Médiathèque Valais St-Maurice
Mardi 4 mars 2008
12.30-13.30
Guy Ducrey,
ANCIEN AMBASSADEUR DE SUISSE
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DOSSIER
Guy Ducrey naît en Valais en 1936.
Après ses études au Collège de l’Abbaye de St-Maurice, il fréquente l’Université
de Lausanne et obtient sa licence en science politique.
Etudiant aussi à la London School of Economy .
1963, il réussit ses examens d’entrée au Département politique fédéral. C’est
alors, le début d’une riche carrière politique :
1964 : attaché à Vienne
1965-68, à Berne, intégré au service des finances
1969-73, Secrétaire d’ambassade à Bucarest
1973-76, premier Secrétaire à Washington
1976-80, Conseiller à Pékin
1980-83, Chef de service économique et ministre à Paris
1983-87, ambassadeur en Arabie Saoudite, accrédité également à Oman et
au Yemen
1989, Chef du secrétariat politique au DFAE
1995-99, ambassadeur en Inde (Delhi), accrédité également au Bhoutan, au
Népal et au Bangladesh.
Aujourd’hui, à la retraite il est membre du comité du Forum Suisse de politique
internationale à Genève.
R/ Le Forum suisse de politique internationale est une institution indépendante d’information et de réflexion sur
les relations internationales, fondée en 1997, dont le siège est à Genève.
Rassemblant des personnalités de multiples nations, il entend promouvoir Genève comme l’une des principales
places diplomatiques du monde, et l’action de la Confédération suisse comme un facteur de réconciliation, de
négociation et de paix. Son Comité est constitué d’une trentaine de personnalités qui travaillent tous
bénévolement. Les principaux modes de travail du Forum suisse sont les suivantes:
des conférences-débat (une vingtaine/année), ouvertes à un vaste public; et des débats de haut niveau sur
l’actualité politique internationale.
Profession ambassadeur
R/ Depuis 1956, lambassadeur est recruté par concours d’admission.
Un ambassadeur, c’est qui ?
« ambassadeur », terme dont les origines sont gothes : andbahti signifie service ;
d’où le mot allemand Amt, fonction, office.
Autre explication étymologique : ambo latin, amphi grec, signifie double, ce qui
relève de deux mondes. (cf. dis de diplomate)
Un ambassadeur est donc le représentant d'un État auprès d'un autre, ou
auprès d'une organisation internationale.
Subordonné d'un gouvernement, il tient son pouvoir de lui, et ne l'exerce qu'en
son nom et sur sa demande expresse (sauf, pour des affaires courantes qui ne
nécessitent pas un message ministériel).
Pour ce faire l’ambassadeur doit faire preuve d’une grande capacité d’ adaptation,
en s’effaçant tout en restant présent et prudent : le diplomate n’est pas au service
de ses propres ambitions et doit rester conscient de ce qui, dans des
circonstances données, est utile et possible.
L’ambassadeur vit dans l’ambassade, considérée comme faisant partie du
territoire national du pays à qui elle appartient, elle est inviolable. En
conséquence, le pays hôte ne peut en aucun cas y pénétrer pour effectuer une
perquisition ou n'importe quelle intrusion, ce qui serait considéré comme une
déclaration de guerre.
La vie d’un ambassadeur...
« Le temps passe….puis l’aube se lève, s’étend, les cailles et les perdrix s’en mêlent… et on
s’empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, on ira le
rechercher un jour. »
« Ce jour-là, j’ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s’en trouverait changée. Mais rien de cette
nature n’est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous
prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce
d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement,
est peut-être notre moteur le plus sûr. » Nicolas Bouvier, l’Usage du monde
Le quotidien d’un ambassadeur n’est autre que la découverte du pays de
résidence et de ses habitants, l’observation de la vie politique, les contacts avec
les autorités, les institutions et la société , les devoirs de représentation, la
promotion économique et culturelle, les relations avec le Suisses établis dans le
pays, les responsabilités en tant que chef d’une équipe de collaborateurs
diplomatiques, consulaires et administratifs.
Ainsi tend-il à « comprendre et faire comprendre » : comprendre le contexte
politique, le pays d’accréditation, faire comprendre son propre pays, tout ce qui
fait la nation et le peuple.
1. La vie d’ambassadeur s’articule entre deux réalités : partir et arriver.
« Avançant de poste en poste, l’ambassadeur se détache des endroits
apprivoisés pour adopter une nouveau cadre de vie, s’ajuster aux coutumes d’un
nouveau pays. A chaque déplacement, c’est une remise en cause au contact de
la nouveauté et un enrichissement, même si il y a aussi le regret de toutes les
occasions manquées, de toutes les richesses inexplorées, du temps parfois
perdu. »
2.
La procédure classique d’agrément des ambassadeurs :
La lettre de créance remise par l’ambassadeur au chef du pays, signée par le
président et le Chancelier de la Confédération, au nom du Conseil Fédéral.
L’ambassadeur ensuite se fait le porte-parole de son pays et définit les objectifs
sur lesquels il va travailler.
Ambassadeur, une mission…
«Le succès immédiat, c’est la sociabilité. On va aux hommes, ils vous accueillent. Le vrai
succès c’est quand les hommes viennent à vous »
(C.-F Ramuz, Journal, 1
er
mai 1912)
L’ambassadeur est un homme public, un interlocuteur d’hommes politiques ou de
hauts fonctionnaires. Il doit savoir s’intégrer au milieu dans lequel il gravite, sans
perdre son identité.
