La croissance cranio

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Odontologie Pédiatrique
CROISSANCE CRANIO-FACIALE
& MORPHOGENESE DES ARCADES
► CE QU'IL FAUT RETENIR
• La croissance crâniofaciale dépend de facteurs héréditaires mais subi aussi l'influence des grandes
fonctions oro-faciales, dont la face est le support et tout particulièrement la:ventilation puis la mastication.
• La morphogenèse des arcades correspond à la croissance et au modelage des bases osseuses
maxillaires et mandibulaires, en rapport avec les phénomènes de dentition. les procès alvéolaires vont
jouer un rôle de rattrapage entre la croissance mandibulaire et celle du maxillaire, d'où l'importance d'un joint
dentaire correct.
• La clé d’occlusion est le rapport inter-canine, car c’est cette zone qui subit le moins de changements
lors de la morphogénèse.
►PLAN
1.INTRODUCTION...........................................................................................................................................2
2. CROISSANCE CRÂNIO-FACIALE.............................................................................................................2
3. FACTEURS D'INFLUENCE........................................................................................................................7
4. RELATIONS AVEC LA CROISSANCE GÉNÉRALE................................................................................10
5. MORPHOGENESE DES ARCADES DENTAIRES...................................................................................12
6. CONCLUSION..........................................................................................................................................19
► BIBLIOGRAPHIE
1. AKNIN J.-J. Croissance crâniofaciale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie
dentofaciale, 23-455-C-10, 2008.
2. BERTHET A., DELAMAIRE M., JACQUELIN L.F. Interception précoce des dysfonctions orofaciales. Chir Dent France 2001, 1046, 40 - 44.
3. BENAUWT A. ET LORETTE A. : Manuel d’orthodontie pour omnipraticiens, Ed. SNPMD, Paris
1990
Louis-Frédéric JACQUELIN, PU PH Od. pédiatrique (Reims)
Yves DELBOS MCU-PH Od. pédiatrique (Bordeaux)
Annie BERTHET, MCU PH Od. pédiatrique (Reims)
Béatrice RICHARD, MCU-PH Sc biologiques (Bordeaux)
lf.jacquelin@univ‐reims.fr v 2.00 - septembre 2009
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1.
INTRODUCTION
• La connaissance des phénomènes de croissance est nécessaire en odontologie pédiatrique ou en
orthopédie dento-faciale : il est important de pouvoir situer l’enfant sur sa courbe de croissance,
pour en connaître le taux et la quantité résiduelle afin d’établir un diagnostic et un plan de
traitement adapté. Il est important de savoir ce qu’est une croissance normale et dans quelles
conditions elle peut se développer, de repérer des situations ou des évolutions pathologiques.
• Si le potentiel de croissance est en grande partie sous la dépendance de facteurs héréditaires,
il ne peut s'exprimer sans l'influence de l'environnement, représenté par les grandes fonctions
oro-faciales, dont la face est le support : ventilation, mastication mais aussi vision et olfaction ou
qui lui sont étroitement attachées : déglutition, phonation.
• La morphogenèse des arcades correspond à la croissance et au modelage des bases osseuses
maxillaires et mandibulaires, en rapport avec les phénomènes de dentition. Rappelons (cf cours
de physiologie dentaire appliquée) que le terme de dentition désigne la dynamique d'évolution de la
denture, (formation des bourgeons dentaires, minéralisation, éruption, mise en occlusion) alors que
la denture, qui représente l'ensemble dents, n'est qu'un terme descriptif d'anatomie.
2.
CROISSANCE CRÂNIO-FACIALE
2.1.
2.1.1
CROISSANCE DU CRÂNE
Base crânienne
• La base crânienne correspond à une entité plus large que l'on pourrait penser puisqu'elle comprend
non seulement le sphénoïde, l'ethmoïde et l'occipital mais aussi le frontal et les 2 pariétaux réunis
par des synchondroses ou des sutures membraneuses. Les synchondroses, sous la dépendance de
facteurs génétiques, sont responsables de la croissance primaire ; les sutures membraneuses, sous la
dépendance de facteurs environnementaux, de la croissance adaptative.
• L'augmentation en longueur et en largeur, essentiellement due aux synchondroses, est complétée
par une croissance modelante (aposition/résorption) responsable d'une augmentation en épaisseur et
de la sculpture ou de l'adaptation des loges et orifices anatomiques.
• La croissance de la base crânienne a d'importantes répercussions sur l'architecture crânio-faciale.
• Repère : ossification de la suture sphénobasillaire à 18 ans
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2.1.2
Voûte crânienne
• La voûte crânienne se constitue à partir d'éléments du frontal, pariétal, occipital et des grandes
ailes du sphénoïde. La croissance repose sur des mécanisme d'ossification membraneuse et de
phénomène de résorption interne sous l'influence de l'expansion du cerveau qui va doubler de
volume entre 0 et 6 ans, tripler entre 0 et 20 ans.
• Repère : fermeture de la dernière fontanelle (bregmatique) à 3 ans.
2.2.
2.2.1
CROISSANCE FACIALE
Croissance du complexe naso-maxillaire
• Outre les os maxillaires, ce complexe englobe l'os lacrymal, os nasal, l'os zygomatique, le palatin
et le cornet inférieur. Les processus d’accroissement qui s’effectuent dans les trois sens de l’espace
sont d'origine suturale et de remodelage periosté.
