représente le premier type. 26% des compagnies revendiquent cette appartenance. Philippe
Chaudoir se livre à un « topologie générale du champ »3 qui met en évidence la primauté du théâtre
et, plus généralement, révèle deux grands sous-ensembles caractérisés par deux modes de
pratiques : l’un où le corps est l’outil principal de l’expression, l’autre où celle-ci passe par une
médiation technique. D’un côté, les arts relevant du cirque, de la pratique aérienne, des
saltimbanques et du théâtre ; de l’autre, les arts plastiques, les effets spéciaux (artificiers,
pyrotechniciens), le son et la musique. Si ces effets de classements et d’étiquettes relèvent de la
pure construction sociale, ils revèlent tout de même une caractéristique forte du secteur : sa
diversité. Le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac surprend par sa programmation :
dans la programmation officielle, le « in », théâtre de rue, théâtre dans la rue, cirque, jonglage,
prouesses aériennes, etc. cohabitent et se mêlent à un « off », d’un éclectisme parfois désarmant.
La définition d’un genre artistique dépasse largement, d’après nous, un simple effet d’annonce ou
une pure étiquette sémantique, elle recouvre des spécificités, une identité mais aussi une
reconnaissance dans le champ culturel, une reconnaissance pour le public et pour les autres
pratiques artistiques. C’est pourquoi la tentative de définition et d’identification d’une genre
artistique « théâtre de rue » n’apparaît pas vaine, mais au contraire pertinente.
L’explosion de l’offre et, dans une certaine mesure de la demande, ne doivent pas cacher que le
secteur est en crise : manque d’argent, de moyens, de formation, de reconnaissance, mais aussi
qualité artistique parfois très criticable, développement des pratiques « d’animation » faciles et peu
chères… Les quelques compagnies reconnues et médiatisées, comme le Royal De Luxe, cache une
forêt de petites structures en quête de projet artistique et de légitimité. La problématique actuelle
s’ancre profondément dans cette question de la légitimité, notamment par rapport aux autres
pratiques artistiques et au théâtre en salle. Chercher à expliciter les spécificités et les qualités
artistiques d’un genre encore à déterminer que serait le théâtre de rue revient à tenter de poser les
bases d’une légitimité artistique noyée dans une offre hétérogène et pléthorique.
Théâtre de salle, théâtre dans la rue, théâtre de rue. Suffit-il de poser une scène sur une place
publique pour faire du théâtre de rue ? Une pièce de théâtre jouée hors les murs relève-t-elle du
théâtre de rue ? Là encore, les mots ont leur importance et leur signification. Théâtre de rue : « de »
indique l’origine, le point de départ, la possession, la cause, l’instrument, etc. Le théâtre de rue
« prend racine » dans la rue, il en vient. Il ne se contente pas d’y jouer, la rue lui donne naissance.
Théâtre dans la rue : « dans » marque soit le lieu où l’on est, soit le lieu où l’on entre. Dès lors, la
3 Chaudoir Philippe, op.cit. p.4, p.136