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Version Février 2015
II- CONTEXTE REGIONAL
La situation sanitaire de l’Extrême-Nord du Cameroun est particulièrement précaire. L’on y
enregistre la couverture sanitaire la plus préoccupante du pays. On compte 1 lit d’hôpital
pour 1412 habitants, 1 médecin pour 44 000 habitants soit trois fois moins que la moyenne
nationale, un infirmier pour 22 400 (1/22 400 contre 1/10 000 en moyenne nationale).
Les indicateurs sanitaires dans cette partie sont les plus défavorables du pays. Sur 1000
nouveau-nés, 103 décèdent avant leur premier anniversaire et 203 avant leur cinquième
anniversaire (contre respectivement 80 et 146 sur l’ensemble du territoire). 8,6 % des
enfants de moins de 5 ans présentent une malnutrition chronique ou aigue (soit 6,8 % pour
les Malnutritions Aigues Modérées et 1,6 % pour les Malnutritions Aigues Sévères).
La santé de reproduction est caractérisée par la sous-utilisation des services de maternité.
Une femme sur quatre accouche à la maternité. La majorité des accouchements se fait par
les matrones traditionnelles ou des parents à domicile.
En ce qui concerne la morbidité et soins à l’enfant, les diarrhées, les IRA (Infections
Respiratoires Aigues), le paludisme et la malnutrition demeurent les pathologies les plus
courantes observées chez les enfants de moins de cinq ans. La mortalité maternelle a
également connu une augmentation entre 1998 et 2011, passant de 430 à 782 pour
100 000 naissances vivantes. Elle aurait atteint 1 000 décès pour 100 000 naissances vivantes
en 2008.
La dernière EDSC 3 (Enquête Démographique et de Santé au Cameroun) de 2004 estime à
1,8 % la prévalence du SIDA dans la Région que ce soit pour les hommes ou pour les
femmes.
L’automédication reste un gros problème à cause de la pauvreté, de la mauvaise qualité des
services et de la proximité avec le Nigéria où proviennent les produits de contrebande.
Parallèlement l’approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux ainsi que la
maintenance des appareils est très difficile du fait de l’éloignement de la région par rapport
aux centres de ravitaillement Yaoundé et Douala. A l’insuffisance des offres sanitaires
s’ajoute la situation déplorable des infrastructures communautaires. En effet, l’insuffisance
des points d’eau en quantité et en qualité et le péril fécal ont été identifiés comme des
principales causes des maladies hydriques dans la région.
Depuis plus d’un an, la région fait face à une situation très instable en raison de l’insécurité
liée aux attaques de la secte islamiste Boko-Haram au Nigéria. De nombreux villages et villes
à la frontière du Nigéria sont victimes de cette violence. De nombreuses formations
sanitaires et des écoles sont fermées et la région compte de nombreux déplacés et des
réfugiés. L’activité économique est au point mort.