cancer col uterus - Société Algérienne de Médecine Générale

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PREVENTION CONTRE LE CANCER DU COL DE
L'UTERUS
1. Généraliser le dépistage
Bien que les nouveaux vaccins contre le VPH offrent de nouvelles
possibilités de prévenir le cancer du col de l'utérus, l'amélioration
des stratégies de dépistage, parmi lesquelles celle du VPH, apparaît
comme un nouvel outil des plus prometteurs.
Des thèmes traités lors des 4es journées d'évaluation du
programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus, qui
se tiennent depuis hier à Chéraga. Le cancer du col de l'utérus est
curable quand il est traité au stade de lésions cytologiques dites
précurseurs. Cela permet d'éviter une prise en charge palliative
lourde et coûteuse et d'améliorer la longévité. Le dépistage
organisé constitue en soi un enjeu de santé publique majeur. Un
programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus lui a
été consacré. «Ce programme a été introduit par le ministère de la
Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en 1999. Une
première étape a concerné la formation de cytologistes. Cela est
entré en cadence lentement », dira le Pr Bouzid en marge de cet
évènement. Il insistera sur «l'impérative généralisation du
dépistage à l'ensemble du territoire national». Il s'agit du
«renforcement du dépistage et l'amélioration de sa qualité, en plus
du développement de la recherche contre le cancer et la détection
des HPV 16 et 18. Ce sont les deux virus les plus répandus chez les
femmes porteuses du HPV. Près de 3 000 nouveaux cas par an sont
enregistrés, estime le professeur. Le taux de mortalité représente
50 %. Effectivement, 50 % des femmes atteintes du cancer du col de
l'utérus décèdent dans les cinq ans. Pour le Dr Nacéra Keddad,
directrice de la population au MSPRH, l'évaluation du programme
permet de déterminer les activités en cytopathologie du diagnostic
cytologique précoce. «Le programme est basé sur le dépistage des
lésions précancéreuses », estime notre interlocutrice. L'objectif du
programme est l'amélioration des indicateurs de la santé de la
reproduction par les personnels formés en screening. Le Dr Keddad
notera que 200 000 frottis ont déjà été réalisés et 5 millions de
femmes sont concernées par le dépistage. Il a été constaté que ces
performances sont loin d'avoir atteint les objectifs escomptés, soit
un million de frottis. Elle déplorera, par ailleurs, la défaillance du
système d'information. «Il faut également généraliser les
techniciens en cytologie, et pas uniquement au niveau des CHU»,
ajoutera le Dr Keddad. Cette spécialité nécessité 4 ans d'études.
Depuis le lancement du programme national de dépistage du cancer
du col de l'utérus jusqu'en 2007, 114 unités de cytodiagnostic ont
été créées sur la quasi-totalité du territoire national, relève-t-on.
«290 screeners ont été formés. En termes plus explicite, des
cytotechniciens. Mais cela étant, la couverture de ce type de soins
reste insuffisante. Une moyenne de 2,5 unités par wilaya. Le MSRPH
vise assurer au moins un centre de lecture au niveau de chaque
établissement public de santé de proximité. Aussi l'INSP a pris en
charge la formation de 83 gynécologues dans 27 wilayas dont 43
pour la seule wilaya d'Alger. Les spécialistes regrettent toutefois la
déperdition de nombreux gynécologues formés. Dans ce sens, les
recommandations de cette journée se résument en la dynamisation
de l'anatomopathologie et des services de gynécologie obstétrique.
En outre, on appelle au renforcement de la formation à la
colposcopie par l'institution d'un diplôme universitaire (DIU). Aussi,
veiller à la formation pratique de gynécologues obstétriciens dans
leur cursus de base. L'amélioration du dépistage est envisageable
par l'augmentation du taux de participation et l'utilisation de
nouvelles technologies dans l'attente d'une vaccination efficace
contre les papillomavirus. La vaccination assure une protection
contre deux virus uniquement. Cependant, la vaccination contre le
HPV 16 et 18 ne permet la prévention que dans 30 % des cancers.
Elle est envisageable, mais pas à court terme. Cela étant, «on ne
pourra jamais assurer une vaccination à 100 %». Par ailleurs, les
participants ont insisté sur l'impérative information et
sensibilisation des femmes.
2.Cancer du col de l'utérus: le dépistage précoce
reste "insuffisant"
La présidente de l'unité de planification familiale au CHU
Mustapha-Pacha, Pr. Zahra Saâdi, a affirmé, mercredi à Alger,
que les actions menées dans les unités de protection maternelle et
infantile et les services chargés du dépistage précoce du cancer du
col de l'utérus à travers le territoire national, restent
"insuffisantes". A la veille de la célébration de la Journée
mondiale de lutte contre le cancer, coïncidant au 4 février de
chaque année, le professeur Saâdi, spécialiste en gynécologie
obstétrique, a indiqué à l'APS que les unités de protection
maternelle et infantile et les services chargés du dépistage précoce
du cancer du col de l'utérus "se limitent actuellement au
diagnostic précoce de la maladie chez les femmes qui demandent
cet examen ou celles orientées par les médecins à cet effet".