• Pour Enlow, le mécanisme de croissance modelante est synchrône de la croissance suturale et de
même nature. Ce mécanisme est continu, successif et simultané, s’effectuant d’un bout à l’autre de
l’os, auquel il garde sa forme et ses proportions.
2.2.2
Croissance transversale
• Les sutures médianes internasales, intermaxillaires et interpalatines unissent des os
essentiellement d’origine membraneuse et n’ont pas de potentiel de croissance propre mais se
comportent suivant le mot de Delaire comme « des joints de dilatation à rattrapage automatique ».
Après cinq ans, ces sutures sont pratiquement inactives à l’exception de la suture palatine
médiane . Le palais s’élargit en arrière par l’allongement divergent de l’arcade, au fur et à mesure
de l’apparition des dents monophysaires. En revanche la suture palatine médiane n’est pas
synostosée avant 25 ans ce qui provoque une augmentation de la largeur intermolaire plus forte que
la largeur intercanine d’où un élargissement en éventail.
• Le modelage comprend des phénomènes d’apposition d’os à la surface de certaines zones et
de résorption dans d’autres. Ce mode de croissance deviendrait plus important avec la baisse
d’activité des sutures.
• L’action des fonctions regroupant la vision, la respiration, la phonation et la déglutition
détermine la notion de « matrice fonctionnelle » pour Moss. Il s'agit de l'ensemble des tissus
mous et des espaces vides liés à une fonction donnée, qui exercent une action sur les os de la face et
participent à leur conformation et leur orientation. Le maxillaire est un véritable carrefour
fonctionnel de la face ; sa position dans l’espace, sa croissance n’étant pour Moss que des réponses
à la croissance primaire de ses matrices fonctionnelles.
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2.2.3
Croissance verticale et antéro-postérieure
• Ces deux croissances, liées entres elles, sont sous l’influence du système adaptatif sutural
périmaxillaire et des phénomènes de remodelage.
• La croissance antéro-inférieure du maxillaire se fait grâce à l’action des sutures frontomaxillaires, maxillo-malaires, zygomatico-malaires, ptérygo-palatines, prémaxillo-malaires et
palatines transverses sous l’influence active du septum nasal. La croissance du septum nasal
sollicite l’allongement du maxillaire en induisant la croissance au niveau des sutures précédentes.
• La suture palatine transverse joue un rôle important dans la croissance antéro-postérieure
au niveau du palais : son activité de cette suture persiste jusqu’à la fin de la croissance. Au cours
de la croissance, cette suture se déplace vers l’arrière et en dehors ce qui permet l’écartement des
tubérosités et la divergence de l’arcade alvéolo-dentaire supérieure.
• Le modelage prend une importance fondamentale, en avant au niveau de l’épine nasale
antérieure et surtout au niveau des tubérosités et des apophyses ptérygoïdes qui jouent le rôle
principal dans la croissance sagittale. Cette poussée sagittale, s'accompagne d'une résorption de la
zone antérieure et inférieure du maxillaire, ce qui rend plus saillante la partie maxillaire
correspondant au nez.
• La croissance périostée assure une croissance proportionnée des os et intervient à différents
niveaux
–
–
–
–
–
au niveau des procès alvéolaires qui se développent par apposition osseuse contribuant à la
croissance verticale totale du complexe naso-maxillaire tout au moins dans sa partie
postérieure [20].
au niveau de la voûte palatine qui suit un mouvement de descente par résorption du plancher
des fosses nasales associée à une apposition sur la face buccale du palais.
Au niveau des tubérosités et des crêtes alvéolaires par une apposition osseuse importante
permettant l’allongement de l’arcade dentaire
Au niveau du bord libre postérieur de la lame horizontale du palatin par une apposition
osseuse permettant l’allongement du palais osseux
Au niveau des apophyses frontales et zygomatiques par une apposition osseuse tandis que la
partie antérieure du maxillaire se creuse par résorption caractérisant le remodelage des
contours externes de la face.
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2.3.
CROISSANCE MANDIBULAIRE
• La mandibule, eos impair, médian, et symétrique : c’est le seul os mobile de la face grâce à
l'articulation temporo-mandibulaire qui le relie à la base du crâne.
• Selon Moss et Schudy, la mandibule est la réunion de quatre entités qui s’accroissent
individuellement :
–
–
–
–
corps
procès alvéolaire antérieur
procès alvéolaire postérieur
branche (dite montante) et te mandibulaire (condyle)
2.3.1
accroissement en largeur
• A la naissance, la mandibule est constituée de deux parties réunies sur la ligne médiane par la
suture symphysaire. Peu après la naissance, par disparition du cartilage de la symphyse les deux
hémi-mandibules se solidarisent.
• L’augmentation de largeur de la mandibule résulte donc essentiellement de son allongement,
associé à la divergence progressive de l’arc mandibulaire dans sa partie postérieure. La résorption
modelante contribue un peu à l’élargissement mandibulaire.
2.3.2
Accroissement en longueur
• Accroissement de la branche : il se produit une apposition osseuse très importante le long du
bord postérieur associée à une résorption du bord antérieur. Celle-ci est un peu moins importante de
telle sorte que la branche recule mais aussi s’épaissit de la naissance à l’âge adulte. Ce processus
continue jusqu’à l’évolution des dents de sagesse. Les deux hémicorps mandibulaires étant
divergents, il en résulte que les deux ramus s’écartent avec la croissance.
