Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC

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Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC-FDC » et le
suivi de la progression numérique et spatiale de ces
espèces en France
Le réseau « Ongulés sauvages ONCFS- FNC- FDC » a pour mission le suivi patrimonial du
grand gibier en France à l'échelle communale, départementale, régionale ou nationale. Il
contribue à la connaissance des types de milieux occupés, des modes de gestion
pratiqués, et des problèmes rencontrés (impact sur le milieu agricole ou forestier,
fragmentation de l'espace, collisions).
L’existence même du réseau est justifiée par son objectif principal, à savoir produire
chaque année des statistiques sur les tableaux de chasse qui servent de références
nationales. Les principales enquêtes seront présentées dans ce rapport.
Les questions scientifiques qui en découlent sont principalement à l’heure actuelle de
savoir si ces statistiques de chasse sont représentatives de l’évolution des populations.
Des réflexions en cours sur ce sujet, élaborées avec des statisticiens, seront présentées.
Un bref rappel sur l’historique du réseau est tout d’abord indispensable pour bien
comprendre comment s’est construit en 25 ans ce réseau national d’observation des
ongulés sauvages.
1 Historique
Ce réseau tout d’abord appelé « réseau des correspondants Cervidés-sanglier » a été
constitué en 1985 lors de la mise en place de l’inventaire zoo-géographique des
populations de cerf élaphe en France. Un comité de coordination, présidé par le président
de l’ANCGG
regroupait des représentants des différents organismes impliqués dans la
gestion des cervidés-sangliers et de leurs habitats (ONC, FDC, ANCGG, Muséum
d’Histoire Naturelle…). Les correspondants départementaux étaient recrutés parmi les
agents de l’ONCFS et des FDC, les délégués ANCGG ou les administrateurs de FDC. Il n’y
avait qu’un correspondant par département.
En 1998, lors de la séparation des services de police de l’ONCFS et des FDC, il a été mis
en place le système de deux correspondants par département, un pour chaque
organisme. De 1988 à 2001, 7 techniciens se sont succédés sur des contrats à durée
déterminée pour assurer les enquêtes du réseau. Les données étaient traitées par le
Muséum d’Histoire Naturelle.
1
En 2001 il a été crée un poste d’ingénieur « responsable du suivi patrimonial » au sein du
CNERA « cervidés-sanglier ». Un poste de technicien a également été entièrement dévolu
à cette mission. L’ensemble du réseau a été recentré sur l’implantation de Gerstheim en
Alsace. A partir de cette période les enquêtes ont été entièrement menées par cette
équipe, de la conception à l’interprétation en passant par la saisie.
Le réseau est alors devenu un véritable outil de travail. Les changements fréquents de
technicien au cours des années précédentes et la séparation des tâches (saisie et
traitement des données par le Muséum) ne permettaient pas d’avoir un suivi et la
validation correcte des enquêtes.
En 2003 il a établi une convention cadre entre la FNC et l’ONCFS afin de fixer les
principes généraux de fonctionnement des réseaux nationaux d’observation de la faune
sauvage communs à l’ONCFS et aux Fédérations départementales, régionales et
nationale des chasseurs. Cette convention, encore d’actualité, précise l’organisation et le
fonctionnement des réseaux, ainsi que les règles d’exploitation et de diffusion des
données, qui n’étaient pas toujours très claires auparavant.
Le réseau a changé de dénomination et de logo en 2005 afin que la problématique
ongulés de montagne soit intégrée. En effet toutes les espèces d’ongulés sauvages de
plaine et de montagne présentes en France sont concernées, à savoir le cerf (Cervus
elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le daim (Dama
dama), le cerf sika (Cervus sika nippon), le chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra),
l’isard (Rupicapra pyrenaica pyrenaica), le mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon), le
mouflon méditerranéen (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.) et le bouquetin (Capra ibex
ibex).
Depuis 2003 les informations sont récoltées dans chaque département par deux
interlocuteurs techniques, un de la Fédération départementale des chasseurs et un du
service départemental de l’ONCFS (soit environ 180 personnes). Dans la mesure du
possible il est demandé aux interlocuteurs des deux services concernés dans un même
département de remplir les fiches d’enquête en concertation afin de garantir une
meilleure information. Elles sont ensuite saisies, traitées et cartographiées par
l’administrateur et le responsable scientifique. Chaque année les enquêtes tableaux de
chasse départementaux de tous les ongulés et tableaux de chasse communaux du
sanglier sont réalisées. D’autres enquêtes ont une périodicité plus grande comme les
tableaux de chasse communaux chevreuil, les inventaires de répartition en France du cerf
ou des ongulés de montagne, la répartition
communale des espèces marginales (cerf
sika, daim), les modalités de gestion des ongulés par la chasse, les couloirs de libre
circulation entre les massifs forestiers. Certaines enquêtes peuvent être ponctuelles pour
2
répondre à des problématiques d’actualité. Par exemple l’enquête mortalité extracynégétique du grand gibier a mesuré l’évolution des collisions sur une vingtaine de
départements entre 1983 et 1994.
Le réseau tente de répondre principalement à deux grandes questions :
1- quelle est la progression géographique des ongulés sauvages en France ?
2- quelles sont les progressions numériques des effectifs d’ongulés en France ?
Différentes enquêtes ont été mises en place au cours du temps pour suivre
géographiquement l’évolution des ongulés en plein développement sur le territoire
national, aussi bien au niveau des aires occupées que des effectifs estimés.
2 Progression géographique des espèces : les enquêtes de
répartition
2.1
Enquête « inventaire zoo-géographique des massifs à cerfs » :
Problématique :
Depuis la généralisation du plan de chasse en 1979 les populations de cerf sont en pleine
expansion sur le territoire national. Les tableaux de chasse départementaux récoltés
depuis 1973 montrent bien cette progression mais ils ne permettent pas de caractériser
les populations de cerf, et les types de milieux concernés par l’apparition ou le
développement des populations de cerf élaphe.
Historique :
En 1985 une enquête a été mise en place 1985 afin de caractériser les populations de
cerf et de décrire les unités géographiques dans lesquelles ils vivent. Pour rendre compte
de l’évolution des populations il a été choisi un pas de temps de 5 ans entre deux
enquêtes.
Les données relatives à cet inventaire ont été traitées de 1985 à 2000 par le Service du
Patrimoine Naturel (SPN)
du Muséum national d’histoire naturelle au travers d’une
« convention particulière à des fins d’études et de recherches » entre l’ONCFS et le
3
MNHN. Depuis cette date, le réseau cervidés-sanglier assure seul l’exploitation et
l’analyse des données.
Méthodologie :
Le travail est réalisé par unité de population ou « zone à cerf », c’est-à-dire une aire
occupée par au minimum une dizaine de cerfs et biches susceptibles de se rencontrer et
d'établir entre eux des rapports sociaux et génétiques (reproduction). Pour des raisons
administratives l’inventaire est fait par département. Ainsi pour une population à cheval
sur plusieurs départements chaque portion départementale constitue une zone. Un
département peut abriter plusieurs zones. Sur chaque zone sont récoltées des
informations sur le statut et la gestion de cette espèce.
Si un changement est apparu par rapport à la situation précédente, les zones impliquées
doivent être à nouveau cartographiées au 1/100000ème sur les cartes IGN. Les zones
peuvent apparaître, disparaître, fusionner ou avoir des modifications de leurs contours.
L'origine des populations est également renseignée, trois cas de figures peuvent être
rencontrés. Les populations peuvent être d’origine naturelle (aucun lâcher effectué),
introduite ou réintroduite (lâchers volontaires ou animaux échappés de captivité) ou
mixtes.
Résultats :
Les données sont saisies sur Access et cartographiées sur Arcview. Les résultats se
présentent sous la forme d’un fichier national sous Système d’Information Géographique
(ARCVIEW).
Dans
ce
fichier
chaque
zone
est
associée
à
des
informations
complémentaires concernant soit les populations (effectifs estimés, tableaux de chasse,
origine des populations…) soit les milieux (superficie totale, boisée…)
En 20 ans la progression du cerf a été spectaculaire, tant du point de vue de la superficie
occupée que des effectifs présents ou des prélèvements effectués par les chasseurs. En
2005 plus de 29% du territoire national sont occupés par le cerf, cette superficie ayant
été multipliée par 1.9 en 20 ans. Les effectifs estimés au niveau national ont été
multipliés par 3.9 au cours de cette même période. Le nombre de zones à cerf n’évolue
pas proportionnellement à l’expansion de l’espèce : en 20 ans, il n’a augmenté que de
14%. On assiste plutôt à une extension des zones existantes qu’à l’apparition de
nouvelles zones, surtout dans les milieux fortement boisés où le continuum forestier
favorise la jonction entre les zones voisines.
En 1985, le cerf occupait 25% du territoire boisé national, et 45% en 2005. 33
départements ont plus de 50% de leur territoire boisé occupé par le cerf. Sur 17
4
départements la densité estimée de cerfs aux 100 ha boisés est supérieure à 4, en 1985
un seul département était dans cette situation.
La colonisation du cerf est surtout spectaculaire dans les milieux montagnards (fig. 1). En
20 ans les effectifs ont été multipliés par 9 dans le Massif central, les Alpes et les
Pyrénées et par 3 dans le reste de la France. Le cerf occupe plus de 40% de le surface
totale au-dessus de 1500m d’altitude (Pfaff et al.2008).
Figure 1 : Evolution de la surface colonisée par le cerf entre 1985 et 2005
L’utilisation des différents habitats disponibles varie suivant la classe altitudinale
concernée. Ainsi, en dessous de 600m d ‘altitude, le cerf est nettement inféodé aux
forêts de feuillus ou de résineux. En moyenne et haute montagne, il sélectionne moins
les habitats et les utilise proportionnellement aux disponibilités.
Les difficultés rencontrées:
-
L’estimation des effectifs est une donnée très subjective et tient dans une
fourchette très large. Pour calculer des effectifs nationaux et des densités nous
utilisons la moyenne entre les effectifs minimaux et maximaux estimés, ce qui
reste très approximatif. Cependant la validité de ces estimations est vérifiée d’une
enquête à l’autre. En effet le nombre de cerfs réalisés par le plan de chasse est
une donnée beaucoup plus fiable. Partant du principe qu’une population devrait
être en augmentation si les prélèvements sont inférieurs à 25% des effectifs
estimés, et qu’elle devrait diminuer si les prélèvements sont supérieurs à 35%,
toutes les zones dont les données ne sont pas cohérentes sont vérifiées et les
estimations
revues
avec
les
interlocuteurs
concernés.
5
techniques
des
départements
-
La délimitation des zones était sans doute plus facile à réaliser il y a 20 ans que
de nos jours où la plupart des populations de cerfs sont potentiellement en
contact. En dehors des limites administratives départementales,
maintenant le plus fréquemment
ce sont
les infrastructures linéaires, les vallées ou les
sommets qui permettent d’identifier des zones distinctes. Les zones à cerfs
censées abriter des populations de cerfs bien individualisées correspondent plus
aujourd’hui à des unités de gestion cynégétique. Jusqu’en 2000 les zones étaient
ensuite agrégées en « massifs à cerfs » correspondant à une ou plusieurs unités
de population interdépartementales. Lors du traitement des données de l’enquête
2005, il est apparu qu’il était difficile voire impossible de continuer à agréger les
zones en massifs distincts. En effet, avec le développement des populations de
cerfs, les liaisons entre les massifs sont de plus en plus fréquentes et la
séparation des massifs devient une notion très arbitraire. En 1985, on recensait
396 zones à cerfs regroupées en 316 massifs, en 2000, les 439 zones étaient
regroupées en 309 massifs.
-
Une nouvelle population de cerf n’est pas forcément identifiée l’année de
l’enquête, et il peut se passer plusieurs années avant qu’elle figure dans
l’inventaire. Cependant si la population se développe, elle finira forcément par
apparaître.
-
La notion d’ « une dizaine d’animaux » présents pour définir une nouvelle
population est à revoir. Il pourrait être plus judicieux de définir une nouvelle
population par exemple dès que la présence de biches est avérée sur un massif ou
lorsque de la reproduction a été constatée.
