Qu'est-ce que la subjectivité ?
Écrit par Henri Hude
Lundi, 15 Juin 2015 17:52 - Mis à jour Lundi, 15 Juin 2015 17:58
Qu’est-ce que la subjectivité? Dessèchement de la métaphysique?Il est vrai que la
métaphysique, à laquelle Aristote a donné une certaine structure stable
[i]
se dessèche, aussi bien que la pensée sans métaphysique, si elle oublie que les fruits
aristotéliciens poussent à partir de la racine à la fois mystique et interrogative du socratisme
[ii]
(En outre, la
métaphysique
d’Aristote se déploie largement à partir de la
philosophie première
de Platon, en laquelle s’épanouit le
questionnement
de Socrate. En ce sens, la structure des
Méditations
de Descartes reprend et totalise, en une seule génération cette fois, la logique d’un tel
progrès.)
Ce qu’on appelle l’objectivisme, c’est l’oubli de l’interrogation, donc de la subjectivité. Car
qu’est-ce que la subjectivité, sinon le contenu d’une certaine idée que l’homme se forme de
lui-même, quand il questionne radicalement? C’est le «je suis», demandant à la fois «que
suis-je?» et «qui es-tu?», question vivante, qui va du Vrai au Vrai, dans le Vrai,sous le Vrai.
Dans son commentaire au 3èmelivre de laMétaphysique, le livre des apories, saint Thomas
trouve cette expression pour caractériser la philosophie:
universalis dubitatio de veritate
[iii]
.
Parce qu’il questionne ainsi, l’homme se sait à la fois libre et déterminé par la vérité, qui seule
peut lui permettre de questionner, et seule finalise son questionnement. La métaphysique
scolastique (si variée) est aussi pétrie de saint Augustin, grand questionneur, devenu pour
lui-même «grande question», que d’Aristote, petit-fils de Socrate. L’école d’Athènes est un
continuum – et elle n’est pas non plus la fin de l’histoire. La subjectivité en son questionnement
prend une radicalité morale et ontologique plus forte au sein de la révélation et de la vie de foi.
Comment donc opposer la métaphysique et la subjectivité?
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