Études Économiques Groupe
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Hebdomadaire N°2014/25 4 juillet 2014
L'actualité des pays émergents
Éditorial Malaise hongkongais
Les hongkongais sont descendus dans la rue ce 1er juillet. En masse. Ils ont éplus de 510 000 selon les
organisateurs ; un peu moins de 100 000 selon la police. Pourquoi ? Pour dénoncer l'intrusion jugée de plus
en plus grande de Pékin dans les rouages du pouvoir, y compris du quatrième, la presse et les médias. Pour
demander aux dirigeants chinois de laisser la population désigner librement les candidats au scrutin de
2017 ; scrutin à l'occasion duquel les hongkongais devraient élire pour la première fois au suffrage universel
l’ensemble des membres du conseil législatif, mais qui risque de tourner à la parodie d’élection libre, si les
candidats sont choisis par un comité acquis à la cause de Pékin, comme c’est actuellement envisagé. Bref,
pour plus de démocratie.
Une première ? Non. Les hongkongais ont pris l’habitude de se rassembler chaque année le premier jour de
juillet pour commémorer la rétrocession de l’île à la Chine continentale (en 1997) et rappeler Pékin) leur
particularisme institutionnel. Néanmoins, si ce chiffre du demi-million et quelques dizaines de milliers de plus
est avéré, la région administrative spéciale vient de vivre la plus importante manifestation de son histoire.
Sans oublier que celle-ci a été précédée d’un référendum non officiel (en juin) auquel plus de 10% de la
population a participé (un taux que personne n’attendait aussi élevé) et lors duquel 90,8% se sont prononcés
en faveur d’une nomination populaire des candidats à l’élection de 2017. Donc un double avertissement
adressé à Pékin.
Pourtant, les dirigeants chinois ne remettent aucunement en question le principe « d’un pays, deux
systèmes »… à condition, bien entendu, qu’ils gardent la main sur ce second système. Et ils viennent de le
rappeler noir sur blanc ; dans une note publiée le mois dernier l’autonomie dont jouit Hong Kong est
clairement apparue comme une permission de kin. Non, pas question de lâcher la bride. Surtout sous la
pression. Cela ferait tâche et risquerait d(e)' (r)éveiller des velléités démocratiques ailleurs dans le pays.
Vers une dangereuse escalade, alors ? La Chine risquerait d'y perdre une précieuse vitrine. Cette vitrine qui
donne à voir au monde un pays prospère et surtout un pouvoir à Pékin capable de s'accommoder d'une
société civile active et volontiers critique à son égard. Cette vitrine qui sert aussi au rapprochement avec
Taïwan auquel Pékin tient. Hong Kong, pour sa part, risquerait d'y laisser le dynamisme de son activité
commerciale, la sande son marché immobilier et par-dessus tout son statut de centre financier régional et
de porte d'entrée privilégiée sur la Chine continentale. Autrement dit, une capacité de nuisance forte de part
et d’autre, et une situation, finalement, qui prêterait plutôt à une issue concertée et acceptable pour tous.
Mais la voie de la raison a parfois tort, notamment lorsqu'il est question de liberté...
Les faits marquants de la semaine
Turquie : Erdogan officialise sa candidature à la présidence.
Arabie saoudite, Égypte : Les indices PMI de juin attestent d’une croissance robuste en Arabie
saoudite et en accélération en Égypte.
Afrique du Sud : Nouvelle grève d'ampleur dans le secteur de la métallurgie.
Ghana : Dégradation du rating par Moody's.
Inde : Pour plus de souplesse sur le marché du travail.
Pérou : Upgrade à A3 par Moody’s.
Edition du 4 juillet 2014
Europe centrale et orientale, Asie centrale
Albanie Statut de candidat à l’UE accordé.
Comme il était attendu après l’avis favorable donné
par la Commission européenne il y a quelques jours,
les vingt-huit pays membres de l’UE se sont exprimés
favorablement pour accorder le statut de candidat à
l’Albanie, quatre années après sa demande. La date
d’ouverture des négociations d’adhésion devra main-
tenant être déterminée par l’UE. Parallèlement à cette
décision, l’Albanie et le distributeur d’électricité tchè-
que CEZ ont annoncé avoir trouvé un accord pour
mettre fin à leur différend au sujet de la filiale locale
de l’opérateur : CEZ se retire définitivement du mar-
ché et va recevoir 100 M € pour solde de tout compte.
Les procédures juridiques en cours sont annulées.