Intérêts et limites de cette enquête:
L’augmentation des tableaux de chasse annuels montre qu’ils sont globalement
insuffisants
pour
significativement
stabiliser
les
les
populations
effectifs
les
nationaux
plus
et
importantes.
plus
encore
Toutefois
pour
l’amorce
réduire
d’une
stabilisation des effectifs dans les massifs les plus fortement boisés montre qu’il est
possible de contrôler les populations par le plan de chasse, en attribuant un nombre
important de bracelets et en faisant respecter les minima obligatoires.
A partir de cette enquête une autre étude (espaces de libre circulation du cerf élaphe)
avait été réalisée en 1996 afin de voir si
les cerfs pouvaient encore se déplacer d’un
6
massif à l’autre malgré les infrastructures qui se développaient (autoroutes ou lignes TGV
clôturées,
urbanisation…).
L’objectif
étant
de
disposer
d’informations
permettant de tenir compte des besoins de circulation de la grande faune
nationales
dans les
schémas d’aménagement du territoire, et de créer ou de rétablir ces espaces de libre
circulation. Une base de données avec les aires de répartition des cervidés, les voies de
déplacement, les zones de collisions et les contraintes de cloisonnement a été intégrée
aux systèmes d’information géographiques de la région Ile de France en 1999 ( LANDRY
P.). Le renouvellement de cette enquête en 2009 permet aux régions d’intégrer ces
données dans les projets de trames vertes et bleues.
La notion de « zone à cerfs » devra être redéfinie à l’avenir, ainsi que la notion « d’unité
de gestion cynégétique ». Comment définir et gérer une entité de population homogène
alors que les massifs identifiés deviennent de plus en plus vastes ?
2.2
Enquête « ongulés de montagne» :
Cette enquête de répartition des ongulés de montagne s’intéresse aux chamois, isards,
mouflons et bouquetins. Réalisée en 1990 puis en 2006, elle sera maintenant
quinquennale, la prochaine est programmée pour 2011.
Historique :
Le premier inventaire des populations françaises de Chamois, d’Isard, de Mouflon de
Corse et de Mouflon méditerranéen a été réalisé en 1989 par le CNERA Faune de
montagne, avec le concours du Service du patrimoine naturel du Muséum national
d’histoire naturelle. L’objectif était de dresser la carte de répartition de ces espèces et de
recueillir, pour chacune de leurs populations, des informations sur leur origine (naturelle,
renforcée
par
des
lâchers,
totalement
introduite),
les
lâchers
éventuels
(lieu,
responsable, date, nombre et sexe des animaux lâchés, provenance), leur statut
cynégétique (chassée ou non chassée, modes de chasse) et les prélèvements par la
chasse (attributions et réalisations).
Deux mises à jour ont été effectuées depuis : une première fois en 1995, par les mêmes
opérateurs, en étendant l’enquête à une espèce prestigieuse et en plein développement,
le Bouquetin des Alpes ; une seconde fois en 2006, par le réseau Ongulés sauvages
ONCFS - FNC - FDC.
Objectifs de la dernière mise à jour :
7
Dans la continuité des deux précédents inventaires, la mise à jour 2006 avait pour
objectifs de :
- dresser la carte de répartition du chamois des Alpes, de l’isard des Pyrénées, du
mouflon de corse,
du mouflon méditerranéen et du bouquetin des Alpes par unité de
population,
- analyser l’évolution de leur distribution spatiale, en référence aux données antérieures,
obtenir des informations sur le statut, la gestion, la situation sanitaire et le suivi de leurs
populations.
Méthode :
Les données sont recueillies par unité de population, définie comme étant l’aire vitale
d’une population ou ensemble des individus de la même espèce – au minimum 5 –
susceptibles de se rencontrer et d’établir entre eux des liens sociaux et génétiques. Ses
contours doivent inclure au plus près les terrains régulièrement fréquentés durant tout ou
partie du cycle annuel, à l’exclusion des sites de présence sporadique ou accidentelle.
Cependant, l’enquête étant réalisée par département, la notion de « zone de présence »
a été introduite pour désigner l’unité de population, lorsque cette dernière est
entièrement située dans un département ou la portion départementale d’une unité de
population, quand cette dernière est à cheval sur plusieurs départements.
Les interlocuteurs techniques doivent consulter tous les organismes (Office national des
forêts,
Parcs
nationaux,
Parcs
naturels
régionaux,
Laboratoires
vétérinaires
départementaux, etc.), associations ou particuliers susceptibles de posséder des
informations sur les populations de ces espèces.
Pour chaque zone de présence, les informateurs devaient renseigner les documents
suivants :
- un extrait de carte IGN au 1/100 000e, portant les contours des zones de présence
inventoriées en 1995 et leur numéro d’identification, destiné à recevoir les modifications
survenues depuis l’inventaire précédent, les zones de présence nouvelles devant être
reportées sur des cartes vierges à la même échelle.
- un formulaire DESPRIPTIF
DE
ZONE comportant cinq rubriques : Auteurs de la fiche –
Identification de la zone – Statut de la zone (nouvelle, périmée, inchangée, modifiée) –
Localisation géographique de la zone (numéro INSEE et libellé des communes
concernées) – Origine de la population (naturelle, naturelle renforcée, totalement
introduite).
- un formulaire DESCRIPTIF
DE
POPULATION destiné à recueillir les informations concernant
les effectifs, les prélèvements par la chasse, la situation sanitaire et le suivi des
8
populations inventoriées. Ceux dédiés au Chamois, à l’Isard et aux deux espèces de
mouflons comportent six rubriques : Auteur de la fiche – Identification de la zone –
Effectif de la population et évolution – Statut cynégétique et prélèvements – Modalités de
suivi – Situation sanitaire de la population. Celui destiné au Bouquetin des Alpes n’en
compte que cinq, l’espèce n’étant pas concernée par la chasse.
Les données cartographiques de l’inventaire 2006 ont été saisies sur ArcGis/Arcview. Les
analyses concernant la répartition altitudinale de l’aire de distribution de chaque espèce
ont été réalisées avec le STRM 90m, modèle numérique de terrain de 90 mètres de
résolution développé par la NASA. Les milieux occupés ont pu être décrits au moyen des
bases de données géographiques CORINE Land Cover 1990 pour les années 1988 et 1994 et
CORINE Land Cover 2000 pour l’année 2005.
Résultats :
L’inventaire a été réalisé dans tous les départements où la présence d’au moins une
espèce était avérée ou possible (n=40).
Les principaux résultats obtenus pour chaque espèce sont les suivants (Corti 2009) :
- surface totale de l’aire de distribution et évolution, répartition par région administrative
et par département, nombre de communes concernées,
- répartition altitudinale de l’aire de distribution et évolution,
- répartition de l’aire de distribution par types d’occupation du sol et évolution,
- effectif minimum national estimé et évolution, répartition par massif et/ou par
département,
- nombre de populations et évolution,
- répartition des populations suivant l’origine (naturelles, renforcées par des lâchers,
totalement introduites),
- bilan des translocations d’animaux réalisées (nombre total, répartition par sexe et
provenance des animaux)
- répartition des populations suivant l’étendue de l’aire vitale, l’effectif minimum et la
densité.
- état des populations faisant l’objet d’un suivi démographique et des méthodes mises en
œuvre (estimation des effectifs par enquête, dénombrement par approches et affûts
combinés, pointage-flash, estimation annuelle de l’indice de reproduction, indicateurs de
changement écologique),
bilan des pathologies (surtout de nature épizootique ou enzootique) ayant affecté les
populations de chaque espèce depuis le précédent inventaire (1995).
9
L’aire de répartition du Chamois couvre aujourd’hui près de 21 000 km2 sur 19
départements, soit 3,8 % du territoire national métropolitain (Fig. 2). En 1988, le
Chamois n’était présent que dans 15 départements. En 17 ans, l’espèce a colonisé 7 362
km2, soit 433km2 par an en moyenne. L’aire de présence du Chamois s’étage de 86 m
(minimum observé dans le Vaucluse) à 3 699 m d’altitude (maximum atteint en Savoie).
73% de la surface occupée par l’espèce sont situés en-dessous de 2 000 m. Le reste,
constitué par les terrains de plus de 2 000 m d’altitude, est rassemblé dans les Alpes.
La comparaison des données de 1988 et 2005 montre un accroissement de l’aire de
présence dans toutes les tranches altitudinales. Cependant, cette progression est
beaucoup plus marquée dans les classes correspondant aux basses et moyennes
altitudes. Le nombre minimum de chamois présents en France en 2005 a été estimé à
près de 98 700 individus avant chasse, répartis au sein de 217 populations. Il était de 31
680 en 1988. Les effectifs de l’espèce ont ainsi été multipliés par 3,1 depuis 1988.
L’augmentation s’observe dans tous les massifs à l’exception des Vosges où, depuis un
peu plus d’une décennie, les gestionnaires locaux ont souhaité les stabiliser.
:
Figure 2 : Aire de répartition du Chamois en France en 2005
10
L’aire de distribution actuelle de l’Isard s’étend sur 5 457 km2, soit environ 1% du
territoire national métropolitain sur 6 départements pyrénéens (Fig. 3). La superficie
occupée par l’espèce qui a colonisé 200 km2 chaque année en moyenne, a presque
doublé depuis 1977. L’aire de distribution actuelle de l’Isard sur le versant français des
Pyrénées s’étage de 257 m à 3 239 m d’altitude. Plus des deux tiers de la surface
occupée par l’espèce sont situés en-dessous de 2 000 m. Le nombre minimum d’isards
présents après naissances et avant chasse sur le territoire national en 2005 a été estimé
à 27 000 têtes réparties au sein de 37 populations, soit presque 2 fois l’effectif estimé de
1988.
Figure 3 :Aire de répartition de l’isard en France en 2005
L’aire de distribution du Mouflon méditerranéen s’étend sur 4 352 km2 ou 0,8% du
territoire national métropolitain. Elle est entièrement située en France continentale
(Haute-Corse) et se compose de 84 zones de présence réparties sur 25 départements. Le
Mouflon méditerranéen est présent depuis le niveau de la mer (dans la Somme) jusqu’à
3061 m d’altitude (maximum observé en Savoie). On estime à près de 14 350 le nombre
minimum de mouflons méditerranéens présents en France après naissances et avant
chasse en 2005. Il était de 6 140 en 1988. Les effectifs de l’espèce ont ainsi été
multipliés par 2,3 depuis 1988. Parmi les 67 populations de Mouflon méditerranéen
inventoriées en 2005, 60 sont directement issues d’une introduction officielle (51 cas),
non officielle (3 cas) et accidentelle (6 cas). Les sept autres se sont constituées de façon
spontanée, par essaimage d’une colonie introduite.
11
D’une superficie totale de 897 km2, l’aire de répartition actuelle du Mouflon de Corse se
compose de six zones de présence. Quatre d’entre- elles, couvrant 828 km2 au total
répartis sur 13 communes de la Corse du Sud (2A) et 15 de la Haute-Corse (2B),
forment les deux populations naturelles interdépartementales du Cinto et de Bavella. Les
deux autres sont situées sur le continent. L’aire de distribution du Mouflon de Corse
s’étage de 19 m (minimum observé à Bavella) à 2 650 m d’altitude. Estimés à un bon
millier d’individus les effectifs ont été multiplié par 2 depuis 1988.
Présent seulement en Savoie – quelques individus dans le massif de la Vanoise – au
début des années 1950, le Bouquetin des Alpes occupe aujourd’hui près de 2 300 km2
dans
sept
départements
alpins
et
compte
près
de
8
700
représentants.
Les
réintroductions ont constitué pour cette espèce le facteur quasi exclusif de son extension
puisque seules les populations du Grand Paradis (Italie) et de la Vanoise (France) sont
autochtones. Si les deux dernières décennies ont vu l’amorce d’un comblement du vide
existant jusqu’alors dans la partie centrale des Alpes françaises, l’aire de distribution de
l’espèce demeure éclatée et très en deçà de sa répartition historique. En outre, bien que
l’effectif national soit relativement important, le peuplement demeure encore fragile car
plus de la moitié des populations sont composées de moins de 200 individus. Sa stratégie
d’occupation de nouveaux territoires, extrêmement lente et sensible aux perturbations
d’origine humaine confère au Bouquetin des Alpes un faible pouvoir colonisateur. Pour
cette raison, son extension géographique a été et demeure presque totalement
dépendante de l’intervention directe de l’Homme au moyen des réintroductions.
