Le Ballon d’Alsace
Le lac de Sewen
Le phégoptéris vulgaire (Phegopteris connectilis)
Ballon
d’Alsace
Rundkopf
Ronde Tête Baerenbach
Lac
d’Alfeld
Hinteralfeld
La Chaumière
D 465
D 466
Ferme-Auberge
du Ballon
Sewen
Lac
de Sewen
1104m
1 247m
N
Le Ballon d’Alsace
Culminant à 1247 m d’altitude, le Ballon
d’Alsace est le point de rencontre entre 3 régions ;
la Lorraine, la Franche-Comté et lAlsace. La journée
complète est nécessaire pour s’imprégner de ces magnifiques paysages
et découvrir ce grand site national classé.
Déroulement de
la promenade
La place de l’église du petit village
de Sewen, situé tout au fond de la
vallée de la Doller, sera notre point
de départ (autre parking possible à
la sortie du village) et après avoir
franchi le pont, remonter le petit
ruisseau du Seebach.
Dans le pré humide, la grande
angélique (Angelica sylvestris) domine
toute la flore herbacée. Cette ombel-
lifère, avec ses grandes feuilles,
sa tige épaisse et creuse et ses ombelles
blanches bombées peut atteindre près
de 2 mètres. Comestible, la plante
n’a toutefois pas les mêmes propriétés
aromatiques et officinales que «
l’herbe aux anges
»
, l’angélique officinale (Angelica
archangelica) qui passait pour conjurer les envoûtements.
Après 10 minutes de marche, nous abordons le lac de Sewen qui, avec le See d’Urbès
est un des rares lacs de surcreusement glacière en Haute Alsace.
Creusé par les glaciers, les thalwegs en auge ont été barrés par des moraines transver-
sales favorisant la formation d’un lac qui se transforme progressivement en tourbière
à eau libre. La tourbière plate adjacente renferme des espèces boréales mais aussi des
plantes plus thermophiles comme la pédiculaire des marais (Pedicularis palustris) et
le jonc fleuri (Butomus umbellatus) PR.
Quelques accès aménagés par les pêcheurs permettent d’accéder au bord du lac,
envahi en été par la reine des prés (Filipendula ulmaria), l’herbe à éternuer (Achillea
ptarmica), la lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris) aux belles inflorescences de fleurs
jaunes et le chanvre d’eau , un nom vernaculaire regroupant le lycope d’Europe (Lycopus
europaeus), l’eupatoire à feuilles de chanvre (Eupatoire canabinnum) et un bident (Bidens
tripartita). Les touradons, ces grosses mottes arrondies formées de touffes de graminées
ou de carex entravent notre cheminement en le rendant délicat et humide pour nos
pieds et nous préférons rester au bord des chemins...
Départ
Eglise de Sewen
(GPS : 47.8070,6.9053)
ou parking à la sortie
du village,
Lac d’Alfeld (1 h);
Boedele (45 mn)
Sommet
Ballon d’Alsace (1h 15)
Retour (2 à 3 heures).
Infos pratiques
1
La renouée bistorte
(Polygonum bistorta)
La
grande angélique (Angelica sylvestris)
12
Au début de l’été, le comaret (Potentilla palustris), du nom grec du fraisier peut
s’éloigner des zones inondées pour envahir les berges. Nommée aussi « œil
de sang» en raison de la couleur rouge foncé de ses grandes fleurs en étoiles, elle est
devenue l’insigne de l’organisation internationale des « Amis de la Nature ». Dans
quelques trous d’eau, le trèfle d’eau (Menyanthes trifolita) fleurit en mai. De la souche
épaisse et longue rampant dans la vase s’élèvent de grandes feuilles charnues trilobées
et de gracieuses fleurs blanches à 5 lobes ciliés. La petite renoncule flammette (Ranun-
culus flammula), qui se caractérise par des feuilles linéaires, fleurit du mois de juin
jusqu’en octobre. C’est une habituée de ces milieux humides. Avec un des plus beaux
sites à castor, l’intérêt faunistique de ce site est aussi remarquable et serait un biotope idéal
pour la réintroduction de la loutre.
Après le lac, le chemin côtoie une
belle cascade pour déboucher au
lac d’Alfeld , un lac artificiel qui
date de la fin du XIX
ème
servant
à réguler les crues de la rivière.
Près des cascades, une fougère,
le phégoptéris vulgaire (Phegop-
teris connectilis), est particuliè-
rement adapté à ces forêts acides
et aux rochers humides. Les
2 pennes basales rabattues sur
le pétiole lui ont valu le nom de
« fougère à moustache »
Les différentes glaciations ont raboté et poli les roches granitiques situées près du
lac. Dans les fissures, l’orpin reprise (Sedum telephium ssp telephium) trouve un maigre
substrat pour fleurir en août et septembre et une petite fougère au limbe découpé en
lanières (Asplenium septentrionale) colonise les plus petites anfractuosités.
Non loin de la ferme Hinteralfeld, nous traversons la route pour prendre en face du
pont l’itinéraire qui nous conduira au refuge du Boedele.
Dans la forêt humide, de grands tapis de lysimaques des bois égaient les abords du
chemin. Ce sont des plantes rampantes, représentées par 2 espèces proches. La plus
courante est la lysimaque des bois (Lysimachia nemorum) aux feuilles ovales mais la
lysimaque nummulaire (Lysimachia nummularia) aux feuilles rondes et la corolle en
cloche n’est jamais très loin.