Commentaire Ce nouveau statut devrait per-
mettre à l’Albanie d’accélérer son programme de
réformes. C’était l’objectif du Premier ministre, Edi
Rama, et ceci lui donne une légitimité et un certain
poids politique en interne dans la mesure un large
consensus politique est en faveur d’un rapproche-
ment avec l’UE.
Bulgarie Régime de change fixe à l’euro réaf-
firmé. Alors que l’UE vient d’annoncer le déblocage
de 2,3 Mds de ligne de crédit, afin d’apporter de la
liquidité au pays et mettre fin à un mouvement de
défiance envers des banques locales, le président
Plevneliev a réaffirmé la solidité du régime de change
actuel qui est celui d’un cours fixe du lev à la monnaie
européenne dans le cadre d’un « currency board ».
Selon les autorités politiques, ce régime est amené à
perdurer jusqu’à l’entrée de la Bulgarie dans la zone
euro. Le FMI et l’agence de rating S&P ont également
réaffirmé la solidimacro-économique du pays. Par
ailleurs, suite à la défaite des socialistes lors des élec-
tions européennes, des élections législatives antici-
pées ont été programmées pour le 5 octobre
prochain.
Commentaire Actuellement, le pays dispose de
réserves de change équivalentes à 6,4 mois d’impor-
tation. En cas de tirage de la ligne UE (une
probabilité faible, compte tenu de l’apaisement de la
crise), ces réserves passeraient à 21 Mds USD, soit
7,6 mois d’importations. Des réserves suffisantes
pour contrer des attaques spéculatives contre le lev.
Pour mémoire, la Bulgarie n’a pas eu besoin d’une
aide d’urgence du FMI ou de l’UE lors de la crise de
2009, contrairement à beaucoup de pays d’Europe
centrale.
Serbie Activité en forte décélération. Les pre-
miers chiffres d’activité 2014 confirment les prévisions
de forte décélération de la croissance : le PIB n’a
progressé que de 0,1% a/a au premier trimestre, un
peu moins que la première estimation flash de l’Office
des statistiques qui l’estimait à 0,4%. La production
industrielle s’est, elle, contractée de 7% en mai,
conséquence des inondations qu’a connu l’ouest du
pays. Les productions électrique et de charbon ont
beaucoup chuté en mai, en raison de l’arrêt tempo-
raire de la centrale électrique de Nikola Tesla et les
inondations de la mine de lignite de Kolubara.
Commentaire Le scénario d’une légère réces-
sion pour l’ensemble de l’année 2014 est sans doute
désormais plus probable qu’une croissance zéro.
Une contraction du PIB de 0,5% est envisagée par le
gouvernement. De plus, en mai dernier, le déficit a
atteint 60% de ce qu’il était prévu dans le budget
2014 (au lieu de 42%). La prévision de légère
récession sera prise en compte lors de la révision du
budget en août prochain. Cette nouvelle version
actualisée devrait donc voir fortement augmenter le
déficit budgétaire qui pourrait dépasser les 7% du
PIB.
Russie, Ukraine Le point sur la crise. Le
président ukrainien Poroshenko a décidé de ne pas
prolonger la trêve militaire avec les séparatistes des
régions de l’Est. Il n’a pas suivi les conseils des pays
occidentaux (Allemagne et France), ni la demande
expresse de V. Poutine, estimant que les rebelles ne
l’ont pas respectée et qu’ils ont utilisé l’arrêt
temporaire des hostilités pour reconstituer leurs forces
et renforcer leurs positions. Un nouveau ministre de la
Défense vient par ailleurs d’être nommé : Valery
Heletey est un militaire chargé de reconstituer les
forces armées ukrainiennes.
Après une relative et courte accalmie, les rhétoriques
guerrières à Kiev et à Moscou et les opérations sur le
terrain connaissent donc une certaine recrudescence,
éloignant la possibilité d’une issue diplomatique et
concertée à la crise. Pourtant, les discussions ne sont
pas rompues et les efforts de l’UE et de l’Allemagne
pour réengager des négociations pourraient aboutir à
une nouvelle trêve.
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déc.-08 déc.-09 déc.-10 déc.-11 déc.-12 déc.-13
a/a, %
a/a, %
Serbie : PIB et activité industrielle
PIB Production industrielle (éch. dr.)
Source : Statistical Office, Crédit Agricole S.A.
