Un cycle de conférences citoyennes organisé par l’Inserm, Universcience et les acteurs régionaux de la culture scientifique et technique. « Santé en Questions » propose des conférences citoyennes et gratuites, un moment de rencontres et d’échanges entre le public, des médecins, des chercheurs et des représentants d’associations de malades. Ces débats, organisés par l’Inserm, Universcience et les acteurs régionaux de la culture scientifique et technique, invitent tous les citoyens à venir s’informer sur des enjeux de société liés à la santé. En duplex entre la Cité des Sciences et de l’Industrie (un lieu Universcience à Paris) et un site en région – et retransmise sur Internet – chaque conférence permet au public d’échanger, de débattre… et même de tester ses connaissances en répondant à un quiz ! En 2013, ce cycle a proposé cinq conférences qui ont permis d’aborder des sujets aussi variés que les troubles de l’audition, l’hypertension, l’insomnie, le diabète et la drépanocytose ; pour cette dernière, le duplex a été organisé avec l’université des Antilles en Guadeloupe ! Vous n’avez pas pu y participer ? Ce cahier spécial vous est destiné : il résume chaque conférence en une demi-page ! Et pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog* du cycle. Vous pourrez (re)voir l’intégralité des conférences, parcourir les questions des internautes, trouver des ressources documentaires… et découvrir le programme des conférences 2014 auxquelles vous êtes cordialement invités ! Inserm • Universcience. * Pour en savoir plus : dircom.inserm.fr. Cahier réalisé avec le soutien de Ile de France Paris Montbéliard Pointe-à-Pitre Guadeloupe Pessac Toulouse des duplex Paris, Régions et dom Tom • TROUBLES DE L’AUDITION Briser le silence SOMMAIRE ÉDITO Les Conférences Citoyennes de l’Inserm et Universcience • HYPERTENSION Un problème de santé publique • DRÉPANOCYTOSE Les voies de la guérison • TROUBLES DU SOMMEIL L’insomnie met la santé en veille • DIABÈTE Des thérapies d’avenir Troubles de l’audition Briser le silence Conférence co-organisée en duplex avec la ville de Pessac* en Gironde depuis la médiathèque Jacques Ellul. S ituée au niveau de l’oreille interne, la cochlée est indispensable à l’audition. Cette structure en spirale renferme des cellules dites « ciliées ». Leur rôle ? Transformer les vibrations sonores en signaux électriques, que le nerf auditif transmet ensuite au cerveau. Qu’un trop grand nombre de ces cel- lules ciliées viennent à être détruites ou à dégénérer… et c’est la surdité. Pour la traiter, les implants cochléaires donnent généralement de bons résultats. « Selon notre enquête sur 500 personnes implantées, le taux de satisfaction est de 66 %, annonce Richard Darbéra qui préside l’association Surdifrance. Mais pour 25 % des sondés, des améliorations seraient nécessaires. » « Nous explorons justement plusieurs pistes pour améliorer ces implantations cochléaires : logiciels de simulation, robotisation de la procédure, implants également capables de délivrer des médicaments dans la cochlée… », explique le Dr Evelyne Ferrary, directeur de recherche Inserm à la faculté de médecine Bichat. Autre piste à l’étude : régénérer le stock de cellules ciliées de l’oreille interne. « Chez les poissons, les grenouilles et les oiseaux, les cellules de soutien de la cochlée se différencient spontanément en cellules ciliées qui sont ainsi régénérées en permanence, précise Mireille Montcouquiol, chargée de recherche Inserm au Neurocentre Magendie de Bordeaux. L’idée serait donc de réussir un jour à reproduire cette régénération chez l’homme par thérapie génique ou à l’aide de cellules souches. » * www.pessac.fr. En chiffres • 10 millions de Français souffrent d’un problème d’audition. • 5 millions de Français ont une surdité moyenne à complète. TÉMOIGNAGE « Implant cochléaire : s’investir personnellement » Irène Aliouat préside l’association « Audition et Ecoute 33 » Le jour où l’on m’a posé un implant cochléaire, j’ai très rapidement compris ce qu’on me disait en milieu calme. 