Jacques MARECHAL « Enseignement catholique. Dieu par le bas » Page 2 sur 5
regards d’enfants, d’éducateurs, d’enseignants qui ont traversé ma vie et auxquels je
voudrais rendre hommage et honneur aujourd’hui.
Tous ils ont accompagné les démarches de ces enfants, ils ont cheminé avec eux. A
l’image de Dieu, ils ont été de ceux qui les ont accompagnés sur le chemin de leurs vies,
accommodant le rythme de leurs pas à celui du leur, soucieux de leurs itinéraires et
respectant , comme sur le chemin d'Emmaüs, les méandres et les courbes, et aussi les chemins
de traverse, ces itinéraires compliqués de toute vie. Agissant ainsi comme Dieu qui n’est pas
un Dieu immobile qui surveille et surplombe l’histoire des hommes et des petits d’homme,
un Dieu qui nous vient « par le haut » mais qui est un Dieu d'histoire venu tisser sa vie avec
la mienne, un Dieu qui a voulu que l'histoire des hommes soit aussi son histoire, que le
chemin des hommes soit aussi son chemin.
Tout prosélytisme se trouve donc ainsi écarté. Mais la « visibilité de l’Eglise » qui est
aujourd’hui tellement prônée, est-elle bien le signe de l’identité chrétienne ?
« La lumière du monde, ce n'est pas une lumière comme dans les grandes représentations,
mais celle qui vient de la foi, de l'espérance, de la charité et du pardon, de l'humilité. C'est
cela la visibilité de l'Église. (…) J'ai toujours pensé que la visibilité la meilleure est celle qui
découle de l'Évangile vécu. (…) Evangéliser, ce n'est pas seulement proclamer, c'est aussi
vivre l'Évangile. Et le faire circuler comme par contagion... »
(Cardinal
MARTINI
).
Même celui qui n’est pas chrétien peut vivre l’Evangile, vivre la charte du « Sermon sur la
montagne ». J’en ai connu de ces enseignants qui portaient en eux les grandes interrogations
de l’existence, et qui par osmose les faisaient se lever chez les enfants, mieux, bien souvent,
que des chrétiens affichés.
« Pour un certain nombre d’établissements être chrétien se limite à faire de
l’humanitaire » , l’on est tombé dans un « humanitarisme bon teint » nous dit Monseigneur
Cattenoz. L’évangile est pourtant rempli des récits de l’humanitarisme de Jésus : il n’est que
de voir la place qu'y occupent les guérisons de paralytiques, d’aveugles, de boiteux, de
muets : « Il rendait la santé à tous ceux qui avaient besoin de guérison »
(Lc. 9.11) ;
sans parler
des résurrections, et du souci de donner du pain à ceux qui ont faim : « Il fut ému de
pitié pour eux »
(Mc.6.34)
C’est tout à l’honneur de l’Enseignement catholique d’être humanitaire, de se pencher
comme le samaritain – le prêtre et le lévite ayant passé leur chemin – sur les blessés de la vie.
Et les blessures aujourd’hui ne sont pas que matérielles.
Il est vrai que l’on entend de plus en plus dans certains milieux ecclésiastiques et de laïcs
chrétiens parler avec un certain dédain d’un « humanisme généreux » qui aurait fait perdre de
vue la mission de l’enseignement catholique. Mais celui-ci à ses origines, même s’il a parfois
oublié l’esprit de ses fondateurs, a toujours été humaniste : par l’enseignement, la culture, une
« pédagogie de l’intelligence ». Il a toujours eu le souci d’élever à tous les sens du mot les
enfants, de les appeler à se mettre en marche, à aller de l’avant dans la découverte de leur
humanité, parce que il sait depuis longtemps que l’interpellation de Dieu se fait au niveau de
l’homme en croissance, en progrès, en devenir, que c’est cela la pratique de Dieu envers
l’homme.
Nous est dessiné dans cette charte le programme qui sera mis en place en sixième. Des
étapes, à marches forcées, datées au long de l’année scolaire, au contenu précis; des enfants
de milieux, de niveaux scolaires, culturels et religieux très divers. Un programme qui, au
dernier trimestre, devrait aboutir à « ce que l’Esprit saint a fait faire aux premiers chrétiens au