Edition du 4 juillet 2014
Les nouveaux sujets de friction entre la Russie et l’UE
ne manquent pas depuis l’annexion de la Crimée :
embargo russe sur les exportations de gaz à l’Ukraine
qui pourrait affecter l’Europe centrale, lorsque les
réserves stockées seront épuisées ; embargo russe
sur les importations de viande de porc en provenance
de l’UE ; hausse des standards de sécurité du
transport de fret aérien de la part de l’UE. Néanmoins
la spirale de sanctions et de contre-sanctions reste
assez limitée à ce stade de la part des Européens qui
ne souhaitent visiblement pas entrer dans une dérive
qui fragiliserait la modeste reprise dans l’UE et qui
serait contraire à une issue politique.
Commentaire La recherche d’une issue diplo-
matique et politique à la crise des séparatistes de
l’Est reste envisageable, même si le regain de
tensions actuel en a réduit la probabilité. Le groupe
de contact (Ukraine, Russie, Allemagne, France)
poursuit ses réunions.
Turquie Erdogan officialise sa candidature à la
présidence. Le Premier ministre Erdogan a officialisé
sa candidature à la présidence de la République. Les
élections présidentielles auront lieu les 10 et 24 août
prochains. Pour la première fois, le président sera élu
au suffrage universel direct, à l’échéance du mandat
de l’actuel président Abdullah Gül, une réforme
constitutionnelle ayant chanle mode de scrutin. Le
mandat du président est de cinq ans et il ne peut faire
plus de deux mandats. De plus, seuls les candidats
des partis représentés au Parlement peuvent se
présenter, ce qui devrait limiter leur nombre à trois
noms. Selon la constitution, le Premier ministre peut
se présenter sans être obligé de démissionner de son
poste. Les membres de l’AKP prédisent déjà la
victoire du candidat RT Erdogan. Le principal candidat
de l’opposition est Ekmeledin Ihsanoglu, un profes-
seur d’histoire de soixante-dix ans et candidat
commun des kémalistes et des nationalistes. Il est
très peu connu sur la scène politique. Le troisième
postulant est S. Demirtas, candidat des Kurdes et de
la gauche. Les sondages actuels (quatre instituts)
donnent Erdogan largement vainqueur de cette
élection, probablement dès le premier tour avec plus
de 50% des voix. Une partie de l’électorat kurde
devrait apporter ses voix à Erdogan, en raison des
avancées dans le règlement du conflit entre les deux
communautés. Le mode de gestion de la présidence
devrait également changer : alors que le poste est
actuellement largement honorifique, Erdogan a
récemment affirmé qu’il souhaite un renforcement du
pouvoir présidentiel.
Commentaire Le Premier ministre islamo-
conservateur RT Erdogan est Premier ministre
depuis 2003, soit plus de onze années. Avec 59%
des sièges à l’Assembe et 45% des votes aux
dernières municipales, l’AKP et son leader dominent
largement la scène politique turque, malgré les ré-
cents scandales et des mouvements sociaux contes-
tataires. Si, selon toute vraisemblance, Erdogan est
élu, la tentation sera forte pour le premier président
élu au suffrage universel de modifier la constitution
afin de renforcer les pouvoirs de l’exécutif. Ceci
risque de polariser un peu plus les tensions
politiques. Il est toutefois difficile de prévoir, à ce
stade, l’impact que ces futurs et hypothétiques
changements institutionnels pourraient avoir sur la
vie politique et la société turque.
Moyen-Orient
Arabie saoudite et Égypte Les indices PMI de
juin attestent d’une croissance robuste en
Arabie saoudite et en accélération en Égypte.
En Arabie saoudite, l’indice PMI (Purchasing Ma-
nagers Index) recoupe les informations données
par 400 entreprises représentatives de l’économie
saoudienne. Il atteint, 59,2 en juin, soit son niveau
le plus élevé depuis janvier 2014 (un chiffre au-
delà de 50,0 traduisant une expansion). Les
entreprises saoudiennes attribuent la hausse de
leurs ventes et de leurs stocks l’indice relatif à
l’activité enregistre son niveau le plus élevé
depuis avril 2012 à une demande de consom-
mation des ménages robuste et à la hausse du
volume de projets dans le BTP, le plus souvent
portés par l’État.
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%
M SAR Arabie saoudite : activité
Variation PIB hors pétrole (éch. dr.)
Consommation des ménages
Consommation publique
Source : Saudi Arabia’s Central dpt of statistics and information
Edition du 4 juillet 2014
En Égypte, si la situation est plus contrastée, l’indice
PMI laisse toutefois entendre une poursuite de
l’accélération de la croissance enregistrée depuis
quelques mois.
L’indice PMI atteint en effet 51,5 en juin, son niveau le
plus élevé sur les six premiers mois de l’année 2014.