• Accroissement du corps mandibulaire : l’augmentation de longueur du corps mandibulaire
dépend essentiellement de la résorption du bord antérieur de la branche montante. Le menton se
modèle autant par résorption sus-symphysaire que par apposition symphysaire.
2.3.3
Accroissement en hauteur
• La branche mandibulaire est très courte à la naissance. Elle s’accroît grâce :
à l’activité du cartilage condylien. Pour certains auteurs le cartilage condylien est un centre
de croissance adaptative alors que pour d’autres ce serait un centre de croissance propre guidant la
croissance mandibulaire. Un remodelage osseux donne sa forme définitive à la tête et au col du
condyle. Cet accroissement va déterminer la dimension verticale en même temps que la longueur
totale de la mandibule. La croissance condylienne est appelée à s’équilibrer avec la croissance
alvéolaire pour réaliser l’occlusion dentaire.
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à l’apposition périostée sur les procès alvéolaires conjointement aux phénomènes de
dentition. Selon Petrovic, il faut considérer les mécanismes régulateurs de l’ajustement occlusal qui
interviendrait aussi dans le contrôle de la croissance du cartilage condylien.
à l’apposition osseuse le long du bord inférieur de la mandibule éloignant le canal dentaire
de la surface de l’os.
2.3.4
Direction de croissance mandibulaire
• Au cours de la croissance la mandibule se déplace vers le bas et l’avant par l’action conjuguée de
la croissance condylienne et alvéolaire. Bjork a classiquement décrit deux typologies opposées qu’il
appelle : « la rotation antérieure » et « la rotation postérieure » et qu’il explique par un différentiel
de croissance condylienne et alvéolaire.
a-
rotation mandibulaire antérieure :
b- rotation mandibulaire postérieure :
1. col du condyle orienté vers le haut et l’avant,
2. canal mandibulaire : courbure accentuée,
3. angle mandibulaire fermé,
4. bord inférieur de la mandibule sans échancrure prégoniaque,
5. axe de la symphyse orienté en haut et en avant,
(l’axe de l’incisive inférieure n’est pas dans l’axe de la symphyse)
6. corticale sous-symphysaire épaisse,
7. angles interdentaires postérieurs ouverts,
8. hauteur de l’étage inférieur de la face diminuée
1.
2.
3.
4.
5.
col du condyle orienté vers le haut et l’arrière,
canal mandibulaire : courbure faible,
angle mandibulaire ouvert,
bord inférieur de la mandibule avec échancrure prégoniaque,
axe de la symphyse incliné en haut et en arrière, (l’axe de
l’incisive inférieure est dans l’axe de la symphyse)
6. corticale sous-symphysaire mince,
7. angles interdentaires postériers peu ouverts,
8. hauteur de l’étage inférieur de la face augmentée.
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2.3.5
Croissance des procès alvéolaire
• La croissance des procès alvéolaires est de type périostée. Elle est dépendante des phénomènes
de dentition : les procès alvéolaires se développent avec l’éruption et la mise en place fonctionnelle
des dents et du desmodonte. L’os alvéolaire diminue avant la chute des dents temporaires puis se
réaccroit rapidement avec l’apparition des dents définitives et il ne regagnera sa hauteur primitive
qu’après plusieurs années.
• Pour la plupart des auteurs, les procès alvéolaires vont jouer un rôle de rattrapage entre la
croissance mandibulaire et celle du maxillaire, réduisant ainsi les malocclusions qui seraient
beaucoup plus importantes si les dents suivaient strictement les bases osseuses. La croissance des
procés alvéolaires joue un rôle important dans la hauteur de la face.
• Le rôle compensateur des procès alvéolaires se fait dans le sens antéro-postérieur mais aussi
de façon importante dans le sens vertical. Ils ne cesseront d’être remaniés pour compenser l’usure
occlusale et la dérive mésiale physiologique. De plus les procès vont être soumis aux forces
musculaires et aux fonctions environnantes de toutes sortes qui vont contribuer à la forme des
arcades alvéolaires. Leur direction de croissance est oblique en bas et en dehors au maxillaire, et en
haut et en dedans à la mandibule, ce qui explique la circonscription de la mandibule par le
maxillaire.
• Les contacts dentaires, principalement au niveau des secteurs postérieurs sont importants pour
adapter et coordonner la croissance entre le mandibule et le maxillaire.
3.
FACTEURS D'INFLUENCE
3.1.
3.1.1
FONCTIONS ORO-FACIALES
La ventilation
• La ventilation est une fonction vitale qui permet d'apporter l'oxygène nécessaire. C'est aussi celle
qui a le plus d'impact sur la croissance faciale.
• Les fonctions ventilatoires physiologiques du nez (conditionnement de l’air inspiré par
régulation des débits aériens, filtration, humidification, et réchauffement) se doublent chez l’enfant
d’une fonction morphogénétique mettant en jeu l’expansion volumétrique par le flux aérien.
En effet, le passage de l’air dans les fosses nasales est en partie responsable du développement
tridimensionnel des cavités narinaires, naso-sinusiennes et naso-pharyngées. Par conséquent, tout
trouble de la ventilation nasale ou toute pathologie de la muqueuse s’accompagnera d’une anomalie
de la croissance naso-sinusienne. Par contre la perte prématurée de dents temporaires aura peu ou
pas d’impact sur cette fonction.
