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REDECOUVRONS
L’EGLISE UNIVERSELLE
George Winston
INTRODUCTION
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Du petit commencement à l’universel! La première mention dans le Nouveau Testament du mot
"Eglise" (ekklesia - Mat.16:18) fut cette prédiction étonnante de sa construction, faite il y a deux
mille ans par un homme de naissance obscure dans un coin retiré de l'empire romain, en présence
d'un petit cercle d'amis, "hommes du peuple sans instruction". Paradoxalement, au moment-même
de leur dire: “Je bâtirai mon Eglise, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre
elle”, Jésus prédit aussi sa mort prochaine. Et, en effet, quelques mois plus tard, l'opposition des
milieux religieux conduirait à son exécution par les autorités civiles. Tout s'opposait, à ce moment-
là, à l'accomplissement de cette prophétie, présomptueuse en apparence.
Du vulnérable à l’indestructible! Mais Jésus tiendrait promesse, appellerait cette Eglise à être et,
malgré ces petits commencements, mènerait à bien dans le monde un rassemblement invincible par
la mort et l’enfer. Aujourd'hui, vingt siècles plus tard, des chrétiens se réunissent dans les endroits
les plus reculés de tous les pays de notre boule terrestre. Le christianisme est le seul mouvement,
l’unique religion à compter des adhérents dans les 238 pays du monde. L’Eglise exerce une
influence sur un tiers de la population du globe. Deux des six milliards de ses habitants se réclament
d'une façon ou d'une autre du christianisme (David B. Barrett dans l'I.B.M.R., janvier 2002). Mais
cette différence entre l’ensemble des chrétiens qui partagent une vie communautaire d’une part et
les nombreux millions qui se bornent à subir une influence chrétienne d’autre part, pose d’emblée la
question d’une définition de ce qu’est l’Eglise.
Qu’est-ce que l'Eglise?
Escamoter cette question provient, soit de l'impression d'en connaître la réponse considérée comme
évidente, soit du désespoir d'arriver jamais à une définition satisfaisante. Certains pensent que leur
Eglise correspond au modèle biblique. D'autres diront avec le pasteur J.P. Benoît: ""A notre
connaissance, jamais personne n'a défini ce qu'est l'Eglise" (Dénominations et Sectes, Ed. Les
Bergers et les Mages (1965, p.7). On a cherché, par le passé, à résoudre le problème sur des bases
pragmatiques. Et on demande encore aujourd'hui quelles structures seraient les plus aptes à arriver
aux fins qu'on se propose. Notre propos dans cet ouvrage sera double: d'abord de réexaminer ce que
le Seigneur de l'Eglise en dit dans l'Ecriture pour nous faire une idée qui corresponde le mieux aux
données bibliques. Mais en même temps de voir comment cette révélation rend compte de la réalité
sociologique qu'est la collectivité chrétienne dans sa totalité. Il faut considérer la scène religieuse
dans le monde du point de vue de Dieu pour y voir clair et pouvoir agir en conséquence.
Certes, un tel effort n'en vaudrait pas la peine si notre seul but était d'être théologiquement correct
ou de prouver la justesse d'un modèle existant. Par contre, il se justifierait largement s'il pouvait
contribuer à faire prospérer l'Eglise universelle et en resserrer les liens véritables, ainsi qu'à
implanter de nouvelles communautés locales là où il en manque. Les épîtres du Nouveau
Testament s’adressent directement aux croyants des Eglises et accessoirement à leurs conducteurs.
Pour que les vérités qu’elles contiennent aient leur effet, il fallait que chacun se sache concerné par
cet enseignement et que tous puissent le comprendre. C’est ainsi que nous adressons la doctrine de
l’Eglise développée dans ces pages aux membres de l’Eglise plutôt qu’aux théologiens. Nous
voulons ce livre rigoureux, mais aussi accessible et pratique.
L'Eglise est-elle donc: - tous les baptisés?
