Demain, des athlètes….
AR. Tamines Page 2 sur 3 Bothy G.
production d'EPO.
Déjà, en Espagne, des équipes de médecins travaillent sur
l'identification de gènes pour prévenir certaines blessures sportives.
En Australie, la Fédération de football avait envisagé en 2004 de
tester génétiquement des joueurs pour détecter les jeunes talents
avant de se rétracter devant l'opposition du Comité olympique
australien. D'autres pays auront-ils moins de scrupules à sélectionner
leurs futurs champions sur leur patrimoine génétique ? "Des sociétés
australiennes proposent déjà, à partir d'un prélèvement buccal, de
tester la présence de deux ou trois gènes associés à des
caractéristiques de performance, comme l'ACTN-3, précise le
Français. Certaines dérives sont possibles, comme d'orienter l'avenir
d'un individu en fonction d'un ou de plusieurs gènes."
Depuis 1999, plusieurs équipes scientifiques — au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, ou encore en
Espagne — prétendent qu'il existe un "gène de la performance", l'Angiotensin-Converting Enzyme
(ACE). M. Rabin conteste ces affirmations. "Il ne peut pas y avoir un tel gène, c'est totalement
illusoire. Qu'est-ce qu'une performance ? Un tireur à l'arc n'est pas un coureur de marathon ou
un haltérophile. En revanche, des gènes peuvent être modifiés, altérés, modulés ou régulés pour
améliorer certaines performances : stimuler la sécrétion naturelle d'EPO ou d'hormone de
croissance pour un sportif d'endurance, par exemple."
Depuis 2003, le dopage génétique, même encore virtuel, est inscrit sur la liste officielle "des
substances et méthodes interdites". L'AMA veut combattre le rêve des tricheurs : se doper sans
risque de se faire prendre. L'agence finance actuellement cinq programmes de recherche. "Nous
aurons demain des éléments qui nous permettront de détecter le dopage génétique", prévient M.
Rabin. Une de ces équipes a déjà montré que les manipulations génétiques induisent au niveau
des gènes et des protéines des réactions qui leur sont propres, et donc identifiables. D'autres
travaux prouvent que si on manipule génétiquement un organisme pour qu'il fabrique plus
d'EPO, la trace laissée par cette production artificielle est différente de l'EPO sécrétée
naturellement par le corps.
Une autre piste de recherche est encore plus prometteuse, selon le directeur scientifique de
l'AMA. Le dopage provoque un déséquilibre dans l'organisme en produisant plus de cellules
musculaires ou sanguines. Des chercheurs viennent par exemple d'établir la "signature" génétique
laissée par la prise de stéroïdes chez les souris.
Pour mettre en évidence les nouvelles "preuves" de ce dopage, les autorités cherchent d'autres
méthodes de contrôle et se fonderont de plus en plus sur l'analyse du sang. "Les globules blancs
contiennent un noyau avec de l'ADN qui permettra de déceler toute modification de l'organisme,
ce qui n'est pas le cas de l'analyse d'urine traditionnelle", explique M. Rabin. Selon lui, il sera
également possible d'utiliser la salive et les cellules buccales, facilement accessibles. Et pourquoi
pas les cheveux, à plus long terme.