Il reculait mois après mois depuis février et n’atteignait
que 49,7 en moyenne depuis le début de l’année (46
au premier semestre 2013). La hausse de l’indice PMI
s’explique par celle des nouvelles commandes à
l’exportation (52,3 soit +4,9 points, une hausse record
en Égypte sur un mois) et de la hausse des com-
mandes locales (52,3). La situation reste toutefois
contrastée : les entreprises sondées continuent à
réduire leurs effectifs et le chômage progresse pour le
26e mois consécutif. Mais les licenciements n’empê-
chent pas les salaires de progresser pour le 16e mois
consécutif. De plus, alors que le contexte social et
politique est fragile, les entreprises subissent la
poursuite de la baisse de leurs marges : le coût des
inputs progresse fortement (l’indice passe de 56,5 à
59,3 en juin sur un mois…), alors que les entreprises
n’augmentent pas leurs prix de vente (lindice des prix
à la vente de 49,5 indique une légère contraction des
prix en juin). L’indice PMI pour l’Égypte donne au final
l’image d’une économie la croissance semble se
redresser la croissance économique était effective-
ment de 2,5% a/a au premier trimestre 2014, contre
1,3% le trimestre précédent , mais à un niveau
encore trop faible pour freiner la hausse du chômage.
La reconstitution des stocks par les entreprises laisse
espérer une poursuite de cette hausse d’activité en
juillet (mais le contraire serait surprenant en raison de
la période du ramadan propice à la consommation).
Commentaire L’Arabie saoudite, dont la crois-
sance robuste est portée par les dépenses publiques
et les projets d’infrastructures a opé divers
rapprochements avec l’Égypte qui laisse entendre
une prochaine hausse des investissements saou-
diens en Égypte. Si la visite du roi saoudien au Caire
ne s’est pas accompagnée de l’annonce de nou-
velles aides financières, elle envoie un signal aux
investisseurs saoudiens au lendemain de l’élection
du maréchal Sissi à la présidence. Deux projets dans
l’agroalimentaire ont été annoncé dans la foulé et la
Kingdom Holding Compagny a rencontré les diri-
geants égyptiens, laissant entendre un renforcement
de ses investissements en Égypte.
Notons que les investisseurs étrangers, particuliè-
rement les soutiens bilatéraux du Golfe, ont vu d’un
bon œil, le refus du président Sissi de signer la loi de
finances 2014/2015, en raison d’un déficit budgétaire
prévisionnel trop éle (-12% PIB). Ce déficit de 12%
du PIB est le même que sur les deux précédentes
années, mais il avait été réduit à près de -9% grâce
aux aides du Golfe. Finalement, al Sissi a approuvé
une loi des finances prévoyant -10% de déficit, les
2 points de PIB devant être en partie compensés par
des hausses de taxes (introduction d’une taxe de
10% sur les gains en capitaux et de portefeuille,
d’une autre de 5% sur les hauts revenus).
Libye Le gouvernement annonce la fin du
blocage de terminaux pétroliers. Suite à l’élection
législative anticipée de juin qui a donné à la Libye une
nouvelle assemblée, les rebelles qui bloquaient deux
des principaux terminaux d’exportation du pays
depuis près d’un an ont annoncé avoir cédé leur
contrôle à l’État dans un geste de « bonne volonté ».
Commentaire La production pétrolière libyenne
avait atteint son point bas en avril avec tout juste
200 000 barils produits par jour. Soit huit fois moins
que la production moyenne d’avant 2011. En juin, la
production atteignait 300 000 barils, une hausse
spectaculaire due à la fin des grèves au sein d’un
important champ pétrolier opéré conjointement avec
l’italien ENI. Désormais, suite au déblocage des deux
principaux ports pétroliers du pays. La Libye pourra
prochainement augmenter significativement les
volumes de trole exportés (les pertes à ce jour ont
atteint 30 milliards USD ; la Banque centrale a les
avancer). Les prévisions tablent sur une production
de 600 000 barils jours d’ici la fin de l’année, mais la
situation sécuritaire rend toute prévision très volatile.
4,80%
9,10%
8%
-10%
6,50%
2,50%
Conso. ménages
Conso. gouv.
Investissements
Exports
Imports
PIB réel
Egypte : évolution du PIB réel
(janvier-mars 2014)
Source : Ministry of planning
Edition du 4 juillet 2014
Afrique sub-saharienne
Afrique du Sud Nouvelle grève d'ampleur dans
le secteur de la métallurgie. Les membres du
syndicat NUMSA, le plus important syndicat sud-
africain en termes d'adhérents (environ 200 000), sont
entrés en grève le 1er juillet, suite à l'échec des négo-
ciations salariales engagées avec les employeurs.