48 h plus tard, je commençais à différencier les voix, mais elles restaient métalliques. Pour que l’implantation soit une réussite, il faut rééduquer le cerveau, ce qui nécessite un investissement personnel quotidien : écouter de la musique, regarder la TV sans sous-titrage, téléphoner avec les proches… En ce qui me concerne, j’entends aujourd’hui comme si j’étais malentendante légère. Hypertension Un problème de santé publique Conférence co-organisée en duplex avec le Pavillon des Sciences de Montbéliard* depuis l’Amphithéâtre de Numérica. 14/9 Si vous dépassez régulièrement ce seuil fatidique de tension artérielle, votre médecin vous déclarera « hypertendu ». Dans la plupart des cas, l’hypertension n’a pas de cause spécifique. « Mais elle est favorisée par de nombreux facteurs de risque qui se combinent : surpoids, stress, sédentarité, hérédité, alimentation trop salée, excès d’alcool… », explique le Pr Claude Le Feuvre de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ses conséquences sur la santé sont également bien connues : un endommagement des vaisseaux sanguins qui peut altérer de nombreux organes (cœur, reins, cerveau…). « Le problème, c’est que dans 95 % des cas d’hypertension, il n’y a ni symptôme ni le moindre signe avant-coureur », précise le Dr Emmanuel Rémond, médecin dans le Doubs. Côté médicaments, il existe plusieurs classes d’antihypertenseurs : diurétiques, bêtabloquants, inhibiteurs du calcium ou de certaines enzymes impliquées dans l’hypertension… Pourtant, malgré la prise de plusieurs médicaments, certains patients ne recouvrent pas une tension normale. « Malheureusement l’industrie pharma- En chiffres • 16 millions d’hypertendus en France dont 4 millions non traités. • 972 millions dans le monde. • Et 1,5 milliard prévu pour 2025. ceutique a désinvesti ce domaine, constate le Pr Pierre-François Plouin de l’Hôpital européen Georges-Pompidou. Mais divers traitements non médicamenteux sont en cours d’évaluation telle la “dénervation rénale”. » Cette technique consiste à détruire, au niveau des artères rénales, les fibres du nerf sympathique dont l’excès d’activité fait monter la pression artérielle. Les premiers résultats sont très encourageants. * www.pavillon-sciences.com. LA QUESTION À Bernard Goetzinger, délégué Alsace de la Fédération Française de Cardiologie Comment a-t-on découvert votre pathologie cardiaque ? C’était en 1997, lors d’un contrôle de gendarmerie sur la route. Le stress m’a déclenché une violente douleur à la poitrine. Diagnostic : « maladie coronarienne », une irrigation insuffisante du cœur due au rétrécissement des artères coronaires. Aujourd’hui j’ai neuf stents, et je prends plus de dix cachets différents par jour : contre l’hypertension bien sûr, mais aussi pour fluidifier le sang, contre le diabète… Je fais aussi très attention à mon alimentation, et je pratique une activité physique régulière. Drépanocytose Les voies de la guérison Conférence co-organisée en duplex avec l’Archipel des Sciences* depuis l’Université des Antilles et de la Guyane à Pointe-à-Pitre. D ans la drépanocytose, les globules rouges se déforment et obstruent les vaisseaux. En cause : une mutation sur les deux copies d’un gène impliqué dans la synthèse de l’hémoglobine, pouvant entrainer de l’anémie, des crises douloureuses, des infections… « Les symptômes varient beaucoup d’un drépanocytaire à l’autre, et environ 10 % des malades n’en ont aucun », tempère le Pr Mariane de Montalembert, spécialiste de la pathologie à l’hôpital Necker-Enfants Malades. La