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Le dopage gétique
Office fédéral du sport OFSPO
Professeur Max Gassmann,
Institut de physiologie vétérinaire,
Université de Zurich
«Mais qui vit
deux fois moins
longtemps»
«Nous avons
élevé une souris
qui possède deux
fois plus de
globules rouges
que les autres»
Les patients souffrant d’anémie peuvent être
soignés avec une hormone qui stimule la for-
mation sanguine, l’érythropoïétine, plus connue
sous le nom d’Epo. Les sportifs ont eux aussi
découvert les «vertus» de cette hormone, mais
ils préfèrent l’utiliser pour se doper. Car l’aug-
mentation du taux de globules rouges favorise
l’apport en oxygène et améliore lendurance.
Mais l’Epo a de nombreux effets secondaires,
certains encore largement méconnus. Pour
mieux les identifier, Max Gassmann a transféré
le gène humain de l’Epo chez des souris, ob-
tenant une augmentation spectaculaire de la
production de globules rouges. «Le sang repré-
sente maintenant 25% de leur poids», affirme
le chercheur. «Et ce sang est aussi épais que
du miel liquide.» Mais l’exemple de ces souris
démontre les dangers d’une prise durable et
massive d’Epo: le fer qui s’accumule attaque les
reins, les nerfs sont endommagés et les muscles
s’atrophient. sultat, ces souris vivent deux
fois moins longtemps.
Plus la recherche médicale progresse, plus
elle met en lumière les causes génétiques
des maladies. C’est pour cela que l’on dé-
veloppe des thérapies dites «génique.
Mais avant même que ces thérapies ne
soient accessibles aux malades, certains
rêvent de les utiliser pour améliorer leurs
performances sportives.
La perspective de super athlètes clonés
s’affrontant dans les stades restera sans
doute du domaine de la science-fiction.
Mais il faut malgré tout s’attendre à ce
que ce type de manipulation touche
aussi le sport. Le dopage génétique sera
bientôt une réalité, et plus tôt qu’on ne
le pense. Personne ne sait si, aujourd’hui,
des apprentis sorciers n’expérimentent
pas déjà ces techniques. Mais ce qui est
sûr, c’est que les sportifs pour autant
qu’on puisse encore les appeler ainsi
qui s’y risqueront mettront leur vie en
jeu. Aucun chercheur ne peut dire quels
seront les effets à long terme du dopage
génétique sur un corps sain.
Pour moi, le problème n’est pas de savoir
si ces conséquences seront minimales ou
catastrophiques. Car je considère que le
dopage, qu’il soit chimique, hormonal ou
génétique, n’est pas acceptable. Le sport
est une activité fantastique, qui com-
pense les capacités des individus et leur
permet de se mesurer dans une ambiance
de fête. Il met tout le monde à égalité,
qu’on soit riche ou pauvre, noir ou blanc.
Il permet à certains de sortir de leur condi-
tion modeste et à dautres de se réconcilier
alors que tout semblait les opposer.
Le sport est une activité qui rapproche les
individus et les peuples. Il ne faut pas en
faire un champ de bataille où s’affrontent
des apprentis sorciers sans scrupules.
«Le dopage génétique
met en danger la vie»
Adolf Ogi,
conseiller spécial pour le sport au service
du développement et de la paix à l’ONU
Nous ne sommes pas égaux. C’est évident
si l’on considère la couleur des yeux, de
la peau et des cheveux, la forme du nez
et du visage ou encore la taille. Nous sa-
vons tous que certaines caractéristiques
sont héréditaires. Mais il y en a d’autres. A
l’école, il y a des élèves, garçons ou filles,
qui courent plus vite que les autres sans
s’être jamais entraînés. Certains sont na-
turellement forts avec des muscles bien
veloppés alors que dautres restent-
sespérément frêles.
De nos jours, les athlètes noirs trustent
les podiums dans les épreuves de sprint.
Le record du monde du 100 mètres est
détenu par lun d’entre eux. Lors des
quatre derniers Jeux olympiques, tous les
finalistes du 100 mètres masculin étaient
originaires dAfrique occidentale. Il en va
Tout est dans les gènes
«Les athlètes ne naissent pas égaux», a déclaré un jour
Roger Bannister, le premier homme à courir en 1954 le mile en
moins de 4 minutes. Cette affirmation considérée à l’époque
comme politiquement incorrecte a été très largement critiqe.
Mais aujourd’hui, la science lui donne raison.
de même chez les femmes. Sur les plus
longues distances, ce sont en revanche
les athlètes dAfrique orientale qui domi-
nent. Comment cela se fait-il? Pourquoi les
Ethiopiens ne produisent-ils pas d’haltéro-
philes de classe mondiale? Et pourquoi les
Caucasiens ne sont-ils pas aussi endurants
qu’eux? La réponse est simple: parce que
des qualités telles que la force, la vitesse,
l’endurance et la mobilité sont dans une
certaine mesure héréditaires. Les nes ne
déterminent pas seulement la couleur de
la peau mais aussi laptitude à pratiquer
certains sports avec succès.
Pourquoi les Noirs dominent-ils pareille-
ment le sprint? Pendant longtemps, on
a tenté de l’expliquer par la «théorie du
ghetto»: les Noirs ne brilleraient en sport
que parce que ce serait pour eux le seul
moyen de s’élever socialement. Mais il est
facile de démontrer l’absurdité de cette
théorie.
Il existe en effet des sports les Blancs
dominent. Et si je prends mon cas parti-
culier, je ne suis pas dans un ghetto
mais en Suisse, bien que je sois originaire
du Togo en Afrique occidentale. Dans ce
pays, les gens ont une constitution parti-
culière: leur squelette, leur musculature et
leur métabolisme les prédisposent à faire
du sprint. Ils sont nés pour courir vite!
Mais ces bonnes prédispositions ne font
pas un champion! Pour y arriver, il faut
surtout s’entraîner dur et avoir un moral
d’acier. Quand on sait aller au bout de ses
forces, on peutussir de grandes perfor-
mances, me sans dopage. Se doper, ce
n’est pas seulement tricher dans sa disci-
pline sportive, mais c’est aussi tricher avec
soi-même.
«Je suis avantagé»
Amaru Reto Schenkel,
sprinter suisse originaire du Togo
Je sais que la nature m’a fait don d’aptitudes qui me
rendent plus rapide que d’autres. Mais cela ne suffit pas à faire
de moi un champion.
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