Intérêts et limites de cette enquête:
Ce type d’enquête permet de recueillir, dans un délai assez court et avec des moyens
relativement limités, toute une série de données grâce auxquelles il est possible de décrire
le statut patrimonial d’une ou plusieurs espèces à l’échelle nationale et, au fil des mises à
jour, son évolution. Répétées régulièrement, ces enquêtes permettent en outre de rassembler
et de conserver des informations sur le peuplement des espèces concernées jusque là
dispersées et susceptibles d’être perdues au gré du renouvellement des personnes ressources,
de relocalisations ou de défauts d’archivage. Elles peuvent aussi permettre de répondre à
des problématiques ou à des demandes spécifiques. Ainsi, la mise à jour 2006 de
l’inventaire des populations d’ongulés de montagne a permis, entre autres, l’élaboration
des fiches concernant le Chamois, l’Isard, le Mouflon de Corse et le Bouquetin des Alpes
dans le cadre de l’évaluation de l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt
communautaire 2006-2007 confiée au Muséum national d’histoire naturelle par le
ministère chargé de l’environnement.
12
Cependant, et par nature, ce type d’enquête repose sur des informations obtenues le
plus souvent de façon empirique. Ce sont surtout les estimations d’effectifs, plus ou
moins subjectives suivant qu’elles s’appuient ou non sur des comptages réguliers, qui
peuvent être sujettes à critique. En règle générale, nous ne disposons pas d’éléments
permettant d’en apprécier la fiabilité. Seuls les cas d’informations manifestement
incohérentes ou contradictoires peuvent être décelés et revus avec les informateurs
concernés. Elles ne peuvent et ne doivent donc être considérées que comme un ordre de
grandeur de la taille des populations.
Plus que le statut patrimonial d’une espèce à un moment donné, c’est l’évolution de ce
dernier qui nous semble intéressant dans le cadre d’un management à grande échelle. Ce
a quoi ce type d’enquête répond parfaitement même si la précision des données, surtout
quantitatives, n’est pas connue.
2.3
Enquête « espèces marginales » :
Problématique :
Introduits en France dans des parcs à des fins ornementales, le daim et le cerf sika ont
peu à peu colonisé de nouveaux territoires en milieux ouverts après s’ être échappés
d’enclos. Le développement du cerf sika est indésirable du fait des risques de pollution
génétique du cerf élaphe, leur hybridation étant rare mais possible. Le daim pose
également des problèmes de gestion du fait qu’il écorce beaucoup les peuplements
forestiers et qu’il se superpose aux cervidés locaux, cerf et chevreuil. Dans la plupart des
départements l’objectif est d’éradiquer les individus en liberté. En 1991 on avait
également de l’hydropote à l’état libre en France sur deux communes de la Haute-Vienne
où il était inscrit comme espèce protégée. Actuellement, plus aucun suivi de cette espèce
n’est effectué et il n’y a plus d’information relative à d’éventuelles observations
d’individus en liberté depuis une dizaine d’années. L’enquête annuelle « tableaux de
chasse » montre que le daim et le cerf sika sont présents de façon épisodique ou
permanente
dans
de
nombreux
départements
français.
Toutefois,
la
maille
départementale n’est pas adaptée à l’examen de la situation réelle des espèces présentes
en effectifs faibles et sur un nombre très limité de communes.
Historique :
13
En 1991, une enquête « Espèces marginales d’ongulés en milieu ouvert » avait permis
d’établir la liste des communes françaises où l’hydropote le daim et le cerf sika étaient
présents à l’état libre. L’évolution rapide des tableaux de chasse nationaux et la
progression du nombre de départements concernés par les deux dernières espèces
(Saint-Andrieux et al. 2006) ont montré la nécessité d’actualiser nos connaissances sur
leur répartition à l’échelle communale et elle a été renouvelée en 2006.
Méthodologie :
On recense les populations de daim ou de cerf sika, le terme de
« population »
caractérisant un groupe d’individus libre depuis au moins 1 an ( on considère que la
récupération par leur propriétaire est alors impossible), séjournant sur une aire
déterminée (de 1 à n communes). Chaque commune sur laquelle les animaux sont
observés est indiquée. L’estimation des effectifs par classe (1 à 5 ; de 5 à 20 ; de 20 à 50 ; >
50),
les
tableaux
volontairement
de
chasse
introduite,
communaux
échappée
et
d’enclos,
l’origine
des
animaux
(inconnue,
ancienne),
la
tendance
d’évolution
(diminution, stable, augmentation, inconnue) sont également renseignés. Les données
sont saisies sur Access. Cette enquête sera renouvelée tous les 5 ans afin de mieux
suivre l’évolution quelquefois problématique de ces ongulés en France.
Résultats :
Le daim était présent sur 244 communes réparties sur 38 départements en 1991, il se
trouve à l’état libre en 2006 sur 446 communes réparties sur 53 départements (Fig. 4).
Cette enquête permet également de connaître l’origine des 125 populations présentes,
pour la plupart issues d’animaux échappés de captivité (Saint-Andrieux et al.2006,
2009).
Pour le cerf sika l’expansion géographique est plus limitée, mais il est tout de même
passé d’une présence sur 30 communes réparties dans 9 départements en 1991, à 67
communes
sur
15
départements
en
2006.
Les
22
populations
majoritairement issues d’animaux échappées de parcs ou enclos.
14
sont
là
aussi
Figure 4 : Répartition communale du daim à l’état libre en 2006
Difficultés :
Les populations peuvent être très éphémères et il n’est pas toujours facile de les
identifier. La moitié des populations de daim comporte moins de 5 individus, ce qui rend
difficile les observations. Adaptés aux habitats fermés, le daim et le cerf sika peuvent
passer facilement inaperçus, surtout en faible densité.
Intérêts :
Cette enquête montre que les populations sont essentiellement issues d’animaux
échappés de parcs ou d’enclos (96 populations de daim sur les 125 entités existantes, 15
populations de cerf sika
sur les 22 existantes). En vingt années, la distribution
géographique hors enclos des deux espèces a fortement progressé mais il existe une
différence sensible entre le daim et le cerf sika. Au niveau national les populations de
daim sont majoritairement stables ou en progression. Celles du cerf sika sont stables ou
en diminution et il existe une réelle volonté de stopper l’avancée de l’espèce en raison
des risques de pollution du cerf élaphe. Ces deux espèces de cerf partageaient tout de
même en 2007 le territoire sur 34 communes de France et 17 zones à cerf sont
concernées sur 9 départements. L’attention des responsables départementaux doit rester
mobilisée, d’autant plus que des faibles densités, ainsi que leur capacité à échapper à la
chasse les rend difficilement contrôlables.
15
La simple analyse des tableaux de chasse départementaux (attributions et réalisations)
ne permet pas de rendre compte de l’évolution des espèces en raison d’une part de
l’importance du niveau des attributions (lorsque des animaux sont échappés il y a
attributions de bracelets en grande quantité dans les communes environnantes pour être
certain d’éliminer les animaux), d’autre part que dans certains départements il n’y a pas
de plan de chasse pour ces espèces considérées comme nuisibles. Une enquête régulière
à une échelle fine est donc nécessaire pour suivre en temps réel l’évolution de ces deux
espèces.
3 Progression géographique des espèces : les enquêtes
tableaux de chasse communaux
Problématique :
Lorsqu’une espèce chassable apparaît, puis se développe, dans une commune, elle finit
par figurer au tableau de chasse.
Suivre les tableaux de chasse communaux chevreuil et sanglier sur l’ensemble du
territoire français depuis les années 1980 a permis de visualiser la progression
géographique de ces espèces au niveau national. Pour le chevreuil des informations sur
les milieux bioclimatiques occupés ont permis de montrer l’évolution de l’espèce sur
chaque type de milieux.
Historique :
L’enquête communale chevreuil a débuté en 1985 avec une périodicité approximative de
5 ans. Celle du sanglier est annuelle depuis 1987.
Conçue au départ pour suivre la progression géographique des espèces au niveau
national, cette enquête a été remise en cause en 2000 puisque le chevreuil et le sanglier
sont maintenant présents partout. De plus les chasseurs sont souvent organisés en
unités de gestion recouvrant plusieurs communes, et les réalisations sont alors difficiles à
attribuer à l’une ou l’autre commune. Un sondage avait été fait auprès des interlocuteurs
techniques et plus des 2/3 souhaitaient tout de même continuer ces enquêtes qui
peuvent être utilisées à d’autres fins comme par exemple l’étude des dégâts agricoles au
niveau communal.
Méthodologie :
16
Pour chaque département la liste des communes du département avec leur code Insee
est envoyée par messagerie électronique sur fichier Excel. Depuis deux ans il n’y a plus
d’envoi papier. Les fichiers Excel transmis sont verrouillés de façon à ce qu’aucun code
Insee ne puisse être ajouté ou supprimé.
L’interlocuteur technique de la FDC rempli le listing en indiquant par commune le nombre
d’animaux réalisés. Ce travail est impossible pour l’interlocuteur de l’ONCFS qui n’a pas
les informations à son niveau. A plus de 90 % les retours se font également par mail.
Seuls quelques rares départements (entre 4 ou 6 par an) continuent de faire des retours
papier.
Les informations sont saisies par l’administratrice du réseau sur la base de données
Access, ou transférées du fichier transmis (Excel) à la base de données. Avant de
transférer les informations reçues sur la base de données du réseau, les données de tous
les départements sont copiées sur une base de données qui vérifie l’absence de doublon
et l’existence des codes Insee transmis.
Pour la saison 2009-2010, parmi les retours de l’enquête des prélèvements communaux
sangliers, seuls 6 départements ont transmis leurs données par unités de gestion et non
par communes.
Des résultats :
Le chevreuil est absent ou non chassé dans 5 départements : la Corse-du-Sud (2A), la
Haute-Corse (2B), Paris (75), les Hauts-de-Seine (92) et Seine-Saint-Denis (93), et 6
départements n’ont pas répondu à l’enquête : la Meurthe-et-Moselle (54), les PyrénéesAtlantiques (64), les Pyrénées-Orientales (66), le Bas-Rhin (67), le Haut-Rhin (68), la
Sarthe (72) (Fig. 5).
en 2007, sur 36 570 communes en France métropolitaine (d'après les données de
l’INSEE) 28 523 communes sont renseignées, ce qui équivaut à 78 % de réponses.
Si on exclue les communes de tous les départements non renseignés, on obtient 28 523
communes renseignées (non vides) sur un total de 33 486 communes ce qui représente
donc un taux de 85 % de communes sur lesquelles il y a au moins un chevreuil prélevé.
Sur 62 départements le chevreuil est chassé en 2007 sur 75 à 100% des communes, et
sur 7 départements
sur la totalité des communes (les Alpes-de-Haute-Provence (04),
l’Ardèche (07), la Corrèze (19), la Haute-Marne (52), la Meuse (55), la Vienne (86) et la
Haute-Vienne (87)).
17
Sur les communes où l’espèce est chassée, il y a en moyenne 15 chevreuils prélevés par
commune en 2007. La moitié des communes prélève moins de 9 chevreuils.
Figure 5 : Prélèvements communaux chevreuil saison 2007-2008
En 1994 le chevreuil occupait déjà tous les milieux, de la plaine à l’étage montagnard, en
passant par les garrigues et les maquis méditerranéens. La présence du chevreuil de
plaine était plus importante dans le Nord- Est de la France (Alsace) et dans le Bassin
parisien.
Le sanglier est absent ou non chassé dans 3 départements : Paris (75), les Hauts-deSeine (92) et Seine-Saint-Denis (93), et 12 départements n’ont pas répondu à la
dernière enquête : l’Ariège (09), la Charente-Maritime (17), la
Corse-du-Sud (2A), la
Haute-Corse (2B), les Pyrénées-Atlantiques (64), les Pyrénées-Orientales (66), le BasRhin (67), le Haut-Rhin (68), les Yvelines (78), l’Essonne (91), le Val-de-Marne (94) et le
Val-d’Oise (95) (Fig. 6).