stratégie actuelle consiste à prévenir ces trois complications : vaccinations supplémentaires et pénicilline, transfusion sanguine, antidouleurs, oxygénothé- TÉMOIGNAGE « Démystifier la maladie » Alice Thorinius-Rivière préside l’association guadeloupéenne « Drépano Doubout » En chiffres • 12 à 15 000 malades en France. • 400 nouveaux cas par an. • 98 % de survie à 18 ans. • Espérance de vie 50-60 ans. rapie… « Un seul médicament, l’hydroxyurée, agit directement sur l’hémoglobine mutée, indique le Pr Robert Girot, spécialiste de la maladie à l’Hôpital Tenon. Cependant, ses effets indésirables limitent sa prescription à un patient sur trois. » Dernière option applicable à environ 1 % des malades pour l’instant : la greffe de moelle osseuse, une opération lourde, risquée et qui nécessite un donneur compatible. Côté recherche, deux grandes pistes sont à l’étude : la thérapie génique et des médicaments qui réduisent la déshydratation des globules rouges pour faire baisser la concentration d’hémoglobine mutée. « Nous avons identifié un nouveau mode d’action de l’hydroxyurée, ajoute Marc Romana, chercheur Inserm au CHU de Pointe-àPitre. Nous recherchons aussi des facteurs de risque génétiques et environnementaux capables de prédire l’évolution de la maladie. » * www.archipel-des-sciences.org. Ma fille de 15 ans est drépanocytaire. Heureusement, elle n’a eu à subir que quelques hospitalisations pour crises douloureuses et aucune infection grave. Pour réduire le risque de complications, elle évite les variations brusques de température (baignade à la rivière, dos nu…), et elle boit beaucoup d’eau et de jus de fruits maison. Il y a encore trop de parents qui ont honte de dire qu’ils ont un enfant drépanocytaire. Or si l’entourage n’est pas au courant, cela peut mettre la vie de l’enfant en danger ! Troubles du sommeil L’insomnie met la santé en veille Conférence co-organisée en duplex avec le Pavillon des Sciences de Montbéliard* depuis l’Amphithéâtre de Numérica. L’ insomnie toucherait 12 millions de Français. Et ce trouble du sommeil – le plus fréquent – est encore trop souvent traité uniquement par somnifères. « Leur prise ne devrait jamais dépasser quatre semaines : au-delà il y a risque de dépendance, rappelle le Dr Isabelle Guy, responsable de l’unité « Sommeil » au Centre hospitalier de Belfort-Montbéliard. Pour ma part, je n’en prescris jamais au premier rendez-vous. » Le Dr Guy mise avant tout sur une thérapie basée sur la rééducation de ses comportements par le patient (voir Témoignage), associable à d’autres techniques : yoga, taichi, photothérapie… « Des recherches sont menées pour mieux cibler les types de patients sur lesquels cette LA QUESTION À Patricia, 41 ans, insomniaque en voie de guérison. Quel a été votre parcours médical ? Au début, je prenais un somnifère de temps en temps, puis de plus en plus souvent… et enfin tous les jours pendant 3 ans ! Il ne faisait plus effet – parfois je ne m’endormais pas avant 5 h du matin – mais j’étais « accro ». Mon généraliste m’a alors orienté vers le Dr Guy dont j’ai suivi les consignes : agenda de sommeil, lever tôt, activité physique quotidienne avant 16 h, ritualisation de la soirée… Depuis 3 mois, je m’endors entre 22 h 30 et 23 h, et je ne prends plus aucun somnifère ! Questions du public ? • Quels liens entre troubles du sommeil et de la mémoire ? • Comment faire quand on travaille de nuit ? • Quels conseils pour ceux qui se réveillent beaucoup trop tôt ? • Etc. thérapie comportementale a le plus de chances de bien fonctionner, explique le Dr Joëlle Adrien, directrice de recherche Inserm à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière. Mais on sait déjà que, sur le long terme, elle est plus efficace que les somnifères sur les insomniaques chroniques. » De