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ÉVANGILE À LA MAISON
Après Marc et Luc, c’est au
tour des Actes des Apôtres
d’être discutés entre amis.
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CANONISATION
Jean XXIII et Jean-Paul II
vont être inscrits sur la liste
offi cielle des saints.
Décodage. PAGE 8
MÉTIER D’EGLISE
Roland Muggli est diacre au
sein de l’UP La Venoge-
L’Aubonne. Portrait.
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La résurrection aujourd’hui
A la suite du Christ, et comme pour les témoins d’Emmaüs, des traces de
résurrection sont présentes ici et maintenant. Un médecin, deux théologiens
et un philosophe en témoignent. PAGES 2 - 5 ET 12
Avril 2014 NO 02 www.cath-vd.ch
JAB
1300 Eclépens CC Dépôt
Annette Mayer, responsable du Département Santé, avec la doctoresse Pascale Gabet Henry. Jean-Brice Willemin
2
A
près une
petite -
sitation,
la doctoresse
Pascale Ga bet
Henry a volon-
tiers accep de
se laisser « exa-
miner », de se
confi er au jour-
naliste sireux
de connaître
com ment
elle vit
la surrection
pascale au quo-
tidien.
« Née un mardi
d’avant Pâques
à Lyon, j’ai natu-
rellement hérité
du prénom de
Pascale. Et j’ai été éduquée
dans la con ance en un Dieu
d’amour plutôt que punitif. Plus
tard, j’ai grandi dans la foi par la
musique et grâce à mon mari ré-
formé, Vaudois de l’Eglise libre,
avec qui j’ai approfondi ma foi ;
nous allions ensemble au culte
ou à la messe. »
Au diapason du ciel par la
musique
Pascale Gabet Henry est restée
dans l’Eglise grâce à la musique.
Cette ancienne organiste de la
paroisse Saint-Maurice de Pully
a été initiée à l’orgue liturgique
par le prêtre lyonnais Marcel
Godard, « l’un des acteurs du re-
nouveau de la musique liturgique
après Vatican II », compositeur
de certaines hymnes du fi lm Des
hommes et des dieux. « Par la
musique, je prie et me mets au
diapason du ciel », confi e-t-elle.
« C’est un sentiment de joie,
semblable à celle ressentie à
contempler des eurs ou rece-
voir un appel téléphonique ami-
cal. »
Deux témoins de résurrections se dévoilent
DOSSIER
Quelques jours après la résurrection pascale, voici venu le temps
d’entendre les disciples d’Emmaüs dimanche prochain à la messe. Une médecin
et une théologienne engagée dans les milieux de la santé nous ont raconté les
résurrections quotidiennes dont elles sont les témoins ; autant dans leur propre
vie que dans les rencontres de leur engagement professionnel.
Se relever. Se remettre de-
bout dans son être profond.
Après une chute, une mala-
die, un deuil, il est possible de
se relever. Après le mal subi,
il est possible de se remettre
debout au travers du long
processus de libération de
la rage et de la vengeance.
Même après le mal commis, il
est possible d’être relevé par
la réception de la miséricorde
venue de plus loin.
Un jour ou l’autre, la vie nous
fait traverser des moments de
relèvement. Alors nous perce-
vons que des forces venues
de plus loin que nous sont
à l’œuvre. Elles nous sont
données par ceux qui nous
entourent, mais aussi par la
Source de la vie, de l’amour,
de l’unité.
Se relever d’entre les morts.
C’est l’expression utilisée par
le Nouveau Testament pour
parler de la Résurrection, celle
du Christ. Et avec Lui, la nôtre.
Il est fascinant de voir que
c’est le même mot que pour
les relèvements du quotidien.
La résurrection, bien qu’elle
garde une part fondamen-
tale de mystère, se présente
comme le moment plénier,
nous sommes relevés de tout
au-delà du voile de la mort. « Il
n’y a plus ni larmes, ni douleur,
ni peine, ni irrespect, ni désa-
veu de l’amour », dit le livre de
l’Apocalypse. Mais joie, paix,
lumière, concorde, unité.