Sur 36 570 communes en France métropolitaine, 23 329 communes sont renseignées (ce
qui équivaut à 64 % de réponses).
Si on exclue les communes de tous les départements non renseigné, on obtient 23 329
communes renseignées sur un total de 32 961 communes ce qui représente 71 % de
communes sur lesquelles au moins un sanglier est prélevé.
18
37 départements ont du sanglier prélevé sur plus de 75% des communes du
département, et seulement 2 départements renseignent la totalité des communes : la
Haute-Marne (52) et la Meuse (55).
Sur les communes où l’espèce est chassée, il y a en moyenne 20 sangliers prélevés par
commune en 2009, et 55% des communes prélèvent moins de 10 sangliers.
Figure 6 : Prélèvements communaux sanglier saison 2007-2008
Les difficultés rencontrées :
Lorsqu’une fédération départementale ne souhaite pas fournir l’information demandée,
l’interlocuteur de l’ONCFS ne peut accéder à l’information exclusivement détenue par les
FDC. Certains départements sont donc régulièrement non renseignés.
Lorsque l’information est fournie par unité de gestion cynégétique, le nombre d’animaux
prélevés par commune est calculé au prorata de la superficie de la commune sur l’unité
de gestion. Cette information reste très approximative, mais il n’est pas possible de faire
mieux. Il avait été envisage de travailler plutôt par unité cynégétique, mais c’est une
donnée qui n’est pas fixe dans le temps. Seule la commune est au fil des années une
donnée stable, malgré quelques regroupements ou disparition de certains numéros
Insee.
Le chevreuil et le sanglier étant maintenant présents sur la quasi totalité du territoire
métropolitain ces enquêtes ne sont plus réellement utilisées pour montrer la progression
spatiale des espèces. Elles sont plutôt utilisées actuellement pour des problématiques
19
particulières (dégâts agricoles, questions sanitaires etc) mais sont considérées comme
indispensable par les interlocuteurs techniques qui tiennent à ce qu’elles perdurent,
d’autant plus que la plupart des FDC sont maintenant organisées pour fournir
immédiatement les fichiers qui sont déjà structurés sous la forme demandée dans leurs
services.
Le nombre total de communes en France n’est pas fixe et continue à évoluer, soit à la
hausse par fractionnement de communes existantes, soit à la baisse par fusion de
communes. Il est aussi arrivé qu’une commune change de département. Le fichier de
base communal n’est pas un fichier immuable, et cela pose quelques problèmes dans la
base de données.
Lorsque l’on fait le total des tableaux de chasse communaux sur un département on
devrait logiquement obtenir le tableau de chasse départemental. Pour la plupart des
départements le tableau de chasse départemental est de toutes façons calculé par les
FDC à partir du total communal. Pour d’autres ce n’est pas le cas. Ainsi pour le sanglier
en 2008 sur les 77 départements qui ont renseigné l’enquête communale, 80% ont
moins de 1% de différence entre le tableau départemental et le communal, 17% ont de 1
à 10% de différence, et 3% ont plus de 10% d’écart. Pour le chevreuil en 2007, sur 85
départements qui ont renseigné l’enquête communale, 69% ont moins de 1% d’écart
entre le tableau de chasse départemental et le communal, 35% de 1 à 10%, 6% plus de
10%.
Ces différences viennent le plus souvent du fait que pour certains prélèvements la
commune sur laquelle a eu le tir n’est pas identifiée.
Intérêts et limites:
Les données communales sont plus fréquemment utilisées dans le cadre d’autres études
que pour suivre actuellement la progression de ces espèces en France. Elles sont très
demandées dans le cadre de la réalisation d’Atlas départementaux ou régionaux sur les
espèces animales, les synthèses pour les schémas cynégétiques, des comparatifs avec
les données indemnisations des dégâts agricoles ou des données collisions (SaintAndrieux 2009). Elles sont fréquemment demandées dans le cadre des problèmes
sanitaires par le réseau SAGIR. Elles sont très utilisées actuellement pour la création des
trames vertes, et l’élaboration du Plan national de maîtrise du sanglier. Elles sont aussi
utilisées dans le cadre des réflexions sur l’équilibre forêt-gibier, de la cohabitation entre
différentes espèces d’ongulés (Fig. 7), de la prédation par le loup.
20
0 ongulé
1 ongulé
2 ongulés
3 ongulés
4 ongulés
5 ongulés
6 ongulés
Figure 7 : La cohabitation des différentes espèces d’ongulés en France- résultats
présentés par commune
Dans le cadre d’études réalisées à une échelle plus fine que le département (massifs
montagnards, forêts domaniales, zones littorales, réserves, Parcs Nationaux...) ces
données communales sont indispensables.
Ces données ont été utilisées par exemple pour relier l’abondance du sanglier aux
niveaux de dégâts agricoles ou l’abondance des ongulés aux niveaux de dégâts
forestiers. Les zones à risque au niveau des collisions peuvent également être reliées aux
densités locales, ainsi que les risques sanitaires.
4 Progression numériques des espèces : les enquêtes tableaux
de chasse départementaux
Problématique :
21
Les plans de chasse sont accordés par le Préfet après examen des demandes par la
commission départementale de la chasse et de la faune sauvage. Cette base
administrative départementale sert de support à cette enquête qui permet de suivre
l’évolution des populations de grand gibier soumis à plan de chasse (cerf, chevreuil, daim
et ongulés de montagne). Le sanglier n’est pas soumis à un plan de chasse obligatoire
mais il fait tout de même parti des espèces suivies par le réseau, même si dans ce cas
les données sont plus difficiles à récupérer.
Historique :
L’enquête annuelle « tableau de chasse départemental cervidés et sanglier » permet de
suivre l’évolution des populations au travers des tableaux de chasse départementaux,
hors parcs et enclos et dans les parcs et enclos. Les données, collectées auprès des FDC,
avec l’aide des SD le l’ONCFS pour certains départements, sont disponibles depuis 1973.
Méthodologie :
Chaque année un questionnaire est envoyé par courrier et/ou messagerie électronique à
l’ensemble des interlocuteurs techniques FDC et ONCFS dès la fin de la saison de chasse
(mars). Les retours sont demandés pour le mois de septembre avec une diffusion dans
Faune sauvage prévue le dernier trimestre de l’année.
Le questionnaire concerne cerf élaphe, cerf sika, chevreuil, daim, sanglier, mouflon,
chamois et isard. Il différencie les attributions et réalisations en et hors parcs et enclos.
Des classes de bracelets sont identifiées : mâles, femelles, jeunes de l’année,
femelles+jeunes, indéterminés. Depuis 2 ans une estimation de la fiabilité de
l’information est demandée pour chaque espèce : -80 %, de 80 à 90 %, plus de 90%.
La plupart des informations sont directement accessibles dans les FDC. En cas de refus
de participation des FDC à cette enquête les données sont disponibles à la DDT et les
interlocuteurs techniques de l’ONCFS peuvent se les procurer. Il est impossible d’obtenir
les réalisations sanglier si le sanglier n’est pas soumis à plan de chasse et que les FDC
refusent de participer à l’enquête, ce qui est le cas régulièrement pour quelques
départements. Dans ce cas les données du département manquant sont estimées à partir
du taux de progression des tableaux de chasse de l’espèce considérée sur les
départements de la région. Ils peuvent ensuite être corrigés a posteriori si le jeu de
données est récupéré plus tard.
Résultats :
22
Depuis 1973 les données sont disponibles chaque année (avec quelques vides pour le
daim et le cerf sika dans les années 70),ce qui fait de cette enquête une base de données
exceptionnelle. La progression spectaculaire des tableaux de chasse sur cette période
montre bien l’évolution de toutes les espèces d’ongulés au niveau national (SaintAndrieux et al.2010). En effet entre 1973 et 2009 les tableaux de chasse du cerf élaphe
ont été multiplié par 9 (Fig. 8), le chevreuil par 10 (Fig.9), le sanglier par 13.6 (Fig. 10),
le chamois par 4, l’isard par 3.7, le daim par 2, le cerf sika par 3 et le mouflon par 35.
80000
Attributions hors enclos parcs
70000
Réalisations hors enclos parcs
60000
50000
40000
30000
20000
10000
19
73
19
76
19
79
19
82
19
85
19
88
19
91
19
94
19
97
20
00
20
03
20
06
20
09
0
Figure 8 : Progression des tableaux de chasse du cerf élaphe de 1973 à 2009
700000
Attributions hors enclos parcs
600000
Réalisations hors enclos parcs
500000
400000
300000
200000
100000
20
09
20
06
20
03
20
00
19
97
19
94
19
91
19
88
19
85
19
82
19
79
19
76
19
73
0
Figure 9 : Progression des tableaux de chasse du chevreuil de 1973 à 2009
23
600000
Réalisations hors enclos parcs
500000
400000
300000
200000
100000
20
09
20
06
20
03
20
00
19
97
19
94
19
91
19
88
19
85
19
82
19
79
19
76
19
73
0
Figure 10 : Progression des tableaux de chasse du sanglier de 1973 à 2009
Difficultés rencontrées :
Les chiffres fournis par le réseau constituent à l’heure actuelle la référence nationale, et
ils sont donnés à l’unité près. Cependant il existe de nombreuses sources d’erreur
possibles sur ces données, et les chasseurs ne voient pas toujours l’intérêt de connaître
précisément les tableaux de chasse réalisés.
-
Pour les espèces soumises à plan de chasse un nombre de bracelets est attribué.
Les bracelets non utilisés doivent légalement être retournés mais dans la plupart des cas
les chasseurs ne les retournent pas, en particulier pour les chevreuils. Plusieurs raisons
expliquent ce comportement : la crainte de ne pas avoir autant de bracelets l’année
suivante s’il est constaté qu’ils n’arrivent pas à tirer tous les chevreuils demandés ou le
souci que le territoire de chasse soit considéré comme un territoire riche en faune et
puisse être loué plus cher (Sologne). Certains départements imposent le retour des
bracelets non utilisés en mettant en place des sanctions si les consignes ne sont pas
respectées. Pour l’Hérault il y a obligatoirement une fiche de prélèvement ou un retour
de bracelet, et en cas de non-retour de bracelets non utilisés il y a autant de bracelets
attribués en moins l’année suivante.
-
Pour le sanglier, en plan de chasse dans seulement 17 départements en 2009, et
sans modalité de gestion dans 36 départements, il est très difficile d’obtenir des données
si il n’y a aucun système de contrôle des réalisations et en particulier si les FDC ne
souhaitent pas participer aux enquêtes.
24
-
La récupération des données :
Les enquêtes « tableaux de chasse départemental » sont envoyées mi-mars pour un
retour au 30 juin. Mais seulement les 2/3 des départements ont répondu dans les délais
en 2010. Ensuite il faut de nombreuses relances de l’administrateur du réseau pour
obtenir le reste, et cette année les derniers retours ont été obtenus dans la 2ième
quinzaine de septembre. En 2009 les derniers retours avaient eu lieu en novembre et
seulement le moitié des enquêtes étaient parvenues à la date limite prévue, ce qui
montre
tout
de
même
une
amélioration !
Il
subsiste
aussi
régulièrement
des
départements qui refusent de répondre à l’enquête pour diverses raisons politiques. Pour
les espèces soumises à plan de chasse les données peuvent être obtenues dans les DDT,
mais pour le sanglier il est parfois impossible d’avoir les données. Dans ce cas plusieurs
solutions ont déjà été envisagées : soit laisser le département non rempli, soit faire une
approximation du nombre d’animaux tués en appliquant sur le département manquant le
taux de progression moyen des réalisations sanglier des départements de la même
région. Le plus souvent avec quelques
années de recul a base de données peut être
rectifiée ensuite.
