CORRECTION DU COMMENTAIRE DU DST DU 28 AVRIL 2017 1 – L’événement dont il est question dans les documents 1 et 2 est la fin de la Reconquista, Il s’agit de l’entreprise de reconquête de l’Espagne par les autochtones espagnols face à l’occupant arabo-musulman qui avait conquis le pays dès 711, au VIIIe siècle. La Reconquista est une entreprise longue de plusieurs siècles qui s’achève en 1492, à Grenade, comme expliquée dans le doc 2 « Le siège de Grenade commence en 1491 et s’achève en 1492 lorsque Ferdinand d’Aragon et Isabelle la Catholique pénètrent dans Grenade et le Palais de l’Alhambra. » Les conséquences de cet important épisode de l’Histoire de l’Espagne sont plurielles : en Europe, c’est la première fois que le christianisme est en position de quasimonopole religieux, hormis quelques isolats juifs ici et là. Surtout, l’Islam est repoussé hors d’Europe, qui redevient le continent judéo-chrétien qu’il était depuis l’Antiquité romaine. Cependant, en Espagne, cela se traduit par une montée de l’intolérance : afin de redonner crédit et prestance à leur règne, Ferdinand et Isabelle expulsent les Juifs en même temps qu’ils expulsent les Musulmans, hormis les « conversos », c’est-à-dire les Juifs convertis de longue date au christianisme, à moins que leur foi nouvelle ne puisse être remise en question, comme cela est expliqué dans le doc 1 : « C’est à l’instigation de ce dernier (Tomas de Torquemada, NDLA) que les Rois catholiques signent, le 31 Mars 1492, le décret qui expulse tous les Juifs d’Espagne. En principe, cette mesure ne vise pas les conversos, les Juifs convertis après les persécutions antisémites de 1391, mais elle les concernera pour autant que la sincérité de de leur conversion sera mise en cause. » 2 – Les documents 3 et 4 font clairement mention du retour de l’Islam en Europe par l’Est. En effet, le 29 Mai 1453, la ville de Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient et aujourd’hui appelée Istanbul, tombe aux mains des Turcs ottomans. Le dernier rempart face à la poussée musulmane vers l’Europe est donc tombé à l’Est au moment même où, à l’Ouest du continent, les Musulmans sont chassés définitivement d’Espagne, comme un mouvement pendulaire : ce qui se défait à l’Ouest se refait à l’Est, comme l’explique le doc 3 : « La ville, vestige de l’empire romain, était l’ultime dépositaire de l’Antiquité classique. Elle faisait aussi office de rempart de la chrétienté face à l’Islam. » Cependant, la pression à laquelle l’Islam soumet l’Europe chrétienne à l’Est du continent, et qui est une volonté de revanche pour les huit Croisades que les Chrétiens ont menées au Proche-Orient durant le MoyenÂge, n’est pas un phénomène inéluctable. En effet, c’est d’abord à Vienne, en 1529, que les Turcs se cassent les dents sur la résistance autrichienne en échouant à assiéger la ville. Puis, c’est à Lépante, au large de Chypre, qu’une bataille navale décisive est remportée par la ligue chrétienne face à la redoutable flotte musulmane emmenée par le non moins redoutable amiral Barberousse, comme l’explique le doc 4 : « Presque toutes les galères ennemies sont prises. L’amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés. » 3 – La Renaissance, période succédant au Moyen-Âge, s’éveille en Europe entre 1453 et 1492, dans une longue introduction à une période qui plonge le Vieux Continent dans une série de réformes sans commune mesure. Dans cette période de bouleversements, l’Islam joue un rôle central, car la Renaissance est d’abord le lieu de mutations religieuses : la chrétienté, qui a échoué à apporter le Salut de l’Espoir à ses fidèles durant la Guerre de Cent Ans et la Grande Peste, cherche à retrouver un peu de son lustre. Pour cela, elle doit s’imposer par le biais d’une victoire symbolique. En achevant la Reconquista en Espagne en 1492, c’est tout à fait le genre de publicité dont a besoin le christianisme, légitimant l’hégémonie de la religion du Vatican sur l’Europe (doc 1 et 2). Cependant, cela ne doit pas faire oublier que la fin de la présence musulmane en Espagne s’accompagne également d’une purge envers les Juifs car Isabelle et Ferdinand, souverains du pays, souhaitent justifier leur statut de défenseurs de la foi chrétienne dévolu par le Pape Alexandre VI (doc 1). Et alors que l’Europe se croit débarrassée de la menace musulmane sur son sol, ces derniers font leur réapparition brutale à l’Est, en deux temps : d’abord en prenant Constantinople en 1453. Puis, à partir du règne de Soliman le Magnifique (1520 – 1566), en manifestant clairement une volonté de conquérir l’Europe par l’Est. L’Albanie puis la Grèce tombent dans l’escarcelle du sultan ottoman, par ailleurs fin lettré et éminente figure intellectuelle parmi les dirigeants de la Renaissance. Avec un goût de revanche suite aux huit tentatives de croisade de la part des Chrétiens en Terre Sainte, les Ottomans entendent démontrer l’étendue de leur puissance aux Européens (doc 3). Finalement, le sort de l’Europe se règle en deux temps : d’abord, lors du siège manqué de Vienne en 1529, puis lors de la bataille navale de Lépante, au large de Chypre, où la coalition chrétienne a raison de la flotte de Barberousse (doc 4). Une ultime tentative musulmane a lieu en 1683, avec un nouveau siège de Vienne, mais la capitale autrichienne s’avère inexpugnable. L’Islam a donc joué un rôle important en Europe, et à son corps défendant : avec sa présence constante, en Espagne, puis en Europe de l’Est, la religion du prophète Mahomet a permis d’unifier le christianisme et de lui redonner un peu du lustre quelque peu terni à la fin du Moyen-Âge. Cette unité de courte durée est cependant définitivement tombée aux oubliettes avec l’émergence du protestantisme à compter de 1517.