Évaluation de l’impact de la fréquence et de la sévérité des symptômes post-traumatiques sur la qualité de vie reliée à la santé des grands brûlés Mylène ROBERT1,2,3, Marie-Hélène ST-HILAIRE2,3, André MARCHAND1,4, Cidalia SILVA1,2,3 et Nicolas BERGERON2,3 Université du Québec à Montréal, 2Centre des Grands Brûlés du CHUM, 3Laboratoire du Trauma du CHUM,4Centre de recherche Fernand-Séguin Introduction • Les progrès médicaux des 20 dernières années permettent aujourd’hui d’être en mesure de sauver près de la moitié des personnes brûlées à 80% de la superficie de leur corps; les préoccupations des spécialistes se dirigent donc vers l’état et l’adaptation psychologique des victimes de brûlures graves. • Les grands brûlés, en plus de rencontrer des problèmes physiques et sociaux, ont un risque accru de développer des troubles de santé mentale tels que le trouble de dépression majeure (prévalence de 20% après un an), l’état de stress post-traumatique (prévalence de 20% après un an) et les troubles d’abus/dépendance aux drogues et à l’alcool (prévalence de près de 30% à vie). • La convalescence et la longue démarche de réadaptation peuvent affecter le niveau de qualité de vie reliée à la santé chez les grands brûlés; il semble toutefois plausible que ce niveau soit aussi modulé par l’intensité des symptômes post-traumatiques. • En moyenne, les participants ont été brûlés sur 16% de la surface de leur corps (ET = 11), 56% ont été atteints au visage et 72% aux mains. Tableau 1 Caractéristiques cliniques des participants à trois mois Diagnostic à trois mois (SCID-I) Trouble de dépression majeure passé État de stress post-traumatique passé Trouble de dépression majeure présent État de stress post-traumatique présent État de stress post-traumatique sous-clinique Trouble d’anxiété généralisée Trouble relié à l’abus/dépendance alcool Trouble relié à l’abus/dépendance drogue Tableau 2 • La présente recherche comprend deux objectifs : 1) Établir une description des caractéristiques sociodémographiques et cliniques des victimes de brûlures graves ainsi que de déterminer la prévalence des troubles de santé mentale chez cette population. 2) Vérifier s’il existe une relation entre la fréquence/la sévérité des symptômes post-traumatiques et le niveau de qualité de vie reliée à la santé chez les grands brûlés. Corrélation entre les symptômes post-traumatiques et la qualité de vie r eliée à la santé à un, trois et six mois après l’incident traumatique Score global au SF-36 Objectifs T1 (1 mois) T2 (3 mois) T3 (6 mois) Pourcentage de participants 32% 7% 10% 13% 46% 3% 8% 8% Physique Mental Physique Mental Physique Mental Fréquence Sévérité symptômes symptômes post-trauma post-trauma -.089 .093 -.472** -.502** -.542** -.530** -.378 -.355 -.698** -.528* -.415* -.445* Score total à l’EMST .032 -.491** -.538** -.366 -.614** -.443* *significatif à un niveau p < .05 ** significatif à un niveau p < .01 Méthode Conclusion • Dans le cadre d’un protocole de recherche prospectif, 35 participants recrutés au Centre des Grands Brûlés du CHUM ont été évalués à trois reprises, soit à un, trois et six mois après leur incident. • Une entrevue diagnostique semi-structurée (SCID-I, volet troubles an xieux et dépression) a été conduite à trois mois afin de vérifier la présence d’un trouble de santé mentale à l’axe I. • Des questionnaires auto-administrés (BDI-II, EMST, SF-36, AUDIT, DUDIT) ont été remplis à chaque temps de mesure afin d’évaluer l’impact psychosocial des brûlures. • En combinant le taux de prévalence d’un ÉSPT clinique et sous-clinique actuel à l’évaluation trois mois après l’incident, on constate qu’un peu plus de 60% des participants éprouvent des symptômes post-traumatiques. Les grands brûlés sont donc très à risque de développer un état de stress posttraumatique suite à leur incident, sans compter les autres troubles co-occurrents tels que la dépression et l’abus/la dépendance à l’alcool et aux drogues. • Six mois après l’événement traumatique, il existe une forte relation inverse entre l’intensité des symptômes post-traumatiques et les scores globaux à la mesure de la qualité de vie reliée à la santé; plus l’intensité des symptômes post-traumatiques est forte, plus la qualité de vie reliée à la santé est basse. • Les grands brûlés sont donc une population à risque de développer un ÉSTP et des problèmes co-occurents et ils doivent bénéficier d’un suivi accru de leur état psychologique. Les troubles de santé mentale ainsi que la perception du niveau de qualité de vie reliée à la santé peuvent avoir un impact négatif sur l’observance des prescriptions médicales et l’assiduité à la réadaptation, et ainsi générer des coûts supplémentaires à la société et maintenir la souffrance des individus. Résultats Caractéristiques socio-démographiques • 31 hommes (89%) et 4 femmes (11%) avec une moyenne d’âge de 38 ans (ET = 14) et une moyenne de 12 ans de scolarité (ET = 2). • 48% ont subi leur brûlure au travail, 35% à la maison, 14% pendant les loisirs et 3% lors d’un attentat ou d’une tentative de meurtre. • 33% ont été brûlés par le feu, 27% par un liquide brûlant, 23% par courant électrique et 17% par une explosion. Les auteurs désirent remercier la FRSQ (Fonds de recherche en santé du Québec – Santé mentale) pour le support financier de cette recherche Contact : Mylène Robert ([email protected]), Centre de recherche du CHUM, Tel : (514) 890-8000 p. 14307