Diversité de la végétation des pelouses sèches du Massif des Bauges

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Conservatoire
Botanique
National
Alpin
Eléments techniques et scientifiques
pour la définition d’une MAEC à enjeu
localisé « pelouses sèches »
Diversité de la végétation des pelouses
sèches du Massif des Bauges
septembre 201 4
Alexis MIKOLAJCZAK
Sommaire
Introduction et objectifs.......................................................................................................................... 2
A. Généralités sur les pelouses................................................................................................................ 3
Qu’est-ce qu’une pelouse ?................................................................................................................. 3
B. Les pelouses sèches dans le Massif des Bauges .................................................................................. 6
B.1. Caractéristiques principales ......................................................................................................... 6
B.2. Diversité floristique ...................................................................................................................... 7
Matériel et méthode ....................................................................................................................... 7
Résultats .......................................................................................................................................... 8
B.3. Tableau de synthèse des types de pelouses .............................................................................. 12
Cahier de charges .......................................................................................................................... 12
L’éligibilité sous condition du type II ............................................................................................. 12
Représentativité des types de pelouses/prairies .......................................................................... 12
C. Indicateurs de bon état écologique .................................................................................................. 14
Conclusions et perspectives .................................................................................................................. 16
Pour aller plus loin … ............................................................................................................................. 17
Documentation additionnelle ............................................................................................................... 18
Bibliographie ......................................................................................................................................... 18
Introduction et objectifs
Dans le cadre de la mise en place d’un PAEC (Plan agro-environnemental et climatique) sur le Massif
des Bauges pour la programmation PAC (Politique agricole commune) 2014-2020, le Parc naturel
régional du Massif des Bauges souhaite lancer une mesure agro-environnementale et climatique
(MAEC) dite à enjeu localisé sur les pelouses sèches. La MAEC à enjeu localisé possède des exigences
fortes et complète la mesure dite système qui s’applique à l’ensemble de chaque exploitation avec
des exigences agro-environnementales plus générales.
Les pelouses sèches du Massif des Bauges sont principalement localisées sur son rebord méridional
avec des présences ponctuelles ailleurs. Elles sont réputées pour leur diversité biologique et de très
beaux exemplaires font partie du réseau de sites dits conservatoires gérés par le Conservatoire des
Espaces naturels de la Savoie (CEN 73). De nombreuses pelouses font aussi partie intégrante
d’exploitations agricoles, principalement en tant que surfaces pâturées.
L’objectif de cette étude est de fournir une expertise scientifique sur la diversité phytocœnotique
(diversité de la végétation) de ces pelouses sèches en domaine agricole et de la mettre en relation
avec la diversité des usages (pratiques) constatés. En s’appuyant sur cette partie descriptive, il s’agira
aussi (i) de fournir des critères physionomiques et floristiques pour identifier les types de pelouses
éligibles à une mesure enjeu localisé (éligibilité de pelouses), (ii) de donner des estimations de
surfaces sur le Massif pour ces différents types, et (iii) d’indiquer les modes de gestion appropriés.
Cette note s’adresse d’abord aux ingénieurs et techniciens du PNR du Massif des Bauges pour les
aider dans la mise en place du PAEC mais elle a aussi vocation à être lue par un plus large public non
spécialiste de la végétation des pelouses sèches. Une section « Pour aller plus loin » en fin de rapport
contient des informations plus détaillées (explication des termes suivis d’un astérisque *).
2
A. Généralités sur les pelouses
Qu’est-ce qu’une pelouse ?
Les définitions les plus fréquentes du terme pelouse (photo 1) font référence à une formation
végétale de faible hauteur (inférieure à 20-30 cm) dominée par des graminées et accompagnée
d’autres plantes herbacées à fleurs colorées. La formation végétale la plus proche est la prairie
(photo 2) qui ne s’en distingue selon cette définition que par une hauteur sensiblement plus élevée
(supérieure à 30 cm). Cette définition n’est utile qu’en première approximation car l’estimation de la
hauteur est difficile dans un tapis végétal dont les plantes ont des tailles différentes. De plus,
qu’entend-on par hauteur et comment l’estimer ? S’agit-il de la hauteur moyenne ou de la hauteur
maximale de la végétation ?
Photo 1 - Vue rapprochée
d’une pelouse sèche
pâturée sur coteau calcaire.
Photo 2 - Vue d’ensemble d’une
prairie de fauche.
Corrélée à la hauteur, la biomasse aérienne diffère aussi fortement entre pelouses et prairies avec
des différences de productivité pouvant atteindre 400 % : entre 0,5 à 1 t MS/ha pour une pelouse
méso-xérophile contre près de 4 t MS/ha pour une prairie de fauche mésophile (MANNEVILLE, 2013).
La répartition verticale de la biomasse aérienne est un critère qualitatif qui permet de bien cerner la
différence entre prairie et pelouse (Figures 1 et 2). Il s’agit d’un critère visuel relativement facile à
interpréter qui nécessite d’observer de plus près le tapis végétal, pour effectuer le « test du rideau ».
 Une pelouse est caractérisée par une répartition verticale de la biomasse en pyramide. La
majeure partie de la biomasse aérienne est concentrée à proximité du sol. Seules quelques
espèces de graminées atteignent les parties supérieures. Leurs tiges et inflorescences
clairsemées forment une couche discontinue comme des poils hérissés à la surface de la
3
peau à travers de laquelle le regard porte à quelques mètres (mot pelouse issu du latin
pilosus, poilu, dérivé de pĭlus, poil).
