L’Hirondelle de rivage en Wallonie : état et conservation de la population Jean-Paul Jacob Aves – Natagora Claudy Noiret Asbl Les Bocages Communication à la Journée d’Etudes Aves du 12 mars 2017 à Mons Une espèce spécialisée et vulnérable en période de nidification en Wallonie Un terrier pour nicher. Une des rares espèces coloniales. Une distribution naturelle limitée aux falaises verticales et fraîches des berges dans les vallées alluviales de rivières. Une dépendance alimentaire vis-à-vis du plancton aérien, propre aux martinets et hirondelles. Sa phénologie est en phase avec le pic annuel d’abondance de l’entomofaune « circulante » 1400 1200 2016 Moyenne 2011-2015 Phénologie annuelle en Wallonie 1000 800 600 400 200 0 1011121314151617181920212223242526272829303132333435363738394042 Abondance saisonnière des insectes en Wallonie … et avec la période de grande abondance de l’entomofaune en Afrique tropicale La survie dépend essentiellement de l’importance et de la répartition des pluies de mousson au Sahel. Pertes jusque 75% lors de grandes sécheresses. Évolution de l’indice pluviométrique au Sahel Résultats du baguage belge L’évolution historique en Wallonie Depuis un siècle, l’évolution est marquée notamment par une double influence anthropique : la raréfaction des falaises naturelles (canalisations des rivières, aménagements divers, boisements de berges,…), la multiplication temporaire des artefacts, surtout des carrières, rapidement colonisées (principalement des sablières). L’occupation locale de bâtiments et murs est déjà ancienne. Sablière de Châtillon (Lorraine belge) La Chiers à Torgny Des informations chiffrées sont disponibles depuis un demi-siècle en Wallonie Les atlas et recensements menés en Wallonie montrent une population fluctuante, globalement dans une enveloppe de 1.700-3.700 couples. Années Total estimé 1961-1968 1972-1973 1973-1977 1992-1995 2001-2007 2011 2012-2015 2016 ca 4.500 2.850 2.700 1.730 - 2.480 1.700 - 3.000 3.700 1.800 - 2.200 2.280 min L’effet des sécheresses sahéliennes n’a pas été nettement décelé entre 1968 et 1984 (nb: extinction à Bruxelles après 1978). L’effectif reste fluctuant au cours de la dernière décennie. Un seul pic majeur récent, en 2011. L’atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007 a montré des évolutions importantes en trente ans Carte des résultats de l’atlas Comparaison des résultats des atlas de 1973-1977 et 2001-2007 Les recensements de 2011 et 2016, années aux printemps extrêmes Régions de Wallonie 2011 2016 Tendance Hainaut occidental Brabant Hesbaye & Meuse Entre-Sambre-et-Meuse Famenne et abords Ardenne Lorraine 1.024 - 1.029 286 - 296 140 214 134 - 154 28 1.855 - 1.904 3.681 - 3.765 578 - 599 118 140 - 145 203 - 213 72 33 – 41 1.130 min 2.284 - 2.338 = = = - 38% Totaux Effectif important en 2011 et nette baisse à partir de 2012. 2016, une année perturbée par les conditions météorologiques: les totaux sont minimaux. A noter un crash en rivières. Principales régions : Lorraine (ca 50%) et Hainaut occidental (ca 25%). Situation critique ailleurs, en Brabant par exemple (- 95% en 40 ans). La répartition en 2016 2011 Nombre de colonies Taille moyenne 2016 Tendance 54 42 - 22% 68 54 - 21% Peu de colonies, dispersées, sauf en Lorraine. L’importance relative de quelques grandes colonies est un facteur de vulnérabilité (ainsi, Châtillon + Maubray = 36% de la population). Sur le long terme, diminution du nombre de colonies mais augmentation de leur taille moyenne. Trois types d’habitats sont occupés 2016 N colonies N couples % couples Tendance Berges naturelles de rivière Carrières et dépôts associés Murs, bâtiments 8 30 4 > 63 2.180 39 2,8 95,5 1,7 -++ + La dépendance vis-à-vis des habitats artificiels est devenue extrême. Elle est supérieure à celle observée dans d’autres régions (e.a. France 42%). Sablière de Maubray (Hainaut) Tour du château de Bouillon En conclusion La population de cette espèce très philopatrique fluctue, n’occupe plus qu’un nombre limité de sites et dépend presque totalement de milieux artificiels. Les colonies de rivière sont en danger extrême de disparition. Cette vulnérabilité de l’espèce justifie donc de poursuivre le suivi attentif des colonies et de développer un plan d’actions pour assurer le redéploiement de l’espèce autour de noyaux de peuplement. Sablière de la Buche à Blaton (Hainaut) Carrière CBR de Harmignies (Hainaut)