Des principales plantes usuelles qui croissent naturellement autour

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Cahiers manuscrits
à l’usage
des Ecoles Primaires
de l’arrondissement de Falaise
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2e CAHIER.
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A Falaise
de l’Imprimerie Lithographique
Des Guesnon Libraires
Rue d’Argentan
1834
Des principales plantes usuelles
qui croissent naturellement autour de nous.
Par Alphonse De Brébisson
_________
Avant d’offrir à la jeunesse ce petit ouvrage, j’aurais
dû, peut-être, le faire précéder de quelques notions élém=
=entaires de Botanique, de cette qui ensei=gne la connaissance des plantes, mais j’ai pensé qu’en
montrant d’abord leur utilité, j’inspirerais plus facil=
=ement aux jeunes gens le goût d’une étude que
je chercherai toujours à propager et dont, plus
tard, je pourrai leur aplanir les difficultés dans un petit traité particulier).
De toutes les productions de la nature, les plantes
sont certainement les plus utiles à l’homme ; nourriture,
abri, vêtement, enfin tout ce qui peut satisfaire complèt=
=ement ses besoins lui est fourni par les végétaux qui
lui sont indispensables dans presque toutes les
circonstances de sa vie.
Il existe un si grand nombre de plantes ayant
des propriétés utiles que nous devons penser raisonna=
=blement qu’elles en possèdent toutes plus ou moins,
et nous de devons accuser que notre ignorance des doutes
que nous avons de l’utilité de quelques unes. La
Médecine a su tirer parti, pour combattre les
maladies qui nous affligent, de celles qui renferment
des poisons dangereux auraient pu nous porter à mé=
=connaître les bienfaits du créateur. Dans ce cas la
nature semble nous avertir du danger, car
presque toutes les plantes nuisibles, ont un aspect
triste et repoussant, ou elle exhalent une odeur dés=
=agréable qui nous en éloigne.
Ne voulant parler ici que des plantes les plus
communes, de celles qui se rencontrent à chaque
pas dans les prés, les champs et les bois qui nous
entourent, je ne mentionnerai que celles dont
l’emploi peut être utile. Pour aider à les reconnaî=
=tre, je dirai quelques mots de leurs formes ou de
leurs couleurs, quelquefois même, j’en donnerai un
dessin en miniature, en indiquant leurs usages
ou les dangers qu’elles présentent si elles sont
vénéneuses. Je les réunirai par groupes ayant
égard aux banalités qu’elles habitent de préférence.
Devant publier un travail particulier sur les
arbres et les bois qu’ils fournissent, je négligerai
ici cette intéressante partie de la végétation
pour ne m’occuper que des arbustes, herbes, fougères,
mousses, lichens, etc.
Plantes des bois, haies et buissons.
Les Héllébores montrent leurs
fleurs vertes ou jaunâtres dès
le milieu de l’hiver. On se sert
de l’Hellébore Vert ou Pommélière
pour faire des sétons aux
animaux domestiques. Le
Pied-de-Griffon est une espèce
d’hellébore.
Le Fraisier ; des fruits délicieux sont bien connus.
La Violette ; on fait avec ses fleurs un sirop pectoral
d’une belle couleur bleue.
La Belladone a un fruit ressemblant à une cerise
noire ; c’est un poison violent ; on l’emploie pour des
maladies de l’estomac.
La Sarrette a quelques rapports avec les chardons.
Sa racine fournit aux teinturiers une couleur jaune.
L’ Arum ou Vachottes. Sa racine est très purgative
et cependant elle donne une fécule bonne à manger.
La Raiponce ; espèce de campanule à fleurs bleues ;
on mange en salade ses feuilles et sa racine qui
est un petit navet blanc.
L’Oxalive alleluia ou
Petite Surelle est une petite
plante qui a des fleurs blan=
=ches et des feuilles comme
le trêfle. Elle est acide et
rafraîchissante ; on en retire
le sel d’oseille qui sert à
enlever les taches d’encre.
Les Ronces donnent des fruits connus sous le nom
de Mûres ou de Moures ; ils sont rafraîchissans et
bons à manger. Le Framboisier est une espèce
de Ronce.