J’aime cette parenté de voca-
bulaire entre se relever et res-
susciter. Elle nous donne un
appui pour la foi en la résur-
rection.
Car la résurrection est déjà
commencée en nous lorsque
nous nous relevons, accom-
pagnés de forces plus grandes
que nous. Pour dire vrai, elle
est à l’œuvre en nous depuis
notre baptême et même notre
naissance. Nous vivons déjà
des bribes d’expérience du
relèvement d’entre les morts.
Alléluia !
Ce sont des repères de vie qui
ont ai Pascale Gabet Henry
à revivre, à ressusciter après le
décès subit de son cher mari.
« Se sachant malade, il s’était
préparé à partir. Je ne suis pas
tombée grâce à ma foi, au sou-
tien de mes proches et à la force
transmise par mon mari. Il n’avait
pas peur de la mort.
L’amour toujours
Deux heures avant, par un mer-
veilleux dimanche d’été, il disait
n’avoir jamais été aussi heureux
et en paix. Dans le faire-part, j’ai
re-pris ces mots de l’écrivain et
philosophe chrétien Louis Evely :
« L’amour permet d’envisager la
mort, car lorsqu’on aime profon-
dément, on sait qu’on a atteint
une valeur que la mort ne peut
détruire. » Et l’amour perdure.
« J’ai l’impression de vivre tou-
jours avec lui, différente. »
« véler à mes patients
leurs capacités
d’auto-guérison »
Ce nouveau chemin de vie, Pas-
cale Gabet Henry le parcourt
par la prière et la confi ance en
Dieu. C’est ce qu’elle essaye de
transmettre à ses patients. « Je
soigne d’abord leurs symptômes
physiques et cherche à voir ce
qu’il y a en-dessous, les origines
émotionnelles et spirituelles. En
en parlant ensemble, ils voient
plus clair en eux, peuvent recon-
naître et utiliser leurs potentiali-
tés. Cela les aidera à se soigner
eux-mêmes. » Et avec les pa-
tients indifférents ou incroyants ?
« Je les incite à s’adresser à
une force universelle, une force
de vie, un ange-gardien. » A
condition d’accepter la transcen-
dance ?
« C’est fondamental. Mes
malades ne se sentent alors
plus tous seuls. Ils accepteront
d’ouvrir leurs volets pour que la
lumière entre à ots en eux. Et
ils sont amenés peu à peu à un
chemin de pardon pour trouver
l’harmonie avec eux-mêmes et
leur entourage ».
Jean-Brice Willemin
Edito
Marc Donzé,
vicaire épiscopal
Traces
de Résurrection
La doctoresse Pascale Gabet Henry dans son cabinet.
« Ressuscitée malgré la mort »
Jean-Brice Willemin
3
Deux témoins de résurrections se dévoilent
Annette Mayer, responsable du Département Santé, se confi e à Olivier Schöpfer.
« Vivre la résurrection se passe dans la relation »
Pour Annette Mayer, res-
ponsable du Département
de la Santé de l’Eglise
catholique dans le canton de
Vaud, la question fondamentale
est : « Qu’est-ce qui se passe,
au plus intime de la personne,
qui a besoin de ressusciter,
d’être animée pour retourner à
la vie ? La résurrection ne prend
son sens que si, dans un mou-
vement d’humilité, je peux des-
cendre dans les profondeurs, me
confronter à ces zones de mort
et les identifi er, les nommer. Si
l’on reste dans une posture d’au-
tosatisfaction ou de suffi sance, il
est diffi cile de vivre l’expérience
de la résurrection. » La résurrec-
tion n’arrive donc pas n’importe
où, elle se passe là où il y a une
prise de conscience de sa fragi-
lité, de ses limites et de ses bles-
sures.
La personne se retrouve d’abord
avec elle-même. « Croire en la
réalité de la surrection, croire
en la force du Christ ressuscité
dans ma vie, c’est moins un fait
d’annonce que d’expérience vi-
vante. Ce n’est qu’après que l’on
peut mettre des mots dessus,
la nommer. Vivre des bouts de
résurrection se passe toujours
dans la relation interpersonnelle.