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3.1.2
La nutrition : mastication et déglutition
La mastication apparaît avec l’établissement de la denture temporaire, et en particulier avec la mise
en occlusion des molaires temporaires qui coïncide avec le passage vers une alimentation de plus en
plus solide et résistante. Cette première relation d’intercuspidation va verrouiller les relations
sagittales et transversales entre les bases osseuses et assurer la coordination de la croissance des
mâchoires maxillaires et mandibulaire et aura donc un impact sur la croissance alvéolaire qui se fera
moins bien si des dents manquent.
Pour stimuler la croissance, il est indispensable que l’appareil manducateur soit sollicité dès la
naissance. Il faut veiller à l'introduction d'une alimentation solide en temps utile et de texture
appropriée. Plus l’aliment sera dur et épais, plus le travail musculaire, l’amplitude des mouvements
et la durée des cycles masticatoires seront importants. En revanche une insuffisanc de la fonction
masticatrice chez l’enfant va perturber sa croissance maxillo-faciale : d’où l’intérêt de placer des
prothèses chez de jeunes enfants édentés.
La langue joue un rôle primordial dans la morphogenèse des arcades et la position des dents, par
l’intermédiaire des pressions qu’elle exerce sur les différentes structures environnantes lorsqu’elle
est en mouvement, en fonction (déglutition, phonation), ainsi que par sa mobilité mais surtout
quand elle est au repos, car il s'agit d'un appui constant.
Avec la mastication, les réflexes de succion disparaissent normalement au profit d’une déglutition
en intercuspidie maximale avec appui de la pointe de la langue au niveau de la papille rétroincisive: c’est la déglutition de type adulte. De la naissance jusqu’à environ 4 ans il existe une
déglutition infantile qui se déroule avec les arcades dentaires séparées et une interposition de la
langue.
Le passage de la déglutition infantile à celle de l’adulte s’installe progressivement à la suite de :
l’éruption des dents,
– la diminution proportionnelle de la langue par rapport à la cavité buccale,
– la maturation neuromusculaire,
– le changement d’alimentation.
Cette période de transition dure environ 8 à 16 mois.
–
La langue, de par sa position au repos et lors de la déglutition va agir sur l’ensemble maxillo-facial.
Au repos, la langue doit être en position haute au contact de la voûte palatine, la pointe étant au
contact de la papille rétro-incisive.
La position de repos est, tout comme la déglutition, le fruit d’une lente maturation au cours de la
croissance :
–
Ainsi, jusqu’à 4 mois, la langue est constamment horizontale, pointe entre les crêtes et
même entre les lèvres;
–
Entre 4 et 6 mois, elle recule même si les dents ne sont pas apparues. La pointe n’est plus
interposée chez la majorité des enfants.
–
Entre 6 et 8 mois, elle a reculé et sa pointe est au contact du palais.
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La langue peut adopter un grand nombre de positions défavorables pour les proccès alvéolaires :
elle peut être trop haute ou trop basse ; trop antérieure ou postérieure, trop étroite, ou encore trop
large et s’étaler entre les arcades (en particulier quand des dents manquent).
• L’action morphogénétique de la posture linguale sur la croissance sagittale et transversale
du maxillaire de la voûte palatine est admise par tous les auteurs. Ceci explique les
insuffisances de développement maxillaire en relation avec la langue basse ou la microglossie. Les
indications de croissance que la langue porte sur le maxillaire seraient ensuitetransmises à la
mandibule grâce à l’occlusion dentaire répétée environ une fois par minute au cours de la
déglutition.
3.1.3
La phonation
• La phonation est l’ensemble des facteurs physiologiques et neurophysiologiques qui
concourent à la production de la voix et plus particulièrement de la parole. Elle est propre à
l’espèce humaine.Le son est émis par la glotte au niveau du larynx. Il est transformé au cours de son
passage dans les cavités pharyngées et buccales, pour devenir un langage articulé.
• Cette fonction fait intervenir les musculatures faciale, vélaire et linguale et aura une action
morphogénétique plus évidente sur l’os alvéolaire que sur l’os basal. Toute perturbation au
niveau de ces différentes musculatures aura des conséquences sur la morphogenèse maxillo-faciale.
• Selon Fournier l’ensemble posture de repos, déglutition, prononciation des palatales est
indissociable : ou bien les trois fonctions sont anormales, ou elles sont toutes les trois correctes.
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4.
RELATIONS AVEC LA CROISSANCE GÉNÉRALE
4.1.
DIFFÉRENTES PHASES DE LA CROISSANCE STATURALES
–
La période infantile de la naissance à 4 ans, période durant laquelle le taux de croissance
diminue de façon importante après un phase de croissance rapide durant les 6 premiers
mois,. Elle correspond à la période de la première dentition.
–
La période juvénile de 2 ans à 10-11 ans pour les filles et 12-13 ans pour les garçons. Le
taux de croissance staturale diminue. Elle correspond à la moyenne enfance avec
l’établissement de la denture mixte et à la grande enfance durant laquelle on notera une
grande stabilité dimensionnelle des arcades et une denture mixte stable.
–
La période adolescente de 10-11 ans pour les filles et de 12-13 ans pour les garçons jusqu’à
l’âge adulte. Elle correspond à une augmentation du taux de croissance de façon
considérable jusqu’au pic pubertaire (en moyenne 12 ans chez les filles et 14 ans chez les
garçons). Ce taux diminue ensuite progressivement jusqu’à s’annuler totalement vers 15-16
ans chez les filles et 18 ans chez les garçons.
