5
lité avant la votation fédérale
sur le salaire minimal du 18 mai
prochain. Savoir s’il appartient à
l’Etat de le fixer et quel doit être
le niveau de ce minimum est
controversé. Mais la question du
salaire équitable est cruciale. Le
Conseil de la Pastorale œcumé-
nique dans le monde du travail
a repris les réflexions du concile
Vatican II (Gaudium et Spes 67) :
Un salaire équitable doit naturel-
lement se justifier par « les fonc-
tions et la productivité de cha-
cun » ; il doit aussi tenir compte
« de la situation de l’entreprise
et du bien commun. » L’équilibre
économique de l’entreprise est
important. L’équilibre de la société
dans laquelle elle se trouve aussi.
Les rémunérations qu’elle distri-
bue doit y contribuer.
Les hommes et les femmes que
nous rencontrons sont blessés
par le chômage et l’exclusion. Si
nous pouvons les aider à se rele-
ver, nous avons témoigné de la
résurrection. Mais nous sommes
aussi appelés à agir sur les struc-
tures sociales et économiques
quand elles sont blessantes.
Sans cela, nous admettrions que
la violence a le dernier mot. Or,
après Pâques, nous savons qu’il
n’en est rien !
Jean-Claude Huot
La résurrection face
aux personnes démunies
DOSSIER
Rendre compte de la joie de la Résurrection à des personnes qui
risquent sans cesse de se retrouver sans revenu ? Pas évident ! Quelle bonne
nouvelle apporter quand l’impasse matérielle domine et qu’aucune solution
n’apparaît ? L’aumônier de la Pastorale du monde du travail, Jean-Claude Huot,
propose d’y réfl échir à l’occasion de la fête du 1er mai.
Dans la pastorale du monde
du travail, je rencontre
des personnes qui vivent
dans l’extrême précarité. Au chô-
mage depuis longtemps, elles
dépendent de l’aide sociale. Mi-
grantes, certaines ne bénéficient
même pas de cette aide. Alors
quand vient une offre de travail,
le soulagement est intense… et la
désillusion parfois brutale.
Pour 28 heures hebdomadaires
on a proposé à une mère de
famille 1 000 francs de salaire
mensuel, moins de 9 francs par
heure pour garder des enfants et
faire le ménage. Ou encore, pour
un homme qui a dix ans d’expé-
rience, un emploi à mi-temps
payé 1 750 francs (le plein temps
serait à 3 500 francs) pour faire
la vaisselle dans la cuisine d’un
hôtel.
Cette réalité est observée par-
tout dans le Canton, tant par les
aumôniers de l’Eglise que par les
assistants sociaux de Caritas.
Certains salaires sont si bas qu’ils
ne permettent pas de vivre de
manière autonome.
Comme au XIXe siècle
Cette violence n’est pas nouvelle.
En 1891, le Pape Léon XIII écri-
vait déjà : « Si, contraint par la né-
cessité ou poussé par la crainte
d’un mal plus grand, l’ouvrier
accepte des conditions dures,
que d’ailleurs il ne peut refuser
parce qu’elles lui sont imposées
par le patron ou par celui qui fait
l’offre du travail, il subit une vio-
lence contre laquelle la justice
proteste. » (Encyclique Rerum
Novarum 34.4)
Dès lors, les papes rappelleront
sans cesse l’impératif de la digni-
té humaine dans l’aménagement
des conditions de travail. Pour
l’enseignement social de l’Eglise,
le salaire doit permettre au travail-
leur et à sa famille de mener une
vie digne, pas seulement se nour-
rir, se vêtir et se loger, mais aussi
participer à des activités sociales,
culturelles ou religieuses.
Enseignement
social en pratique
Cet enseignement reste d’actua-
Les épiceries Caritas vendent des produits alimentaires à des prix très bas aux
personnes dans le besoin.
Depuis septembre 2013, je suis
plongé dans le Département
Solidarités.
Pastorale œcuménique dans le
monde du travail : la réalité de la
migration me saute au visage.
Les personnes que je rencontre
viennent de loin parfois, ne
savent pas toujours le français.
Elles cherchent de quoi vivre,
n’ont plus rien ailleurs. Que leur
proposer ? L’écoute ne suffi t
pas. Elles veulent travailler et
ne trouvent rien. Les solutions
restent rares. J’admire la force
de ces personnes sans loge-
ment et sans revenu ; mais je
suis indigné face à l’injustice qui
les frappe !
Le Département : une quinzaine
de personnes engagées corps
et âme avec les plus précarisés,
en prison, dans la rue. Un dyna-
misme extraordinaire. A chaque
réunion nous échangeons sur
notre vécu. Ensemble, nous
portons les souffrances parta-
gées dans l’eucharistie. Foi et
vie indissociée ! L’indignation
devient espérance.
Et nous pourrions faire mieux.
Le Pape François demande
de mettre en œuvre l’Evangile
pour transformer la société. A
Renens, les acteurs du Dépar-
tement travaillent avec la pa-
roisse, avec les communautés
linguistiques. Ces liens peuvent
se renforcer, non seulement
dans l’Ouest lausannois, mais
dans tout le Canton. Les Di-
manches solidaires ou les per-
manences Accueil en sont des
exemples. Pour une Eglise
« qui entend la clameur pour
la justice et veut y répondre de
toutes ses forces ». Alors la joie
de l’Evangile rayonnera !
Regard neuf
sur l’Eglise
dans
le Canton :
Jean-Claude
Huot,
agent pastoral
au Département
Solidarités
A l’occasion de la fête du travail, jeudi 1er mai, la Pastorale œcu-
ménique dans le monde du travail organise une soirée à l’église
Saint-Laurent à Lausanne. Une célébration œcuménique aura lieu
à 18h30, suivie d’une collation avant un éclairage éthique sur l’ini-
tiative pour un salaire minimum.
La soirée sera l’occasion d’aller au-delà de la votation sur l’initiative
sur les salaires équitables. La célébration rendra grâce pour ce
don qui nous est fait de contribuer à la Création.
Un débat suivra sur les enjeux éthiques du salaire minimal. Avec
Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas-Vaud et Pierre Bühler, pro-
fesseur de théologie systématique à l’Université de Zurich.
Infos : www.cath-vd.ch/mondedutravail
Le travail mis en valeur
Caritas-markt