nouveaux médicaments sont aussi en développement. Les plus avancés sont ceux qui bloquent l’action de l’orexine, une hormone impliquée dans les mécanismes biologiques de l’éveil. Une piste prometteuse car « de plus en plus d’études suggèrent que l’insomnie serait davantage un “hyper-éveil” qu’un trouble des mécanismes du sommeil », indique le Dr Joëlle Adrien. D’où l’importance de ne pas sur-stimuler les mécanismes de l’éveil par l’utilisation abusive d’écrans en tous genres… surtout avant de se coucher ! * www.pavillon-sciences.com. Diabète Des thérapies d’avenir TÉMOIGNAGE Gilbert Bayonne préside l’Association Française des Diabétiques en Midi-Pyrénées. Conférence co-organisée en duplex avec Science Animation* depuis le Centre international de conférences de Météo-France à Toulouse. A vec déjà 347 millions de malades, les experts n’hésitent plus à parler d’une véritable épidémie mondiale de diabète. « Cette pathologie se caractérise par une hyperglycémie chronique », explique le Pr Jean-François Gautier, chef du Service de diabétologie de l’hôpital Lariboisière (Paris). En cause : un déficit de production d’insuline par les cellules ß du pancréas. « Chez les diabétiques dits de type 2, il y a également une résistance des tissus à l’insuline », complète-t-il. Plusieurs pistes sont explorées pour compléter les stratégies thérapeutiques actuelles : nouveaux médicaments, pancréas artificiel… « Mais la véritable solution serait la thérapie cellulaire », indique Pascal Ferré qui dirige une équipe Inserm au Centre de Recherche des Cordeliers (Paris). Le concept : prélever des cellules sur le patient (ex : cellules de la peau), les transformer en cellules souches capables de se différencier en cellules ß, puis les regreffer au patient. « Toutefois, cela nécessitera 10 à 20 ans de recherches au minimum », prévient-il. er Programme du 1 Jeudi 6 février Lutter contre le cancer : quels nouveaux espoirs ? Suite à un très fort stress, j’ai déclenché un diabète de type 2 en 1988, j’avais 46 ans. Ma glycémie atteignait alors 2,40 g à jeun ! Parallèlement à la prise de médicaments, j’ai tout de suite pris les choses en main : consultation régulière d’un diabétologue, davantage d’exercice physique, alimentation plus adaptée (moins de graisses et de glucides), autocontrôle régulier de ma glycémie… J’ai également assumé ma maladie devant mon entourage. Jusqu’ici, je n’ai eu aucune complication sérieuse. Questions du public ? • Quid des recherches sur le pancréas artificiel ? • Certains médicaments peuvent-ils induire du diabète ? • Le jeûne a-t-il un impact sur le diabète ? • Etc. semestre 2014 Parallèlement, de plus en plus d’études suggèrent un lien entre la composition de la flore intestinale et la survenue de diabète de type 2. « Ainsi, on espère pouvoir utiliser certains types de flores comme biomarqueurs diagnostiques ou prédictifs, précise Rémy Burcelin, chercheur Inserm à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de Toulouse. Et l’idée est aussi de développer divers traitements pour modifier la flore des diabétiques, voire un vaccin. » * www.science-animation.org. dircom.inserm.fr Jeudi 22 mai Jeudi 19 juin Les troubles de la mémoire Les troubles de la vision Cahier spécial paru dans La Recherche daté janvier 2014, édité par la société Sophia Publications : 74, avenue du Maine, 75014 Paris. Tél : 01 44 10 10 10. Comité éditorial : Département de l’information scientifique et de la communication Inserm, en collaboration avec Universcience • Rédaction : Grégoire Bradier • Conception graphique et réalisation : Carta-Link & Partners • Crédits photos : Inserm / Etienne Begouen / Anne Guilhaume / Michel Depardieu / Claude Féo / Pierre Etevenon / Université Lille 2 / CHRU de Lille / François Pattou • Ne peut être vendu séparément.