• Selon Björk, les variations de taille de l’individu et des maxillaires sont à peu près
synchrones, sauf en fin de croissance.
• L’étude de la croissance staturale permet de donner une indication sur la croissance faciale.
Toutefois, cette courbe ne tient compte que de l’âge civil et les variations interindividuelles sont très
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importantes, ce qui ne permet pas de situer un sujet en particulier sur cette courbe, de façon fiable,
uniquement en fonction de l’âge civil. En effet seulement 40% des enfants ont un âge osseux en
phase avec leur âge chronologique. Il faudra donc déterminer l’âge osseux d’un sujet, correspondant
à un stade de développement osseux précis à partir d’une radiographie du poignet ou de la main ou
du stade de maturation sexuelle.
4.2.
RYTHME DE CROISSANCE DES DIFFÉRENTS CONSTITUANTS CRÂNIOFACIAUX : COMPARAISON.
Courbes de croissance condylienne, suturale et staturale (d'après Bjork, 1967)
• Les différents éléments crânio-faciaux connaissent des rythmes de croissance différents:
–
–
–
–
la croissance du maxillaire se termine deux ans avant celle de la mandibule avec de grandes
variations individuelles.
la croissance de la mandibule est synchrone de la croissance staturale.
le pic de croissance sutural précède celui de la croissance condylienne et staturale.
en fin de croissance, la croissance staturale s’arrête un peu avant celle de la mandibule.
• La relation entre les dimensions et les taux de croissance de la taille et des variables craniofaciales reste discutée, notamment au niveau de la mandibule. Le pic de croissance des arcades
dentaires aurait lieu entre six et huit ans au maxillaire, et entre neuf et dix ans à la mandibule.
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5.
MORPHOGENESE DES ARCADES DENTAIRES
5.1.
EMBRYOLOGIE
La morphogenèse des arcades dentaires s’étale sur une vingtaine d’années. Elle comporte des
phases d’activité, au cours desquelles apparaissent des groupes de dents et des phases de stabilité
sans modifications apparentes de la denture. Elle débute de la formation de la lame dentaire et dure
toute la vie .
• La forme des arcades dentaires s'ébauche très tôt dès la mise en place des lames dentaires.
–
entre la 4ème et 5ème semaine in utero La cavité buccale s'individualise : elle est tapissée par
un épithélium de recouvrement qui surmonte le mésenchyme ;
–
à la 7ème semaine, la future lame dentaire en forme de fer à cheval s’enfonce dans le
mésenchyme, puis se segmennte pour donner les 20 bourgeons de la denture temporaire qui
évolueront dans des cryptes osseuses séparées.
–
à la 12ème semaine, 10 nouvelles languettes s’individualisent au niveau du pédicule des dents
temporaires en direction linguale pour donner les germes des dents définitives
successionnelles (incisives, canines, prémolaires) ;
–
à la 16ème semaine, apparaît dans la partie la plus distale une grappe de 3 bourgeons Il s’agit
des molaires monophysaires : première molaire (35ème semaine), deuxième molaire (8ème
mois après la naissance) et troisième moplaire (4-5 ans) ;
• C'est la croissance néonatale qui va assurer le repositionnement des germes et permettre une
évolution normale : à la naissance, il n'y a pas assez de place pour les germes dentaire : le nouveau
né présente une rétrognathie mandibulaire, une béance antérieure avec des contact postérieurs et une
macroglossie relative. La formation des germes dentaires va s’effectuer progressivement (stade de
la cupule, de la cloche, du follicule, dentinogenèse, adamantogenèse).
Denture
Denture temporaire
Phases d’activité et d’inactivité
Phase de constitution de la denture temporaire
Phase de denture temporaire stable
Phase de constitution de la denture mixte
Denture mixte
Phase de denture mixte stable
Phase de constitution de la denture adolescente
Phase de denture adolescente stable
Phase de constitution de la denture adulte jeune
Denture permanente
Phase de denture adulte jeune stable
Phase de constitution de la denture adulte complète
Phase de denture adulte complète
Etapes de la morphogenèse des arcades dentaires (d’après Demoge, 1972)
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5.2.
PHASES DE DENTITION
5.2.1
Phase de dentition temporaire
5.2.1.1 Mise en place
• A partir de l'âge de 6 mois après la naissance, l'éruption de l'incisive centrale inférieure
temporaire ouvre le cycle de mise en place de la denture temporaire:
- Entre 6 et 12 mois : éruption du groupe incisif;
- Entre 12 et 18 mois : éruption des premières molaires temporaires;
- Entre 18 et 24 mois: éruption des canines;
- Entre 24 et 36 mois: éruption des deuxièmes molaires temporaires.
Vers l'âge de 3 ans, l'occlusion entre les deux arcades est bien établie. A 4 ans toutes les dents
temporaires doivent être présentes en bouche.
5.2.1.2 Phase de denture temporaire stable
• Deux types de dentures temporaires sont normalement rencontrées :
–
Le type I de Bume se caractérise par la présence de diastèmes. Deux de ces espaces sont
remarquables, en avant de la canine maxillaire, et en arrière de la canine mandibulaire : Ces
"espaces des primates" correspondent aux zones neutres décrites pendant le stade
embryonnaire.
–
- Le type II de Bume ne présente pas de diastèmes : les dents temporaires sont en rapport par
des surfaces de contact.
