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Confession catholique et musulmane : origine commune
Certains disent : "Le Dieu de l’Evangile n’est pas le Dieu du Coran." Être si catégorique est une erreur ! Le texte du
Concile Vatican II, Nostra Aetate, entre autres, stipule que les musulmans adorent un Dieu unique et miséricordieux,
et le pape Jean-Paul II a souvent parlé des relations entre chrétiens et musulmans en disant : "Nous adorons le même
Dieu." Evidemment, nous l’adorons et nous y croyons différemment. Les chrétiens croient que Dieu s’est révélé par
les prophètes et s’est incarné en son fils Jésus Christ. C’est le mysère pascal : un scandale pour les juifs, une folie
pour les païens ! Les musulmans croient aussi que Dieu a parlé par les prophètes, que Jésus est verbe de Dieu, né de
la Vierge Marie, mais, tout comme les juifs, ils ne croient pas que Jésus est Dieu est fait homme. Il y a là une
différence radicale qui prend corps dans la conception de la personne du Christ. Et pourtant, beaucoup de chrétiens
ignorent que dans le Coran, sus et Marie sont "signes pour le monde".
Le patrimoine spirituel et éthique commun entre chrétiens, musulmans et juifs se résume en trois points. D’abord,
dans chacune de ces religions, Dieu est créateur. L’homme vient de Dieu et retourne à Dieu. Ensuite, Dieu aime celui
qui pratique la justice : miséricorde et pardon sont présents dans le Coran, le Talmud ou la Bible. Enfin, la mort est
un passage, non un terme. Cela suppose dans les trois religions une véritable espérance dans la vie éternelle.
Cependant, si l’on affiche seulement les valeurs communes, on risque le syncrétisme qui conduit à une impasse et
non au vrai dialogue. Il est important de tenir compte aussi de ce qui nous distingue. Il y a deux difrences
fondamentales. La première est la conception de la personne du Christ. La seconde est le livre. La chrétienté est une
religion de la Parole et non de l’écrit. Nous avons, avec les juifs, un point de convergence : l’Ancien Testament.
Mais, d’une part, le Talmud n’est pas l’Ancien Testament et, d’autre part, nous, chrétiens, percevons l’Ancien
Testament à la lumière du Christ. Le christianisme n’est pas un "judaïsme amélioré", c’est une nouvelle religion,
celle du Christ, entérinée au premier Concile de Jérusalem. En ce qui concerne le Coran, pendant des siècles, il y a eu
des polémiques mais la possibilité de regarder le Coran autrement existe. Saint François d’Assise par exemple s’est
aperçu que les sultans d’Orient croyaient en Dieu, en la Vie éternelle, qu’ils respectaient la personne de Jésus... en
pleine croisade, rendez-vous compte ! Timothée, évêque d’Ephèse, constatait au 1er siècle que Mohammed avait
suivi la voix des prophètes en annonçant le Dieu unique. L’occident contemporain considère l’islam comme une
agression politique et religieuse, mais ce n’est pas le cas partout, ni de tout temps.
Aujourd’hui, avec une bonne connaissance du catholicisme, du judaïsme et de l’islam, nous pouvons affrimer que si
nous sommes catholiques, c’est, certes, parce que nous avons des parents catholiques, mais surtout parce que nous
sommes convaincus que le mystère du Christ est au coeur de l’existence humaine et de l’histoire du monde. Le
Christ, sa vie, sa mort et sa résurrection éclairent, notamment et sans y apporter de réponse, le problème du mal, de la
souffrance. Le Christ en croix est l’expression du dessein mystérieux de Dieu qui entre dans la souffrance humaine et
nous prouve que la mort n’a pas le dernier mot. Nous reconnaissons et aimons les valeurs qu’il y a dans le judaïsme
ou dans l’islam... mais il leur manque le Christ !
En conclusion, il y a un verset du Coran qui dit : "Si Dieu le voulait, il ferait une seule religion, or il y en a plusieurs,
cherchez à être fidèle et Dieu vous éclairera."
Jean-Paul II, dans un discours prononcé le 19 août 1985 à Casablanca, a repris cette même idée en disant : "Il y a là
un mystère sur lequel Dieu nous éclairera un jour, j’en suis certain."
La diversité des religions est un scandale si les religions se disputent. Mais si elles se parlent et s’entendent, cela peut
devenir un moyen de démontrer l’importance de la dimension spirituelle de l’homme, la soif de Dieu qui existe en
chacun. Peut-être que, dans sa sagesse, Dieu nous demande, à nous chrétiens, de faire que, tout en affirmant notre
foi, nous parlions de l’islam et du judaïsme de façon équitable, vraie. Le jour où toute l’Eglise parlera de l’islam de
façon juste, peut-être alors les musulmans deviendront chrétiens... ça va prendre du temps !
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