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« Bien Naître »
Dans le même esprit, le dépistage des situations à risque chez la femme enceinte mérite une
particulière attention.
Il en va notamment du dépistage des situations de violence. Ainsi, le plan global de lutte contre les
violences faites aux femmes recommande un repérage des situations de violences, et donc une
sensibilisation particulière des professionnels de santé sur cette question.
De nombreuses études et données épidémiologiques attestent en effet de l’importance des
violences conjugales, qui concerneraient globalement 10 % des femmes, sans distinction de
catégories socio-professionnelles.
Néanmoins, les femmes jeunes (20/24 ans) sont deux fois plus exposées que les autres femmes ;
dans 24% des cas, elles ont comme recours un médecin.
La grossesse se révèle être un moment aggravant ou déclenchant.
Une enquête menée en Loire-Atlantique sur la prise en charge des violences conjugales en
médecine générale (Chambonet et coll. 2000) a montré que les médecins sont confrontés à ces
situations environ 2 fois par an. Les motifs de consultations sont d’une grande diversité : coups ou
ecchymoses, troubles psychologiques, insomnies, prétexte lié à l’enfant.
Face à ces constats, il apparaît essentiel de se saisir de l’opportunité générée par l’entretien
individuel du 4ème mois de grossesse pour mettre en place des actions de dépistage des facteurs et
des situations de risque, qui passent par une sensibilisation et une formation des différents acteurs
du secteur sanitaire et social.
Cet « entretien individuel du 4ème mois » est en effet la toute première proposition d’action
présentée dans le plan péri-natalité 2005/2008. Il doit permettre de préparer la venue de l’enfant
dans les meilleures conditions possibles.
Cet entretien individuel devrait ainsi constituer un moment privilégié pour repérer des signaux
d’alerte, tant en termes de conduites addictives que de violence subie, dont il est rappelé qu’elles
doivent être abordées dans les Conférences Régionales de Santé et faire l’objet d’actions de
sensibilisation, de communication et de prévention.
En ces domaines, les professionnels du secteur sanitaire et social ont une mission particulière. Les
pôles de référence hospitaliers, disposant de personnes ressources, ont un rôle pivot à jouer, tout
comme les services de PMI, les médecins libéraux, l’ensemble des acteurs sociaux.
Les actions sont tout d’abord à mener en amont, par la sensibilisation des professionnels à la
détection des comportements à risque chez les patientes, notamment les conduites addictives.
Elles visent également à leur faire connaître les partenaires relais qui pourront aider les femmes
concernées. Ces derniers devraient à leur tout communiquer leurs informations en direction des
professionnels de la maternité et de la petite enfance.
Ces actions d’information peuvent être réalisées sous forme écrite, via différents sites (réseau
sécurité naissance, DRASS, ORS), mais méritent d’être complétées par des actions de formation
initiale ou continue des professionnels des secteurs sanitaires (gynécologues, obstétriciens, sages-
femmes, pédiatres, médecins généralistes, personnels paramédicaux…) et social (travailleurs
sociaux, responsables d’association…).
Il importe également de souligner que ces actions de formation et de sensibilisation des
professionnels participent également au dépistage de l’enfance maltraitée et à la promotion
d’actions de prévention en ce domaine. Ce thème fait naturellement partie des sujets travaillés
dans le cadre de la commission « périnatalité, enfants et adolescents » du plan violence qui aborde
plusieurs éléments :
la nécessaire amélioration de la connaissance dans ce secteur,
l’absence de culture commune entre les professionnels du secteur de la santé et du social
la nécessaire amélioration du repérage des situations à risque mais aussi du signalement et
des prises en charge de ces dernières.