- les élus à travers les âges?
- le prolongement et le remplacement d’Israël?
- le Conseil Mondial des Eglises?
- la chrétienté?
- une institution ecclésiastique particulière?
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- l'assemblée locale?
- la hiérarchie catholique romaine?
- une réalité mystique et intangible?
- l'une ou l'autre dénomination ou secte?
- etc.
Donner au mot «ekklesia» un sens autre que sa signification biblique sera toujours au détriment de
la vie de l'Eglise et de l'accomplissement de sa mission dans le monde. Nous entendons par le mot
“institution”, souvent repris dans cet ouvrage, les superstructures ecclésiastiques permanentes, au
dessus du niveau de la communauté locale. C’est à dire. les confessions ou dénominations
catholique, orthodoxe, anglicane, luthérienne, réformée, baptiste, méthodiste, pentecôtiste, etc. Il ne
faut pas confondre le terme “institution” avec le mot “office” qui désigne une fonction spéciale,
une charge ecclésiale. Notre propos, dans cet ouvrage, n’est pas de remettre en question les charges
officielles, organes de direction au sein des Eglises locales. Au contraire, nous confirmons ceux-ci
dans les attributions que leur confère l’Ecriture. Leurs prérogatives ont été largement usurpées par
les hiérarchies institutionnelles. En même temps, ces dernières, véritables pyramides de pouvoir,
ont profondément divisé la chrétienté.
Pourquoi certaines Eglises sont-elles telles qu'elles sont?
L'Eglise des premières générations n'a pas cherché à formuler une définition claire de ce qu'elle
était. Elle se satisfaisait de prospérer et de grandir. Elle était consciente d'elle-même comme une
personne en bonne santé est consciente de son corps. Mais, au gré de son expansion, elle s'est
trouvée confrontée à une variété de milieux, de cultures et de peuples. Elle a dû chaque fois tenir
compte des divers lieux où elle s'implantait par une multitude de réglages et d’accommodements
différents. Il fallait qu'elle devienne autochtone dans toutes les cultures où elle s'implanterait,
qu'elle trouve la parade à des attaques diverses contre la vérité en provenance de l'extérieur, et à la
menace de divisions et d'entorses à la moralité à l'intérieur. En général, ces ajustements ne
découlèrent guère d'une réflexion théologique, d'une induction tant soit peu complète des
déclarations de Jésus et de ses apôtres au sujet de l'Eglise. Elles furent le fruit d'improvisations plus
ou moins heureuses. Par conséquent, il n'est guère surprenant que, très tôt, des différences de
pensée importantes sont apparues quant à la nature, les formes et la vie de l'Eglise, différences qui
ne firent que s'accentuer et se multiplier à travers le monde et au cours des siècles jusqu'à ce jour.
CHAPITRE 1
L’APPROCHE
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Comment a-t-on parfois procédé pour formuler une doctrine de l'Eglise?
Plus tard, quand on a traité de l'Eglise dans la théologie, une tendance fréquente s'est révélée de
prendre comme modèles, les Eglises dont les divers auteurs faisaient eux-mêmes partie. Ils ont écrit
des ecclésiologies qui se résumaient à des descriptions et des justifications de leur type d'Eglise à
eux. D'ailleurs, proposer un autre modèle aurait manqué de loyauté de leur part envers une
institution à laquelle ils étaient attachés par les sentiments, voir par la rémunération. Certains
théologiens en vinrent même à prétendre que, l'Esprit Saint étant agissant dans l'Eglise, leur
institution telle qu'elle était, était forcément l'Eglise telle qu'elle devait être. Il s'en suivit qu'il existe
aujourd'hui plusieurs milliers de dénominations chrétiennes différentes dans le monde, chacune
défendant ses propres particularités. La difficulté est devenue grande de trouver une unité de pensée
sur la question. Comment donc avoir une discussion fructueuse sur l'Eglise quand les interlocuteurs
se font chacun une représentation mentale différente tout en prononçant le même mot «Eglise».