La spécialiste a estimé que les efforts déployés par l'Etat, jusqu'à
aujourd'hui, dans la formation de sages-femmes en matière de
diagnostic précoce du cancer du col de l'utérus et de spécialistes
en colposcopie, "restent insuffisantes pour généraliser le dépistage
et prévenir contre ce type de cancer. Dans le but de réduire le taux
d'atteinte et assurer la prévention contre cette maladie, Pr. Saâdi
a recommandé deux méthodes: la vaccination qui garantie une
protection contre le virus à plus de 75 % et la prévention
secondaire, c'est-à-dire l'identification des lésions qui touchent le
col de l'utérus et les traiter.
Elle a cité, à titre d'exemple, des pays qui ont introduit le vaccin
contre le cancer du col de l'utérus dans le calendrier des
vaccinations, à l'instar des Etats-Unis, le Canada et les pays
d'Europe. Cette opération qui a touché des filles en âge de
scolarisation, a donné des résultats "satisfaisants et positifs", a
indiqué le professeur Saâdi qui a ajouté que le cancer du col de
l'utérus est "parmi les cancers qui peuvent être évités".
L'unité de planification familiale et de dépistage précoce du
cancer du col de l'utérus de Mustapha-Pacha, accueil plus de 60
femmes par semaine âgées de plus de 25 ans, a rappelé la
responsable. "Une fois le cancer dépisté, des médicaments sont
prescrits aux patientes qui restent soumises à un suivi médical", at-elle ajouté.
S'agissant de la guérison de ce type de cancer, le professeur Saâdi
a indiqué que 80 % des cas guérissent "spontanément" ou grâce à
un traitement si la maladie est dépistée de manière précoce. En
cas de persistance des lésions utérines à l'origine des tumeurs
cancéreuses, elle a rassuré que ces dernières apparaissent à long
terme, ce qui signifie qu'il y a "suffisamment de temps" pour les
traiter et garantir une guérison définitive.
Evoquant les problèmes conjugaux qui apparaissent une fois le
cancer dépisté chez l'épouse, la spécialiste a souligné que cette
maladie ne se transmet pas seulement par voie sexuelle, mais qu'il
existe d'autres facteurs. Selon les donnés de l'Institut national de
santé publique, le taux de prévalence du cancer du col de l'utérus
atteint 9 cas pour 100 000 habitants, soit 1600 cas par an,
induisant 4 décès par jour.
3. Ouverture des unités de dépistage du cancer du
col de l'utérus a travers l’ensemble des wilayas.
L'ouverture, prochainement, d'un service de sensibilisation et de
dépistage précoce du cancer du col de l'utérus dans tous les
établissements de santé publique de proximité à travers le
territoire national est à l'ordre du jour. Le ministre de la Santé, de
la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbas, a
déclaré, jeudi dernier, que tous les établissements de santé
publique seront dotés d'un service de dépistage du cancer du col
de l'utérus. Répondant à une question orale à l'Assemblée
populaire nationale (APN) sur la non-importation du vaccin
contre ce type de pathologie, le ministre a indiqué que l'Algérie «a
émis des réserves sur l'importation de ce vaccin car il n'a pas
démontré son efficacité à long terme». Il a précisé que
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recommandé ce
vaccin sans le rendre «obligatoire».
Concernant les unités de dépistage dans le pays, M. Ould Abbes a
affirmé qu'«il existe 188 unités de dépistage précoce du cancer du
col de l'utérus dans 45 wilayas». De même, il a rappelé les efforts
consentis par l'Etat, notamment dans la formation du corps
médical, en soulignant la formation de 380 spécialistes, arguant
des résultats positifs réalisés par ces unités. Le ministre a, par
ailleurs, insisté sur la prévention et la sensibilisation. Le cancer du
col de l'utérus atteint également les femmes multipares ayant un
système immunitaire faible. Il y a lieu de rappeler que la prise en
charge d'un seul cas de cancer du col de l'utérus coûte à l'Etat 2,5
millions de dinars, dont 280 000 affectés à la chimiothérapie, avait
indiqué le président de la Société algérienne de fertilité et de
contraception (SAFEC), le professeur en gynécologie, Mohamed
Bouzekrini, à l'occasion des 17èmes journées de la SAFEC. Il a
ainsi expliqué que le cancer du col de l'utérus venait en 2ème
position des cancers touchant la femme en Algérie. La prévalence
du cancer de l'utérus est de 9 cas pour 100 000 habitants, soit 1
600 cas par an avec 4 décès/jour, selon le même spécialiste. Le
professeur avait déploré le décès de 50% des femmes atteintes
durant les cinq premières années du dépistage de la pathologie,
80% des femmes se présentant pour le traitement alors que la
maladie avait atteint un stade avancé. Pour une meilleure prise en
charge du cancer du col de l'utérus, les spécialistes ne cessent de
réitérer l'importance du dépistage précoce et de la prévention à
travers le traitement des différentes maladies pouvant affecter
l'appareil génital en vue d'éviter leur évolution, outre la
vaccination qui est désormais utilisée dans plus de 100 pays.