-
Des analyses pourraient être faites au niveau qualitatif sur les classes d’âge et le
sexe des animaux tirés. Mais la plupart des départements ont des bracelets très
hétérogènes. Par exemple pour le cerf, dans certains départements les bracelets
« jeunes » sont utilisés aussi pour les bichettes et quelquefois même aussi sur des
biches, des bracelets « mâles » peuvent être posés sur des femelles ou des jeunes, des
bracelets « biches » sur des jeunes cerfs. Seulement 31 départements ont des bracelets
bien différenciés « mâle » « femelle » ou « jeune de moins d’un an » pour le cerf. Pour le
chevreuil les deux tiers des réalisations sont classées en bracelets indéterminés, et pour
le sanglier il n’y a aucune distinction entre âge et sexes dans la base de données.
-
L’estimation de la fiabilité des chiffres « réalisations » :
Tout d’abord un petit rappel sur le plan de chasse. Obligatoire sur tous les ongulés depuis
1989 et facultatif pour le sanglier, c’est une mesure administrative avec un arrêté
préfectoral. Un minimum obligatoire d’animaux à tirer peut être imposé (c’est dans
l’arrêté préfectoral mais pas toujours appliqué).
Comme le chasseur fait annuellement sa demande de tableau de chasse (en fin de saison
précédente), il est tenu de donner ses résultats de l’année écoulée. Il demande souvent
le même en déclarant qu’il a réalisé 100% du plan attribué.
25
Le bracelet est la preuve matérielle que le chasseur a le droit de tuer l’animal. L ‘arrêté
ministériel dit que le chasseur est censé retourner les bracelets non utilisés en fin de
saison.
Le contrôle des tirs effectivement réalisés se fait au minimum par la déclaration sur
l’honneur du chasseur de ce qu’il a réalisé. D’autres systèmes de contrôle sont mis en
place comme (dans l’ordre de la rigueur croissante du contrôle), les carnets de battue, la
déclaration immédiate (carte T à renvoyer dans les 48h, déclaration par internet etc) ou
présentation et contrôle de l’animal ou d’une partie de l’animal.
Sans plan de chasse il n’y a pas de contrainte administrative. L’estimation des
réalisations se fait soit par simple avis de l’interlocuteur technique, soit par déclaration
des chasseurs, analyse des carnets de battue ou carnet de tir, présentation des animaux
tirés.
Pour le cerf :
En 2008 sur 82 départements avec tableau de chasse cerf, les interlocuteurs techniques
déclarent que pour 88% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations
est supérieure à 90%. Sur 11% des départements la fiabilité des informations est de 80
à 90%, et seulement sur 1% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 1).
Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie
Système
de <80%
contrôle
80 à 90%
Nbre
%
dépts
dépts
Aucun (estimation
par l’IT)
Déclaration en fin
de saison
1
100%
Carnet de battue
Déclaration
immédiate
Présentation
de Nbre
> 90%
%
dépts
dépts
dépts
2
22%
1
2%
2
22%
18
25%
1
11%
8
11%
4
45%
24
33%
21
29%
72
100%
de
1
100%
%
dépts
l’animal
TOTAL
de Nbre
9
26
100%
de
Tableau 1 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données
réalisations cerf et du système de contrôle mis en place
60% des départements déclarant une fiabilité de leurs données supérieure à 90% ont les
systèmes de contrôle les plus performants (déclaration immédiate, présentation de
l’animal).
Pour le chevreuil :
En 2008 sur 88 départements renseignés, les interlocuteurs techniques déclarent que
pour 67% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations est supérieure
à 90%. Sur 23% des départements la fiabilité des informations est de 80 à 90%, et sur
10% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 2).
Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie
Système
de <80%
contrôle
Aucun (estimation
par l’IT)
Déclaration en fin
de saison
80 à 90%
Nbre
%
dépts
dépts
dépts
dépts
2
25%
1
5%
5
63%
9
Carnet de battue
Déclaration
1
immédiate
Présentation
12%
de
l’animal
TOTAL
8
100%
de Nbre
> 90%
%
de Nbre
%
dépts
dépts
42%
20
34%
5
24%
7
12%
5
24%
28
47%
1
5%
4
7%
21
100%
59
100%
de
Tableau 2 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données
réalisations chevreuil et du système de contrôle mis en place
Plus de la moitié des départements déclarant une fiabilité des données supérieure à 90%
ont là aussi mis en place des systèmes de contrôle performants. Pour 1 département le
système de déclaration immédiate ne garantit pas une bonne fiabilité. Il y a sans doute
une mauvaise interprétation de la question, à savoir que la réponse à été faite sur le
27
qualitatif (reconnaissance des classes d’âges), pas toujours correctement faite même
avec présentation de l’animal.
Pour le sanglier :
En 2008 sur 90 départements renseignés, les interlocuteurs techniques déclarent que
pour 60% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations est supérieure
à 90%. Sur 36% des départements la fiabilité des informations est de 80 à 90%, et sur
4% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 3).
Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie
Système
de <80%
contrôle
Aucun (estimation
par l’IT)
Déclaration en fin
de saison
80 à 90%
Nbre
%
dépts
dépts
dépts
dépts
dépts
dépts
2
50%
4
13%
5
10%
1
25%
7
23%
8
14%
10
32%
16
29%
10
32%
23
42%
3
5%
59
100%
Carnet de battue
Déclaration
1
immédiate
Présentation
25%
de Nbre
> 90%
%
de
l’animal
TOTAL
4
100%
31
100%
de Nbre
%
de
Tableau 3 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données
réalisations chevreuil et du système de contrôle mis en place
La présentation de l’animal est rare mais elle se pratique tout de même au sein des ACCA
comme en Savoie où les chasseurs doivent présenter le soir de chaque journée de chasse
les animaux tirés devant une commission de chasseurs réunie dans un lieu publique.
Si l’on regarde l’estimation de la fiabilité des informations fournies en fonction des
niveaux de prélèvements en 2008 (réalisations inférieures à 3 000 sangliers, comprises
entre 3 000 et 10 000, supérieures à 10 000), on voit que la fiabilité des informations est
nettement meilleure quand les tableaux de chasse sont moins élevés (68% des
28
départements ayant moins de 3 000 sangliers tirés estiment la fiabilité des données à
plus de 90% contre 47% pour les départements ayant plus de 10 000 sangliers au
tableau de chasse). Il est effectivement plus facile de mettre en place des systèmes de
contrôle performants lorsqu’il y a moins d’animaux à contrôler que lorsque le nombre de
sangliers prélevés est compris entre 10 000 et 20 000 pour un département. Pour plus de
10 000 sangliers prélevés il n’y a que 21 % des départements qui ont un système de
contrôle par déclaration immédiate (et aucun avec présentation de l’animal) alors que
pour moins de 10 000 sangliers près de la moitié des départements ont mis en place ces
deux systèmes de contrôle.
- Utilisation de ces données pour la gestion :Tableaux de chasse et suivi des populations
Les statistiques de chasse sont les seules données disponibles à grande échelle
permettant sur le long terme d’apporter des indications sur les tendances d’évolution des
populations d’ongulés chassées et d’estimer leurs effectifs. Elles sont donc très utilisées
par les gestionnaires, mais sont-elles vraiment représentatives de des niveaux réels des
populations?
La chasse est sans aucun doute la première cause de mortalité des cerfs, chevreuils et
sangliers en France, même si les collisions avec les véhicules deviennent une source de
plus en plus importante de mortalité, et que la prédation n’est sans doute pas
négligeable dans les régions montagneuses.
Aux Etats-Unis un index (Sex-Age-Kill Model Performance) est développé pour estimer
les populations à partir du nombre d’individus tués par âge et par sexe. Cet index est
établi sur la base d’une enquête auprès de 70 000 chasseurs, et 60% de retours. Dans
cet indice largement utilisé aux U.S.A il y a une hypothèse de constance des paramètres
(proportion de mâles et pas de croissance de la population) qui rend la méthode
inutilisable. Il faut de plus connaître exactement le nombre de mâles prélevés, le taux de
mortalité des mâles, le sex-ratio mâles adultes/femelles adultes et juvéniles/femelles
adultes de la population, ce qui est impossible dans la réalité sur le terrain.
Il existe de nombreuses incertitudes quant à la possibilité d’utiliser le tableau de chasse
d'une espèce comme un indicateur de l'abondance et des tendances d'évolution de
l'espèce sur une zone donnée. La littérature reporte de nombreux facteurs affectant le
tableau de chasse d'une espèce donnée (Myrberget, 1988;Nichols et al., 2001), incluant
notamment :
1. Le nombre de chasseurs de l'espèce présents sur une zone, qui peut varier à la
fois dans l'espace (d'un département à l'autre, d'une commune à l'autre, etc.) et
29
dans le temps (d'une année à l'autre), ce qui peut rendre difficile les
comparaisons des tableaux de chasse entre deux zones ou deux années ;
2. L'existence de différents modes de chasse de l'espèce (battue aux grands chiens
courants ou aux petits chiens, tir à balle ou à plombs, etc.), qui peuvent varier
dans le temps et dans l'espace, ce qui peut également handicaper les études de
l'évolution temporelle et des variations spatiales de la population ;
3. L'existence d'erreurs dans la collecte des données : il est possible que tous les
animaux prélevés ne soient pas renseignés, ou que plus d’animaux soient déclarés
prélevés que la réalité ;
4. L'existence ou non de plan de chasse pour l'espèce étudiée : En effet, lorsque la
législation impose la définition a priori d'un plan de chasse par les chasseurs,
l'importance du tableau est souvent proportionnelle au plan de chasse défini. En
effet, la législation impose souvent que le plan de chasse défini soit réalisé. Le
tableau reflète alors non plus la taille de la population, mais une opinion des
chasseurs concernant la taille de la population (un avis d'expert). Cela suppose
naturellement une gestion raisonnée de l'espèce ;
5. L'abondance de l'espèce sur la zone étudiée. Notons que cette abondance dépend
d'autres facteurs, tels que l'habitat (un département très forestier contiendra
probablement plus de cerfs qu'un département agricole, ce qui peut rendre
difficile les comparaisons de l'importance du tableau dans l'espace).
Cependant plusieurs analyses ont été faites afin de tenter de relier les statistiques de
chasse disponibles au réseau ongulés sauvages et l’évolution des populations d’ongulés.
Christophe Bonnenfant
et al
se sont intéressés à l’évolution des statistiques de
chasse du cerf élaphe à l’échelle européenne, en analysant le taux de croissance des
prélèvements, noté Hr. Il correspond au logarithme du rapport des prélèvements au
temps t+1 sur les prélèvements au temps t (Hr = ln(Ht+1 / Ht) où H représente le
prélèvement réalisé). On peut assimiler Hr à l'accroissement relatif des réalisations en
l'espace d'une année. Lorsque Hr vaut zéro, alors les prélèvements sont stationnaires.
Inférieur à zéro, il indique alors que les prélèvements diminuent. Inversement, lorsque
Hr est positif, alors les prélèvements sont en augmentation. Cette variable à l'avantage
d'être relative et est donc influencée ni par la valeur initiale, ni par l'importance des
prélèvements. La moyenne des Hr sur l'ensemble des années donne la tendance à long
terme des réalisations de tirs. Les détails des analyses statistiques peuvent être trouvés
dans Milner et al. (2006).
Le taux d’accroissement des prélèvements n’est pas statistiquement différent
entre les pays européens étudiés mais il est significativement plus fort dans les pays
30
comme la France où la gestion est de type « permis de chasse ou propriétaire ». Le taux
d’accroissement est plus faible lorsque la proportion de femelles dans les prélèvements
est plus forte, et positivement corrélé avec la proportion de chasseurs dans le pays. Par
contre en France le tableau de chasse annuel continue d’augmenter malgré la diminution
du nombre de chasseurs.
Il existe des variations importantes du taux
d’accroissement des prélèvements
d’un département à l’autre, les valeurs les plus fortes de Hr étant retrouvées dans les
zones de colonisation récente (ou zones « non-traditionnelles »), le plus souvent à la
périphérie de l'aire de répartition du Cerf à l'échelle du pays. Au contraire, les zones
qualifiées de « traditionnelles » présentent, en moyenne, les valeurs de Hr les plus
faibles. Ce résultat est conforme au fait que les populations en colonisation présentent
des taux d’accroissement proches du maximum possible pour l’espèce, eux-égards aux
faibles densités et conditions environnementales favorables, ce qui n’est pas le cas pour
les populations installées depuis des décennies sur un même site.