L’ambassadeur fréquente en effet nombre de personnalités, politiques,
journalistes, artistes, écrivains, universitaires, hommes d’affaires, hauts
fonctionnaires….
Présent, l’ambassadeur doit savoir :
Observer la vie politique de son pays de résidence constitue la première tâche
de l’ambassadeur
Ecouter (congrès, colloque, discours, concert, invitation…)
Parler (médias, table ronde, cours, discours officiels).
Il faut alors parler sans trop dire et être clair sans provoquer.
« Il faut dire carrément les choses. Les apparences sont éphémères, les réalités restent. S’agiter
dans le monde des apparences, ça veut dire sacrifier ce qui compte à ce qui ne compte pas, ça veut
dire faire de la démagogie. Pourquoi craindre de dire les choses ? On nous respecte d’autant plus
que nous les disons. » (Général De Gaulle).
Lire la presse, parce ce que c’est aussi l’opinion publique, qu’elle résume
parfois bien une situation et sert ainsi l’ambassadeur dans son travail
d’analyse.
Le travail des correspondant permanents et leurs conditions de vie
ressemblent à ceux des diplomates. Parfois une collaboration se développent
entre les deux corps. Sources d’informations de grande valeur.
Ecrire les rapports politiques sur un moment de l’histoire, sur un acteur, un lieu,
et expliquent le pourquoi. Ecrire les dépêches diplomatiques, des interviews
pour des revues …
Présence suisse à l’étranger, pourquoi ?
Le diplomate tisse une toile de relations professionnelles et personnelles. L’enjeu,
connaître et se faire connaître.
Le but, défendre les intérêts de la suisse et en donner une image positive.
« Sans frontières pas d’ambassades ! Malheureusement, les frontières dites nationales, ces épaisses
lignes sur nos cartes géographiques qui découpent notre bonne terre d’Europe en une multitude de
lambeaux, ont durablement altéré notre vision des choses au point de nous cacher les liens et les
similitudes entre les régions, fussent-elles voisines ; ou alors elles nous ont fait oublier la signification
d’autres transitions et dautres différences qui ne coïncident pas avec les frontières politiques. »
(Bénédict de Tscharner)
Enjeu pas toujours facile si l’on s’arrête aux polémiques autour des fonds en
déshérences, au rôle joué par la Suisse et par ses banques au cours de la
Seconde Guerre mondiale, qui ont donné à l’opinion internationale une vision peu
flatteuse de notre pays, l’absence de la Suisse dans les Nations Unies ou l’Union
Européenne.
La Suisse à l’étranger ?
« Berne, 17 août 1836. Il y a des cantons, il ny a pas de Suisse. Petit pays. Pas de très grandes
richesses ni de grandes pauvretés. Mœurs tranquilles. Caractère lent. Peu d’intérêt des voisins à
l’attaquer. Aucun intérêt à attaquer lui-même. Toutes raisons qui peuvent lui rendre insupportable
l’absence d’un gouvernement… Institutions, habitudes et mœurs libres en Suisse. »
(
Tocqueville, Journal)
Le principal attrait de la Suisse est la qualité de la gestion des avoirs, la gamme
des services offerts, un cadre légal qui inspire confiance, une monnaie
traditionnellement ferme et convertible, et la stabilité politique du pays.
L’ambassadeur qui a mandat de soigner l’image de son pays dans le monde, doit
développer une connaissance très complète de sa patrie….
« Mon expérience menseigne qu’au cours dune carrière diplomatique qui s’étend sur plusieurs
décennies, l’on finit par se faire une opinion à la fois plus critique et plus positive de la Suisse que les
habitants du pays eux-mêmes : plus critique dans la mesure l’on ressent plus douloureusement
l’indifférence ou la méconnaissance des Suisses à l’égard des problèmes de ce monde ou labsence de
la Suisse
dans certaines enceintes politiques, de la concertation transnationales ou de l’action
commune… En même temps, l’ambassadeur suisse a une vue nettement plus flatteuse de son propre
pays que les autochtone, de sa démocratie authentique, de sa stabilité politique, de sa diversiet de la
créativité artistique, scientifique ou économique qui le caractérisent. La spécificité helvétique est plus
visible de l’extérieur. » (Bénédict de Tscharner)
Parmi les défis politiques d’un ambassadeur Suisse à
l’étranger…
défenses des intérêts économiques
action humanitaires
promotion culturelle
L’Europe et l’intégration de la Suisse
Parmi les arguments -plus politiques qu’économiques- les plus souvent cités par
les « eurosceptiques »….
Le rétrécissement du champ d’application de la démocratie directe
La diminution des compétences et des droits des Cantons
Des engagements politiques potentiellement contraires à une neutralité
La domination des petits pays par les grands dans les décision de l’Union
Des lourdes contributions directes à la caisse commune
La fin du franc suisse
La hausse des taux d’intérêt
La disparition du secret bancaire
La fin d’un contrôle efficace de l’immigration
Et si l’Europe c’était….
« Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la
généreuse fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la
patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme, le commerce sans la douane, la
circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le
courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le bâillon, la conscience sans le
joug, la vérité sans le dogme,….
Il y aura sur la monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est
la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix. »
Victor Hugo, Lettre aux membres du Congrès de la paix, réuni à Lugano, en septembre 1872
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