C 02 : Patrimonialisations coloniales : Approche transversale
Le Musée missionnaire ethnologique du Latran. De la collecte à la patrimonialisation des
cultures africaines et océaniennes
Laurick Zerbini / 4
populations aidées par les missionnaires, d'autre part, en donnant la possibilités aux
futurs "serviteurs" de la foi de se former et de mieux réaliser leur travail. Il est en effet
impératif pour l'Eglise catholique romaine de questionner les formes apologétiques
traditionnelles qui ne suffisent plus { traiter les questions théoriques telles que l’origine
de l’humanité ou encore la diversité des peuples. Mais il lui est également impératif
d'atteindre à une reconnaissance internationale face à la sécularisation de la société
occidentale et au pouvoir médiatique et économique des missions protestantes.
L'Exposition puis le Musée lui donne l'opportunité de montrer son unité et sa cohésion
parmi les fidèles et les congrégations même s'il ne s'agit que d'une apparence en raison
du pouvoir centralisateur exercé par Rome. "Tous les missionnaires qui visiteront ce musée
[...] y trouveront, en comparant les méthodes employées en divers endroits, des idées pour
faire mieux et pour faire plus grand. Nous pensons que les fidèles ne seront pas moins
touchés par la visite de ce musée que par celle de l'exposition" ("Rerum ecclesiae, 1926 : 45).
Si l'exposition fut un "laboratoire d'idées", le musée missionnaire-ethnologique en est son
prolongement didactique et populaire.
Pie XI avait parfaitement compris l'importance et l'enjeu des sciences dans
l'approche des cultures d'outre-mer et la transformation du travail apostolique.
N'oublions pas qu'il soutient l'initiative lancée par les deux jésuites, les pères Lallemand et
Charles, des Semaines de missiologie de Louvain, dont le premier congrès se tient en
septembre 1923. Aussi, pour mener cette approche entre ethnologie et religion, il est pas
surprenant qu'il confie à l'un des chefs de file de l'école d'ethnologie de Vienne,
l'anthropologue Wilhelm Schmidt (SVD), initiateur en 1912 des Semaines d'ethnologie
religieuse, la direction de l'organisation du Musée. Tout comme à l'exposition de 1925,
dont il avait eu en charge la section ethnologie, Schmidt conçoit le plan et la classification à
partir de la méthode historico-culturelle.
Á l'instar de l'exposition, le premier chapitre s'ouvre sur l'histoire missionnaire et
la terre Sainte, puis les visiteurs accèdent à la galerie du premier étage par le grand
escalier dont les trois côtés abritent dans leurs arcades les périodes caractéristiques des
missions, le quatrième étant occupé par les stands du Proche-Orient. De la galerie, ils
parviennent aux salles consacrées " aux grandes civilisations", Inde, Indochine,
Japon...organisées en 4 sections, vie ordinaire, mobilier, art et religion. La visite se
poursuit avec la grande salle d'honneur et les salles "d'art précieux", puis la salle des
martyrs. Le second étage présente les civilisations dites "primitives", Océanie, Afrique du