• Les arcades dentaires temporaires se présentent sous la forme d'un demi-cercle régulier.
Dans le sens sagittal, le plan occlusal de référence est parallèle au plan de Camper. A l’intersection
de ce plan se trouve le bord libre des incisives centrales, la pointe des canines, et le sommet des
cuspides mésio-vestibulaires des deux molaires temporaires maxillaires. Dans le sens transversal, le
plan occlusal reliant les cuspides vestibulaires et palatines des dents postérieures est plat. En
occlusion, l'engrènement est peu profond : le recouvrement incisif est léger, et tend vers un "bout-àbout".
• Le repère d'occlusion est constitué par les canines : la pointe de la canine supérieure tombe très
exactement dans l'interligne de la première molaire temporaire et de la canine temporaire inférieure.
Dans le sens mésio-distal, les molaires établissent entre elles des rapports variés, dont la résultante
clinique est définie par le "plan terminal" ou plan de Chapman. Le plan terminal se définit comme
le rapport existant entre les tangentes aux faces distales des deuxièmes molaires supérieures et
inférieures.
• Rôle dans le développement de la mastication : la mastication se substitue à la déglutition13 / 19
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succion au fur et à mesure de la mise en place du système dentaire. Ainsi, les premiers mouvements
associés à la tétée sont uniquement antéro- postérieurs. Puis l'interposition des incisives va induire
l'établissement de mouvements verticaux et latéraux, définissant les cycles masticatoires.
• Rôle dans le développement du massif facial : La croissance verticale de l'étage inférieur de la
face se fait parallèlement à l'édification alvéolaire des dents temporaires et à l'apparition de la zone
germinative des dents permanentes. La croissance dans le sens antéro-postérieur est le résultat de
phénomènes d'apposition osseuse au niveau de la tubérosité maxillaire, et de phénomènes de
résorption osseuse aux dépends du bord antérieur du ramus ascendant mandibulaire. Ceci permet la
création des espaces nécessaires à l'évolution des molaires monophysaires.
• Schéma directeur de la dentition adulte : L'examen de la denture temporaire permet d'établir un
pronostic quant au développement harmonieux des arcades dentaires permanentes : « les dents
temporaires construisent la cavité buccale, les dents permanentes l'entretiennent… »
A la fin du stade de denture temporaire, toutes les dents permanentes successionnelles sont en partie
édifiées. Elles font partie intégrante de la région apicale, telle que l’a définie Van der Linden.
5.2.2
Phase de dentition mixte
5.2.2.1 Mise en place
• Eruption des dents de 6 ans : La première molaire permanente fait son apparition vers l'âge de 6
ans, en ayant pour guide la face distale de la deuxième molaire temporaire. Le plan terminal
constitue donc un élément de diagnostic des futurs rapports d'occlusion molaire.
– Plan terminal à marche mésiale : Le rapport mésial des molaires temporaires inférieures
par rapport à leurs homologues supérieures va permettre, d'emblée, l'établissement d'une
classe I d'Angle. Cependant, dans le cas de diastèmes plus importants à la mandibule qu'au
maxillaire, une mésialisation excessive de la molaire inférieure implique l'établissement
d'une classe III d'Angle.
– Plan terminal à marche distale : La distocclusion des deuxièmes molaires temporaires
aboutit à une classe II d'Angle des molaires permanentes.
– Plan terminal droit : C'est le schéma le plus fréquemment rencontré: les faces distales des
molaires temporaires maxillaires et mandibulaires sont sur une même tangente: les dents de
6 ans établissent d'abord des contacts en "bout-à-bout". Deux cas de figure se présentent :
1. En denture temporaire de type 1, la poussée éruptive des molaires permanentes
ferme les diastèmes et conduit à une classe I d'Angle en quelques mois.
2. En denture de type 2, la normocclusion ne sera obtenue qu'au moment du
remplacement plus tardif des molaires temporaires par des prémolaires plus étroites
dans leur diamètre mésio-distal.
• éruption du bloc incisif.
– A la mandibule, les incisives permanentes évoluent en position linguale, ce qui peut aboutir
à une "double rangée dentaire", premier signe d'un encombrement antérieur. Cependant, un
encombrement de 1 à 2 mm, transitoire, est souvent observé.
– Au maxillaire, le bloc incisivo-canin de remplacement est d'un diamètre mésio-distal
nettement supérieur à celui de son homologue temporaire: l'alignement est alors conditionné
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par trois facteurs :
1. La présence de diastèmes;
2. La proversion incisive permanente relative, par rapport aux incisives temporaires;
3. La croissance alvéolaire transversale inter-canines.
• Au maxillaire, les canines supérieures n’apparaissent que tardivement, au moment de la
deuxième phase de dentition mixte. Les incisives permanentes émergent sur l’arcade en distoversion, sous la pression éruptive des incisives latérales permanentes. Ces dernières apparaissent
également sur l’arcade en disto-version, sous la poussée des germes des canines permanentes. Ce
stade transitoire, où les incisives permanentes ont des axes divergents, en “éventail”, est appelé
stade du “vilain petit canard” par Broadbent. Les diastèmes inter-incisifs de la moyenne enfance ne
sont pas pathologiques, en tout cas dans une première approche.
