
Réanimation (2012) 22:S210-S213 S211
Patients et méthodes : On a mené une étude rétrospective sur une
période de 24 mois (novembre 2010–octobre 2012), dans un service
de réanimation polyvalente au CHU de Marrakech. Tous les patients
admis durant la période d’étude ont été observés, les patients inclus
sont ceux ayant présenté une PAVM définie par un infiltrat radiolo-
gique nouveau et persistant, au moins un signe clinique ou biologique
d’infection (température ≥ 38,5 ou ≤ 36,5, hyperleucocytose, throm-
bopénie, CRP élevée), des sécrétions purulentes et un germe retrouvé
au PDP. Les patients avec PDP négatif ont été exclus de l’étude. Les
paramètres démographiques, cliniques, biologiques, microbiologiques
et pronostiques ont été relevés et analysés.
Résultats : Durant la période d’étude, 654 patients ont été admis, 90
ont présenté une PAVM, soit 14,5 %. 21,4 % des PDP étaient positifs.
L’A. baumanii était présent chez 62 patients, soit 69 %. Les autres
germes retrouvés étaient Pseudomonas aeruginosa (35,6 %), Kleb-
siella pneumoniae (16,7 %), les entérocoques (20 %) et le staphylo-
coque (14,4 %). L’âge moyen des patients ayant présenté une PAVM
était de 38,32 ± 18 ans, 89,1 % étaient de sexe masculin, la durée
moyenne de séjour était de 24 ± 15 jours. La durée moyenne de ven-
tilation mécanique était de 22,2 ± 10 jours. Une trachéotomie a été
réalisée dans 23,3 % des cas. Tous les patients ont reçu une antibio-
thérapie probabiliste puis adaptée par la suite en fonction de l’anti-
biogramme. La PNAVM était tardive dans 66,7 % des cas. Parmi les
motifs d’admission, la pathologie traumatique était de 67,8 %, suivie
des pathologies médicales (21,1 %), postopératoires (6,7 %) et toxi-
ques (3,6 %). La mortalité globale était de 64,4 %. Parmi les patients
ayant eu une PAVM à A. baumanii, on a noté une prédominance mas-
culine 79 %, l’âge moyen était de 37 ± 15 ans, une durée moyenne de
séjour 25,7 ± 14 jours. La durée moyenne de ventilation mécanique
était de 23,4 ± 12 jours. La trachéotomie a été réalisée dans 32,3 %
des cas, tous les patients ont reçu une antibiothérapie probabiliste. La
mortalité était de 74 %. Parmi les complications retrouvées, le choc
septique était de 48,4 %, les troubles de la coagulation (9,7 %), l’insuf-
fisance rénale (6,5 %) et le SDRA (1,6 %). Le profil de résistance de
l’A. baumanii dans notre étude était comme suit : 18,2 % résistants à la
colistine, l’amikacine (55,6 %), le sulfaméthoxazole (51,5 %), l’imipé-
nème (66,7 %), la teicoplanine (69,8 %), la fluoroquinolone (75,6 %),
les céphalosporines 3G (88,9 %).
Conclusion : L’incidence des PAVM à A. baumanii est plus élevée
dans notre étude par rapport à la littérature. Les taux de résistance de
l’A. baumanii restent assez élevés avec augmentation de la consom-
mation des antibiotiques. Il nous paraît donc important de souligner
l’intérêt de poursuivre une surveillance épidémiologique prospective
et continue de l’infection nosocomiale à A. baumanii en réanimation
afin d’évaluer les mesures mises en place dans le but de diminuer
l’incidence des PAVM.
SP238
Pneumopathies nosocomiales à Acinetobacter baumanii :
facteurs de risque et profil de sensibilité
dans un hôpital universitaire marocain
Y. Qamouss1, L. Arsalane2, M. Zoubir3, M. Boughalem3
1Réanimation postopératoire, hôpital militaire Avicenne,
Marrakech, Maroc
2Bactériologie–hygiène, hôpital militaire Avicenne, Marrakech, Maroc
3Réanimation, hôpital militaire Avicenne, Marrakech, Maroc
Introduction : Acinetobacter baumanii (AB) est un agent pathogène res-
ponsable d’infections nosocomiales en milieu de réanimation avec une
sensibilité de plus en plus réduite aux antibiotiques et une mortalité éle-
vée. Le but de cette étude est d’étudier les facteurs de risque d’acquisition
de ce germe ainsi que son profil de sensibilité dans notre contexte.
