Cancers du sein : repérer plus facilement les femmes prédisposées

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16 janvier 2009
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Cancers du sein
Repérer plus facilement les femmes
prédisposées
A l’Institut Curie, l’équipe de Marc-Henri Stern (U830 Inserm) vient de découvrir un moyen simple
pour identifier les femmes à haut risque de cancer du sein. 5 à 10 % des cancers du sein surviennent
dans un contexte de prédisposition génétique, incluant les prédispositions génétiques majeures
liées aux mutations des gènes BRCA1 ou 2. Or, la recherche des mutations dans ces gènes est
longue et difficile.
Mais les cancers du sein héréditaires possèdent d’autres signes distinctifs. D’un point de vue
histologique, ils appartiennent le plus souvent au sous type tumoral dit « basal-like ». D’un point de
vue génétique, les chercheurs de l’Institut Curie viennent de découvrir que ces cancers sont
porteurs de mutations complexes du gène TP53, mutations plus faciles à détecter que celles de
BRCA1.
La recherche de mutations complexes du gène TP53 à l’ensemble des patientes diagnostiquées pour
une tumeur du sein de type « basal-like » apparaît comme un moyen complémentaire d’identifier des
familles à haut risque. Cette découverte est publiée dans Cancer Research du 15 janvier 2009.
5 à 10 % des cancers du sein diagnostiqués surviennent dans un contexte de prédisposition génétique
majeure. Deux gènes principaux de prédisposition ont été identifiés : BRCA1 et 2. D'autres gènes, connus
ou inconnus, sont très certainement impliqués dans les cancers du sein héréditaires, mais leurs altérations
pourraient être associées à un risque tumoral plus faible.
Les altérations de BRCA1 et 2 sont responsables de 95 % des formes familiales héréditaires de cancers
du sein et de l'ovaire, et de 65 % des formes familiales héréditaires de cancers du sein seuls. Aujourd’hui,
une altération des gènes BRCA1 ou BRCA2 n’est identifiée que dans 15% des formes familiales testées.
Par ailleurs, on s’attend à ce que la moitié seulement des femmes porteuses d’une mutation BRCA1/2 et
traitées pour un cancer du sein présentent une histoire familiale conduisant à un test génétique. Il est donc
évident qu’un certain nombre de familles potentiellement à risque ne sont pas identifiées par ces critères
de sélection (peu de cas, « petite » famille…) et en conséquence ne bénéficient pas du suivi approprié,
mais il semble difficile d’élargir la recherche de mutation en l’état actuel des tests.
Identifier les femmes porteuses d’une mutation BRCA1 autrement
A l’Institut Curie, l’équipe « Génomique et biologie des cancers du sein héréditaires » de Marc-Henri Stern
(U 830 Inserm) s’est donc replongée dans la génétique des cancers du sein héréditaires et a étudié les
mutations TP53 dans ces cancers. TP53 est un gène suppresseur de tumeur dont la mutation est
fréquemment impliquée dans la cancérogenèse.
En collaboration avec 3 autres équipes d'Ile-de-France dans le cadre d'un projet Cancéropôle, les
chercheurs de l'Institut Curie montrent que la fréquence des mutations TP53 dans les cancers du sein
survenant dans le contexte d’une mutation BRCA1 est entièrement corrélée aux types histologiques. En
effet, 85 % des cancers du sein héréditaires sont de type basal-like. Cette forme de cancers du sein,
récemment identifiée par son profil d’expression de gènes et de protéines, est associée à un mauvais
pronostic, d’autant plus qu’elle n’exprime ni les récepteurs hormonaux, ni la protéine HER2 et ne peut donc
pas bénéficier des thérapeutiques ciblées.
Tout comme les cancers du sein héréditaires, les cancers de type basal-like se caractérisent par un taux
élevé de mutation TP53.
Mais précise Marc-Henri Stern « la nature des mutations différencie les tumeurs héréditaires et les cancers
de type basal like. Les mutations complexes du gène TP53 sont l’apanage des formes héréditaires. »
D’où l’idée des chercheurs de proposer la recherche au niveau de la tumeur – plus simple que celle des
mutations BRCA1 – des mutations complexes de TP53 à l’ensemble des patientes diagnostiquées pour
une tumeur du sein de type basal-like. Ce test permettra de repérer des femmes à risque qui n’auraient
pas été identifiées par une haute fréquence de cancers du sein dans leur famille.