Les augmentations du taux d'accroissement des prélèvements observées pour de
nombreux départements diffèrent aussi dans leurs origines. Ainsi, dans les zones
traditionnelles du cerf, l'augmentation des prélèvements est essentiellement due à un
accroissement du nombre d'animaux tirés par unité de surface. Au contraire, dans les
zones « non-traditionnelles », l'augmentation des prélèvements s'explique à la fois par
davantage d'animaux tirés par unité de surface, mais aussi et surtout par un nombre plus
important de départements colonisés par le cerf. Par exemple, en France et pour l'année
2002, le nombre de départements « non-traditionnels » étaient 25% plus nombreux
qu'en 1970 et leur contribution au tableau de chasse annuel est passée, au cours de la
même période de temps, de 26% à 50%.
L'accroissement des prélèvements que l'on observe, et tout particulièrement dans
les zones dites « non-traditionnelles », est fréquemment plus important que le taux
d'accroissement maximum que l'on peut attendre d'une population de cerfs ( rm < 0,35).
Biologiquement, un recrutement plus fort que rm pourrait se produire grâce à la
dispersion, mais pour le cerf, on sait que cette hypothèse est très improbable (CluttonBrock et al. 2004) et il faut donc chercher du côté des facteurs culturels. Il n'est pas
possible de distinguer lesquels sont prédominants, mais on retrouve plusieurs facteurs
explicatifs. Tout d'abord, il se produit certainement un retard entre le moment où une
population de cerf a colonisé un nouveau secteur et le moment où les plans de chasse
sont mis en œuvre et effectifs (Bonenfant & Klein 2004). Ensuite, associé à des plans de
chasse plus important, les chasseurs peuvent parvenir à une plus grande efficacité avec
le temps passant. Concernant les zones « traditionnelles », il existe un contexte
écologique où la présence du cerf est avérée depuis plusieurs décennies. Les plus faibles
taux d'accroissement des prélèvements que l'on observe peuvent donc être la
31
conséquence d'effets densité-dépendants. En diminuant les taux de reproduction et de
survie, l'accroissement de la population est plus faible et celui des prélèvements
également.
En conclusion les auteurs montrent que l’évolution des prélèvements au cours du temps
indique tout de même une progression des populations de cerf même si elle ne reflète
pas parfaitement l’évolution des populations, et que la croissance des populations de cerf
apparaît supérieure à celle des prélèvements.
Caractérisation de l’évolution des tableaux de chasse
Nous avons essayé en 2009 avec Clément Calenge d’identifier les patrons d'évolution du
tableau de chasse du chevreuil, du cerf et du sanglier en France, de 1973 à 2007. Il
s'agissait de définir une typologie de courbes pour chaque espèce, c'est-à-dire, de définir
des groupes de départements au sein desquels l'évolution du tableau de chasse serait
similaire.
La question centrale étant toujours de savoir si il serait alors possible de tirer de cette
typologie, construite en analysant l'évolution des tableaux de chasse, des informations
sur l'évolution des populations d'ongulés. Dans le cas présent, les écueils sont nombreux.
Les différences de tableaux de chasse entre deux départements peuvent être causées par
une différence du nombre de chasseurs entre ces deux départements, une différence du
mode de chasse pratiqué, etc. De même, les différences entre deux années ne seront pas
nécessairement causées par des différences d'abondance (changement du mode de
chasse, mise en place du plan de chasse). Il peut exister aussi des erreurs dans la
collecte des données, volontaires ou non (falsifications des informations données par les
chasseurs). Pour une espèce soumise à plan de chasse le tableau ne reflète pas
forcément la taille de la population, mais une opinion des chasseurs concernant la taille
de la population. Enfin l’abondance de l’espèce sur la zone étudiée dépend de facteurs
comme l’habitat, variable d’un département à l’autre.
Il devient dès lors difficile de tirer des conclusions fiables sur la population avec de telles
données, dans la mesure où ces données ne constituent pas vraiment un échantillonnage
probabiliste de la population, et où la question biologique est elle-même relativement
floue.
Cependant, l'existence de structures dans ce jeu de données peut permettre de générer
des hypothèses sur le fonctionnement de la population, et/ou sur les variations
interdépartementales et/ou interannuelle du mode de gestion des espèces.
Le travail a été fait espèce par espèce (chevreuil, cerf, sanglier).
32
Le chevreuil :
Un premier résultat important sur cette espèce est que le nombre de prélèvements
augmente d'année en année dans tous les départements. L’utilisation de données
transformées en log2(x+1)montre que la variance diminue lorsque l’on s’approche de la
fin de la période considérée ce qui n'est pas surprenant: sur la fin de la période on arrive
à une certaine saturation (il est plus difficile pour des chasseurs qui prélèvent déjà 3000
chevreuils par an d'augmenter leurs prélèvements de 10% que lorsque le prélèvement
est de 100 chevreuils).
Cette saturation peut s'expliquer soit par une saturation du nombre de chasseurs (On ne
peut pas demander à un nombre de chasseurs en diminution d'augmenter de 30% un
nombre déjà très élevé), soit par une saturation du nombre de chevreuils (les chevreuils
ne peuvent pas augmenter leurs effectifs indéfiniment). Ainsi, le niveau de saturation va
très probablement être différent d'un département à un autre.
Une typologie des départements a été établie en fonction de la forme de l’évolution du
tableau de chasse du chevreuil, cette forme étant établie à partir d’une courbe spline
(fonction composée de polynômes par morceaux, sur lesquels des contraintes de
continuité ont été définies). L’objectif est de définir des groupes de départements ayant
le même type de déviation par rapport à la courbe moyenne nationale. Cette étude de la
variabilité est effectuée à l’aide d’une analyse en composantes principales fonctionnelle.
La croissance moyenne semble pouvoir se formaliser sous la forme d'une courbe
sigmoïde : de 1975 à 1980, le tableau de chasse a été de plus en plus important chaque
année. En 1991, il semble y avoir un point d'inflexion, et après cette date, le pourcentage
d'augmentation du tableau de chasse a diminué jusqu'à atteindre un plateau à la fin de
la période (Fig. 11).
33
Figure 11 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse chevreuil
L'ACP fonctionnelle a permis de préciser la façon dont cette croissance s'est effectuée. Le
premier axe de l'ACP donne une mesure de la précocité de cet accroissement. Alors que
la Bretagne, les Pays de la Loire, et le sud-est de la France sont caractérisés par une
croissance tardive (après 1990), les départements du nord-est et du sud-ouest de la
France sont en général caractérisés par une croissance précoce (avant 1990). Notons
qu'il n'existe aucune relation entre la précocité de cet accroissement et l'importance du
tableau de chasse dans les départements. La relation entre la précocité de croissance
dans un département et l’importance du tableau de chasse en 1973 est presque
inexistante.
Tous les départements présentent une forte augmentation du tableau de chasse. Cette
augmentation n’est pas uniforme : il y a eu des périodes stables et des périodes
d'augmentation. Deux types de croissance sont distingués : le type le plus courant est la
croissance sigmoïde (plateau en début de période, puis brusque augmentation, puis
plateau), mais d'autres types de croissance sont également identifiés (augmentation
brusque en début de période puis stabilisation ; long plateau au début, suivi par une
augmentation qui se poursuit encore de nos jours; augmentation puis plateau puis
augmentation).
Qu'il s'agisse de la précocité de croissance ou de sa forme, le processus étudié est très
fortement spatialisé.
Si l’on pouvait expliquer biologiquement la spatialisation très nette de la précocité ou de
la forme de croissance ces analyses constitueraient un fort plaidoyer en faveur de
l'utilisation de ces tableaux de chasse en tant qu'indice de l'évolution de la population
(qui ne peut bien sûr pas être utilisé seul, mais en conjonction avec d'autres indices).
Le cerf :
Les mêmes analyses ont été réalisées que pour le chevreuil. On observe pour le cerf lune
augmentation du tableau de chasse pour la majorité des départements. La courbe
moyenne illustre une croissance continue du tableau de chasse du cerf : de 1975 à 1980,
le tableau moyen du cerf a augmenté de façon linéaire. En 1977, cette croissance, bien
que toujours positive, a amorcé un ralentissement jusqu'en 1982. En 1982, la croissance
s'est accélérée pour atteindre son maximum en 1995, puis ralentie (sans jamais cesser
d'être positive), et ce jusqu'à la fin de la période (Fig 12).
34
Figure 12 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse cerf
Contrairement au chevreuil, pour lequel les courbes d'évolution du tableau de chasse
étaient relativement similaires, il semble y avoir ici une grande variabilité entre les
courbes. Tous les départements ne présentent pas le même type d'évolution, même si un
patron général de croissance peut être distingué.
C’est principalement l’axe 1 de l'ACP fonctionnelle qui met en évidence une forte
structure sur l'axe, et comme pour le chevreuil, c'est la précocité de la croissance du
tableau de chasse qui est mise en évidence. Contrairement au chevreuil, les scores des
départements sur le premier axe de l'analyse ne sont pas spatialisés du tout.
Ainsi, un département présentant une croissance rapide ne sera pas nécessairement
voisin de départements présentant une croissance rapide. La rapidité de croissance dans
les départements semble distribuée complètement aléatoirement spatialement.
Ces analyses mettent en lumière des structures très faibles dans les données cerf, bien
que l'on puisse discerner une croissance générale du tableau de chasse cerf dans tous les
départements. Il y a une très forte variabilité du tableau de chasse autour de la courbe
de croissance moyenne. Par ailleurs, cette variabilité semble très peu structurée. On
observe malgré tout un certain gradient de rapidité de croissance, principalement
déterminé par la présence ou l'absence d'une décroissance du tableau de chasse en
début de période d'étude. Cette structure de précocité est la seule qui apparaisse
clairement dans les données. Les analyses montrent ensuite quelques cas particuliers,
des groupes constitués d'un petit nombre de départements et caractérisés par une
structure mineure (mais commune à tous les départements du groupe) au niveau de
l'évolution du tableau de chasse (présence d'une bosse" au début de la période d'étude,
35
tableau de chasse stable en 1990, etc.). En réalité, seule la rapidité de croissance
apparait clairement dans les résultats.
Le sanglier :
Le nombre de prélèvements augmente clairement d'année en année dans tous les
départements. Les courbes semblent très approximativement parallèles, illustrant une
certaine similarité de comportement. La courbe moyenne illustre une croissance continue
du tableau de chasse
sanglier : de 1975 à 1980, le tableau moyen du sanglier a
augmenté de façon linéaire. A cette date, la croissance du tableau a très fortement
augmenté pour atteindre un maximum en 1990. Puis la croissance a amorcé un
ralentissement jusqu'à la fin de la période d'étude. La forme de cette courbe est très
clairement sigmoïde (Fig. 13).
Figure 13 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse sanglier
L'ACP fonctionnelle indique la présence d'une très forte structure sur le premier axe de
l'analyse (66% de la variabilité expliquée par le premier axe). Il oppose les départements
présentant une augmentation en début de période d'étude suivie par une stabilisation à
la fin ( Savoie, Haute-Savoie, Calvados, etc.) et ceux dont le tableau a commencé par
décroître en début de période, puis à croître de façon tardive (Haute Marne, Ardennes,
etc.). Notons que pour certains de ces départements, le tableau n’est toujours pas
stabilisé (Côtes d'Armor, Loire Atlantique). Cet axe est donc, comme pour le chevreuil un
axe mesurant la précocité de croissance du tableau de chasse. On retrouve, comme dans
le cas du chevreuil, une croissance très fortement spatialisée, plus précoce dans les
Pyrénées, et le long d'une bande passant par le massif central, et on peut identifier une
36
bande très nette, dans le sud de la France, sur laquelle les départements montrent une
croissance très précoce. Par contre, contrairement au chevreuil, les départements alpins
sont caractérisés par une croissance très précoce du tableau de chasse sanglier. En
outre, alors que le chevreuil montrait une croissance précoce dans le nord-est de la
France, elle est ici tardive. La Bretagne et l'extrême nord de la France sont également
caractérisés par des croissances plutôt tardives.