Matériels et méthodes : Étude rétrospective sur deux ans (janvier
2009–janvier 2011), menée au service de réanimation de l’hôpital
militaire Avicenne de Marrakech, avec inclusion de tous les patients
ayant développé une pneumopathie acquise sous ventilation mécani-
que (PAVM) à AB.
Résultats : Trois cent quarante-deux patients ont été admis en milieu
de réanimation durant cette période dont 64 % (220) ont été ventilés
plus de 48 heures, 32 patients ont développé une PAVM dont l’exa-
men direct a isolé l’Acinetobacter chez dix patients, soit 31 %, l’âge
moyen était à 41 ± 18,2 ans avec une nette prédominance masculine
(sex-ratio à 3), IGS II à l’admission : 49 ± 12,3, la durée moyenne
de ventilation mécanique : 15 ± 19,3 jours, le délai de survenue de
pneumopathie à AB était de 8,4 ± 4,06 jours, les motifs d’admis-
sion sont la détresse respiratoire dans cinq cas (décompensation de
BPCO, asthme aigu grave), une chirurgie récente dans trois cas et
une méningoencéphalite dans deux cas, avec évolution vers l’état
de choc septique et SDRA dans 90 et 50 % des cas respectivement.
À l’antibiogramme, 60 % des souches isolées étaient résistantes à
l’imi pénème et 20 % résistantes à la colistine, le taux de mortalité
global a été de 75,5 %, l’imputabilité de la PAVM à AB a été retenue
dans 80 %. Dans ce travail, le taux de mortalité est élevé par rapport
aux différentes séries de la littérature probablement en rapport avec
la gravité des patients admis, la provenance d’une autre structure hos-
pitalière (cliniques privées), l’émergence de souches multirésistantes
ainsi que le manque de personnel paramédical.
Conclusion : Le taux de pneumopathies à AB ne cesse de s’accroître
en milieu de réanimation avec de plus en plus de résistance aux anti-
biotiques, ce qui impose une politique préventive sérieuse ainsi que
l’adoption d’un protocole de surveillance et de soins.
SP239
Impact d’une toilette quotidienne à l’octénidine
chez les patients colonisés à entérocoques résistants
aux glycopeptides
M. Alves1, F. Barbut2, A. Lemire3, N. Bigé1, H. Ait-Oufella1,
A. Galbois1, J.L. Baudel1, G. Offenstadt1, B. Guidet1, E. Maury1
1Service de réanimation médicale, CHU Saint-Antoine, Paris, France
2Unité d’hygiène et de lutte contre les infections nosocomiales,
hôpital Saint-Antoine, Paris, France
3Laboratoire de bactériologie, hôpital Saint-Antoine, Paris, France
Introduction : L’utilisation d’un savon antiseptique pour la toilette
des patients colonisés par des bactéries multirésistantes pourrait per-
mettre de limiter leur dissémination. L’octénidine est un antiseptique
cationique de la famille des Bispyridines. Nous avons testé l’impact
d’un savon à base d’octénidine utilisé pour la toilette quotidienne de
patients colonisés par une souche d’Enterococcus faecium résistant
aux glycopeptides (ERG).
Patients et méthodes : Lors d’une épidémie à ERG, les patients
hospitalisés en réanimation médicale colonisés ont été isolés dans
une unité dédiée de six lits. Durant six semaines consécutives, nous
avons mesuré la colonisation cutanée des patients (charge bactérienne
prélevée sur une surface de 50 cm2 au niveau des deux avant-bras et
des aines) juste avant la toilette (h0), une heure après la toilette (h1)
et quatre heures après la toilette (h4). La toilette des patients a été
réalisée en utilisant le savon doux habituel (Aniosafe®, Anios, Lille-
Hellemmes, France) pendant les trois premières semaines, puis avec
un savon à base d’octénidine (Octenisan®, Schülke Mayr, Norderstedt,
Allemagne) pendant les trois semaines suivantes. Pendant les deux
périodes, la présence d’ERG a été recherchée dans l’environnement
(support pompe solution hydroalcoolique, barres de lit, télécommande