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Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC-FDC » et le
suivi de la progression numérique et spatiale de ces
espèces en France
Le réseau « Ongulés sauvages ONCFS- FNC- FDC » a pour mission le suivi patrimonial du
grand gibier en France à l'échelle communale, départementale, régionale ou nationale. Il
contribue à la connaissance des types de milieux occupés, des modes de gestion
pratiqués, et des problèmes rencontrés (impact sur le milieu agricole ou forestier,
fragmentation de l'espace, collisions).
L’existence même du réseau est justifiée par son objectif principal, à savoir produire
chaque année des statistiques sur les tableaux de chasse qui servent de références
nationales. Les principales enquêtes seront présentées dans ce rapport.
Les questions scientifiques qui en découlent sont principalement à l’heure actuelle de
savoir si ces statistiques de chasse sont représentatives de l’évolution des populations.
Des réflexions en cours sur ce sujet, élaborées avec des statisticiens, seront présentées.
Un bref rappel sur l’historique du réseau est tout d’abord indispensable pour bien
comprendre comment s’est construit en 25 ans ce réseau national d’observation des
ongulés sauvages.
1 Historique
Ce réseau tout d’abord appelé « réseau des correspondants Cervidés-sanglier » a été
constitué en 1985 lors de la mise en place de l’inventaire zoo-géographique des
populations de cerf élaphe en France. Un comité de coordination, présidé par le président
de l’ANCGG regroupait des représentants des différents organismes impliqués dans la
gestion des cervidés-sangliers et de leurs habitats (ONC, FDC, ANCGG, Muséum
d’Histoire Naturelle…). Les correspondants départementaux étaient recrutés parmi les
agents de l’ONCFS et des FDC, les délégués ANCGG ou les administrateurs de FDC. Il n’y
avait qu’un correspondant par département.
En 1998, lors de la séparation des services de police de l’ONCFS et des FDC, il a été mis
en place le système de deux correspondants par département, un pour chaque
organisme. De 1988 à 2001, 7 techniciens se sont succédés sur des contrats à durée
déterminée pour assurer les enquêtes du réseau. Les données étaient traitées par le
Muséum d’Histoire Naturelle.
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En 2001 il a été crée un poste d’ingénieur « responsable du suivi patrimonial » au sein du
CNERA « cervidés-sanglier ». Un poste de technicien a également été entièrement dévolu
à cette mission. L’ensemble du réseau a été recentré sur l’implantation de Gerstheim en
Alsace. A partir de cette période les enquêtes ont été entièrement menées par cette
équipe, de la conception à l’interprétation en passant par la saisie.
Le réseau est alors devenu un véritable outil de travail. Les changements fréquents de
technicien au cours des années précédentes et la séparation des tâches (saisie et
traitement des données par le Muséum) ne permettaient pas d’avoir un suivi et la
validation correcte des enquêtes.
En 2003 il a établi une convention cadre entre la FNC et l’ONCFS afin de fixer les
principes généraux de fonctionnement des réseaux nationaux d’observation de la faune
sauvage communs à l’ONCFS et aux Fédérations départementales, régionales et
nationale des chasseurs. Cette convention, encore d’actualité, précise l’organisation et le
fonctionnement des réseaux, ainsi que les règles d’exploitation et de diffusion des
données, qui n’étaient pas toujours très claires auparavant.
Le réseau a changé de dénomination et de logo en 2005 afin que la problématique
ongulés de montagne soit intégrée. En effet toutes les espèces d’ongulés sauvages de
plaine et de montagne présentes en France sont concernées, à savoir le cerf (Cervus
elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le daim (Dama
dama), le cerf sika (Cervus sika nippon), le chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra),
l’isard (Rupicapra pyrenaica pyrenaica), le mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon), le
mouflon méditerranéen (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.) et le bouquetin (Capra ibex
ibex).
Depuis 2003 les informations sont récoltées dans chaque département par deux
interlocuteurs techniques, un de la Fédération départementale des chasseurs et un du
service départemental de l’ONCFS (soit environ 180 personnes). Dans la mesure du
possible il est demandé aux interlocuteurs des deux services concernés dans un même
département de remplir les fiches d’enquête en concertation afin de garantir une
meilleure information. Elles sont ensuite saisies, traitées et cartographiées par
l’administrateur et le responsable scientifique. Chaque année les enquêtes tableaux de
chasse départementaux de tous les ongulés et tableaux de chasse communaux du
sanglier sont réalisées. D’autres enquêtes ont une périodicité plus grande comme les
tableaux de chasse communaux chevreuil, les inventaires de répartition en France du cerf
ou des ongulés de montagne, la répartition communale des espèces marginales (cerf
sika, daim), les modalités de gestion des ongulés par la chasse, les couloirs de libre
circulation entre les massifs forestiers. Certaines enquêtes peuvent être ponctuelles pour
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répondre à des problématiques d’actualité. Par exemple l’enquête mortalité extra-
cynégétique du grand gibier a mesuré l’évolution des collisions sur une vingtaine de
départements entre 1983 et 1994.
Le réseau tente de répondre principalement à deux grandes questions :
1- quelle est la progression géographique des ongulés sauvages en France ?
2- quelles sont les progressions numériques des effectifs d’ongulés en France ?
Différentes enquêtes ont été mises en place au cours du temps pour suivre
géographiquement l’évolution des ongulés en plein développement sur le territoire
national, aussi bien au niveau des aires occupées que des effectifs estimés.