 La biomasse aérienne de la prairie suit quant à elle une répartition verticale plus homogène,
en forme de poire. La faible biomasse à proximité du sol est due à une couverture végétale
au sol très souvent discontinue, laissant apparaître le sol régulièrement quand on ouvre le
tapis de graminées à l’aide des bras. La concurrence entre graminées pour la lumière favorise
le développement des feuilles dans les parties éclairées qui forment un véritable écran ou
rideau pour le regard.
Fig. 1 & 2 - Répartition schématique de la biomasse aérienne selon la hauteur pour une pelouse (à gauche) et
pour une prairie (à droite).
Photo 3 - Vue rapprochée d’une pelouse
sèche sur coteau calcaire. Notez
l’absence d’ « effet rideau », où l’on voit
littéralement à travers le tapis végétal.
Photo 4 - Vue semi-rapprochée
d’une prairie fauchée. Notez la
densité de la végétation dans la
partie supérieure, avec « effet
rideau ».
4
Le Tableau 1 ci-dessous énumère quelques-unes des principales différences entre pelouses et
prairies d’un point de vue écologique.
Paramètre
Facteur
écologique
limitant
Concurrence
entre plantes
Pénétration de
Lumière
Pelouse
Eau et nutriments du sol : les sols sont pauvres
en éléments nutritifs limitants et/ou
déficitaires en eau
Racinaire : acquisition des nutriments et de
l’eau, croissance racinaire favorisée
Forte jusqu’au sol favorisant un grand cortège
de plantes herbacées basses
Phénologie
Floraison étalée pendant la toute saison de
végétation
Stratégies
plantes
Naturalité
des
Plantes tolérantes aux stress hydrique et
nutritif, capables de conserver dans leurs
tissus une partie des minéraux prélevés dans
le sol
Végétation naturelle (ex. : pelouse alpine) à
semi-naturelle avec intervention humaine
faible à modérée
Prairie
Lumière : les sols sont souvent riches en
éléments nutritifs limitant (P, K surtout)
Aérienne : croissance aérienne favorisée
Faible, effet écran de la végétation,
réduisant le cortège inférieur à des plantes
tolérant un certain ombrage
Floraison concentrée en début de saison
de végétation. Senescence rapide des
parties aériennes.
Plantes
à
capacités
colonisatrices
importantes, exploitant la plupart des
minéraux prélevés pour leur croissance.
Végétation semi-naturelle à artificielle
avec intervention humaine modérée à
forte.
Tableau 1 – Aperçu des différences écologiques entre pelouses et prairies dans les zones tempérées.
Pelouse n’est pas forcément synonyme de pelouse sèche. Des pelouses sont observées dans une
large gamme de conditions hydriques des plus humides aux plus sèches, leur point commun étant la
faible disponibilité en élément nutritifs. Sur cette gamme, il faut reconnaître que seules les pelouses
sèches subsistent réellement car elles ont moins souffert des changements d’utilisation du sol et de
pratiques agricoles (drainage, fertilisation, intensification) en raison des contraintes topographiques.
Des pelouses mésohygrophiles et mésophiles étaient bel et bien présentes en plaine mais elles ont
considérablement régressé par transformation progressive en prairies mésophiles ou artificielles ou
par mise en culture. Les pelouses sèches restent pour autant un enjeu de conservation de par les
menaces qui s’exercent sur elles (vignes, urbanisme, intensification, abandon, recolonisation
forestière, …).
Bon à savoir : le développement optimal d’une pelouse ou d’une prairie s’apprécie avant exploitation (fauche
ou pâture). Une prairie pâturée, tout comme un gazon tondu, présente une faible hauteur de végétation
uniquement parce qu’ils sont exploités. Laissée à leur libre évolution, leur biomasse aérienne augmente
fortement.
Fig. 3 – Répartition schématique de la biomasse aérienne pour une pelouse et une prairie. Dans cet
exemple fictif, la biomasse aérienne de la prairie est 2,5 fois supérieure à celle de la pelouse.
5
B. Les pelouses sèches dans le Massif des Bauges
B.1. Caractéristiques principales
Conditions abiotiques. Pentes moyennes à fortes en expositions chaudes, substrats marneux,
marno-calcaires ou calcaires, sols superficiels à moyennement profonds à faible capacité de
rétention en eau et faible teneur en éléments nutritifs (N, mais surtout P et K), basse et moyenne
altitude.
Physionomie. Biomasse aérienne répartie verticalement en pyramide avec une nette dominance du
Brome érigé (Bromus erectus) dont les feuilles sont concentrées à la base du tapis végétal, les tiges et
inflorescences formant une couverture très lâche. En conditions très sèches, il est généralement
accompagné d’autres graminées à port cespiteux (touffe dense de feuilles à la base) : Fétuques du
groupe ovina (Festuca ovina gr.) ou Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea).
Phytosociologie. Les pelouses sèches du Massif des Bauges sont classées dans les alliances du
Mesobromion erecti et du Xerobromion erecti, comme le sont la plupart des pelouses sèches
calcaires de France. Elles sont donc physionomiquement et floristiquement très proches des pelouses
sèches observées ailleurs.
Particularité du Massif des Bauges. La nette prédominance des substrats marneux riches en argile
améliore la capacité de rétention en eau des sols en période humide (printemps surtout) ce qui
permet le développement de plantes dites marnicoles comme le Lotier maritime (Tetragonolobus
maritimus, photo 5). Le Massif des Bauges partage cette caractéristique avec la plupart des massifs
préalpins calcaires (ex. Chartreuse) et jurassiens riches en couches géologiques marneuses.