4.Plaidoyer pour l'introduction de nouveaux
vaccins
De nombreux spécialistes ont plaidé pour le renforcement du
programme de vaccination national par l'introduction de
nouveaux vaccins, destinés à enrayer des maladies émergentes
dans le pays, comme le cancer du col de l'utérus ou encore le
pneumocoque et le rotavirus qui menacent particulièrement les
enfants de moins de cinq ans.
Le Pr K. Bouzid, chef de service oncologie au CPMC, a affirmé,
hier lors du 6e forum national de l'omnipraticien que le cancer du
sein représente environ 38% de l'ensemble des formes de cancers
dépistés en Algérie.
Ainsi, quelque 9 000 cas ont été enregistrés en 2009, dont 13% en
état métastasique. Le coût du traitement est de 25 000 euros par
malade et par an, a-t-il indiqué en soulignant l'intérêt du
dépistage précoce qui réduit les charges financières inhérentes à la
prise en charge thérapeutique, mais surtout augmente les chances
de guérison.
Il a regretté, néanmoins, un programme de dépistage insignifiant
et la rareté des structures spécialisées. Sans transition, il a insisté
sur la nécessité de vacciner les jeunes filles nubiles contre les types
du HPV (Human Papillomavirus), responsables du cancer du col
utérin. Il a indiqué que ce cancer cause la mort de 50% des
femmes, chez lesquelles il est découvert souvent trop tard.
Le Pr Bouzekrini, chef de service gynécologie obstétrique du CHU
Parnet, a jugé “scandaleux que les pays voisins, le Maroc et la
Tunisie, ont introduit ce vaccin, mais pas l'Algérie qui dispose de
ressources financières plus importantes”. Le Pr Z. Sadi, de la
maternité du CHU Mustapha, a attesté que le dépistage et le
traitement des lésions précancéreuses et la vaccination
prophylactique sont la meilleure prévention contre le cancer du
col utérin.
Elle a précisé que 8 femmes sur 10, sexuellement actives, seront
infectées par le HPV durant leur vie. “80% d'entre elles
élimineront spontanément l'infection au bout de 18 mois.” Il
faudra penser toutefois aux 20% qui présentent le risque de
développer la maladie, classée parmi les cinq cancers féminins les
plus répandus. L'OMS recommande vivement la vaccination anti-
HPV, particulièrement dans les pays où le dépistage est faible.
Des réunions de consensus ont été organisées plusieurs fois au
niveau du ministère de tutelle sur cette problématique. Des avis
favorables ont été exprimés à propos, mais sans qu'une décision
ferme ne soit prise.
Pourtant, il est établi que le prix du produit a considérablement
baissé, depuis la diffusion de la recommandation de l'OMS. Le Dr
Nadjia Ramdani, microbiologiste, a parlé du germe pneumocoque,
particulièrement meurtrier pour les enfants âgés de moins de cinq
ans. La prévalence des décès serait de 10 à 100 pour 100 000
gosses situés dans cette tranche d'âge. Le premier pic grave
apparaît chez le nourrisson de 4 et 6 mois, d'où “la nécessité de
vacciner avant cet âge”. Elle a complété que ces infections sont
difficiles à traiter en raison de leur résistance aux antibiotiques.
Il s'avère que les vaccins contre le pneumocoque, au même titre
que celui contre la méningite, le rotavirus et le cancer du col de
l'utérus n'existent pas en Algérie. L'objectif des spécialistes est de
sensibiliser les autorités compétentes de les budgétiser afin de les
introduire dans le pays. Justement, le ministre de la Santé, de la
Population et de la Réforme hospitalière, qui a assisté à
l'ouverture des travaux du forum, a déclaré qu'il est réellement
utile, eu égard à la transition épidémiologique que traverse le
pays, d'investir davantage dans la prévention, soit à travers une
bonne hygiène de vie ou l'introduction de nouveaux vaccins.
Il a affirmé que l'Etat consent de gros efforts financiers dans la
construction d'établissements hospitaliers, mais bute sur un grand
déficit en professionnels de la santé, d'où l'idée de réformer le
système de formation médicale de base.
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