de l’exécution du « contrat de soins »,
liant le praticien à son patient, lequel se
doit, comme tout contrat ou convention,
d’« être exécuté de bonne foi ».
Cette information s’accompagnera le cas
échéant de l’accomplissement des actes
cliniques ou de la thérapeutique adéquats.
Bien pris en mains, le processus de média-
tion ainsi mis en œuvre rétablira le climat
de confiance entre le docteur Béatrice P. et
son patient et permettra ainsi de prévenir
le risque d’un éventuel contentieux, ou
d’éteindre les velléités naissantes.
Bien évidemment, toutes ces étapes et di-
ligences seront notées au dossier médical.
Dans l’expectative où le patient, revendi-
catif, commencerait à parler de « procès »,
de « tribunaux » ou autres terminologies
désobligeantes, il convient de ne pas cé-
der à la panique. Très souvent, ces propos
demeureront du domaine verbal et ponc-
tuel, si le praticien rebondit immédiate-
ment sur un processus de communication
et de médiation. On en revient à l’informa-
tion. À défaut, il faudra indiquer au patient
de procéder par une réclamation écrite,
seule à même de permettre de cerner les
limites du conflit.
Il conviendra alors de contacter son avocat
et d’effectuer une déclaration de sinistre
auprès de son assurance responsabilité
civile professionnelle, en lui transmettant
la réclamation reçue et les coordonnées
de son conseil.
COMMENT PRÉVENIR UN TEL INCIDENT ?
“Comment le Dr Béatrice P.
aurait-elle pu éviter cet accident ?„
D ans le cas présenté, on
mesure qu’un dépassement
de ciment endodontique,
pourtant minime, est lourd
de conséquences pour le patient et pour
son praticien traitant. La prévention de
cet accident passe par une analyse pré-
opératoire du risque, une mise en oeuvre
du traitement adapté à ce risque, sans ou-
blier une information éclairée du patient
lors de la consultation.
Analyse pré-opératoire
Comme pour tout traitement, l’ana-
lyse pré-opératoire doit faire ressortir la
liste de tous les risques potentiellement
encourus lors de la réalisation du geste
endodontique. Elle repose en première
intention sur l’examen clinique et les
clichés rétroalvéolaires selon deux inci-
dences.
Cette analyse est confrontée à nos
connaissances, qui peuvent être :
- anatomiques : quelle est la configura-
tion des canaux ? Quels sont les éléments
nobles à proximité ?
- techniques : quelle anesthésie ? Quelle
technique instrumentale ? Quelle tempo-
risation ?
Dans le cas présent, quelques points pa-
raissent importants à soulever : existe-t-il
clairement des symptômes sur 37 ? Ceux-
ci persistent-ils après le soin de 36 ?
Sur le cliché pré-opératoire, 37 est certes
délabrée, mais aurait-on pu proposer une
solution conservatrice : inlay-onlay, cou-
ronne sur dent vivante, coiffage pulpaire ?
On note également la proximité du nerf
mandibulaire avec les apex de la 37.
S’il était justifié de réaliser un traitement
endodontique, alors il est pertinent,
compte tenu de la proximité du nerf al-
véolaire inférieur, de faire pratiquer une
analyse CBCT, afin d’affiner la prise de
risque que constitue le traitement endo-
dontique, en particulier : quels sont les
rapports anatomiques entre le nerf man-
dibulaire et les apex ? La situation la plus
délicate étant celle où le nerf est dans
la continuité de la trajectoire canalaire
(risque de lésion instrumentale + risque
de dépassement de matériau).
D’autre part, de façon générale, il faut
noter que les apex des 2es molaires man-
dibulaires sont souvent très proches des
corticales linguales, ce qui contre-indique
la plupart du temps la chirurgie endo-
dontique.
“l’analyse
pré-opératoire
doit faire ressortir
la liste de tous
les risques
potentiellement
encourus lors de la
réalisation du geste
endodontique„
Dr Leslie COTTREEL
Chirurgien-dentiste
Exercice limité à l’endodontie
Ancienne assistante hospitalo-
universitaire de Paris Descartes
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panique sous scialytique