Précision sur la limite d’altitude. Cette étude porte sur les pelouses sèches du rebord méridional du
Massif des Bauges (site Natura 2000 FR8201775/S14) présentes jusqu’à une altitude de 800 à
1.000 m environ. Les résultats fournis ne concernent pas, par conséquent, les pelouses sèches du
Mesobromion erecti de l’ensemble du massif qui peuvent être observées jusqu’à 1.500 m d’altitude
en versant sud. Ces pelouses se distinguent par une chute nette du nombre d’orchidées des pelouses
sèches de basse et moyenne altitude (exigences thermiques fortes) mais en revanche par des
populations animales en meilleur état (papillons, reptiles, …). Ces pelouses sèches montagnardes ont
tout à fait vocation à intégrer une MAEC à enjeux localisés mais des études complémentaires sont à
réaliser.
Usages. Quand elles ne sont pas abandonnées, on observe une variété d’usage :




principalement pâturées, rarement fauchées ;
usage agricole ou conservatoire (par le Conservatoire des Espaces Naturels de la Savoie) ;
pâturage par des chevaux, caprins, ovins, bovins viande, bovins lait ;
deux modes de pâturages principaux : utilisation longue à faible chargement, utilisation courte
(printemps surtout) à chargement faible à modéré.
6
Photo 5 - Vue rapprochée d’une pelouse
sèche pâturée sur marnes calcaires avec
le Lotier maritime (Tetragonolobus
maritimus).
Les pelouses sèches entretiennent des relations floristiques de diverses natures avec d’autres
formations végétales herbacées, desquelles elles dérivent ou vers lesquelles elles sont susceptibles
d’évoluer en fonction de différents processus, ce qui donne aux pelouses sèches des limites floues
dont l’observateur doit tenir compte lorsqu’il est confronté au diagnostic de pelouses (« Est-ce une
pelouse sèche ? »).
 Prairie de fauche (Arrhenatherion elatioris). De nombreuses pelouses sèches peuvent évoluer
en prairies (fauchée ou pâturée) par fertilisation progressive. Dans des conditions de sécheresse
peu contraignantes sur pente moyenne et sol moyennement profond, la fertilisation se traduit
par une réponse de la végétation : développement de grandes graminées et dicotylédones au
détriment du tapis végétal de la pelouse.
 Prairie pâturée intensément (Cynosurion cristati). Le pâturage intensif peut mener à une
modification profonde du tapis végétal, surtout en conditions de sécheresse peu contraignantes
en favorisant des espèces résistantes aux contraintes mécaniques du pâturage (piétinement) et
en élevant le niveau trophique du sol.
 Ourlet herbacé (Geranion sanguinei) et fourré arbustif thermophile (Berberidion vulgaris).
L’abandon des pratiques ou l’utilisation très extensive, favorise le développement d’espèces
herbacées dites d’ourlets à cycle de développement plus long et supportant peu le pâturage
(ex. Brachypodium rupestre, Geranium sanguineum). L’absence d’exploitation se traduit par une
accumulation de litière propice au développement des arbustes.
B.2. Diversité floristique
Au sein de cette grande catégorie « pelouses sèches », on observe une grande diversité de pelouses
différant principalement par leurs conditions abiotiques mais aussi par leurs usages, leur sensibilité
aux perturbations et leur valeur patrimoniale. Cette section a pour objectif de présenter cette
diversité en la décomposant en plusieurs types de pelouses et groupes socio-écologiques d’espèces.
Matériel et méthode
L’analyse est basée sur un jeu de 156 relevés de végétation(*) réalisés en pelouses sèches sur le
rebord méridional du massif des Bauges, stockés dans la Base de Données FLORE du CBNA.
Caractéristiques de l’échantillonnage :
 25 relevés réalisés en 2014 – 131 déjà présents dans la BD Flore du CBNA ;
 44 relevés phytosociologiques(*) – 112 relevés simples(*) ;
 Répartition de relevés selon la nature du site et des usages.
7

Nombre de relevés
Site conservatoire
Hors site conservatoire
Totaux
Parcelle
agricole
5
43 (22)
48
Hors parcelle
agricole
22
86 (2)
98
Tableau 2 – Répartition des relevés selon l’usage des parcelles. Nombres entre parenthèses : 2014. Site
conservatoire : sites gérés par le CEN 73. Parcelle agricole : RPG.
L’objectif de l’analyse est dans un premier temps de constituer des groupes socio-écologiques
d’espèces, c’est-à-dire des groupes constitués d’espèces possédant des exigences écologiques
similaires et cohabitant régulièrement. Ces groupes sont construits à partir du jeu de données de
l’étude et de données disponibles sur l’ensemble du territoire du CBNA ; ces données sont traduites
en données de co-occurrence et représentées dans un réseau d’espèces (travaux inédits du CBNA,
non publiés). Ces groupes sont ensuite utilisés pour définir des types de pelouses, chaque type étant
considéré comme la combinaison de plusieurs groupes (définitions formelles). Voir rubrique « Pour
aller plus loin » pour les détails. Les résultats sont obtenus avec des relevés de végétation réalisés à
une échelle d’homogénéité physionomique (entre 15 et 50 m²), souvent bien plus fine que l’échelle
des parcelles (jusqu’à plusieurs ha).
Résultats
Les groupes socio-écologiques d’espèces ou espèces dites « positives »
Le principal facteur de différenciation floristique des pelouses sèches est le gradient de sécheresse
relative. Le long de ce gradient peuvent être différenciés quatre groupes socio-écologiques d’espèces
(Tableau 3). Chaque groupe est nommé en référence à une espèce représentative et fréquemment
observée du chaque groupe.