L’Airelle myrtille a des petits fruits très agréables
au goût ; on les connait sous le nom de Morets
ou de Mourets. Ce petit arbrisseau, réduit en
poudre, fournit un tan très propre à la fabrication
des cuirs.
Le Nerprun ; ses fruits sont purgatifs ; on en tire
le vert de vessie, belle couleur employée par les
peintres.
Le Fusain ; les dessinateurs se servent de son
charbon pour esquisser ; les traits tracés avec
cette espèce de crayon s’effacent facilement.
Le Saule peut le remplacer pour cet usage.
L’Epine-vinette a des fruits astringens dont on
fait des confitures ; ses fleurs sont douées d’une
sensibilité extraordinaire.
Le Houblon, qui grimpe sur les arbres et dans les
haies, sert à la confection de la bierre ; ses jeunes
pousses se mangent comme les Asperges.
La Clématite, vulgairement Viaune ou Liaune
a des feuilles très caustiques ; on se sert de ses
tiges flexibles pour faire des liens et des paniers.
Le Gui, plante parasite qui croît sur les arbres ;
ses fruits fournissent de la Glu qu’on retire aussi
de la seconde écorce du houx.
C’est surtout dans les bois qu’habite le plus grand
nombre des champignons ; beaucoup sont bons
à manger, mais quelques uns renfermant des poi=
=sons violens, il est plus sage de s’abstenir de cette
nourriture quand on ne connaît pas parfaitem=
=ent les espèces comestibles. L’amadou est fait
avec une espèce de champignon qui croît sur les
chênes principalement ; une autre que l’on trouve
sur les saules, dont la chair est blanche et semblable
à du liège peut être taillée en estompes et remplacer,
avec avantage, celles de cuir ou de papier dont se
servent les dessinateurs. Le Bolet hérissé qui vient
sur les troncs des noyers et des pommiers four=
=nit une couleur solide d’un beau jaune.
C’est encor dans les bois que croissent les
Mousses en abondance. Ces petites plantes sont utiles
dans beaucoup de cas, on peut en faire d’excellens mat=
=alas [i.e. matelas], des coussins ; elles ont propres à emballer des
objets fragiles des plantes dont elles tiennent les
racines fraîches. Le Polytric dont la tige est fort
longue, sert, après avoir été dépouillé de ses feuilles,
à faire ces brosses grossières que les tisserands em=
=ploient pour étendre sur leurs toiles un encol=
=lage qu’ils appellent le parou.
Le Lycopode qui ressemble à une longue mousse
rampante fournit une poussière très inflammable
dont on fait usage pour empêcher la peau délicate
des jeunes enfans de s’entamer.
Plantes des coteaux, landes, bruyères, rochers, etc.
La Digitale dont les enfants appellent les belles
fleurs rouges des claquets, croît sur les coteaux, les
bords des bois, parmi les rochers. Elle est employée
en poudre et en extrait dans les maladies du sang.
Une trop forte dose serait très dangereuse.
L’Ajonc marin ou vignon, la Bruyère et le Genêt
servent à chauffer les fours à chaux ; on fait des
balais avec les deux derniers.
La Terre-noix ou Génotte a une petite racine
ronde qui malgré son goût un peu acre, est
mangée avec plaisir par les enfans.
La Germandrée-petit-chêne, excellent stomachi=
=que et fébrifuge.
La petite Centaurée, employée contre les fièvres.
Les Fougères croissent
parmi les rochers et dans
les bois. Plusieurs espèces,
telles que l’Osmonde royale,
Les capillaires, Le Polypode,
la Fougère mâle, le Cétérach,
&c [etc.], sont employées en médecine,
elles sont bonnes contre les
vers, il y en a de stomachiques. On peut en extraire
de la fécule qui est contenu dans les racines, et
leurs cendres renferment de la potasse qui entre
dans la composition du verre.
Les Lichens, plantes que
l’on confond sous le nom de
mousses, croissent sur les ro=
=chers, l’écorce des arbres et
parmi les bruyères dans les
landes. Leurs formes et leurs
couleurs sont très variées,
il y en a de jaunes, de –
blancs, de verdâtres, le plus souvent ils sont grisâtres.