Pour la croyante que je suis, cela
ne peux pas se passer hors de
ce lien au Christ vainqueur de la
mort, de toute mort. »
Ici et maintenant
La résurrection se pose en terme
d’ici et de maintenant. « Si on relit
le récit de la surrection de La-
zare, on voit Marthe dire, un peu
en « bonne élève », à l’annonce
de la mort de son frère : Je sais,
je sais, il va ressusciter au der-
nier jour. Mais la foi de Marthe
en la résurrection, Jésus la sort
de la temporali en disant : ‘Je
suis la résurrection et la vie’. Si je
m’attache à Celui qui est la vie,
c’est à n’importe quel moment de
l’existence que je peux faire l’ex-
périence que Dieu relève, qu’il
met debout, qu’il adresse sans
cesse ce ‘Sors de ton tombeau’
PRIÈRE
Toi qui es
Chemin
Donne-nous de croire
qu’en toute impasse
s’offre un passage
Toi qui es Vérité
Donne-nous de croire
que de toute errance
nous pouvons nous réveiller
Toi qui es Vie
Donne-nous de croire
que de toute mort
tu viens nous relever
Montre-nous le Père,
Qui n’est pas ailleurs,
mais au cœur
de notre humanité,
quand nous marchons,
quand nous veillons,
quand nous vivons.
(Francine Carrillo)
dans l’ici et le maintenant. »
« Ce qui donne particulièrement
sens au travail d’aumônerie, à
l’hôpital ou dans les EMS, c’est
de comprendre, dans la ren-
contre avec les patients et les
personnes âgées, la différence
entre l’idée du corps abimé et
une perspective du corps blessé,
poursuit Annette Mayer. La pre-
mière s’inscrit dans une logique
de réparation, pour retourner à
l’état antérieur. Pour le second,
c’est la conscience de notre vul-
nérabilité existentielle qui invite à
intégrer la blessure et à marcher
avec. D’ailleurs, le corps ressus-
cité du Christ garde les traces
de son martyre, ce n’est pas
un corps idéalisé. Le travail de
l’aumônier que je suis consiste
à accompagner le patient sur le
chemin de l’intégration des ef-
fets de la maladie, de l’accident,
pour pouvoir avancer dans son
histoire d’homme ou de femme
debout. »
La réalité du Vendredi-Saint
et du Samedi-Saint
De son expérience personnelle,
Annette tire encore un lien entre
ce qu’elle vit et les jours qui
précèdent la Résurrection du
dimanche de Pâques : « Le Ven-
dredi-Saint, c’est la confrontation
dure à la souffrance et à la mort.
C’est ce jour qui nous pousse à
nous demander ce qui doit être
ressuscité en nous. Mais le pas-
sage à la vie nous met dans les
conditions du Samedi-Saint. Il
nous met devant l’expérience de
l’absence, du vide qui est à tra-
verser. Une expérience qui peut
nous hanter. C’est spécialement
marquant en gériatrie. Annon-
cer, parler de la résurrection doit
s’accompagner d’une attention
ne et dèle à l’expérience du
vide et de l’absence d’espoir que
beaucoup de personnes vivent
face à leur dépendance crois-
sante. Sinon, ce ne sont que des
paroles creuses. Tenir le Same-
di-Saint, c’est porteur de vie, et
la traversée de ce vide est déjà
prémisses de résurrection. »
Olivier Schöpfer
Jean-Brice Willemin
4
Ils cheminent. Sur la route entre
Emmaüs, ils vont, et Jéru-
salem d’où ils viennent. Deux
heures de marche. C’est la fi n de
la journée. Tous deux viennent
de vivre les événements effroy-
ables d’une condamnation à mort
et d’une crucifi xion ; d’un homme
qui promettait aux foules et à ses
proches la venue du Royaume.
Ils n’y comprennent rien et sont
dévastés par la tristesse et la
déception.