Pour en savoir plus
Les cancers du sein
En 2005, le nombre de nouveaux cancers du sein a été estimé à 50 000 par l’Institut National de Veille
Sanitaire. C’est le cancer féminin le plus fréquent. La moitié des cas de cancers supplémentaires survenus
au cours des 25 dernières années chez la femme lui est d’ailleurs imputée.
Il existe de nombreuses formes de cancers du sein, en fonction du stade d’évolution, du lieu et des cellules
à partir desquelles il s’est propagé.
La glande mammaire se compose principalement des lobules où est produit le lait et des canaux servant à
son transport. Les phases initiales des cancers du sein se développent à partir des cellules épithéliales
des canaux ou des lobules.
Tant que les cellules cancéreuses restent confinées au niveau des canaux ou des lobules, les cancers sont
dits « in situ ». Avec l’essor du dépistage par mammographie, près de 20 % des cancers du sein sont
désormais diagnostiqués à ce stade, contre 2 % au préalable.
En revanche, à partir du moment où les cellules cancéreuses ont traversé la membrane (dite « membrane
basale ») des canaux ou des lobules, et sont présentes dans les tissus avoisinants, le cancer est infiltrant.
Les cellules cancéreuses peuvent alors se propager dans les ganglions situés sous les bras (ganglions
axillaires) et éventuellement se répandre dans l'organisme.
Il existe aussi d’autres formes, moins fréquentes, de cancers invasifs : le carcinome mucineux, le cancer
micropapillaire, le carcinome tubuleux, et certaines formes rares, comme le cancer médullaire du sein.
Leur classification
À ce jour, les médecins diagnostiquent le cancer, le classent morphologiquement à partir de l’analyse de
certains critères : type histologique, taille de la tumeur, éventuel envahissement ganglionnaire, analyse de
la présence de récepteurs hormonaux (œstrogènes et/ou progestérone), surexpression de la protéine
HER2. Ces paramètres permettent ensuite de déterminer le traitement le plus adapté pour la patiente.
Récemment, cette classification s’est affinée grâce à l’émergence des analyses génomiques et de leur
application en clinique. Elles permettent ainsi de distinguer, les types “luminal”, basal-like, HER2+,
généralement en fonction de l’expression couplée de certaines protéines, dont essentiellement les
récepteurs aux œstrogènes et HER2.
Références
« High frequency of TP53 mutation in BRCA1 and sporadic basal-like carcinomas, but not in BRCA1
luminal breast tumors. »
Elodie Manié1,2, Anne Vincent-Salomon1,2,3, Jacqueline Lehmann-Che4,5, Gaelle Pierron3, Elisabeth
Turpin4,5, Mathilde Warcoin1,2, Nadège Gruel1,2,6, Ingrid Lebigot3, Xavier Sastre-Garau3, Rosette Lidereau7,
Audrey Remenieras8, Jean Feunteun8,9, Olivier Delattre1,2,3, Hugues de Thé4,5, Dominique StoppaLyonnet1,2,3,10, Marc-Henri Stern1,2,3
1
2
3
Institut Curie, Centre de Recherche, Paris ; INSERM U830, Paris ; Institut Curie, département de Biologie des tumeurs, Paris ;
5
département de Biochimie, Hôpital Saint-Louis APHP, Paris ; CNRS UMR 7151, Institut Universitaire d'Hématologie, Université
6
7
Paris 7 Denis Diderot, Paris ; Institut Curie, département de Transfert, Paris ; INSERM, U735, Centre René Huguenin, Saint8
9
10
Cloud ; Institut Gustave Roussy, Villejuif ; CNRS-Université Paris XI FRE#2939, Villejuif ; Université Paris Descartes, France.
4
Cancer Research, 15 janvier 2009, vol. 69 (2).
Contacts presse :
Institut Curie
Céline Giustranti
Tél. 01 56 24 55 24
[email protected]
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