A l’extrémité sèche du gradient se trouve le groupe des espèces xérophiles (A-Teucrium montanum)
qui se développent sur des sols superficiels à très faible capacité de rétention en eau.
A l’autre extrémité se trouve un groupe d’espèces dites mésophiles habituellement rencontrées en
prairies qui nécessitent des sols plus profonds à bilan hydrique favorable (D–Knautia arvensis). Ces
espèces possèdent aussi des exigences trophiques plus élevées.
Entre les deux se positionnent deux groupes d’espèces dites mésoxérophiles dont les exigences
écologiques sont intermédiaires entre les deux extrêmes. Le groupe B-Hippocrepis comosa est
constitué d’espèces à tendance xérophile des sols superficiels très secs tandis que le groupe C-Salvia
pratensis est composé d’espèces plutôt à tendance mésophile des sols plus profonds.
Un groupe est considéré comme présent dans un relevé de pelouse sèche lorsque le nombre
d’espèces du groupe présentes dans la pelouse dépasse un certain seuil fixé à l’avance. Par exemple,
dès lors qu’un relevé possède au moins 4 espèces du groupe A, ce groupe peut être considéré
comme présent dans le relevé, ce qui permet d’affirmer que les conditions hydriques sur le lieu du
relevé sont très contraignantes avec un sol très sec.
8
A- Teucrium montanum
Xérophile
Sol superficiel, pente
forte
Anthericum liliago
Carex halleriana
Carex humilis
Coronilla minima (r)
Fumana procumbens
Galium obliquum
Lactuca perennis
Leontodon crispus (r)
Leuzea conifera (r)
Linum tenuifolium
Ononis pussila
Teucrium montanum
Trinia glauca
Laserpitium gallicum
14 (11)
≥4
B- Hippocrepis comosa
Mésoxérophile-1
C- Salvia pratensis
Mésoxérophile-2
Asperula cynanchica
Buphtalmum salicifolium
Bupleurum falcatum
Galium glaucum
Globularia bisnagarica
Helianthemum
nummularium
Hippocrepis comosa
Ononis natrix (sa)
Phyteuma orbiculare
Potentilla neumaniana
Prunella laciniata
Scobiosa columbaria
Stachys recta
Teucrium chamaedrys
14 (13)
≥5
Anthyllis vulneraria
Briza media
Campanula glomerata
Centaurea scabiosa
Dianthus carthusianorum
Galium verum
Koeleria pyramidata
Onobrychis viciifolia
Ononis repens (sa)
Prunella grandiflora
Ranunculus bulbosus
Salvia pratensis
Trifolium montanum
D - Knautia arvensis
Mésophile
Sol profond, faible
pente
Arrhenatherum elatius
Avenula pubescens
Anthoxanthum
odoratum
Holcus lanatus
Crepis biennis
Knautia arvensis
Leucathemeum vulgare
Ranunculus acris
Rumex acetosa
Tragopogon pratensis
13(12)
≥4
10
≥4
Tableau 3. Groupes socio-écologiques d’espèces des pelouses sèches de Bauges classés le long du gradient
de sécheresse relative du sol : nom du groupe, liste d’espèces, nombre d’espèces, seuil de présence.
Espèces facultatives : espèces rares (r), sous-arbustes (sa).
Deux autres groupes socio-écologiques d’espèces sont aussi observés dans les pelouses de manière
relativement indépendante au gradient principal de sécheresse du sol. Il s’agit tout d’abord des
espèces dites « marnicoles » du groupe E-Blackstonia perfoliata qui rassemble des espèces ayant des
exigences hydriques plus strictes en début de saison de végétation. Le second est le groupe des
orchidées des pelouses sèches (F-Orchidées) composé de quatorze espèces qui apparaissent plus
souvent ensemble qu’avec d’autres espèces de pelouses (notion de groupe socio-éccologique). Les
facteurs écologiques expliquant la présence des orchidées sont expliqués plus loin.
E – Blackstonia perfoliata
Marnes, argiles, sols
temporairement frais au
printemps
Carex flacca
Blackstonia perfoliata
Lotus maritimus
Trifolium orchroleucum
Linum catharticum
Genista tinctoria
Carex tomentosa
Cervaria rivini
Ophrys insectifera (o)
Centaurium erythrea
Inula salicina
11
≥3
F – Orchidées
Bonne état écologique
Aceras anthropophorum
Anacamptis morio (=Orchis morio)
Anacamptis pyramidalis
Gymnadenia conopsea
Neotinea ustulata (= Orchis ustulata)
Ophrys virens (=O. araneola)
Ophrys fuciflora
Orchis militaris
Orchis purpurea
Orchis simia
Platanthera bifolia
Planthanthera chlorantha
Spiranthes spiralis (r)
Himantoglossum hircinum
14
Sans objet
Tableau 4. Groupes socio-écologiques d’espèces des pelouses sèches de Bauges (suite) : nom du groupe,
liste d’espèces, nombre d’espèces, seuil de présence. Espèces facultatives : espèces rares ®.
9
Le Brome érigé (Bromus erectus) est absent des groupes d’espèces « positives » parce qu’il est
présent dans l’ensemble (caractère constant) dans les pelouses étudiées ; bon indicateur pour
identifier une pelouse sèche en première approximation (critère physionomique), il ne l’est pas pour
affiner le diagnostic. Il en va de même pour Sanguisorba minor et Lotus corniculatus, également
présents de façon quasi constante dans les relevés.