L’Evangile parle en effet de
visages sombres : alors, ce
Royaume ? Qu’est-ce que ça
voulait dire ? Les propos d’un
mythomane, d’un prétentieux,
d’un imposteur ?
Jésus vivant ?
Survient un autre marcheur. Qui
les interroge : « De quoi par-
lez-vous ? » Eux sont d’emblée
passablement agacés : quoi, tu
ne sais pas ce qui s’est passé
à Jérusalem ? De quoi d’autre
pourrions-nous parler ? Et ils
expliquent à Jésus, Fils du Dieu
Vivant relevé d’entre les morts
car c’est Lui ce que Lui, préci-
sément, vient de vivre : Son juge-
ment, Sa condamnation, Sa mise
à mort.
Les deux compagnons sont dé-
faits. Il y a bien sûr ces femmes
qui ont vu le tombeau vide et qui
évoquent des Anges, affi rmant
que l’Homme est vivant.... C’est
vrai, le corps n’est plus là. Mais
c’est tellement farfelu.
Benêts de Vaudois ?
A ce moment, Jésus se lâche,
comme on dit aujourd’hui. En
Vaudois ça donnerait à peu près
ceci : « Vous êtes des benêts
ou bien ? Et ce qu’ont annoncé
les prophètes : Vous en faites
quoi, bon sang de bon sang ? ! »
Il commence par leur dire qu’ils
sont sans intelligence et lents à
croire.
Ah bon ? L’intelligence aurait
donc quelque chose à voir avec
la rapidité à faire confi ance ? Et
il se lance dans un long exposé
sur ce qui est dit de Lui dans les
Ecritures. En arrivant chez eux à
Emmaüs, ils invitent Jésus ne
sachant toujours pas qui Il est – à
souper. Le soir tombe, il faut se
sustenter.
Alors leur invité prend du pain, le
bénit, le rompt et le leur donne.
Et là, leurs yeux s’ouvrent, ils le
reconnaissent... mais Il a déjà
disparu.
Il est vivant !
Du coup, ils se lèvent de table,
et repartent dans le sens inverse,
vers Jérusalem. Il fait nuit désor-
mais, il faudra remarcher deux
heures dans l’obscurité. Mais il
n’y a pas une minute à perdre
pour raconter ce qu’ils viennent
de vivre, et annoncer ce qui
depuis 2000 ans aujourd’hui ne
cesse de bouleverser et de dé-
ranger la donne du monde : Oui,
Il a vraiment été relevé d’entre
les morts.
DOSSIER
Chrétienne à la foi profonde, la journaliste et essayiste* Aline Viredaz
témoigne combien le récit des disciples d’Emmaüs, que nous entendrons à
l’évangile de ce dimanche 4 mai, reste un message renversant pour les croyants,
et les incroyants, de XXIe siècle. (Réd.)
Le message fou
des disciples d’Emmaüs
C’est ce que les disciples
devaient se dire, calfeutrés
dans la maison après la mort
de Jésus.
« Fichez-nous la paix. On
y croyait, on lui faisait con-
ance, et il est mort. Alors
maintenant, on préfère s’en-
fermer, par peur d’être déçu à
nouveau. »
Et quelque chose d’inattendu
se passe. Il surgit de nulle part.
Comment il a fait pour passer
les murs, pour s’arracher aux
griffes de la mort, ce n’est pas
la question. Il est là. « Fichez-
nous la paix », se disaient les
disciples quelques secondes
avant. « La paix est avec
vous », leur répond le Christ.
Et ce n’est pas une parole
en l’air, non. Cette paix, ils la
ressentent, ils la reçoivent,
comme un souffl e qui les
traverse, comme un frisson
qui change tout. C’est une
paix qui est d’un autre ordre
que celle à laquelle les
disciples aspiraient, quand
ils voulaient qu’on leur che
la paix.
La paix que le Christ apporte
est une paix qui rend libre…
elle nous ouvre aux pos-
sibles, elle nous délivre de la
peur : peur de l’autre et de ses
jugements, peur de l’échec et
de notre culpabilité.
