Journal Identification = IPE Article Identification = 0786 Date: June 23, 2011 Time: 11:23 am
Déficit de l’attention/hyperactivité : le point de vue des familles
La classification permet un langage commun qui faci-
lite les échanges entre tous les intervenants de la chaine
de soins. Aujourd’hui, la coordination des soins dans le
TDAH est le plus souvent assurée par les parents, car il y
a une réelle difficulté à trouver un spécialiste pour le diag-
nostic, puis un médecin qui accepte de renouveler tous les
28 jours l’ordonnance du médicament et des professionnels
paramédicaux pour assurer les rééducations et les thérapies,
à proximité de leur lieu de vie. Ils sont souvent très éloignés
les uns des autres.
Le choix des mots utilisés par les classifications a donc
une grande importance pour la reconnaissance du trouble
et son acceptation par les familles. Les termes employés
doivent être représentatifs du trouble sans stigmatiser la
personne ni la réduire à son trouble. Le symptôme qui est
au centre des difficultés et préoccupe le plus les familles
est le manque d’attention (94 %) [2]. Alors qu’en vieillis-
sant les enfants parviennent à mieux contrôler leur agitation
motrice, leur trouble attentionnel, semble, lui, s’accroître
avec l’âge.
Le terme « hyperkinésie » utilisé dans la CIM-10 [6]
est peu connu des familles, bien qu’il exprime la notion
de contrôle et de mouvement. Le terme hyperactivité, cor-
respond à un enfant agité, remuant, et c’est un terme très
familier et de plus en plus utilisé.
Les parents utilisent pour décrire leur enfant des mots
proches des symptômes : agité, épuisant, remuant, distrait,
manque de concentration, impulsif impatient, bavard. Mais
aussi, juste après les termes qui se référent à l’agitation, on
peut noter également l’utilisation des mots insomnies, nuits
agitées, réveils nocturnes.
Pour les familles, la classification, représente un moyen
d’accès aux soins, par sa représentation au plus proche de
ce que manifeste l’enfant. Elle permet de nommer, donc
de soigner et par conséquent de conduire l’enfant vers la
meilleure issue possible.
Si on reprend la CFTMEA [5], elle a un côté assez
moderne, parce que c’est la seule classification qui dis-
pose d’une catégorie « troubles cognitifs », comprenant
les:«Troubles de l’attention sans hyperkinésie », et ce
à l’intérieur de la catégorie « les troubles spécifiques du
développement ».
Dans le DSM-IV-R [1], le TDAH se situe dans les
« Troubles : déficit de l’attention et comportements per-
turbateurs ». Le TDAH apparait aussi dans « les troubles
des habiletés motrices » même si, dans ce cas, le manque
d’habileté motrice est davantage lié à l’impulsivité qu’à une
perturbation motrice. Dans le chapitre, les troubles hyper-
kinétiques de la CIM-10 [6], la plupart des termes utilisés
pour décrire les troubles, sont relatifs à l’attention. Ainsi,
le déficit de l’attention est bien l’une des préoccupations
majeures dans la symptomatologie des patients.
La dimension de troubles cognitifs est essentielle.
L’association a contribué à ce qu’un groupe de travail défi-
nisse et décrive la classification des handicaps cognitifs.
La loi du 11 février 2005 [4] définit que « le handi-
cap correspond à une limitation de l’activité ou restriction
de participation de la vie en société, subie, dans son envi-
ronnement, par une personne en raison d’une altération
substantielle, durable ou définitive, d’une ou plusieurs
fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou
psychiques, d’un poly handicap ou d’un trouble de santé
invalidant ». Le mot cognitif présent dans ce texte est impor-
tant pour les enfants ayant un TDAH. La présence de la
notion de handicap cognitif dans la loi facilite la recon-
naissance des difficultés d’apprentissage et d’adaptation
sociale des enfants ayant un TDAH et sa définition viendrait
utilement étayer cette notion.
De même, dans ce travail de définition qui est prati-
quement abouti, ilyaunchapitre qui s’appelle « trouble
du développement des processus attentionnel et des fonc-
tions exécutives », qui permet de décrire comment le déficit
d’attention et le déficit des fonctions exécutives, peuvent
conduire à une limitation d’activité ou des restrictions de
participation pour les enfants dont ses fonctions sont tou-
chées. Reconnaître l’altération de fonctions cognitives et
en tenir compte dans la classification contribuerait à mieux
reconnaître les difficultés des enfants atteints de TDAH. Et
leur permettrait d’éviter la trop grande stigmatisation liée
au jugement qu’ils subissent en l’absence de diagnostic et le
manque de compréhension face à leur agitation qui parfois
occupe le premier plan des symptômes.
Les familles souhaitent une terminologie cohérente avec
les symptômes pour faciliter le dialogue, la coordination des
soins et pour une juste compréhension du mode de fonction-
nement de l’enfant. Cependant, il apparaît que les médecins
franc¸ais sont peu nombreux à utiliser les classifications, ce
qui est regrettable car elles contiennent des descriptions très
intéressantes.
Il est primordial de faire de la prévention. Les troubles de
l’attention et l’hyperactivité ne font pas partie des troubles
des conduites, mais cependant non identifiés et mal pris en
charge, ils semblent constituer un facteur de risque sup-
plémentaire. Il serait intéressant de savoir si ce facteur de
risque est lié à l’absence de prise en charge du trouble ou
au trouble lui-même.
Ainsi, les enfants atteints de TDAH sont souvent sujets
à la déscolarisation, à l’exclusion scolaire. Parmi les prin-
cipaux facteurs de risque de la délinquance, l’on retrouve
l’exclusion scolaire, l’échec scolaire. Par conséquent, une
bonne intégration scolaire est un préalable nécessaire à une
bonne insertion professionnelle, un épanouissement per-
sonnel et une qualité de vie familiale satisfaisante.
Les enfants ayant un TDAH de type inattentif, donnent
l’impression qu’ils sont opposants. Ils ne font pas atten-
tion, ils sont dans la lune et ils s’opposent car des éléments
de la communication leurs échappent. Ils ont une inter-
prétation erronée, une distorsion cognitive par rapport à
ce qu’ils perc¸oivent ou entendent. Parfois, ils finissent par
être en opposition ou manifester une agressivité, mais cette
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦5 - MAI 2011 377
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