Journée Mondiale de la Philosophie UNESCO

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Journée Mondiale de la Philosophie UNESCO 2011 18 novembre 2011 Sala dei Fregi Liceo Chiabrera -­‐ Martini Savona Edith Stein : le thème de la formation et de l’éducation Par M. Letterio Mauro Professeur à l’Université de Gênes (Italie) Biographie essentielle Edith Stein est née dans une famille juive le 12 octobre 1891. Malgré une éduca-­‐
tion marquée par le judaïsme, elle s’est éloignée pendant quelque temps de toute croyance religieuse. Sa vive intelligence l’a très bientôt poussée à rechercher la vérité et à mener une vie respectueuse de tous et de chacun, en devenant une philosophe et une carmélite. En consacrant beaucoup de temps au sujet de la formation [thème de la Journée Mondiale de la Philosophie, 18 novembre 2011], la vie de Edith Stein a surement été caractérisée par plusieurs expériences d’enseignement: au début de sa carrière, très jeune, elle a cherché à devenir un professeur à l’Université mais cela ne lui a jamais été possible en tant que femme et, surtout, en tant que juive. Pleinement consciente de la signification de la montée du nazisme, elle est en-­‐
trée au Carmel en 1933 et elle y a pris le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix. Pen-­‐
dant ces années, elle a été professeur dans un institut de pédagogie à Münster, en Al-­‐
lemagne. Après la publication des lois antisémites en 1935, elle a été déportée au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz où elle est morte dans une des ses chambres à gaz le 9 août 1942, à la fois victime de la Shoah et témoin du Christ. Elle sera canonisée par le Pape Jean-­‐Paul II le 11 octobre 1998. Le thème de la formation chez Edith Stein Chez Edith Stein, le concept de formation, en allemand die Bildung, est premiè-­‐
rement défini non pas comme un processus sectoriel ou de destruction, mais plutôt comme le travail global, intellectuel et sensoriel de l’homme. Dans ce sens, l’homme, profondément conditionné par sa nature, parcourt un chemin de réflexion qui le mène d’un niveau bas à un autre plus, c’est-­‐à-­‐dire à la con-­‐
quête de l'authenticité. Cet iter de réflexion varie bien évidemment d’un homme à l’autre, puisque il dé-­‐
pend aussi bien de la nature psychophysique d’un individu que du rapport biunivoque qui se créé entre le formateur, magister, et l’individu, discipŭlus. La formation, qu’elle soit exercée selon les méthodes socratiques de l’ars maieu-­‐
tica ou selon les plus traditionnelles de nature aristotélicienne, permet un travail pro-­‐
ductif, basé aussi bien sur l’éducateur que, bien sur, sur l’élève. Il faut ajouter que ce serait une grave erreur que de penser à la formation comme à un processus qui se dé-­‐
veloppe seulement entre un magister et un discipulus encore très jeune, puisque l’homme adulte aussi doit se former continuellement. Mais qu’est-­‐ce que la formation pour Edith Stein? Pour répondre a cette question de toute importance, il faut premièrement défi-­‐
nir, par une méthode quasi-­‐aristotélicienne, ce que c’est que l’homme. La première perspective d’Edith Stein est à la fois de la philosophie des Lumières que idéaliste. En effet, pour elle l’homme est capable de surmonter ses difficultés grâce à sa raison, en franchissant les obstacles qui lui sont opposés. Si l’on considère cet as-­‐
pect profondément «Lumières » de la sa philosophe, on pourrait aisément définir la formation comme le processus qui sert à l’homme à faciliter son caractère, donc à ren-­‐
forcer le pouvoir de sa raison. Cependant, si l’on suit la perspective idéaliste, l’homme serait conditionné par le subconscient, qui conditionnerait par conséquent sa façon “d’agir et faire”. En ce sens, l’homme serait dominé par des forces qui ne sont pas directement ralliées à la raison. Mais quel est donc le projet de formation dans ce cas? Il faut ajouter aussi une troisième perspective possible, celle selon la quelle Edith Stein, admirant profondément le philosophe allemand contemporain Martin Hei-­‐
degger, reprend la connexion entre le concept de l’être et du temps. En effet, l'anthro-­‐
pologie de Heidegger ne pouvait que rendre impossible une récupération de l’humanité, donc en soutenant l'impossibilité de vivre “pleinement”, ce qui s’oppose, plutôt clairement, aux précédentes idées de formation d’Edith Stein exposées ci-­‐
dessus. On ne peut pas oublier non plus la dernière perspective possible, la perspective chrétienne, si l’on considère que la vision de l’homme, selon la religion, a de profondes influences bien évidemment sur la pensée de Edith Stein, dont la conversion reste en-­‐
core aujourd’hui un mystère. Selon la métaphysique purement chrétienne -­‐ ni reli-­‐
gieuse ni même théologique -­‐ , la réalité serait capable de faire une synthèse aussi bien des données humaines que des notions. Cependant, accepter des données extérieures serait absolument en contradiction avec ce qui a été défini comme “la recherche de la réalité” chez Stein. Dans ce sens, selon la pensée chrétienne l’homme a été créé par Dieu et il est bon et positif, même si certain contrastes sont plutôt évidents, notamment par rapport au concept du péché originel. Si l’on tient compte de cette dernière perspective, le vrai éducateur serait pour Edith Stein aussi Dieu. En effet, si on analyse correctement, du point de vue séman-­‐
tique, le terme allemand der Beruf, employée directement par Edith Stein pour décrire le processus qui se développe à l'intérieur des hommes, on comprend que ce terme ne signifie pas seulement le travail, mais aussi la vocation [reconduite a la dernière pers-­‐
pective] et l’appel. Le projet de vie des hommes ne consiste donc pas seulement dans une autoréa-­‐
lisation de vie, mais dans une réponse à quelque chose d'extérieur, c’est-­‐à-­‐dire à une vocation. On arrive donc à la conclusion que le processus de formation doit être encadré dans la société, dans une communauté qui imposes des conditions, telles que l’inscription, par exemple, à un parti politique, et donc il se relie plus précisément au concept de relation inter homines. Dans ce sens, les hommes répondent toujours à des données extérieures, qui font, dans un certain sens, progresser l’humanité et, par conséquent, la formation n’indique pas seulement un processus de cognition, mais la forme qu’un homme ac-­‐
quiert en relation à des forces qui agissent sur lui pendant toute son existence. On se relie donc au concept de la παιδεία [littéralement en alphabet latin, pai-­‐
déia], donc au modèle éducatif athénien, consistant à former une personne dans sa pleine humanité. 
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