D'autres ont prétendu qu'en fin de compte, l'Ecriture n'a pas tant que cela à dire sur l'Eglise; qu'il
n'était aucunement dans l'intention de Dieu de révéler un modèle unique d'application universelle à
travers les siècles; mais qu'il a voulu laisser à l'Eglise la liberté de développer ses propres formes au
gré des circonstances et des époques. On entend généralement une telle remarque dans la bouche
de celui qui cherche à faire accepter une idée ou une pratique dans l’Eglise qui va manifestement à
l’encontre de l’une ou l’autre donnée biblique. Il est une évidence: Jésus n'a laissé ni plan ni
organigramme pour une institution à l'échelle mondiale. Pourtant, il ne s'en suit pas que la Bible est
silencieuse, avare de détails ou imprécise sur la constitution de l’Eglise. Il suffit de commencer par
une exégèse des 117 mentions du mot ekklesia dans le Nouveau Testament et de poursuivre par une
étude des huit images principales par lesquelles celle-ci y est représentée, pour se rendre compte à
quel point l'Ecriture présente une révélation abondante et précise concernant la nature, la
structuration, le développement, le rôle, la vie et la destinée de l'Eglise.
La façon d'édifier l'Eglise est-elle laissée à la discrétion des bâtisseurs?
Dieu se révèle en être le Créateur, et également l’architecte. Il s'est proposé, à quatre occasions, de
se faire bâtir une habitation sur la terre. Trois de ces édifices sont décrits dans l'Ancien Testament:
le tabernacle au désert, le temple à Jérusalem et le temple prédit par Ezéchiel. Si ces trois maisons
devaient être différentes l'une de l'autre, leur construction a suivi un même processus:
1) Ces édifices furent tous les trois l'objet d'une révélation divine et non le fruit ni d'une initiative ni
d'une conception humaine.
«L'Eternel parla à Moïse et dit...vous ferez le tabernacle...d'après le modèle que je vais te montrer»
(Ex.25:9).
«David donna à Salomon le plan de tout ce qui lui avait été révélé par l'Esprit touchant...la
maison de l'Eternel» (1 Chron.28:12).
«L'Eternel dit à Ezéchiel:..montre ce temple à la maison d'Israël; qu'ils en mesurent le plan»
(Ez.43:7,10). Dans les trois cas, Dieu donna un seul projet, par avance.
2) Cette révélation prenait chaque fois la forme d'un modèle, d'un plan détaillé dont la description
s'étalait sur plusieurs chapitres dans les contextes de chacun des trois passages cités plus haut.
3) Les plans furent révélés une fois pour toutes à des entrepreneurs, à Moïse, à David et à Ezéchiel.
La construction n'était pas laissée au bon gré des nombreux bâtisseurs qui oeuvreraient par la suite.
4) Ces édifices devaient tous les trois permettre à Dieu d'habiter parmi son peuple et devaient être
dignes de lui. L'Eternel parla à Moïse et dit: Ils me feront un sanctuaire et j'habiterai au milieu
d'eux» (Ex.25:8). Pour le temple de Salomon, voir 1 Rois 8:11-12 et pour celui d'Ezéchiel,
Ez.43:4,7).
5) Un ordre formel fut donné de se conformer au plan dans l'exécution de ces ouvrages. «Tu
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dresseras le tabernacle d'après le modèle qui t'est montré sur la montagne» (Ex.26:30). «L'Eternel
dit à Ezéchiel:..Mets la description de cette maison sous leurs yeux, afin qu'ils gardent tous ses
dessins...et qu'ils s'y conforment dans l'exécution» (Ez.43:7;11).