2 Progression géographique des espèces : les enquêtes de
répartition
2.1 Enquête « inventaire zoo-géographique des massifs à cerfs » :
Problématique :
Depuis la généralisation du plan de chasse en 1979 les populations de cerf sont en pleine
expansion sur le territoire national. Les tableaux de chasse départementaux récoltés
depuis 1973 montrent bien cette progression mais ils ne permettent pas de caractériser
les populations de cerf, et les types de milieux concernés par l’apparition ou le
développement des populations de cerf élaphe.
Historique :
En 1985 une enquête a été mise en place 1985 afin de caractériser les populations de
cerf et de décrire les unités géographiques dans lesquelles ils vivent. Pour rendre compte
de l’évolution des populations il a été choisi un pas de temps de 5 ans entre deux
enquêtes.
Les données relatives à cet inventaire ont été traitées de 1985 à 2000 par le Service du
Patrimoine Naturel (SPN) du Muséum national d’histoire naturelle au travers d’une
« convention particulière à des fins d’études et de recherches » entre l’ONCFS et le
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MNHN. Depuis cette date, le réseau cervidés-sanglier assure seul l’exploitation et
l’analyse des données.
Méthodologie :
Le travail est réalisé par unité de population ou « zone à cerf », c’est-à-dire une aire
occupée par au minimum une dizaine de cerfs et biches susceptibles de se rencontrer et
d'établir entre eux des rapports sociaux et génétiques (reproduction). Pour des raisons
administratives l’inventaire est fait par département. Ainsi pour une population à cheval
sur plusieurs départements chaque portion départementale constitue une zone. Un
département peut abriter plusieurs zones. Sur chaque zone sont récoltées des
informations sur le statut et la gestion de cette espèce.
Si un changement est apparu par rapport à la situation précédente, les zones impliquées
doivent être à nouveau cartographiées au 1/100000ème sur les cartes IGN. Les zones
peuvent apparaître, disparaître, fusionner ou avoir des modifications de leurs contours.
L'origine des populations est également renseignée, trois cas de figures peuvent être
rencontrés. Les populations peuvent être d’origine naturelle (aucun lâcher effectué),
introduite ou réintroduite (lâchers volontaires ou animaux échappés de captivité) ou
mixtes.
Résultats :
Les données sont saisies sur Access et cartographiées sur Arcview. Les résultats se
présentent sous la forme d’un fichier national sous Système d’Information Géographique
(ARCVIEW). Dans ce fichier chaque zone est associée à des informations
complémentaires concernant soit les populations (effectifs estimés, tableaux de chasse,
origine des populations…) soit les milieux (superficie totale, boisée…)
En 20 ans la progression du cerf a été spectaculaire, tant du point de vue de la superficie
occupée que des effectifs présents ou des prélèvements effectués par les chasseurs. En
2005 plus de 29% du territoire national sont occupés par le cerf, cette superficie ayant
été multipliée par 1.9 en 20 ans. Les effectifs estimés au niveau national ont été
multipliés par 3.9 au cours de cette même période. Le nombre de zones à cerf n’évolue
pas proportionnellement à l’expansion de l’espèce : en 20 ans, il n’a augmenté que de
14%. On assiste plutôt à une extension des zones existantes qu’à l’apparition de
nouvelles zones, surtout dans les milieux fortement boisés où le continuum forestier
favorise la jonction entre les zones voisines.
En 1985, le cerf occupait 25% du territoire boisé national, et 45% en 2005. 33
départements ont plus de 50% de leur territoire boisé occupé par le cerf. Sur 17
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départements la densité estimée de cerfs aux 100 ha boisés est supérieure à 4, en 1985
un seul département était dans cette situation.
La colonisation du cerf est surtout spectaculaire dans les milieux montagnards (fig. 1). En
20 ans les effectifs ont été multipliés par 9 dans le Massif central, les Alpes et les
Pyrénées et par 3 dans le reste de la France. Le cerf occupe plus de 40% de le surface
totale au-dessus de 1500m d’altitude (Pfaff et al.2008).
Figure 1 : Evolution de la surface colonisée par le cerf entre 1985 et 2005
L’utilisation des différents habitats disponibles varie suivant la classe altitudinale
concernée. Ainsi, en dessous de 600m d ‘altitude, le cerf est nettement inféodé aux
forêts de feuillus ou de résineux. En moyenne et haute montagne, il sélectionne moins
les habitats et les utilise proportionnellement aux disponibilités.
Les difficultés rencontrées:
- L’estimation des effectifs est une donnée très subjective et tient dans une
fourchette très large. Pour calculer des effectifs nationaux et des densités nous
utilisons la moyenne entre les effectifs minimaux et maximaux estimés, ce qui
reste très approximatif. Cependant la validité de ces estimations est vérifiée d’une
enquête à l’autre. En effet le nombre de cerfs réalisés par le plan de chasse est
une donnée beaucoup plus fiable. Partant du principe qu’une population devrait
être en augmentation si les prélèvements sont inférieurs à 25% des effectifs
estimés, et qu’elle devrait diminuer si les prélèvements sont supérieurs à 35%,
toutes les zones dont les données ne sont pas cohérentes sont vérifiées et les
estimations revues avec les interlocuteurs techniques des départements
concernés.
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