pharmacie galénique.
Au cours de la Révolution, le décret libéral du baron d’Allarde supprima, à
partir du 1er avril 1791, toute réglementation professionnelle et la nécessité de
passer des diplômes. Pour la pharmacie, des accidents graves se produisirent et
le Comité de salubrité publique rétablit les règlements antérieurs, quinze jours
plus tard. Sous le Consulat, parut la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803)
qui réaffirma le monopole pharmaceutique et institua des Écoles de Pharmacie,
délivrant le diplôme de pharmacien, à Paris, Montpellier et Strasbourg.
Nicolas Lémery, chimiste et pharmacien
français (1645-1715).
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