Les types de pelouses sèches : combinaison de groupes socio-écologiques
Le passage en revue (automatique) de chaque relevé de végétation et la détection de la présence des
groupes d’espèces permettent de mettre en évidence les combinaisons possibles de groupes, deux à
deux ou trois à trois (Figure 4).
Teucrium
montanum
36 (6)
Hippocrepis
comosa
50 (8)
28
22
38
Salvia
pratensis
80 (18)
16
Knautia
arvensis
22 (6)
14
19
2
3
Blackstonia
perfoliata
31 (1)
Figure 4 – Combinaisons observées des groupes socio-écologiques d’espèces (hors orchidées) dans les 156
relevés du jeu de données. Le nombre inscrit dans une bulle correspond au nombre de relevés où le groupe
est détecté ; le nombre accolé à un segment indique le nombre de relevés où les deux groupes reliés sont
observés dans un même relevé ; le nombre entre parenthèses est le nombre de relevés où seul ce groupe
est observé. Les combinaisons présentes dans un seul relevé ne sont pas indiquées.
La figure 4 montre que certaines relations sont plus faibles que d’autres (segments à tirets) et
également que certaines combinaisons ne sont pas observées (ex. combinaison Teucrium-Knautia).
Cette représentation schématique (modèle) des combinaisons permet de valider les groupes
d’espèces et le gradient associé.
En suivant les combinaisons possibles, trois types de pelouses peuvent être définis (Figure 5) :
 Le type I – xérophile (28 relevés) : combinaison des groupes A et B
 Le type II – mésophile (16 relevés) : combinaison des groupes C et D
 Le type III – méso-xérophile (38 relevés) : combinaison des groupes B et C
o Sous-type méso-xérophile marnicole (14 relevés) : combinaison des groupes B, C et E
Les trois types de pelouses sont décrits de manière détaillée dans la section B.3.
10
Type II
Type I
Teucrium
montanum
36 (6)
28
Hippocrepis
comosa
50 (8)
38
Salvia
pratensis
80 (18)
16
Knautia
arvensis
22 (6)
14
22
19
Blackstonia
perfoliata
31 (1)
Type III
Figure 5 – Combinaison de groupes socio-écologiques et types de pelouse.
Sur les 156 relevés du jeu de données initial :
 82 sont attribués sans ambiguïté à un des trois types (relevés remplissent les conditions des
définitions formelles) ;
 49 ne possèdent qu’un seul groupe socio-écologique d’espèces, ce qui est insuffisant pour
l’attribuer sans ambiguïté à un des trois types ; l’appréciation des abondances des espèces ainsi
que l’abaissement des seuils de présence d’une unité permettent d’attribuer une partie de ces
relevés au cas par cas ;
 25 ne possèdent aucun groupe socio-écologique d’espèces aux seuils fixés, pour de multiples
raisons : relevé incomplet, mauvaise période de relevé, mauvais état de conservation, etc.
Le cas des orchidées
Les orchidées ne sont pas traitées comme un groupe socio-écologique pour la définition des types
(avec seuil de présence) parce qu’elles ne marquent pas de nette préférence pour l’un des trois
types, hormis une fréquence légèrement plus forte dans les relevés du type III méso-xérophile. Les
histogrammes de la figure 6 indiquent que des relevés riches en orchidées et des relevés pauvres
sont observés dans chaque type, avec des différences pouvant atteindre un facteur dix. La présence
des orchidées ne peut donc être expliquée par le gradient de sécheresse du sol et la recherche
d’autres facteurs explicatifs doit être poursuivie. La question est notamment de savoir si la richesse
en orchidées peut être utilisée comme bon indicateur d’état écologique d’une pelouse (voir section C
plus bas). Autrement dit, la présence des orchidées dans une pelouse sèche constitue une couche
supplémentaire dans le cortège floristique, relativement indépendante du niveau de sécheresse du
sol.
11
Figure 6 – histogrammes du nombre d’orchidées présentes dans les relevés des trois types de pelouse.
B.3. Tableau de synthèse des types de pelouses
La description détaillée des trois types de pelouses est donnée dans le tableau 5. Un quatrième type
est rajouté pour rappeler les risques de confusion existants entre le type II – mésophile et des
prairies de fauche, qui le plus souvent en dérivent par augmentation du niveau trophique. Il s’agit de
prairies fauchées possédant souvent quelques espèces du groupe D-Salvia pratensis, sans pour
autant atteindre le seuil de présence et/ou qui ne sont pas dominées par Bromus erectus mais par
des graminées prairiales (Arrhenatherum elatius, Avenula pubescens, Holcus lanatus, …).
Informations complémentaires pour la lecture du tableau :
Cahier de charges
La mise en pâturage tardive est bénéfique aux orchidées afin d’accomplir leur cycle de vie jusqu’à la
dissémination des graines. Les orchidées font en outre partie des plantes sélectionnées par les
bovins. Les dates réelles doivent encore être précisées ainsi que la comptabilité d’un pâturage très
précoce de printemps (« déprimage »).
Pour les types xérophile (I) et mésoxérophile (III), le cahier des charges correspondra le plus souvent
à un maintien des pratiques existantes sauf en cas de mauvais état écologique tel que défini plus
loin (section C). Pour le type mésophile (II) en revanche, ce cahier des charges comprendra
régulièrement des mesures de restauration apportant des changements par rapport aux pratiques
existantes. En raison des sols plus profonds, le risque d’altération de l’état écologique des pelouses
mésophiles est en effet beaucoup plus important et il faut veiller à ce que les pratiques soient
compatibles avec le maintien de ce bon état écologique.