Le deuxième axe de l'analyse (21% de la variabilité) différencie les départements en
fonction de l'évolution du tableau de chasse en tout début de période d'étude. Alors que
certains départements sont caractérisés par la présence d'une "petite bosse" couvrant
jusqu'au milieu des années 1980 (croissance puis légère décroissance, d'autres sont
caractérisés par une croissance plus sigmoïde. Comme pour le chevreuil, ce deuxième
axe mesure la proximité du département à un modèle de croissance sigmoïde. Il est
également très spatialisé. On observe une claire opposition entre l'est de la France (en
particulier les départements limitrophes de la Suisse) et le sud de la France. Alors que les
départements de l'est sont caractérisés par des croissances très sigmoïdes, les
départements du sud de la France (y compris les Pyrénées) sont tous caractérisés par la
présence d'une "bosse" en début de période d'étude : Le tableau augmente en 1973, puis
diminue à partir de 1980 et augmente à nouveau à partir de 1985.
Intérêts et limites de cette enquête :
En 2004 BirdLife International et la FACE (Fédération des Associations de Chasse et
Conservation de l'UE), en présence de la commissaire Wallström, ont signé un accord
permettant de pratiquer la chasse dans un cadre bien réglementé. Il a été précisé que les
appréciations doivent être fondées sur les meilleures données disponibles et fiables. Il a
été également conclu que la collecte des statistiques de chasse, ainsi que leur
interprétation scientifique étaient nécessaires. Le projet Artemis a été mis en place afin
de centraliser les tableaux de chasse de l’Europe et fournir une plateforme pour le
partage d'expertise sur les méthodologies utilisées pour collecter les données.
Une conférence a été organisée par la FACE en automne 2009 pour présenter ce qui se
fait en Europe sur la collecte des données tableaux de chasse, puis de réfléchir à la mise
en place d’un observatoire Européen des espèces chassables (Artémis ou autre). Il est à
souligner que le développement de statistiques tableaux de chasse par les chasseurs
permet de légitimer leur rôle et leur crédibilité.
Alors que nous nous interrogeons actuellement sur les moyens d’estimer et d’améliorer la
fiabilité des données récoltées par le réseau ongulés sauvages, il est intéressant de voir
comment les autres pays d’Europe procèdent.
37
Il existe une longue tradition volontaire d’enregistrement des données par les chasseurs
dans les pays nordiques. En France nous sommes bien loin de ces possibilités et de cette
fiabilité d’information. Malgré tout nous disposons d’une base de donnée exceptionnelle
qu’il faut absolument préserver et améliorer.
5 Le fonctionnement du réseau
5.1
Problèmes rencontrés :
- Collecte des infos tableaux de chasse :
La première source d’erreurs est possible au moment de la déclaration du chasseur du
nombre d’animaux qu’il a tués. Si une simple déclaration sur l’honneur est faite à la fin
de la saison de chasse, les moyens de contrôle sont impossibles. En cas de plan de
chasse, le chasseur est tenu de restituer les bracelets non utilisés mais peu de
départements l’imposent et de toutes façons aucun moyen de contrôle n’existe sur cette
restitution.
Les carnets de battue permettent l’enregistrement des informations au fur et à mesure,
et sont souvent très fiables. La liste des participants aux battues est notée, certains sont
informatisés et enregistrés par lecture optique à la fin de la saison de chasse (30), ou
même chaque semaine (83). Dans certains départements 95 à 98% des cerfs-chevreuilssangliers sont tirés en battue (06) et le carnet de battue permet donc un suivi précis.
Le système de déclaration immédiate par carte T, envoyée dans les 48h ou 72h après le
tir d’un animal, ou la déclaration immédiate par intranet, donnent de très bons résultats
de retour d’informations, bien que de fausses déclarations ou un oubli soient toujours
possibles. Associé à une possibilité de contrôle de l’animal tiré (par exemple pendant 72h
comme dans le 61 sur cerf), la fiabilité est encore meilleure.
La présentation systématique et obligatoire des animaux tirés aux points de contrôle
permet le meilleur contrôle des réalisations, et donne aussi la possibilité de prendre des
mesures de poids, de vérifier le sexe et l’âge des animaux. La présentation d’une partie
de l’animal seulement donne la possibilité aux chasseurs malhonnêtes de présenter le
même animal plusieurs fois.
Dans certains départements (67-68) il n’existe absolument aucun système de contrôle
pour le sanglier, espèce classée nuisible. Les estimations des réalisations sont très
approximatives, elles sont faites par exemple au prorata des surfaces chassées, en
appliquant le nombre connus d’animaux tués sur une surface donnée au reste du
département (par exemple le nombre de sangliers tués sur la zone classée peste porcine
avec récupération des animaux par la DDSV).
38
De plus en plus de FDC mettent en place des systèmes informatisés avec lecture optique
pour la récupération des données des chasseurs. Certaines FDC (34) ont même mis en
place un système de saisie accessible directement aux chasseurs sur un site web. Ce
service rencontre un vrai succès auprès des chasseurs qui peuvent en plus accéder
directement aux retours d’informations concernant leur territoire de chasse.
- Envoi des enquêtes :
Les enquêtes sont envoyées par mail.
Une demande de confirmation de réception ne
suffit pas, en effet en FDC c’est souvent la secrétaire qui réceptionne les mails, mais cela
ne prouve pas que le technicien concerné ait bien eu connaissance du message. Quand le
technicien a une boîte mail personnelle il accède plus facilement aux informations du
réseau.
A l’ONCFS l’interlocuteur technique n’a pas de boîte personnelle, c’est à l’adresse du
service départemental que les mails sont envoyés. Il serait sans doute plus efficace
d’avoir une boîte perso pour l’IT, et les messages seraient alors envoyés en copie au chef
du SD.
- Transmission des informations :
La plupart des informations sont transmises maintenant sur fichier par messagerie
électronique, mais pour les enquêtes de répartition par exemple ce sont encore des
fichiers papiers (cartes etc) avec saisie et cartographie manuelle.
Les moyens de contrôles sont divers. Tout d’abord il est fortement recommandé aux
deux interlocuteurs techniques d’un même département de travailler en concertation ce
qui limite les risques d’erreurs. Les derniers résultats enregistrés concernant la
participation des deux services aux enquêtes montraient que 88% des IT FDC et 74%
des IT ONCFS avaient participé à l’enquête « massif à cerfs ». Pour les enquêtes
« tableaux de chasse » la participation des FDC avoisine 80%, celle de l’ONCFS 40% pour
les enquêtes départementales et 30% pour les enquêtes communales.
Ensuite il y
recoupements d’informations entre plusieurs enquêtes (tableaux de chasse communaux
et départementaux, massifs à cerf et tableaux de chasse, évolution logique d’une année
à l’autre et repérage des anomalies…).
Lorsque les deux IT fournissent des informations séparées, il est fréquent que ces
informations soient différentes. Cela rend le travail de l’administrateur du réseau délicat.
Il faut bien sûr contrôler les deux sources d’information et si chacun maintient sa
39
position, trancher, au risque d’en vexer un, qui ne voudra plus participer aux enquêtes
dans l’avenir.
- Saisie des données
La saisie manuelle est une source d’erreur possible mais aussi une possibilité de
vérifications. Dans tous les cas à la diffusion de résultats sur papier ou lors des réunions
réseau il est demandé aux interlocuteurs de bien vérifier les données présentées afin de
rectifier les erreurs éventuelles.
5.2
Diffusion et consultation des données du réseau
Historique :
Jusqu’en 2001 les bordereaux d’enquête étaient réalisés par le SPN et fournis à l’ONCFS
(CNERA
Cervidés-sanglier).
Les
enquêtes
étaient
envoyées
aux
coordinateurs
départementaux du réseau, qui pouvaient être techniciens ou administrateurs des FDC,
ou gardes de l’ONCFS. Le coordinateur recueillait les données de son département, avec
l’aide de correspondants ou informateurs, et les transmettait à l’animateur du réseau ou
au SPN.
La saisie informatique des données et leur exploitation étaient réalisés par l’animateur du
réseau, le SPN et le responsable du service informatique de l’ONCFS (LANDRY P.), sous
Excel ou SIG.
La convention avec le MNHN a pris fin en 2001. En 2002 le réseau « cervidés-sanglier » a
été restructuré par l’arrivée d’un animateur permanent et d’un responsable scientifique.
Toutes les bases de données ont été transférées sous Access grâce au travail de l’équipe
informatique de l’ONCFS ( DEJ F. et THURION C.). Les données sont maintenant stockées
et gérées à Gerstheim, siège du réseau « ongulés sauvages ». Les cartographies sont sur
Arcview.
Cadre général sur la réglementation de diffusion des données :
Signée le 25 juin 1998 par 39 États, la convention d'Aarhus sur l'accès à l'information
et la participation du public au processus décisionnel en matière d'environnement, est un
accord international visant à améliorer l'information délivrée par les autorités publiques
vis-à-vis des principales données environnementales et à favoriser la participation du
public à la prise de décisions ayant des incidences sur l’environnement.
En France, les principes de la convention d'Aarhus ont été repris dans l’article 7 de la
charte de l'environnement.
40
Au niveau européen, la directive Inspire du 14 mars 2007 vise « à fixer les règles
générales destinées à établir une infrastructure d’information géographique dans la
Communauté européenne aux fins des politiques environnementales communautaires et
des politiques ou des activités de la Communauté susceptibles d’avoir une incidence sur
l’environnement. »
A l’échelle nationale le SINP « Système d’Information sur la Nature et les Paysages » est
la structure qui vise diffuser et organiser la connaissance scientifique pour une meilleure
gestion de la biodiversité en France
Lancée en 2007 sous la tutelle du Ministère de l’Environnement, cet outil tente de
répondre aux engagements internationaux de la France en structurant et en mutualisant
les connaissances de l’ensemble des acteurs (établissements publics, associations
naturalistes, etc.) travaillant dans le domaine de l’environnement en France.
Les adhérents du SINP bénéficient des applications du logiciel CARMEN (cartes du
Ministère
en
charge
de
l’environnement)
qui
permet
de
publier
les
données
géographiques environnementales superposées aux fonds cartographiques tels que les
fonds topographiques ou les photographies aériennes via une technologie de cartographie
interactive sur internet.
Publications écrites des données du réseau :
Pour répondre à ces différents engagements, tous les ans le réseau publie un certain
nombre de documents synthétisant ces travaux (la lettre du réseau, les fiches tableaux
de chasse, des synthèses d’enquêtes, des articles dans Faune Sauvage, etc.).
Il est intéressant de noter que la plupart de ces documents sont régulièrement repris,
partiellement ou intégralement, par différents partenaires qui contribuent ainsi à la
diffusion de l’information (revues de chasse nationales ou régionales, périodiques à
destination d’adultes ou d’enfants etc).
Des livres ont été édités récemment (Atlas de la Faune sauvage, gerfaut, « Ungulate
status and management in France » Daniel Maillard, Jean-Michel Gaillard, Mark Hewison,
Philippe Ballon, Patrick Duncan, Anne Loison, Carole Toïgo, Eric Baubet, Christophe
Bonenfant, Mathieu Garel Christine Saint-Andrieux.
Les données du réseau ont également été utilisées pour la rédaction de brochures
techniques (la gestion du sanglier en 2007 par exemple).
Enfin les colloques sanglier 2007 et cerf 2008 ont largement utilisé les données du
réseau.
41
Diffusion des données du réseau sur Internet :
Afin de transmettre encore davantage les données environnementales publiques
collectées par le réseau, les données du réseau sont publiées sur de nombreux sites
internet.
Sur le site de l’ONCFS, une page web est entièrement consacrée au réseau
http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau-Ongules-sauvages-download104.
