L’incidence du tabagisme sur le développement sanitaire et socio-économique en Afrique
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Le tabac est la première cause de mortalité
évitable dans le monde et le problème de santé
publique le plus important de notre époque.
Le tabac tue plus de gens que l’alcool, le SIDA, les accidents de
la circulation, les drogues illégales, les meurtres et les suicides
réunis et des milliers de personnes supplémentaires meurent de
causes liées au tabac telles que l’exposition à la fumée de tabac
environnementale (également appelée tabagisme passif), la
consommation de tabac sans fumée et les incendies causés par
des cigarettes.
Ces 10 dernières années, les pays en développement, et le
continent africain en particulier, étaient fait l’objet d’une
attention particulière de la part de l’Organisation mondiale de
la Santé (OMS) à la suite d’une augmentation durable de la
prévalence du tabagisme. Cette augmentation est principalement
due à la volonté de l’industrie du tabac de créer de nouveaux
marchés dans le monde en développement. En effet, l’industrie
du tabac, confrontée à la baisse de ses parts de marché dans les
pays développés où les gouvernements et les groupes antitabac
ont commencé à accélérer la mise en œuvre de politiques visant à
réduire le tabagisme au milieu des années 90, a mis en place des
actions destinées à créer ces nouveaux marchés.
Les conséquences générales des produits du tabac sur la santé, en
Afrique comme partout dans le monde, incluent les cancers du
poumon, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires
cérébraux, les maladies respiratoires et d’autres maladies liées
au tabac. Les effets négatifs du tabagisme ne se limitent pas aux
seuls fumeurs. Les personnes exposées à la fumée secondaire
présentent également un risque élevé de cancer du poumon et
de maladie coronarienne, ainsi que d’autres problèmes de santé
chroniques.
Le présent rapport établit que les interventions, notamment la
prévention du tabagisme, constituent d’excellents investissements
économiques dans la mesure où, si elles sont mises en œuvre tôt,
elles permettent de réduire la nécessité de traitements onéreux.
En outre, ces mesures peuvent être mises en œuvre quel que soit
le niveau de ressources des communautés et des pays. Ce rapport
examine également le lien entre pauvreté et tabagisme et conclut
que le fardeau du tabagisme affecte de manière disproportionnée
les pauvres.
Le tabac est une source de revenus importante pour les producteurs
de tabac de certaines régions d’Afrique : grâce à la culture du
tabac, les petits producteurs de tabac complètent le revenu du
ménage du fait que le tabac se vend souvent sur le marché à des
prix supérieurs par rapport aux cultures vivrières traditionnelles.
Cependant, ces petits producteurs sont vulnérables aux conditions
environnementales et à l’évolution de l’écosystème liée à la
culture du tabac. Ces difcultés inuent sur la quantité et la
valeur des récoltes de tabac d’année en année.
Alors que le monde dresse l’état des lieux des avancées par
rapport aux objectifs du Millénaire pour le développement
xés pour 2015, la majorité des pays africains est sur le point
de manquer la plupart des objectifs. Le tabac fait partie des
facteurs qui empêchent l’Afrique d’atteindre les objectifs du
Millénaire pour le développement dans la mesure où il touche à
tous les aspects de la santé, de l’économie et du développement
de l’Afrique et où il est à l’origine d’une pauvreté écrasante au
sein des communautés de producteurs de tabac. La lutte antitabac
peut contribuer à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le
développement de plusieurs façons.
Notre réponse au tabagisme doit inclure la mise en œuvre
d’obligations légales et éthiques spéciques par les États
membres de l’Union africaine, telles que l’établissement de
mécanismes efcaces de responsabilité. En plus de se concentrer
sur les données, le suivi des avancées doit également chercher à
promouvoir le changement en établissant qu’il y a des visages qui
se cachent derrière ces chiffres.
H.E. Dr. Mustapha Sidiki Kaloko
Commissaire aux Affaires sociales
Commission de l’Union africaine
AVANT-PROPOS
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