Le travail des cadres dits, de proximité,
a connu ces dernières années, de nom-
breux changements.
Les restructurations multiples, souvent
réalisées dans un objectif de exibilisa-
tion de la main-d’œuvre ont été carac-
térisées par des réductions de postes
d’encadrement et du nombre de paliers
hiérarchiques au sein des entreprises,
y compris à l’hôpital. Ces modications
ont, non seulement eu des impacts sur
l’ensemble des salariés, mais aussi sur
le personnel d’encadrement. Les cadres
de proximité étant maintenant moins
nombreux, ceux-ci doivent superviser un
plus grand nombre de personnes. Cela se
traduit aussi par une augmentation des
responsabilités des cadres, à laquelle
s’ajoute un élargissement de l’éventail
des tâches à effectuer. Les cadres sont
au cœur des paradoxes engendrés par
la performance et se retrouvent bien
souvent imputables de l’atteinte des
objectifs institutionnels, en participant
peu, voire pas, à la détermination de ces
objectifs. Ils ont une autonomie réelle
limitée et œuvrent dans des conditions
de plus en plus difciles.
Il est largement démontré à travers les
récentes études sur les cadres, qu’ils ne
sont pas toujours là ou ils devraient être
de part leurs missions. Ils apparaissent
comme des «managers empêchés»,
happés par d’autres exigences que celles
du travail de proximité et de son anima-
tion. (Detchehassar, 2011)
A la question, posée aux cadres, pour-
riez-vous fonctionner autrement ? La ré-
ponse est plutôt fataliste, ils répondent
«c’est comme cela !» et ils se taisent !
Est ce que les cadres ont vraiment envie
d’inuencer leurs conditions de travail
pour reprendre la main sur leur travail
et le travail de proximité ? Est ce qu’il
LA TRANSFORMATION DU TRAVAIL D’ENCADRANT DE PROXIMITÉ
Pourquoi ?
Pour qui ?
Pour quoi faire ?
y a cette envie, cette conviction que
l’on peut de sa place être acteur au lieu
d’être «facteur» ?
Les cadres peuvent-ils encore être ac-
teurs d’un système qui s’emballe, qui
bouge vite, qui effectue des «rétros pé-
dalages», ou sont-ils trop bardés d’idéo-
logie qui les paralyse ? Est ce que nale-
ment ils n’utilisent pas leurs convictions
comme un écran de fumée de leur propre
impuissance, dans une posture héroïque
? De quelle expertise et de quelles com-
pétences doivent-ils être équipés pour
tenir leur place, leur rôle et leur métier ?
Finalement de quel métier s’agit-il au-
jourd’hui, dans l’articulation de la logique
de production de soins avec la logique
soignante et comment le tenir ?
Le ton est donné pour ces 19èmes Jour-
nées Nationales d’Etudes des cadres de
santé, qui invitent l’ensemble des cadres
à s’interroger sur leur métier, leur travail
pour tenter de comprendre pourquoi et
comment l’encadrement de proximité en
est là, dans cette activité empêchée qui
inhibe voire qui use ? Qui sert-elle ?
Comment retrouver la capacité à re-
construire du pouvoir d’agir au niveau
local dans des activités de conduites du
travail pour participer à la performance
globale ?