On y retrouve en téléchargement au format PDF :
- l’ensemble des fiches présentant les tableaux de chasse nationaux (depuis la saison
1993-1994 pour les ongulés de plaine et depuis la saison 2003-2004 pour les ongulés de
montagne),
- les dernières lettres d’information du réseau (n°11, 12, 13 et 14),
un grand nombre d’articles et de publications (par exemple : la situation du cerf élaphe
en France Résultats de l’inventaire 2005 ou la mise à jour de l’inventaire des populations
françaises d’ongulés de montagne)
Sur le site CARMEN, deux cartographies résultant du travail du réseau sont mises en
ligne
http://www.oncfs.gouv.fr/Cartographie-ru4/Le-portail-cartographique-de-donnees-ar291
Il s’agit de la carte inventaire des massifs de cerf élaphe (1985, 1988, 1991, 1995, 2000
et 2005) et des espaces de libre circulation (1996) et de la carte de répartition des
ongulés de montagne (1988, 1994 et 2005).
Ces cartographies permettent de visualiser les informations sur un fond de carte au
1/100 000ème .ou au 1/25 000ème.
L’impression est possible mais le téléchargement non autorisé.
Sur le site de l’Observatoire et Statistiques de l’Environnement du Ministère,
http://www.statistiques.developpementdurable.gouv.fr/lessentiel/ar/259/1115/cervides.html
on retrouve en téléchargement au format PDF ou Excel :
l’estimation du nombre de cerfs par département en 1985 et en 2005
le tableau de chasse national actualisé pour le cerf
le tableau de chasse national actualisé pour le chevreuil
la répartition en France du chamois, de l’isard et du mouflon en 2005
le tableau de chasse national actualisé du chamois
le tableau de chasse national actualisé du mouflon
le tableau de chasse national actualisé de l’isard
42
Transmission des données du réseau sur simple demande :
Pour les personnes désirant obtenir davantage d’information, il est également possible
d’obtenir des données sur simple demande auprès du responsable ou de l’administrateur
du réseau.
Par ce biais, l’information peut s’avérer plus complète, plus détaillée et plus adaptée à
une question donnée.
Les fichiers de données sont systématiquement fournies à la FNC, aux délégations
régionales de l’ONCFS pour leur région, aux FRC et FDC sur simple demande. L’analyse
des données au sein de chaque région et la comparaison avec les données nationales ou
d’autres régions permet d’identifier les caractéristiques telle qu’une augmentation rapide
des prélèvements ou une maîtrise des populations, et de cerner les problèmes
ou les
atouts spécifiques à cette région (ou à un département).
En 2006 le réseau a répondu à de nombreuses demandes émanant de DDT, DREAL, ONF,
FRC et FDC, DR et SD de l’ONCFS, Bureaux d’études, SETRA et CTE du Ministère de
l’Equipement, étudiants, naturalistes, collègues étrangers etc.
Les thèmes traités étant les suivants :
- Etudes d’impact pour la construction de routes
- Schémas d’aménagements régionaux
- Schémas départementaux de gestion cynégétique
- Recherches de statistiques sur le grand gibier
- Projet INTERREG
- Préparation de séminaires ou de colloques sur les ongulés sauvages
- Rédaction de thèses ou de rapports
La base de données principale du réseau recense :
les tableaux de chasse départementaux (30 862 données au 1er octobre 2010)
cerf élaphe depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, mâle
vénerie, femelle, adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs
et enclos et hors parcs et enclos
cerf sika depuis 1988 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors
parcs et enclos
43
chamois depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, éterle/éterlou, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et
enclos et hors parcs et enclos
chevreuil depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors
parcs et enclos
daim depuis 1983 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors
parcs et enclos
mouflon depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors
parcs et enclos
isard depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,
adulte, éterle/éterlou, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et
enclos et hors parcs et enclos
sanglier depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, mâle
vénerie, adulte, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors parcs et enclos
les tableaux de chasse communaux (998 703 données au 1er octobre 2010)
chevreuil pour les saisons 1985 - 1993 - 1998 - 2002 – 2007
sanglier depuis 1987
Des requêtes préétablies permettent d’interroger rapidement la base en sélectionnant
certains critères prédéfinis (bracelets, attributions/réalisations, parcs et enclos/hors parcs
et enclos, espèces, année de campagne, départements ou régions)
De façon quasi-exhaustive, la liste des données disponibles au sein du réseau
« Ongulés Sauvages » est la suivante :
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espèces
Enquête Zones à
cerfs
cerf élaphe
Enquête communale
chevreuil
chevreuil
dates
1985 - 1988 1991 - 1995 2000 - 2005 2010
1985 - 1993 1998 - 2002 2007
format
détails
échelle
d’utilisation
aires de répartition,
Excel estimations d'effectifs,
Shape
tableau de chasse
25 000ème
Access - attributions et
Excel
réalisations
commune
Enquête communale
sanglier
sanglier
depuis 1987
Access - attributions et
Excel
réalisations
commune
Enquête Couloirs de
cerf élaphe
libre circulation du
cerf
1996 - 2009
cartographie,
Excel infrastructures
Shape
traversées etc.
25 000
Enquête
Etablissements clos
1991 - 2009/2010 ?
toutes espèces
Enquête Modalité de
sanglier
gestion du sanglier
2002 - 2007 2009
Enquête Tableaux de cerf, chevreuil, sanglier,
chasse
chamois, isard, mouflon, depuis 1973
départementaux
daim, sika
?
Excel - statut du sanglier,
Shape modalités de gestion
Excel
attributions et
réalisations
Répartition par
Excel - commune, estimations
daim et sika
2006
Shape d'effectifs, tableau de
chasse
chamois, isard, mouflon
Aires de répartition,
Enquête Ongulés de
Excel,
méditerranéen, mouflon 1989, 1995, 2006
estimations d'effectifs,
montagne
Shape
corse, bouquetin
tableau de chasse
Enquête Espèces
marginales
ème
commune
département
département
commune
ème
25 000
Hormis pour l’enquête « ongulés de montagne », tous les résultats de ces différentes
enquêtes sont compilés dans des bases de données Access.
Pour les enquêtes zones à cerfs, couloirs de libre circulation du cerf, établissements clos,
modalité de gestion du sanglier, espèces marginales et ongulés de montagne, des projets
créés sur ArcView permettent en plus de fournir des documents cartographiques.
6 Questions posées :
Concernant la fiabilité des données « tableaux de chasse » :
- La première question qui se pose est « comment inciter les chasseurs à mettre en place
des systèmes de contrôle efficaces des réalisations ?», en particulier sur le chevreuil et le
sanglier. Alors qu’il existe un Plan national de maîtrise du sanglier, il existe encore trop
de départements qui ne savent pas exactement le nombre de sangliers tirés ! Même s’il
est obligatoire de rapporter les bracelets non utilisés ce n’est pas pratiqué dans tous les
départements. Nous n’avons en fait aucun moyen de contraindre les FDC à mettre en
place des systèmes souvent contraignants et nécessitant des moyens humains
importants ou coûteux. Par le réseau nous pouvons informer (par exemple article dans la
lettre réseau de janvier 2010 sur la saisie par internet des carnets de battue dans
45
l’Hérault) et inciter ainsi d’autres départements à progresser. Il est clair que le système
minimum qui devrait exister dans tout département est la déclaration immédiate par
internet ou carte T.
- Ne serait-il pas plus judicieux de travailler par échantillonnage de départements fiables,
plutôt que de faire de l’exhaustif national ?
Les départements ont besoin de l’information « réalisations » des espèces soumises au
plan de chasse pour demander les
attributions de l’année suivante. Cette information
n’est pas collectée juste pour les besoins du réseau. De plus chaque département utilise
les
données
pour
suivre
la
gestion
des
espèces
dans
son
département.
Un
échantillonnage national pourrait être envisagé pour des résultats peut-être plus fiables à
cette échelle, mais ces données ne pourraient pas être utilisées à une échelle
départementale ou communale.
Une enquête nationale tableaux de chasse par échantillonnage
a été réalisée à la
demande de l’ONCFS et la FNC par une société de Marketing et une entreprise de téléenquêteurs en 2009. Les résultats trop discutables de cette enquête n’ont pas été
retenus. Dans le futur une nouvelle enquête mieux préparée sera réalisée. Les résultats
pourront être comparés avec ceux plus exhaustifs du réseau.
Concernant les systèmes de contrôle des erreurs lors de la saisie :
Le plus souvent les erreurs sont constatées lors de la synthèse des résultats. Sur la base
de données Access il serait utile de mettre en place un système de contrôle automatique
des données lors de la saisie, afin de détecter des erreurs dès ce stade. Par exemple un
message d’alerte devrait avertir d’un écart trop important des attributions et réalisations
par rapport à la saison précédente, d’un taux de réalisation trop fort ou trop faible, de
l’absence de données sur un département ou une commune etc.
Concernant l’actualisation de la liste des communes Insee :
Les solutions ne sont pas simples concernant le fichier de référence des communes.
Comment actualiser le fichier en gardant tout de même l’historique des tableaux de
chasse communaux après fusion ou disparition des communes. Pour l’instant il n’y a pas
de méthode clairement établie, mais il est urgent de résoudre ce problème.
Concernant la participation aux enquêtes des interlocuteurs techniques :
46
Une grande partie du travail de l’administrateur du réseau consiste à relancer de façon
incessante les interlocuteurs techniques pour obtenir l’information, et en plus dans les
temps impartis ! Il n’est souvent pas possible à notre niveau de résoudre les problèmes
politiques de blocage des FDC quand ils existent, et quelques départements qui ne
répondent pas bloquent rapidement l’ensemble. La collaboration entre FDC et ONCFS est
un atout important pour la rapidité et la fiabilité des données, mais elle n’est pas toujours
possible dans certains départements du fait de problèmes humains. Une bonne animation
du réseau avec un administrateur compétent permet en tous cas d’améliorer la rapidité
des retours. Si
le réseau fournit rapidement les informations demandées par les
interlocuteurs techniques, les nombreuses sollicitations sont mieux acceptées. Tout ce
qui peut rendre le réseau plus vivant est un gage de réussite pour la collecte des
informations.
Concernant les tableaux de chasse comme indice d’évolution des populations :
Il serait judicieux de pouvoir disposer d’une estimation de l’effort de chasse (pour faire la
part entre le manque d’animaux et le manque de pression de chasse). En Italie, depuis
1992 les chasseurs doivent remplir un livret pour chaque journée chassée, dès le départ
en action de chasse, même si aucun animal n’a été tiré. Un chasseur contrôlé en action
de chasse avec le livret non rempli est en infraction. Un animal tiré est noté
immédiatement sur le livret. Ce livret journalier est à retourner au district concerné
avant le 31 mars sous peine d’amende. Ce système semble assez simple et efficace et
correspond bien aux pays latins où il est la plupart du temps nécessaire d’avoir une
contrainte pour obtenir un résultat.
Il a été montré que le tableau de chasse traduisait bien à long terme l’évolution des
populations, mais quel est le pas de temps minimal pour pouvoir interpréter cette
donnée ?
Il est admis que le taux de réalisation dépend du nombre de chasseurs. Cette relation
pourrait être vérifiée sur certains départements avec carnets de battue indiquant le
nombre de chasseurs présents à chaque battue, et sur lesquels une espèce est presque
exclusivement tirée par battue.
Et l’impact des ongulés sur les milieux ?
Jusqu’alors les enquêtes du réseau concernaient quasiment exclusivement les espèces
animales. Une enquête jointe à l’enquête « massifs à cerfs » avait été réalisée en 2000
sur l’intensité de l’écorçage par essence forestière pour chaque massif à cerfs. Il serait
intéressant de développer cette problématique « impact sur les milieux » aussi bien au
47
niveau agricole que forestier permettant de fournir des indices d’équilibre de gestion
durable ongulés-milieux forestiers-milieux agricoles.
7 Références bibliographiques
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du Parc national des Cévennes. Rapport d'expertise de l'ONCFS, pp. 71.
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cultural factors. Journal of Applied Ecology, 43, 721-734.
Myrberget S. (1988). - Hunting statistics as indicators of game population size and
composition. Statistical Journal of the United Nations ECE, 5 : 289-301.
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Pfaff E., Klein F., Saint-Andrieux C. (2008). - La situation du cerf élaphe en France,
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inventaire. Faune Sauvage, 285 : 10-15.
Saint-Andrieux C. (2009).- La superposition des espèces d’ongulés sauvages en France.
Rapport scientifique 2008 de l’ONCFS. p 29.
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