Il en est de même de la quatrième habitation de Dieu sur terre, mentionnée dans la Bible, l'Eglise de
Jésus-Christ. Elle fit l’objet d’une révélation, consignée dans l’Ecriture, confiée à des entrepreneurs,
qui devaient suivre le plan pour la constuction de la maison de Dieu.
1) Le Nouveau Testament étant d'inspiration divine (2 Tim.3:16; 2 Pi.1:21; 3:15,16), tout ce qu'il
enseigne au sujet de l'Eglise est une révélation de l'Esprit Saint quant à sa constitution.
2) Des prescriptions détaillées sur l'Eglise nous sont données par le biais des paroles de Jésus, de la
façon dont les apôtres implantaient de nouvelles Eglises, des enseignements des épîtres sur la vie
des Eglises locales auxquelles elles étaient adressées, de la vie communautaire des premiers
chrétiens, des relations de ces communautés entre elles et avec le monde qui les entourait, etc. Près
d'un cinquième du texte du Nouveau Testament y est consacré et permet de se faire une idée précise
de l'intention de Dieu à son égard.
3) Les plans de l'Eglise furent confiés dès le début à des entrepreneurs choisis par Jésus, lui-même
étant le Maître d'oeuvre. Ce furent ses apôtres ainsi que les autres auteurs inspirés du Nouveau
Testament.
4) L'Eglise devait permettre à Dieu d'habiter parmi son peuple et serait, de ce fait, inviolable.
L'apôtre Paul s'en prenait aux divisions qui menaçaient l’Eglise à Corinthe. Il écrivait à cette
communauté: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en
vous? Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et
c'est ce que vous êtes» (1 Cor.3:16-17). 5) Un ordre formel fut donné à cette même Eglise de se
conformer aux instructions données au sujet de la tenue dans les réunions (1 Cor.11:2-16), de la
célébration du repas du Seigneur (11:17-25), de l’exercice des dons spirituels (12-14), de l'amour à
entretenir entre frères (13:1-13), et de l'ordre à maintenir dans les cultes (14:1-39). Paul boucle tout
cet enseignement sur l’Eglise par un avertissement à ceux qui penseraient pouvoir agir autrement:
«Si quelqu'un se croit prophète ou inspiré par l'Esprit, qu'il reconnaisse que ce que je vous écris est
un commandement du Seigneur» (14:37 Jérus). “Mais s’il ne le reconnaît pas, qu’on ne tienne pas
compte de lui” (v.38 BFC).
6) Paul donne également des ordres aux implanteurs d’Eglises, Timothée et Tite, au sujet des
structures à mettre en place en établissant des personnes compétentes dans les charges
ecclésiastiques d’ancien et de diacre (1 Tim.3:1-15; Tite 1:5-9). Il ne les laisse pas organiser les
Eglises au gré des circonstances du moment, des cultures locales ou de leur propre jugement. Il
précise à Timothée la raison de tous ces impératifs: “Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller
bientôt vers toi; mais si je tarde, tu sauras comment il faut te conduire dans la maison de Dieu, qui
est l’Eglise du Dieu vivant” (v.15). Et à Tite: “Je t’ai laissé en Crète afin que tu achèves d’organiser
ce qui doit l’être encore et que tu établisses des anciens d’Eglise dans chaque ville. Rapelle-toi les
instructions que je t’ai données” (v.5). Il s’agit donc bien d’instructions concernant l’organisation
des Eglises locales. Ces instructions ne sont pas facultatives et ne changent donc pas selon le
contexte socio-culturel.
C'est dans l'Ecriture que Dieu a consigné les détails de chacun des modèles à suivre pour bâtir ces
quatre temples. Par conséquent, nous chercherons à nous conformer aux plans pour l'Eglise que
nous propose la Bible, à l'exclusion de toute autre dessin. Nous considérons l’Ecriture comme
divinement inspirée, entièrement digne de foi dans les textes originaux, autorité souveraine en
matière de doctrine et de pratique. Nous sommes en bonne compagnie dans cette conviction:
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