La Lune reste à découvrir, ou, plus précisément, à redécouvrir.
Après la réussite des missions Apollo, les regards ont pu se
tourner tout naturellement, mais trop rapidement peut-être,
vers les rivages attrayants et colorés de la planète Mars. Les
images actuelles de la Lune sont pourtant très incomplètes et
réductrices : on en connaît les champs de cratères
photographiés en altitude, ou les modestes collines entourant
le site d’alunissage du LEM – sites sans aspérités choisis pour
des questions de sécurité évidentes, mais qui ne reflètent pas
la richesse des paysages lunaires. C’est un peu comme si, de
la Terre, un voyageur extraterrestre ne connaissait que des
photos aériennes et les champs de dunes du Sahara, ignorant
les paysages de l’Himalaya et des Alpes, les vallées du Grand
Canyon, les rues de Paris, ou les grottes de Lascaux …
Il suffirait de renvoyer sur la Lune un photographe –
pourquoi pas un simple robot explorateur, comme cela a
déjà été fait dans le passé – pour renouveler totalement
son image, et rapporter ce qu’il y a de plus frappant et
peut-être de plus important dans la conquête spatiale :
des paysages.
Au cœur du système solaire, la planète Mercure apparaît couverte de cratères, surchauffée le jour et glacée la nuit, d’une
atmosphère extrêmement ténue, et pourrait constituer un poste avancé idéal pour l’observation du Soleil. Plus loin, Vénus, pourtant
la plus proche de la Terre et d’une taille très voisine, restera pour longtemps une escale peu hospitalière – sinon pour les
chercheurs - cachée dernière une épaisse couche nuageuse, dans une atmosphère dense chargée en gaz carbonique et acide
sulfurique, à une température ambiante voisinant les 500°C.
A la frontière extérieure du système solaire, Pluton - avec son satellite Charon - reste une planète mystérieuse, la seule a n’avoir
encore jamais été survolée par une sonde. Avec un diamètre plus faible que celui de la Lune, et une orbite déformée – au point
qu’il lui arrive d’être plus proche du Soleil que Neptune – c’est une petite planète atypique, composée en grande partie de glace,
issue probablement des régions plus lointaines de la « ceinture de Kuiper ». Cette dernière s’étend bien au-delà de son orbite, où
prennent naissance des comètes et subsistent des concentrations d’astéroïdes, jusque dans une zone plus vaste encore, le nuage
de Oort, qui marque les confins de la sphère d’influence du Soleil.
Apollo XVI
Mars est la prochaine étape au-delà de l’orbite terrestre. Ce
futur Far West en possède l’étendue, les couleurs ocres, les
déserts de sable et les canyons. L’eau y est rare aussi, mais
dans un passé lointain elle coulait en abondance au point de
former des océans. Il en subsiste aujourd’hui suffisamment
pour répondre aux besoins de visiteurs, prisonnière des glaces
polaires, ou, très probablement, dans des nappes souterraines
accessibles à moyenne et grande profondeur. Dans l’archipel
du système solaire, Mars est la première île dont on peut
raisonnablement se demander si, demain ou après-demain,
de simple lieu d’exploration, elle franchira le pas pour
devenir une véritable colonie autonome.
Il ne faut pas espérer marcher un jour à la surface des quatre géantes gazeuses Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune : trop
massives, trop turbulentes, … et trop gazeuses. Ce n’est pas le cas de leurs satellites, dont la diversité a déjà été soulignée.
Certains d’entre eux, d’une taille importante comparable à celles de la Lune ou de Mars, ont été découverts dès les premières
observations de Galilée au XVIIième siècle.
Le satellite Europe, par exemple, subit des marées puissantes
provoquées par Jupiter, au point de dégager suffisamment
d’énergie pour réchauffer en profondeur l’épaisse couche de
glace qui la recouvre totalement. Il y a donc peut-être de
vastes étendues d’eau liquide ailleurs que sur Terre dans le
système solaire, ce qui fait d’Europe, après Mars, un site
d’étude privilégié pour les exobiologistes à la recherche de
formes de vie extra-terrestre. Près de Jupiter, toujours, Io a
donné des preuves d’activité volcanique, ou, autour de Saturne,
le satellite Titan possède une atmosphère dense de
méthane, qui a pu former des océans liquides …
Mars, photo NASA
Europe, photo NASA