Et si c’était ça, la ré-
surrection ? Et si elle n’était
pas seulement pour après
la mort, mais déjà pour
maintenant ? Comme des
« mini résurrections » que l’on
peut vivre au quotidien : se
relever d’une chute, goûter à
la chaleur du soleil après une
période de ténèbres… Se
sentir en paix, avec soi, avec
les autres. Ô Christ, donne-
nous ta paix !
La parole à :
Pasteure
Anouk
Troyon,
Aumônerie UNIL
On imagine les deux compères
complètement excités sur le tra-
jet du retour. Quand ils arrivent à
Jérusalem auprès des disciples
et de leurs amis tous réunis, ils
n’ont qu’un mot à la bouche :
C’est bien vrai ! Le Seigneur s’est
réellement réveillé.
Mystère de la Foi
Les chrétiens convaincus sont
des fous de Pâques, ce vent
de force 7, 8, 9... Incommen-
surable. Quelle joie immense
d’avoir reçu la capacité de se
laisser décoiffer l’âme !
Pourquoi moi, pourquoi pas ce-
lui-ci, ou celle-là ?
Mystère de ce don. Et comme
je voudrais que tous ceux que
j’aime soient pris dans ce maels-
tröm défi nitif. Allons, Seigneur
Jésus, Fils du Dieu Vivant relevé
d’entre les morts, un p’tit coup
d’pouce ! Faites-les trembler,
que diable ! Heu... pardon.
Aline Viredaz
La journaliste Aline Viredaz avec son compagnon à quatre pattes.
* « Là où je vais », Aline Viredaz
(Editions Labor et Fides), 2008
Jean-Brice Willemin
5
lité avant la votation fédérale
sur le salaire minimal du 18 mai
prochain. Savoir s’il appartient à
l’Etat de le fixer et quel doit être
le niveau de ce minimum est
controversé. Mais la question du
salaire équitable est cruciale. Le
Conseil de la Pastorale œcumé-
nique dans le monde du travail
a repris les réflexions du concile
Vatican II (Gaudium et Spes 67) :
Un salaire équitable doit naturel-
lement se justifier par « les fonc-
tions et la productivité de cha-
cun » ; il doit aussi tenir compte
« de la situation de l’entreprise
et du bien commun. » L’équilibre
économique de l’entreprise est
important. L’équilibre de la société
dans laquelle elle se trouve aussi.
Les rémunérations qu’elle distri-
bue doit y contribuer.
Les hommes et les femmes que
nous rencontrons sont blessés
par le chômage et l’exclusion. Si
nous pouvons les aider à se rele-
ver, nous avons témoigné de la
résurrection. Mais nous sommes
aussi appelés à agir sur les struc-
tures sociales et économiques
quand elles sont blessantes.
Sans cela, nous admettrions que
la violence a le dernier mot. Or,
après Pâques, nous savons qu’il
n’en est rien !
Jean-Claude Huot
La résurrection face
aux personnes démunies
DOSSIER
Rendre compte de la joie de la Résurrection à des personnes qui
risquent sans cesse de se retrouver sans revenu ? Pas évident ! Quelle bonne
nouvelle apporter quand l’impasse matérielle domine et qu’aucune solution
n’apparaît ? L’aumônier de la Pastorale du monde du travail, Jean-Claude Huot,
propose d’y réfl échir à l’occasion de la fête du 1er mai.
Dans la pastorale du monde
du travail, je rencontre
des personnes qui vivent
dans l’extrême précarité. Au chô-
mage depuis longtemps, elles
dépendent de l’aide sociale. Mi-
grantes, certaines ne bénéficient
même pas de cette aide. Alors
quand vient une offre de travail,
le soulagement est intense… et la
désillusion parfois brutale.
Pour 28 heures hebdomadaires
on a proposé à une mère de
famille 1 000 francs de salaire
mensuel, moins de 9 francs par
heure pour garder des enfants et
faire le ménage. Ou encore, pour
un homme qui a dix ans d’expé-
rience, un emploi à mi-temps
payé 1 750 francs (le plein temps
serait à 3 500 francs) pour faire
la vaisselle dans la cuisine d’un
hôtel.