Après le refuge, nous traver-
sons un beau cirque enclavé dans
la montagne avant d’aborder
une rude montée où de petites
feuilles luisantes et réniformes
trahissent la présence de l’asaret
d’Europe (Asarum europaeum),
une plante rampante qui forme
des touffes lâches avec une
floraison très discrète qui peut
débuter dès le mois d’avril.
La gentiane jaune (Gentiana lutea)La lysimaque des bois (Lysimachia nemorum)
Le trèfle d’eau
(Menyanthes trifolia)
Le comaret
(
Potentilla palustris
)
Arrivée à la tête ronde
Avant d’arriver à Tête Ronde, sur la gauche, un sentier marqué par un anneau bleu
traverse une magnifique hêtraie sapinière où les blocs éboulitiques et les ravins humides
attireront le ptéridologue (spécialiste des fougères) à la recherche du rarissime Polystic
de Braun (Polystichum braunii), une fougère protégée au niveau national et que l’on
ne retrouve que dans les Pyrénées centrales. A défaut de Polystichum braunii, contentons-
nous d’observer le Polystic à aiguillons (Polystichum acuelatum), un cousin proche au limbe
coriace très luisant et persistant en hiver qui est bien représenté sur toute la première
moitié de notre randonnée sur sol frais et humide. Dans ces mêmes milieux, la circée
des Alpes (Circaea alpina) se fait toute discrète. Cette plante délicate qui fleurit en plein
été dans les sous bois humides les plus sombres se remarque facilement à ses feuilles
cordées et luisantes. Elle est cependant souvent confondue avec la circée intermédiaire
(Circaea x intermedia), un hybride entre la circée de Paris (Circaea lutetiana) et la circée
des Alpes qui est bien mieux représentée dans notre flore montagnarde.
Avant de rejoindre la Chaumière, au niveau d’un panneau, quelques dizaines de mètres
nous séparent de la lande sommitale. C’est sur cette lande que fut créé un jardin alpin
dès les années 1894 par deux membres de la section belfortaine du Club Alpin mais
manque de soin, les trois quarts des plantes avaient déjà disparues dès 1910. La renouée
bistorte (Polygonum bistorta), particulièrement décorative est ici si prolifique qu’elle rosit
des parcelles entières. Comme de nombreuses renouées, la plante est tortueuse avec
des tiges noueuses d’où l’étymologie grecque « polys » nombreux et « gonu », genou.
L’ adjectif «bistorta» qui en latin signifie «doublement tordu» s’applique au rhizome.
Les jeunes feuilles de cette renoué figurent parmi les meilleurs légumes sauvages.
Si la grande gentiane jaune (Gentiana lutea) se rencontre sur toute la crête vosgienne,
la région du Ballon d’Alsace abrite aussi quelques très rares stations de vérâtre blanc
(Veratrum album ou Veratrum lobelianum) PR qui lui ressemble beaucoup. La gentiane
jaune est bien connue pour ses propriétés apéritives et dépuratives. La plante est protégée
et la récolte qui se fait en automne n’est effectuée que par des personnes autorisées.
La racine, grosse et charnue qui peut atteindre 1 m de long demande un arrachage pénible
mais procure une excellente eau de vie et un apéritif renommé la Suze.
Le vérâtre, qui se différencie par des feuilles alternes et des fleurs blanchâtres,
a des racines très différentes. Très commune dans les Alpes et anciennement
appelée hellébore blanc, toute la plante est toxique et d’après les citations, très
utilisée dans le passé.
- Ma commère, il vous faut purger, avec quatre grains d’hellébore, LA FONTAINE.
- Y aurait-il assez d’hellébore pour une si étrange maladie ? VOLTAIRE.
- Elle a besoin de six grains d’hellébore ; Monsieur, son esprit est tourné, MOLIERE.
Nous atteignons enfin le sommet du Ballon d’Alsace avec une vue sur le Jura et la
Forêt Noire. Une borne didactique nous propose une origine celtique du mot Ballon qui
ne viendrait pas de la forme de nos montagnes vosgiennes en «Ballon» mais du Dieu
Bel. Le sommet du Ballon d’Alsace serait un ancien observatoire solaire du triangle
des Belchen, bien connu des Celtes qui occupaient les vallées vers 800 avant J-Ch.,
comme l’attestent de nombreuses toponymies régionales. Tous nos ancêtres alsaciens
ne connaissent le Grand Ballon que sous le nom de Belchen.
Après cet intermède, nous entamons un long mais agréable retour qui demande près
de 3 heures en prenant un sentier raide vers le col de Ronde Tête puis en suivant
la crête par le GR5 qui couvre
1500km, des Pays Bas jusqu’à
Nice. Il est toutefois possible de
revenir sur le lac d’Alfeld en coupant
par la cascade (chemin raide) et de
gagner ainsi une heure de marche.
En août, quelques landes sommitales
couvertes de callunes en fleurs sont
particulièrement photogéniques.
Il ne faut pas confondre la callune
(Calluna vulgaris) avec les bruyères
(Erica sp) qui ne poussent pas
en Alsace à l’état naturel. Seul
représentant du genre Calluna, ce
sous-arbrisseau tortueux est une
plante sociable et conquérante qui
forme de grands peuplements sur
les pentes vosgiennes et les allu-
vions, mais uniquement sur sol
siliceux.
Avant de rejoindre le col des
Charbonniers, nous quittons la crête
et en passant par Issenbach et le
joli vallon du Baerenbach, rejoi-
gnons la vallée pour revenir sur
nos pas, le long du lac de Sewen.
La
vérâtre blanc
(V
eratrum album)
L’herbe à éternuer (
Achillea ptarmica)
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