
Sécheresse n° 3, vol. 21, juillet-août-septembre 2010 233
Water and sustainability in arid regions
Bridging the gap between physical 
and social sciences
G. Schneier-Madanes, 
M.F. Courel, eds.
Dordrecht: Springer Netherlands
Coll. „Earth and Environmental 
Science‰
ISBN 978-90-481-2775-7
2010, 22 + 349 p.
158,20 euros
Du 9 au 15 octobre 2006, en présence 
de quelque 250 scientifiques venus 
de plus de quarante pays, lÊuniversité 
du Xinjiang a organisé à Urumqi une 
conférence internationale sur lÊeau, 
les écosystèmes et le développement 
durable en domaine aride ou semi-aride. 
Après une longue décantation, les prin-
cipaux enseignements de cette mani-
festation viennent de fournir la matière 
dÊun ouvrage original, codirigé par les 
géographes Graciela Schneier-Madanes 
et Marie-Françoise Courel. Une cinquan-
taine dÊauteurs, hydrologues, écologues, 
climatologues, spécialistes de télédétec-
tion, politologues, économistes, archéo-
logues, historiens ou architectes, ont 
mis leurs compétences en commun afin 
de mieux comprendre les défis auxquels 
sont confrontés les hommes vivant dans 
les déserts chauds ou sur leurs marges 
et dÊévaluer les stratégies mises en place 
pour juguler la précarité des ressources 
hydriques et la médiocrité des aptitudes 
agricoles.
Les sept chapitres qui composent la 
première partie, axée sur les problèmes 
contemporains, soulignent la complexité 
des interactions entre la disponibilité 
de lÊeau, les biotopes, les biocénoses 
et les interventions humaines. LÊaccent y 
est dÊabord mis sur le Nord-Ouest de la 
Chine, avec un plaidoyer en faveur dÊun 
aménagement mieux coordonné, respec-
tant davantage la nature et justifiant donc 
lÊappellation dÊéco-reconstruction. LÊap-
port potentiel de la télédétection pour la 
réalisation de diagnostics précis et pour 
lÊanalyse des processus est excellemment 
illustré sur lÊexemple de lÊoasis de Keriya, 
dans le sud du désert de Taklimakan. La 
distorsion entre ressources (superficielles 
aussi bien que souterraines) et besoins 
en eau est ensuite analysée en Iran et au 
Maghreb. Le cas de la Tunisie est traité 
à part, en insistant sur lÊaggravation des 
risques qui pourrait résulter de lÊévolution 
du climat, puis sur lÊimpérieuse néces-
sité de concilier le respect de lÊintégrité 
environnementale et la recherche de 
la sécurité alimentaire, dÊautant quÊun 
choix crucial commence à se poser entre 
le souci de nourrir la population natio-
nale et la tentation de se lancer dans la 
production de bio-énergie, pour satisfaire 
la demande extérieure.
La deuxième partie, forte de cinq chapi-
tres, sÊapplique à tirer les leçons de 
lÊhistoire et, par une analyse fouillée de 
leurs systèmes techniques et sociocultu-
rels, à améliorer notre connaissance des 
sociétés vivant dans les zones arides. Les 
galeries drainantes souterraines (khettara 
au Maroc, qanat en Iran, karez dans la 
dépression de Turpan au Xinjiang) et lÊar-
chitecture des villes oasiennes (comme 
Kashgar, au point de rencontre des 
routes nord et sud de la soie) montrent 
ainsi comment lÊingéniosité des hommes 
a réussi, au fil des siècles, à rendre 
habitables et économiquement viables 
des milieux a priori hostiles. La question 
sous-jacente est de savoir sÊil y a encore 
place, dans le monde actuel, pour des 
technologies traditionnelles. La réponse 
est positive, si lÊon en juge à travers le 
cas de Marrakech où coexistent dans 
une relative harmonie des aménagements 
multiséculaires et des aménagements à la 
pointe du progrès, mais ayant encore à 
faire la preuve de leur efficacité.
Encadrée par une présentation géné-
rale des ressources en eau, qui fait une 
large place à la géopolitique, et par une 
réflexion historico-épistémologique sur 
les exigences contradictoires du dévelop-
pement et de la conservation de lÊenvi-
ronnement dans un contexte de pénurie 
hydrique, la troisième partie rassemble 
sept chapitres sur le thème de la gouver-
nance et de la durabilité des aménage-
ments hydrauliques. Cette fois, en dehors 
dÊune mise au point sur la réhabilitation 
des écosystèmes secs de la rive nord de 
la Méditerranée, les exemples viennent 
majoritairement du Nouveau Monde, 
que ce soit le Sud-Ouest des États-Unis 
(où la surexploitation des eaux souter-
raines hypothèque gravement lÊavenir et 
où la législation encadrant le pompage 
semble ignorer les principes élémentaires 
de lÊhydrologie), les confins septentrio-
naux du Mexique (où un développement 
urbain incontrôlé amplifie de façon alar-
mante le manque dÊeau) ou le bassin de 
la rivière San Juan en Argentine (où lÊon 
réfléchit à des méthodes permettant de 
rationaliser lÊirrigation). Mais il ne suffit 
pas de disposer dÊeau en quantité suffi-
sante, encore faut-il quÊelle soit de bonne 
qualité ; cÊest pourquoi sont également 
évoquées les contaminations arsenicales 
dans le Cône sud.
Les éditrices nÊont pas souhaité gommer 
de petites divergences de fond ou de 
forme entre les auteurs, certains privilé-
giant par exemple la notion structurelle 
dÊaridité là où dÊautres sÊen tiennent à la 
notion conjoncturelle de sécheresse. De 
même, il nÊest pas sûr que tous se réfè-
rent exactement à la même définition 
dÊune oasis. Mais cela nÊempêche en 
rien quÊil se dégage de lÊensemble une 
réelle unité. En renonçant aux grandes 
synthèses au profit de méticuleuses 
études de cas et en jouant astucieuse-
ment avec les échelles de temps et dÊes-
pace, lÊouvrage attire opportunément 
lÊattention sur trois points. Le premier est 
un constat  dÊhétérogénéité, tant dans les 
paysages, dans leur contenu naturel et 
humain, que dans les ressources quÊils 
offrent et les contraintes quÊils imposent. 
Le deuxième, corrélatif du précédent, 
réside dans le fait que lÊeau ne peut 
désormais être valablement gérée quÊaux 
échelles fines, en prenant très largement 
en compte les valeurs, les connaissances 
et les pratiques des populations locales. 
Le dernier souligne lÊatout précieux que 
peut représenter la collaboration des 
sciences sociales et des sciences dites 
ÿ dures Ÿ. Puissent ces trois conclusions 
être méditées et mises en pratique par 
tous ceux qui ont quelque responsabilité 
dans le devenir des milieux arides !
Jean-Pierre Besancenot
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