L’éligibilité sous condition du type II
Le type II mésophile est éligible à la mesure enjeux localisés pelouses sèches à la condition que le
cahier des charges de gestion comprenne des mesures de restauration (impliquant donc un
changement de pratiques) en faveur des pelouses en mauvais état écologique.
Représentativité des types de pelouses/prairies
Le croisement des données d’inventaire pelouses sèches et des relevés de végétation montre
qu’environ 10 % des pelouses sèches de l’inventaire sont en réalité des prairies maigres de fauche
(type IV). Par conséquent environ 90 % des surfaces issues du croisement des données RPG et
inventaire pelouses sèches sont éligibles à la mesure enjeux localisés, sous réserve de l’application
des remarques du paragraphe précédent.
12
Type
Type I – Pelouse xérophile
Définition
formelle
(groupe Teucrium montanum ET groupe
Hippocrepis comosa) ET dominance de
Bromus erectus
Conditions
abiotiques
Pentes fortes en exposition chaude, sols
superficiels sur substrat marneux ou
calcaire, jusqu’à 800 m d’altitude
Physionomie
Pelouse ouverte avec substrat apparent,
dominée par Bromus erectus accompagné
de Festuca ovina gr. Abondance de Sesleria
caerulea sur calcaire massif.
Présence ponctuelle des espèces du groupe
Blackstonia sur marnes mais seuil rarement
atteint.
Commentaire
sur la
composition
floristique
Valeur
patrimoniale
Phytosociologie
N2000
Présence
Pratiques
constatées en
zone agricole
Cahier des
charges
Nb. relevés
Croisement
RPG/PS
Eligibilité
Site abritant souvent des espèces rares à
très rares pour la Savoie : Leontodon
crispus, Leuzea conifera, Aster amellus,
Coronilla minima.
Xerobromion erecti et Teucrio montanae –
Mesobremenion erecti p.p. (sous-alliance du
Mesobromion erecti). 6210
Très rare en zone agricole (ex. La Motte
Castrale à Curienne), principalement en
sites conservatoires, bien représenté aussi
dans les pelouses sans usage déclaré.
Chargement léger de chevaux ou bovins.
Maintien d’un chargement faible, mise en
pâturage tardive. Pas de fertilisation.
Type III – Pelouse mésoxérophile
(sous-types 1 et 2)
(groupe Salvia pratensis ET groupe Hippocrepis
comosa) ET dominance de Bromus erectus
Présence du groupe Blackstonia perfoliata pour
le sous-type 1
Situations variées avec sécheresse relative
marquée, pentes moyennes à assez fortes, sols
peu profonds sur substrat marneux
principalement, jusqu’à 1000 m d’altitude.
Pelouse légèrement fermée, parfois légèrement
ouverte, dominée quasi exclusivement par
Bromus erectus.
Type possédant la plus grande diversité
floristique, richesse spécifique pouvant atteindre
50 espèces sur des surfaces de 15 à 50 m².
Type II – Pelouse/prairie mésophile
(groupe Salvia pratensis ET groupe
Knautia arvensis) ET dominance de
Bromus erectus
Attention à la confusion avec le type IV
Pentes faibles à moyennes, sols peu
profonds à profonds en exposition
chaude, jusqu’à 1000 m d’altitude.
Pelouse assez dense toujours dominée
par Bromus erectus, accompagnée de
graminées prairiales qui restent
minoritaires.
Présence ponctuelle des espèces du
groupe Blackstonia sur marnes mais
seuil rarement atteint.
Type IV - Prairie maigre de
fauche
Groupe Knautia arvensis ET
dominance de grandes
graminées à feuilles larges à
très larges.
Identiques au type III mais
niveau trophique plus élevé
en raison de l’historique de
la parcelle (fertilisation).
Ce type est une prairie ;
Donné ici car souvent
confondu avec une pelouse.
Espèces du groupe Salvia
régulièrement présentes
(Onobrychis, Salvia, …) mais
seuil rarement atteint.
Quasi absence d’orchidées
mais prairies de fauche
abritant jusqu’à 40 espèces
sur un relevé.
Arrhenatherion elatioris
6510
Variable selon les conditions, beaux cortèges en
orchidées à haute valeur patrimoniale. Présence
ponctuelle d’espèces rares pour la Savoie : Aster
amellus, Galium glaucum.
Teucrio montanae – Mesobremenion erecti p.p.,
Tetragonolobo maritimi – Mesobromenion erecti
(sous-alliances du Mesobromion erecti). 6210
Assez fréquent en zone agricole pour les deux
sous-types et bien représenté aussi en sites
conservatoires.
Importante en raison de leur
sensibilité aux changements d’usage
(fertilisation, intensification)
Assez fréquent en zone agricole, rare
en sites conservatoires.
Prairie de fauche :
exclusivement en zone
agricole
Principalement pâturage de bovins lait en
génisse, parfois associés à des caprins, quelques
parcelles en bovins viande ou en chevaux.
Maintien d’un chargement faible, mise en
pâturage tardive. Pas de fertilisation.
Principalement bovins lait en génisse.
Exclusivement fauche.
Non concerné ici.
Mesobromenion erecti (sous-alliance
du Mesobromion erecti). 6210
36 (24 selon déf. formelle)
5%
56 (38 selon déf. formelle)
55 %
Maintien d’un chargement faible à
modéré, mise en pâturage tardive. Pas
de fertilisation.
23 (10 selon déf. formelle)
30 %
Oui
Oui
Oui sous conditions
8 (7)
10 %
Non
Tableau 5 : Description synthétique des types de pelouses sèches de la zone d’étude.