Les chefs syndicaux réclament une augmentation de
salaire entre 12 et 15%. De leur côté, les employeurs
proposent une hausse de 7 à 8%, légèrement supé-
rieure au taux d'inflation actuel. Malgré les appels à la
retenue dus au contexte économique actuel, le syndi-
cat NUMSA a décidé d'engager une grève illimitée, à
l'image de celle qu'a connue le secteur du platine
sous la direction de l'AMCU.
Commentaire Cette grève, si elle devait se
prolonger sur plusieurs semaines, pourrait avoir des
conséquences encore plus lourdes que celles provo-
quées par la grève dans le secteur du platine. En
effet, l'acier et la sidérurgie sont très intégrés au
reste de l'économie sud-africaine et représentent
20% du secteur manufacturier. Dans le secteur auto-
mobile, certains groupes étrangers envisagent déjà
de fermer des unités de production et la construction
de deux nouvelles centrales électriques pourrait
également être perturbée. Aujourd'hui, les pertes
entraînées par un jour de grève sont estimées à
28 millions USD. L'espoir d'une médiation gouverne-
mentale souhaitée par les employeurs est compromis
par le fait que le syndicat, traditionnellement proche
de l'ANC, ait pris ses distances avec le pouvoir lors
des dernières élections législatives. Ainsi, sans
accord entre les syndicats et les employeurs, la
grève pourrait se prolonger, entraînant de graves
dommages à une économie déjà morose. Aujourd'hui
autour de 2%, les prévisions de croissance pour-
raient encore une fois être revues à la baisse pour
2014.
Ghana Dégradation du rating par Moody's.
L'agence de notation a abaissé son rating de B1 à B2,
assorti d'une perspective négative. Elle sanctionne
ainsi la détérioration de la soutenabilité de la dette
publique ghanéenne dont le niveau a atteint 55% du
PIB en 2013 et pourrait s'élever à 65% du PIB en
2014.
Commentaire La soutenabilide la dette publi-
que est aujourd'hui de plus en plus préoccupante. En
effet, la charge de la dette est passée de 14% des
revenus en 2012 à 23 % en 2013 et a continué
d'augmenter au cours du premier trimestre 2014,
reflétant des taux d'intérêt sur la dette domestique
particulièrement élevés. Les risques d'une crise de
liquidité sont également importants : les investisseurs
étrangers se sont progressivement désengagés de la
dette domestique depuis septembre 2013 et l'État est
déjà lourdement endetté auprès des banques ghané-
ennes, ce qui renchérit le financement du déficit
public. Le fait que ce dernier ait été assuré par la
Banque centrale sur le premier trimestre 2014 souli-
gne la pression auquel le budget est aujourd'hui
confronté. Face à cette situation, le démarrage cette
année de la production de gaz naturel, et l'accrois-
sement de la production pétrolière dans les années à
venir deviennent urgent. Ils seront nécessaires pour
permettre aux recettes publiques d'augmenter et
ainsi accompagner le gouvernement ghanéen dans
ses efforts pour assainir les finances publiques.
Kenya Baisse du taux d'emprunt bancaire atten-
due suite à l'émission de l'Eurobond. Le président
kényan, Uhuru Kenyatta, a déclaré que l'Eurobond de
2 Mds d'USD émis fin juin permettra au gouvernement
de limiter son recours au marché domestique pour
financer le budget. Ainsi moins sollicité, le secteur
bancaire pourra utiliser ses ressources pour financer
à des taux plus favorables le secteur privé.
Commentaire Les taux d'emprunts bancaires
sont en effet très élevés : malgré l'abaissement pro-
gressif du taux directeur de la Banque centrale,
passé de 18% début 2012 à 8,5% aujourd'hui, le taux
moyen d'emprunt s'élève toujours à 17%. Une baisse
progressive de ce dernier favoriserait l'investisse-
ment privé aujourd'hui en concurrence avec
l'emprunt public qui captait, en février dernier, 20%
des crédits accordés par le secteur bancaire. Les
banques sont donc en situation attentiste envers les
évolutions du marché, et la remontée des pressions
inflationnistes au cours des derniers mois pourrait,
dans une certaine mesure, limiter la baisse attendue
des taux d'emprunt.
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Kenya : crédit au secteur privé
Croissance du crédit au secteur privé (a/a)
Taux d'emprunt moyen réel
Taux d'emprunt moyen nominal
Source : Central Bank of Kenya, Crédit Agricole S.A.
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