La mise en place des canines, en fin de dentition mixte (11-12 ans), rétablit l’équilibre
et l’esthétique du secteur antérieur. La persistance des diastèmes antérieurs au-delà de cet âge peut
laisser présager la présence d’un frein médian hypertrophique, ou d’un odontoïde surnuméraire en
inclusion.
5.2.2.2 Phase de denture mixte stable
• Entre la huitième et la dixième année, les phénomènes de dentition subissent une pause,
parallèlement à la diminution du potentiel de croissance pendant cette période. Cette discontinuité
est également liée à la modulation:
– de la vitesse d'édification corono-radiculaire des germes ;
– -de la rhizalyse des dents temporaires.
• Cette phase constitue la période idéale de traitements précoces, interceptifs (de
malocclusions, dyspraxies, parapraxies, et de pertes prématurées dentaires dans les secteurs
latéraux).
5.2.2.3 Fin de la phase de denture mixte
• Cette étape de la morphogénèse correspond au remplacement des canines et molaires
temporaires, entre la dixième et la douzième année. Les secteurs latéraux de l'arcade temporaire
sont donc limités mésialement par les incisives
latérales permanentes, et distalement par les premières molaires permanentes. Une transition
harmonieuse vers la dentition adulte jeune implique donc une bonne gestion de l'espace disponible,
associée à une chronologie d'éruption bien définie.
• Notion d'espace : les canines et prémolaires permanentes n’occupent pas l'intégralité des
secteurs latéraux de la denture temporaire. Il y a mésialisation des dents de 6 ans lors de
l'établissement de la classe I d'Angle. Cette espace de dérive mésiale, ou "lee-way space", est plus
important à la mandibule (1,7 mm environ), qu'au maxillaire (0,9 mm en moyenne).
• Chez l’enfant en denture mixte, la région apicale moyenne intéresse la zone incluant les germes
des dents permanentes et les racines des dents temporaires, de la face mésiale de la canine à la face
mésiale de la première molaire permanente.
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Au cours de la deuxième phase de denture mixte, la correspondance entre la position des dents
temporaires et des dents permanentes s'établit comme suit :
•
A la mandibule : Du fait d’une croissance mandibulaire plus importante, tant dans le sens
transversal que sagittal, les dents inférieures disposent d’un espace d’éruption plus vaste par
rapport au maxillaire, ce qui favorise un remplacement harmonieux. La canine permanente
est inclinée légèrement en lingual, près du bord inférieur de la mandibule. Les germes des
deux prémolaires sont plus haut situés, la première prémolaire étant la plus superficielle.
Des variations sont possibles dans le sens sagittal, selon la dimension de la région apicale.
La canine occupe l'espace de son homologue temporaire, ainsi que l'espace des primates. La
première prémolaire remplace la première molaire temporaire, sans modification de
position. La deuxième prémolaire est mésialée par rapport à la deuxième molaire
temporaire, par le jeu de la différence des diamètres mésio-distaux.
•
Au maxillaire : Le germe de la canine est très haut situé, en inclinaison mésiale. Sa face
distale regarde le collet du germe de la première prémolaire, cette dernière étant plus proche
du plan occlusal que la seconde prémolaire. La canine permanente, très volumineuse,
occupe l'espace de la canine temporaire et une partie de celui de la première molaire
temporaire : la première prémolaire se trouve donc distalée par rapport à cette dernière. Par
voie de conséquence, la deuxième prémolaire est également distalée : le lee-way est plus
faible qu’à la mandibule.
• Notion de temps : A l'arcade inférieure, le bloc incisif et les premières molaires permanentes
ont une éruption simultanée. Après une phase de latence plus ou moins longue, canines et
prémolaires apparaissent dans l’ordre chronologique (3, 4, 5). La deuxième molaire permanente est
contemporaine de la deuxième prémolaire. La troisième molaire permanente évolue de manière très
inconstante.
A l'arcade supérieure, la première molaire permanente précède nettement le bloc incisif. La
canine permanente émerge tardivement, après la première (voire la deuxième) prémolaire, en même
temps que la deuxième molaire permanente.
Dans le cadre d’un remplacement harmonieux, il est souhaitable que la deuxième molaire
temporaire soit la dernière dent temporaire à s'exfolier.
5.2.3
Phase de dentition adulte
5.2.3.1 Phase de dentition adulte jeune
• La dentition adulte jeune débute avec la mise en place des deuxièmes molaires permanentes.
A la mandibule, les germes des deux dernières molaires monophysaires sont en mésio-version.
L'axe de ces dents devient vertical au fur et à mesure des phénomènes de résorption du bord
antérieur de la branche montante.
• Au maxillaire, les germes sont en version distale. Ils se redressent en fonction de l'apposition
osseuse rétro-tubérositaire.
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5.2.3.2 Denture adulte permanente
• Evolution en phase adulte : A partir de la mise en occlusion des troisièmes molaires
permanentes, les seuls remaniements physiologiques de la denture seront fonction de l'usure
occlusale, et de l'usure des faces proximales, entraînant une discrète mésialisation des arcades tout
au long de l'existence.
• Ainsi, la denture est la résultante de la dynamique d'action des masses musculaires : elle
trouve son équilibre dans le "couloir dentaire" définit par la musculature linguale d'une part, et les
muscles buccinato- orbiculaires d'autre part.
5.3.