13
C. Indicateurs de bon état écologique
Tout d’abord, il convient de définir ce qu’on entend par état écologique d’une pelouse. C’est une
vaste question et les façons de le définir sont certainement très nombreuses. Nous choisirons de
définir l’état écologique d’une pelouse comme son niveau de biodiversité global. Cette notion très
large englobe l’ensemble des communautés, celles du sol (micro-, macro-faune, bactéries,
champignons), les communautés végétales (plantes, mousses, lichens), les communautés d’insectes
ou encore d‘oiseaux (etc.).
Le bon état écologique1, quant à lui, est atteint lorsque le niveau de biodiversité est proche du
potentiel de biodiversité de la pelouse, c'est-à-dire lorsque l’ensemble de ces communautés est le
mieux exprimé. Le niveau de biodiversité sera aussi d’autant plus élevé que ces différentes
communautés assurent chacune leur rôle (fonctionnement de l’écosystème pelouse) ou qu’une
pelouse fait partie d’un réseau de pelouses reliées entre elles par des éléments de continuités.
Dans le cadre de cette étude sur les pelouses sèches, le critère retenu est l’intégrité du cortège
floristique, c’est-à-dire son niveau par rapport à un potentiel à définir. L’indicateur est quant à lui la
richesse en orchidées habituellement rencontrées dans les pelouses sèches. Ce choix est fondé sur le
constat que les orchidées constituent une couche supplémentaire dans le cortège floristique. Celui-ci
est en effet constitué d’un socle d’espèces observées de façon quasi constante (schéma
d’assemblage expliqué plus haut), auquel s’ajoute selon les cas un cortège plus ou moins important
d’orchidées. Leur présence traduit un niveau d’exploitation extensif associé à (entre autres) :
 des sols pauvres en éléments minéraux, notamment limitant (P et K), limitant la concurrence
avec des espèces prairiales et laissant s’exprimer un cortège floristique diversifié ;
 l’absence d’effet délétère direct ou induit par la fertilisation sur les populations d’orchidées ;
 le bon fonctionnement des communautés de champignons mycorhiziens (*) qui interviennent
dans le cycle de vie des orchidées ;
 une localisation dans un réseau de pelouses interconnectées.
Malgré des conditions favorables, toutes les pelouses n’ont pas la chance d’héberger un cortège
d’orchidées. Il y a donc lieu de trouver des indicateurs floristiques complémentaires pour nuancer le
diagnostic et donner une indication sur l’état écologique en l’absence d’orchidées (ou avec un
cortège réduit). Parmi les autres indicateurs floristiques possibles, les espèces rudérales (tableau 6)
offre une complémentarité intéressante avec la richesse en orchidées (figure 7). La relation entre les
richesses d’orchidées et d’espèces rudérales montre que les deux groupes d’espèces peuvent
cohabiter (Zone I) mais que le nombre d’orchidées est d’autant plus faible que le nombre d’espèces
rudérales est élevé. A l’inverse, il existe une zone d’exclusion entre orchidées et espèces rudérales
(Zone II), la limite entre les deux zones étant matérialisée par la courbe verte en pointillé.
1
La notion de bon état écologique ne correspond pas tout à fait à celle d’état de conservation au sens de
Natura 2000 (échelle des sites ou des stations – méthode MNHN). Cette dernière comprend aussi un ensemble
de critères non biologiques (pressions, menaces) ou indirectement liés à la biodiversité (aire de répartition). Le
bon état écologique peut par contre être rapproché des critères de « structures et fonctions » ou d’ « espèces
typiques » de l’état de conservation.
14
Bellis perennis
Cirsium vulgare
Convulvulus arvensis
Crepis vesicaria subsp. taraxacifolia
Daucus carota
Erigeron annuus
Lapsana communis
Medicago lupulina
Melilotus albus
Potentilla reptans
Sonchus asper
Taraxacum officinale
Verbascum lychnitis
Verbena officinalis
Veronica persica
Figure 7. Relation entre richesses en orchidées et
espèces rudérales dans les relevés de végétation
de pelouses sèches des Bauges (nb. relevés =
156).
Tableau 6 : groupe écologique des espèces
rudérales (apparaissant aussi dans d’autres
contextes perturbés tels que friches, zones
piétinées, cultures sarclées, potagers, …)
D’autres indicateurs plus spécifiques traduisant la dynamique de la végétation (présence d’espèces
d’ourlets) ou l’intensité du pâturage (présence d’espèces en rosette) ont été testés, sans succès,
probablement en raison des données disponibles en présence/absence uniquement.
Cependant, même en l’absence de données quantitatives, on peut associer présence d’espèces
rudérales et intensité du pâturage. Les pâturages intensifs sont soumis à une vaste gamme de
perturbations : perturbations mécaniques, ouvertures du sol, fertilisation organique (déjections),
excès d’azote d’ammoniacal (urines), refus de pâturage, etc. Sans rentrer dans le détail des
particularités de chaque espèce, les espèces rudérales du tableau 6 sont fortement liées à ces
conditions de pâturage intensif.
L’échelle de détection des espèces est celle du relevé de végétation (simple ou phytosociologique)
effectué sur des surfaces atteignant au maximum 50 m². Il est par conséquent difficile de comparer
les résultats avec ceux de l’évaluation de l’état de conservation suivant la méthode MNHN ou encore
avec les pratiques agricoles, tous deux renseignés à l’échelle de la parcelle agricole.
Enfin, il faut rappeler que cet indicateur de cortège d’orchidées ne peut s’appliquer qu’aux pelouses
de basse et moyenne altitude jusqu’à une altitude de 900 à 1000 m environ. Au-delà, le cortège se
réduit naturellement et d’autres indicateurs de bon état écologique doivent être utilisés.