Cette réali est observée par-
tout dans le Canton, tant par les
aumôniers de l’Eglise que par les
assistants sociaux de Caritas.
Certains salaires sont si bas qu’ils
ne permettent pas de vivre de
manière autonome.
Comme au XIXe siècle
Cette violence n’est pas nouvelle.
En 1891, le Pape Léon XIII écri-
vait déjà : « Si, contraint par la né-
cessité ou poussé par la crainte
d’un mal plus grand, l’ouvrier
accepte des conditions dures,
que d’ailleurs il ne peut refuser
parce qu’elles lui sont imposées
par le patron ou par celui qui fait
l’offre du travail, il subit une vio-
lence contre laquelle la justice
proteste. » (Encyclique Rerum
Novarum 34.4)
Dès lors, les papes rappelleront
sans cesse l’impératif de la digni-
humaine dans l’aménagement
des conditions de travail. Pour
l’enseignement social de l’Eglise,
le salaire doit permettre au travail-
leur et à sa famille de mener une
vie digne, pas seulement se nour-
rir, se vêtir et se loger, mais aussi
participer à des activités sociales,
culturelles ou religieuses.
Enseignement
social en pratique
Cet enseignement reste d’actua-
Les épiceries Caritas vendent des produits alimentaires à des prix très bas aux
personnes dans le besoin.
Depuis septembre 2013, je suis
plongé dans le Département
Solidarités.
Pastorale œcuménique dans le
monde du travail : la ali de la
migration me saute au visage.
Les personnes que je rencontre
viennent de loin parfois, ne
savent pas toujours le français.
Elles cherchent de quoi vivre,
n’ont plus rien ailleurs. Que leur
proposer ? L’écoute ne suf t
pas. Elles veulent travailler et
ne trouvent rien. Les solutions
restent rares. J’admire la force
de ces personnes sans loge-
ment et sans revenu ; mais je
suis indig face à l’injustice qui
les frappe !
Le partement : une quinzaine
de personnes engagées corps
et âme avec les plus précarisés,
en prison, dans la rue. Un dyna-
misme extraordinaire. A chaque
union nous échangeons sur
notre vécu. Ensemble, nous
portons les souffrances parta-
es dans l’eucharistie. Foi et
vie indissociée ! L’indignation
devient esrance.
Et nous pourrions faire mieux.
Le Pape Fraois demande
de mettre en œuvre l’Evangile
pour transformer la société. A
Renens, les acteurs du par-
tement travaillent avec la pa-
roisse, avec les communaus
linguistiques. Ces liens peuvent
se renforcer, non seulement
dans l’Ouest lausannois, mais
dans tout le Canton. Les Di-
manches solidaires ou les per-
manences Accueil en sont des
exemples. Pour une Eglise
« qui entend la clameur pour
la justice et veut y répondre de
toutes ses forces ». Alors la joie
de l’Evangile rayonnera !
Regard neuf
sur l’Eglise
dans
le Canton :
Jean-Claude
Huot,
agent pastoral
au Département
Solidarités
A l’occasion de la fête du travail, jeudi 1er mai, la Pastorale œcu-
ménique dans le monde du travail organise une soirée à l’église
Saint-Laurent à Lausanne. Une célébration œcuménique aura lieu
à 18h30, suivie d’une collation avant un éclairage éthique sur l’ini-
tiative pour un salaire minimum.
La soirée sera l’occasion d’aller au-delà de la votation sur l’initiative
sur les salaires équitables. La célébration rendra grâce pour ce
don qui nous est fait de contribuer à la Création.
Un débat suivra sur les enjeux éthiques du salaire minimal. Avec
Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas-Vaud et Pierre Bühler, pro-
fesseur de théologie systématique à l’Université de Zurich.
Infos : www.cath-vd.ch/mondedutravail
Le travail mis en valeur
Caritas-markt
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