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aptitudes sociales appropriées seront favorisées et animées par la culture si elle en a la
capacité. De ce fait, les capacités individuelles latentes ne peuvent apparaître et se développer
qu'en fonction des modèles du soutien social et des liens qui se tissent entre individu
/environnement.
La place de la culture dans les études sur le psycho- trauma a pris une importance croissante
aux cous de ces dernières années notamment la relation entre ces deux entités - résilience et
culture. Nous tenterons à travers cette étude à démonter le caractère d'intégralité de certaines
dynamiques du processus résilient dans ses liens avec les éléments culturels composites d'une
même société.
Les approches théorico-cliniques (Ting Toomy, 1999) qui permettent de penser le modèle de
la résilience- culture mettent à contribution des analyses du processus impliquant les couches
internes et profondes afin de détecter les composantes de ce bagage culturel (croyances,
valeurs, normes, représentations ...). Ces éléments flottent à l'extérieur en présence de
conditions difficiles et d'événements sévères et terrifiants.
La spécificité qui caractérise la population mozabite (l’Azzaba) et le contexte social de la
ville de Ghardaïa poussent à penser le rapport entre cette culture mozabite et ses facultés à
souffler sur les braises de la résilience et procurer ainsi « le sens « et « le lien » (Cyrulnik
,2003) chez les victimes des inondations de 2008, qui ont provoqué un sinistre d'une ampleur
sans précédent au sud , plus de 47 morts et 89 blessés et des dégâts matériels très étendus .
Cette situation de catastrophe avait un impact sur les capacités adaptatives, individuelles et
sociales. La catastrophe marquait profondément le site dans sa configuration physique : rues
ensablés, complètement envahies par des tonnes de gravats, véhicules totalement désarticulés,
etc. Cette effraction massive à la fois de l’environnement et des personnes " si elle est source
de stress, elle offre aussi, potentiellement du moins, des occasions de repenser nos vies, plus
précisément, l'ordre de nos valeurs." (Denis.H, 2002).
C'est dans cette perspective que s'inscrit notre recherche qui tente à démontrer la contribution
positive de la culture mozabite à l’enclenchement du processus de résilience chez les
victimes des inondations de la ville de Ghardaïa, ainsi que la manière dont ce processus a été
exprimé à travers des codes culturels locaux y compris sa manifestation la plus symbolique.
En s'appuyant sur trois dimensions qui s'avèrent trés pertinentes dans la structuration de toute
culture soit, la religion, soutien social, moyeux et traditions sociales (Martin & al , 2005),
nous nous sommes intéressés dans notre problématique à savoir l'impact de cette culture
mozabite sur le processus de résilience chez les sujets victimes d'une telle catastrophe
naturelle aussi traumatisante. Dans ces formes d'adversité lesquelles, les affects et les
interactions personnels laissent beaucoup de place à l'expression des savoir- faire et des
savoir-être. Comment cette résilience s'opert-elle ? Comment agissent ces dimensions
culturelles sur la dynamique résiliente chez ces individus? Quelles sont les usages sociaux
possibles de ces éléments préventifs ? Nous cherchons à répondre à ces questions en nous
servant des outils de " la clinique psycho traumatique ", du concept de résilience et des
dimensions culturelles. Pour cela, nous présenterons d'abord un descriptif de la population
mozabite (ville de Ghardaïa) afin de permettre la compréhension du contexte dans lequel nous