Les uns sont comme de petits arbres très rameux, d’autres
s’étendent en larges rosettes ou pendent des arbres et
des rochers comme de longues chévelures grises.
Le Lichen d’Islande est très employé dans les
maladies de poitrine. Quelques autres espèces, telles
que la Parelle ou Orseille, Les Ombilicaires fournissent
Les teintures solides de couleurs violettes, brunes ou
jaunâtres.
Les habitans du nord mangent plusieurs lichens.
C’est à tort qu’on les accuse d’être parasites et
de vivre aux dépens de la sève des arbres dont
ils garnissent les écorces ; comme on retrouve les mê=
=mes espèces sur les rochers où elles croissent aussi
bien, ce n’est donc pas des corps aux quels elles sont
attachées qu’elles tirent leur nourriture, mais –
bien de l’air chargé d’humidité.
Plantes aquatiques
(des rivières, étangs, fossés, marais, etc.)
Le Roseau ; ses sommités font des balais propres
à épousseter ; c’est avec des bouts de son chaume
coupés de longueurs inégales, que l’on fait le petit
instrument appelé flûte- de- Pan.
La Macre ou Chataigne d’eau.
Au milieu de ces rosettes de
feuilles qui nagent sur les
étangs, vient un fruit cornu qui
ressemble un peu à une chat=
=aigne ; on le mange dans
quelques cantons de la France.
Les Joncs. Une espèce sert aux jardiniers pour _
faire des liens, une autre plus grosse a une moëlle
blanche dont on fait des mêches de lampe.
Les Laiches dont les feuilles sont si coupantes, et
l’Iris jaune ou glayeul sont employées pour
rempailler les chaises communes.
Le Cresson donne une bonne salade, il faut prendre
garde de le confondre avec La Berle qui lui ressemble
et qui est une plante dangereuse.
Le Plantain d’eau est commun dans les mares et
aux bords des fossés, il a de larges feuilles droites
et sorties de l’eau. Sa racine a été vantée comme
un remède contre la rage, mais cette vertu, qui serait
si précieuse, n’est malheureusement pas prouvée.
Le Ménianthe ou Trèfled’eau a une charmante
fleur d’un blanc rosé qui a
des rapports avec celle de la
Jacinthe. On le regarde comme
un bon fébrifuge. Il croît
dans les marais.
Les nénuphars jaune et blanc étendent sur l’eau
leurs larges feuilles arrondies et leurs belles fleurs. Leurs
racines contiennent beaucoup de fécule. Elles sont
rafraîchissantes.
L’Ache aquatique donne par la culture
une variété a grosse tige bien connue sous le nom
de céleri.
Le Senevé noir croît surtout dans les marais
sur les terres fraîchement remuées. Sa graine broyée
avec le vinaigre fournit la moutarde. Un autre sénevé,
dont la graine porte le nom de Moutarde blanche, est
vanté dans ce moment, par quelques charlatans,
comme un remède à tous les maux.
La Linaigrette. On l’aperçoit de loin dans les
lieux marécageux à cause de ses têtes qui portent
de longues soies blanches. On en a filé, mais les
tissus qu’on en a obtenus étaient peu solides.
Les Grande et Petit Douve sont deux espèces
de Renoncules dangereuses pour les bestiaux, surtout
pour les moutons.
Le souchet odorant a une longue racine qui
rampe dans les marais ; elle est employée en
médecine.
Les Prêles ont des tiges
creuses dont les entre nœuds
sont engainés les uns dans
les autres. Leur surface rude
les fait employer par les
menuisiers et les tourneurs
pour polir le bois. On s’en
sert aussi pour les métaux.
La Masse d’eau est un roseau terminé par une
sorte de pompon brun, allongé, formé d’un duvet
soyeux dont on peut fabriquer des feutres et autres
tissus analogues. La racine de cette plante aqua=
=tique renferme aussi beaucoup de fécule.
Plantes marines.
Les rochers qui sont cachés sous les eaux de la
mer sont couverts d’une grande quantité de plantes
de formes et de couleurs très variées, et totalement
différentes de celles qui croissent sur la terre. On les
appelle Varecs, vracs, goëmonds, etc. Elles forment
un engrais précieux. Désséchées et brulées, on
retire de leurs cendres la soude du commerce
qui entre dans la composition de quelques savons.