5.3.1
VARIATION DE LA FORME D'ARCADE
Forme générale d'arcade
• A la naissance, la crête mandibulaire est en retrait par rapport à la crête maxillaire, dans le
sens sagittal. Les deux arcades ne sont en contact que par leur partie la plus postérieure. Puis
la macroglossie relative, et les mouvements antéro-postérieurs liés à la déglutition-succion,
corrigent peu à peu cette rétromandibulie.
• A 3 ans, les arcades sont en "bout-à-bout", et présente une forme semi-circulaire. Dans le cas
des arcades permanentes, la mandibule est circonscrite par le maxillaire, dans une configuration
elliptique. Le plan occlusal plat des arcades temporaires s'incurve au fur et à mesure de
l'établissement de la dentition adulte. Sur le plan sagittal, c'est la courbe de Spee. Sur le plan
transversal, c'est la courbe de Monson.
5.3.2
Périmètre d'arcade
• Le périmètre d'arcade se définit par la mesure d'une ligne dont les extrémités se situent au niveau
des faces distales des deuxièmes molaires temporaires (ou des deuxièmes prémolaires), et dont la
courbure suit les cuspides vestibulaires et les bords incisifs des dents antérieures.
• Au maxillaire, ce périmètre augmente d'environ 1 mm de la denture temporaire à la denture
permanente. En effet, la version vestibulaire des incisives et des canines compense largement la
dérive mésiale des dents de 6 ans, relativement faible.
• A la mandibule, dans le même temps, le périmètre d'arcade diminue de 4 mm. C'est la
conséquence de la position linguale des incisives permanentes, et d'une dérive mésiale importante
des premières molaires permanentes.
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5.3.3
Longueur ou flèche d'arcade
• La flèche d'arcade se mesure sur la perpendiculaire entre la tangente aux faces vestibulaires des
incisives centrales et la tangente aux faces distales des deuxièmes molaires temporaires (ou de leurs
remplaçantes).
• En denture temporaire, la flèche reste stable aussi bien dans le type 1 que dans le type 2 de
Baume. Puis la flèche diminue entre 3 et 18 ans, de manière plus sensible à la mandibule par rapport
au maxillaire.
5.3.4
Largeur d'arcade
• Au niveau des canines.
•
Au maxillaire, l'augmentation de la largeur d'arcade est de 5 mm entre 5 et 15 ans : les
progressions les plus significatives se situent :
◦
à l’âge de 3-4 ans, début de la denture temporaire stable, l’augmentation est faible
(correspondant au déclin de potentiel de croissance),
◦
vers 6-8 ans, l’augmentation de 3 mm environ, débute au moment de l’éruption des
incisives centrales permanentes et se termine lors de la complète éruption des latérales,
◦ -vers 12 ans, la croissance inter-canine atteint 2 mm, au moment de l'éruption des
canines. la largeur inter-canine décroît légèrement par la suite.
•
A la mandibule, cette largeur reste stable jusqu’à l’âge de 5 ans, puis augmente, de 2 à 3 mm
◦ en moyenne, au moment de l'éruption des incisives (6-8 ans). Cette augmentation est
supérieure.
◦ dans le cas d’une arcade de type II (sans diastèmes). La largeur inter-canine reste stable
à partir de leur éruption (9 ans).
• Au niveau molaires temporaires & prémolaires.
La croissance transversale de l'arcade est faible (moins de 2 mm), tant au maxillaire qu'à la
mandibule. Elle est plutôt le reflet de la croissance alvéolaire, qu'une véritable croissance
squelettique
Le gain est de :
– 1,3 mm au maxillaire de 3 à 13 ans,
– 2 mm à la mandibule de 6 à 13 ans.
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6.
CONCLUSION
• Croissance cranio-faciale et dentition : la croissance asynchrone de la base du crâne, de la face,
des maxillaires, fait évoluer les rapports inter-dentaires.
BJORK affecte à la croissance condylienne un rôle influent dans l’établissement de l'occlusion.
Selon DELAIRE, la dentition correspondrait à un "joint de rattrapage" entre deux pièces osseuses
qui s'éloignent au cours du développement :
– Le maxillaire supérieur, partie intégrante du complexe cranio-facial,
– La mandibule, dont le point d'ancrage se situe au niveau de l'ATM.
A l'opposé, MOSS intègre les phénomènes de dentitions dans les "matrices fonctionnelles":
en tant que telles, elles sont responsables de la formation de l'os alvéolaire, et par voie de
conséquence, de la croissance de l'étage inférieur de la face. PETROVIC a montré qu'une
modification occlusale peut être le point de départ de changements adaptatifs de la croissance
faciale.
La réalité, en terme de physiologie, se situe probablement dans une synthèse: ces différentes
théories ne sont pas en opposition, mais reflètent des situations complémentaires dans la croissance.
• La morphogénèse des arcades est un processus discontinu, la première comme la deuxième
dentition présentant des périodes de stabilité. Les séries dentaires peuvent être classées en deux
types, selon qu’elles sont précédées ou non de dents temporaires.
• La clé d’occlusion est le rapport inter-canine, car c’est cette zone qui subit le moins de
changements lors de la morphogénèse :
–
Le secteur incisif s’adapte à l’équilibre neuro-musculaire entre la langue et les lèvres.
–
Les premières molaires permanentes subissent un mouvement de rotation vers l’avant
pendant leur éruption, avec pour guide les faces distales corono-radiculaires des deuxièmes
molaires temporaires.
–
L’équilibre des secteurs latéraux est le résultat du remplacement harmonieux des molaires
temporaires par les prémolaires
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