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« Le but de la guerre, c’est la paix »
Aristote
En  proposant  comme  thème  du  136e  congrès  du  CTHS  qui  se  tiendra  en  mai 
2011 à Perpignan « Faire la guerre, faire la paix », le CTHS n’entend pas inviter à 
recommencer les congrès de Lille (1976) ou d’Amiens (1996), déjà consacrés à la 
guerre et à la paix, ne serait-ce que parce que les deux précédents congrès concernaient 
uniquement certaines périodes historiques et que désormais (depuis 2000) les congrès du 
CTHS ont pour vocation de rassembler, autour d’un thème commun, toutes les sections, et 
donc toutes les périodes et tous les domaines de recherche  inscrits dans l’ordre historique 
et scientifique.
Mais là ne se limite pas l’originalité revendiquée du sujet proposé. En  employant le 
verbe « faire », et en réunissant dans un même libellé la guerre et la paix, on veut indiquer 
premièrement que la guerre et la paix seront envisagées sous leur aspect de processus, non 
comme  des  essences  éternelles  et  pas  davantage  comme  des  états  indépendants  l’un  de 
l’autre. La guerre et la paix seront donc analysées dans leur processivité et leur historicité, 
mais aussi dans leur complexité relationnelle. Car ce libellé, qui procède au couplage de la 
guerre et de la paix, invite également et surtout à ne pas traiter la guerre et la paix comme 
deux entités distinctes, mais à les envisager dans leur interaction, en privilégiant l’analyse 
des rapports qu’elles entretiennent. Non pas seulement en ce que la guerre et la paix sont 
des états successifs et alternatifs, mais en ce que ce sont aussi des moments gros l’un de 
l’autre : l’état de paix porte en lui les séquelles de la guerre à laquelle il succède, en même 
temps qu’il est le plus souvent (toujours ?) porteur de guerres futures : il n’est en tout cas 
jamais dégagé de toute tension pouvant déboucher sur l’affrontement militaire ; à d’autres 
moments, l’horizon de la paix à venir éclaire ou motive l’affrontement guerrier. Ni la guerre 
sans la paix, ni la paix sans la guerre : c’est la dialectique complexe de la guerre et de la paix 
qui sera au cœur de ce congrès. 
L’impératif de lier ainsi étroitement la guerre et la paix n’est rien d’autre qu’une façon de 
tirer les leçons des « peace studies » et des « war studies » et de prendre acte des recherches 
les plus récentes en ce domaine qui mettent, bien davantage que par le passé, l’accent sur 
la difficulté que l’on éprouve à traiter séparément de la guerre et de la paix, sans doute 
parce que l’époque actuelle, féconde en  fausses paix et en guerres larvées, nous confronte 
de plus en plus à l’évidence qu’il n’y a ni paix absolue ni guerre absolue, mais des situations 
intermédiaires, ambivalentes, complexes et contradictoires (ainsi par exemple la paix n’existe 
dans certaines régions et pour certains États du globe que parce que la guerre est exportée 
Introduction
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