Quelques varecs gélatineux peuvent être
mangés. Une espèce, la Laminaire sucrée ou
Baudrier de Neptune se couvre, en séchant, d’une
Poussière blanche très sucrée.
Plantes des prairies, paturages, etc.
Les Orchis. Leurs fleurs
en épis ont souvent l’aspect
de papillons de mouches.
Leurs racines sont des tub=
=ercules qui, desséchés, four=
=nissent Le Salep, substance très nourrissante.
La Scorzonère et le Salsifis Desprès ont des racines
qui pourraient être mangées comme celles des esp=
=èces cultivées.
La Pimprenelle ; assaisonnement pour la salade.
excellent fourrage pour les bestiaux.
La Primevère ou coucou ; ses fleurs infusées dans
l’esprit de vin donnent une liqueur agréable.
L’Oseille sauvage qui croît dans les prés est la
même que celle des jardins et a les mêmes qualités.
Le Genêt des teinturiers ou Genétrelle ressemble
un peu à celui dont on fait des balais, mais il est
plus petit. Il fournit une teinture jaune.
La Janaisie est employée contre les vers.
Le Plantain appelé vulgairement Rond plant=
=ain est indiqué pour les maux d’yeux. Les petits
oiseaux recherchent ses graines.
Le Colchique ou Tue-chien. La fleur pur=
=purine paraît à l’automne, ses feuilles et ses
graines ne se montrent qu’au printemps suivant.
Sa racine est un poison violent.
Plantes des lieux cultivés, champs, etc.
Nous pouvons nous dispenser de nous arrêter
sur les plantes cultivées trop connues pour avoir
besoin de mentionner leurs usages, telles que
les Blé, Seigle, orge, Avoine, Sarrazin, Trêfle
(pagnolée), Luzerne, Sainfoin, Vesce (hivernage),
Pois, Colza, Chanvre, Lin, etc. Je ne citerai que
les plantes qui croissent sans culture parmi
les céréales.
L’Ivraie donne une qualité nuisible au pain
fait avec le blé auquel elle se trouve mêlée.
La Vipérine, la Bulglose et la Bourrache
sont des plantes à feuilles rudes et à fleurs
bleues ; elles sont employées en médecine et
ont à peu près les mêmes propriétés.
La Mache ou royale. Bonne salade
d’hiver.
La Fumeterre a des feuillets très découpés
et des petites fleurs rouges en épis. Elle est
employée pour dépurer le sang.
L’Epurge et le
Réveil-matin sont deux
espèces d’Euphorbes qui
Fournissent un suc lai=
=teux caustique propre
à ronger les verrues, aussi
portent-elles le nom d’=
=herbes-aux-Verrues.
Les Coquelicots. L’Infusion de leurs fleurs
est bonne contres les catarrhes. On en tire aussi
une belle couleur rouge.
Plantes des lieux incultes, bords des chemins,
Vieux murs, décombres, etc.
*propre
L’Ortie. On peut en tirer une sorte fillasse
à faire de la toile, des cordages et du papier.
La Ciguë est une plante dangereuse ;
Elle est employée en cataplasmes émol=
=liens dans quelques maladies.
La Chicorée sauvage et le Pissenlit. Plantes
amères et toniques que l’on mange en salade.
Le Molène bouillon-blanc. Feuilles larges et
cotonneuses ; fleurs jaunes. Pectorale.
La Gaude donne une teinture jaune.
Les Mauves sont émollientes.
Le Chardon à foulon
ou Cardère est remarqu=
=able par ses têtes de
fleurs en brosses rudes.
Celui que les drapiers
emploient pour brosser
Leurs tissus a les pointes
recourbées.
La Jusquiame ou hannebanne. Plante vénén=
=euse à fleurs sombres, employée en médecine.
La Chélidoine éclaire. Son suc ronge les verrues.
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Je termine ici ce petit ouvrage, en sou=
=haitant qu’il ait inspiré assez d’intérêt à
mes jeunes lecteurs, pour les engager à lire
ceux que je compte leur offrir plus tard et
dans lesquels je tacherai de leur rendre
familières diverses autres parties de l’hist=
=oire naturelle.
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