
Une base de données pour la restauration de milieux naturels
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indirectes mesurables de l’environnement qui affectent gravement le maintien ou le
rétablissement dans un état de conservation favorable », en s’attachant à la fois aux espèces,
aux habitats et aux services écologiques qu’ils fournissent. Doivent dès lors être compensés
les impacts initiaux et résiduels, issus d’une réparation incomplète ou trop longue à mettre en
place, qui n’ont pu être évités ni réduits (Pioch et al., 2010).
Plus récemment encore, l’impulsion créée par le Grenelle de l’Environnement en 2007 a
conduit à réformer l’étude d’impact, au travers de la loi 2010-788 du 12 juillet 2010. L’étude
d’impact est une étape préalable aux projets d’ampleur portant atteinte à l’environnement, elle
liste l’ensemble des impacts environnementaux causés par le projet, et jusqu’à la réforme,
citait également les « mesures proportionnées envisagées pour éviter, réduire, et si possible,
compenser les effets négatifs notables du projet sur l’environnement». La nouvelle mouture
oblige à « fixer les mesures à la charge du pétitionnaire ou du maître d’ouvrage», précise les
modalités de suivi de leurs effets et indique de plus les sanctions encourues en cas de non-
conformité des réalisations avec les engagements, ce qui représente donc une réelle avancée
pour la mise en œuvre effective des mesures compensatoires. L’obligation de suivi suscite
également un besoin d’organisation de l’information générée.
Le Grenelle de l’Environnement a aussi conduit à la mise en place des trames vertes et bleues
(TVB) qui visent à la préservation et la restauration des continuités écologiques dans un
contexte de fragmentation des territoires et des habitats naturels. La séquence « Eviter-
Réduire-Compenser » s’intéresse désormais également aux perturbations portant sur les flux
biotiques.
Ces initiatives sont chapeautées par les Stratégies pour la Biodiversité élaborées au niveau
national (Stratégie Nationale pour la Biodiversité, 2011) et européen (EU Biodiversity
Strategy to 2020, 2011). Toutes deux incluent des objectifs de restauration écologique
ambitieux. La stratégie européenne vise à rétablir 15% des écosystèmes dégradés d’ici à 2020,
en accord avec l’objectif mondial de la Convention sur la Diversité Biologique défini à
Nagoya. La stratégie nationale a été mise à jour en 2010-2011, suite au constat d’échec de la
première tentative initiée en 2004. Elle a été présentée en mai 2011 par Nathalie Kosciusko-
Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement.
La ministre a alors insisté sur la valeur économique des biens et services liés à la biodiversité
et a annoncé qu’ « il ne s'agit pas de préserver l'existant, qui n'est absolument pas satisfaisant,
mais de restaurer des continuités écologiques et des milieux naturels ».
La sphère politique semble donc décidée à appuyer la conservation et la restauration des
écosystèmes, au niveau national comme global. L’argumentaire juridique et législatif est en
train de se structurer, et représente une opportunité pour encadrer les aménagements
d’ampleur, sans remettre en cause leur légitimité, mais en souhaitant mieux prendre en
compte les enjeux de biodiversité en vue d’atténuer nos impacts.
La compensation d’impacts : vers l’équivalence écologique
Un aménagement portant sur un milieu naturel induit un impact lié à une perte de nette de
biodiversité. Cette perte peut porter sur des espèces, leurs habitats, des habitats naturels ainsi
que sur des fonctionnalités (connectivité, épuration des eaux, lutte contre l’érosion etc.).
L’obligation d’appliquer des mesures pour éviter puis réduire les impacts permet de diminuer
cette perte nette, mais demeure en général insuffisante pour annuler tous les effets négatifs. Le
projet génère dès lors une perte résiduelle de biodiversité, que les mesures de compensation