15
Conclusions et perspectives
Ce travail a permis de proposer une typologie des pelouses sèches du rebord méridional du Massif
des Bauges sur la base de groupes socio-écologiques d’espèces, ainsi que des indicateurs de bon état
écologique des pelouses. Cortège d’orchidées et présence d’espèces rudérales sont à ce stade les
meilleurs indicateurs positif ou négatif pour évaluer cet état.
Néanmoins, quelques interrogations subsistent et des pistes d’actions sont proposées:






Test in-situ de la typologie et des indicateurs d’état écologique avec des techniciens de la
biodiversité ou agricoles ;
Acquisition de données quantitatives supplémentaires (relevés de végétation) et test
d’autres indicateurs ;
Définition des éléments des cahiers de charges de gestion ;
Application de la démarche aux prairies maigres de fauche et aux pelouses sèches
montagnardes (alpages) ;
Intérêt de constituer un réseau de pelouses de référence et choix en commun (expert
botanique et PNRB) des pelouses de ce réseau ;
Réflexion en vue de l’utilisation des indicateurs de bon état écologique à l’échelle de la
parcelle ?
16
Pour aller plus loin …
Relevé de végétation : liste des espèces végétales présentes dans une entité physionomiquement
homogène du tapis végétal. Seule la présence est notée dans un relevé simple. L’abondance est
notée dans le relevé phytosociologique (échelle d’abondance de Braun-Blanquet). La surface d’un
relevé de végétation en pelouse se situe en général entre 16 et 50 m².
Echelle parcelle, échelle relevé : ces deux niveaux d’observation ne sont pas identiques. Une parcelle
peut-être constituée de plusieurs types de pelouses en fonction de la pente et du bilan hydrique.
L’utilisation des listes d’espèces positives et négatives doit donc s’effectuer séparément sur des
portions échantillon de chaque type.
Méthode d’analyse des relevés : les relevés de végétation sont traités dans le logiciel JUICE (TICHÝ
2002) avec la fonction « Cocktail groups » (BRUELHEIDE 2000) pour créer les groupes socio-écologiques
d’espèces et détecter leur présence dans les relevés.
Mycorhizes et orchidées : « Les orchidées sont toutes associées à des champignons, au moins lors de
leur germination. En effet, elles produisent des graines dépourvues de réserves, totalement
dépendantes des champignons pour leur germination. Cette association se prolonge à l’âge adulte,
mais la dépendance n’est que rarement maintenue, puisque la plupart des orchidées réalisent la
photosynthèse et assurent leur propre nutrition organique. Néanmoins, elles restent associées à des
champignons mycorhiziens, qui leur apportent eau et sels minéraux. La forme et le fonctionnement de
ces mycorhizes en font un type de symbiose à part, les mycorhizes orchidoïdes. » (ROY & SELOSSE
2012).
Fertilisation et orchidées : La fertilisation minérale exerce un effet négatif indirect sur les populations
d’orchidées par la concurrence des graminées et autres grandes dicotylédones (épaississement du
tapis végétal). L’effet négatif est renforcé en cas de fertilisation au phosphore, probablement par
effet toxique (SILVERTOWN et al. 1994). Peu de données existent sur les effets de la fertilisation
organique, mais il est très probable que l’azote ammoniacal du lisier et urines exerce un effet corrosif
sur les mycorhizes orchidoïdes.
17
Documentation additionnelle
Sont joints à ce rapport, au format numérique :


Le tableau de relevés de végétation (156 relevés en présence absence) au format JUICE
Le tableau des informations attributaires des relevés :
o Données de base : auteur, année, …
o Données calculées : n° groupe du tableau JUICE, nombre d’espèces des groupes
socio-écologiques, nombre d’espèces rudérales, ….
Bibliographie
Manneville O., 2013. Notions essentielles sur les pelouses sèches – Répartition et diversité en RhôneAlpes. Actes premières rencontres pour la conservation des pelouses et coteaux secs de RhôneAlpes, Montalieu-Vercieu 2012, pp. 11-14,
http://avenir.38.free.fr/images/docs/Rencontres_Pelouses-seches_Actes.pdf.
Tichý L., 2002. JUICE, software for vegetation classification. Journal of Vegetation Science Volume 13,
Issue 3, pages 451–453.
Bruelheide H., 2000. A new measure of fidelity and its application to defining species groups. Journal
of Vegetation Science Volume 11, pages 167-178.
Roy M., Selosse M.-A., 2012. Les orchidées : des racines truffées de champignons. Actes du colloque
scientifique 2012 « Alliance au pays des racines ».
Silvertown, J., D. A. Wells, M. Gillman, M. E. Dodd, H. Robertson, and K. H. Lakhani. 1994. Shortterm effects and long-term after-effects of fertilizer application on the flowering population of greenwinged orchid Orchis morio. Biological Conservation 69:191–197.
18
Ain
Drôme
Isère
Hautes-Alpes
Savoie
Alpes-de-Haute-Provence
Haute-Savoie
Siège2:2Domaine2de2Charance2b2MLMMM2Gap2b2Tély2MM2KK2sMuO2NI2LK2LJ2BI2b2Fax2MM2KK2sMuO2NI2L@2NO2LB
Antenne2Alpes2du2nord2f2Ain2:2@OB2rue2Pasteur2b2ZKMMM2Chambéry2b2Tély2MM2KK2sMuO2ZN2IJ2JL2ZM
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Crédits2photos2:2Alexis2MIKOLAJCZAK2b2CBNA
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