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Annexe 1. L’économie des restes en Méditerranée –thème de recherche
« En fouillant un tas d’ordure on peut reconstituer toute la vie d’une société » Marcel Mauss,
Instructions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques, Musée d’ethnographie du
Trocadero, 1931
Matériau utile à la compréhension des sociétés du passé le reste est aussi au cœur d’une économie qui
en dit long sur nos sociétés aujourd’hui.
L’objet du programme, qui devrait aboutir à la présentation d’une exposition au MuCEM en 2016, a
pour fil conducteur l’économie des restes en Méditerranée, en tant qu’ensemble des modalités de
traitement (au sens large d’appropriation, échange, transformation, récupération tant
techniques que symboliques) des éléments matériels voués à disparaitre ou à avoir une nouvelle
vie.
La mise au jour de ces processus, des formes d’organisation qu’ils génèrent, des valeurs qui les sous
tendent permettra de soulever quelques-unes des grandes questions que doit aborder un musée de
civilisation comme le MuCEM : la part cachée de nos sociétés confrontées d’une part aux pressions du
consumérisme et ses corollaires que sont le gaspillage et l’obsolescence des objets et d’autre part aux
restrictions des ressources avec leurs conséquences en termes de paupérisation et d’enjeux
écologiques.
Le sujet, peu abordé par les musées de société, permet ainsi de rencontrer et de faire se rencontrer les
effets sociaux d’une double crise économique et écologique. Ces effets se retrouvent dans certaines
reconfigurations actuelles des systèmes d’échange (le don, le troc…) et d’usage des ressources et des
objets (la récupération). Le sujet offre par ailleurs une métaphore de la fonction d’un musée comme
instrument d’une actualisation du passé avec les distorsions et les changements de sens occasionnés
par ces recyclages multiples que sont les mises en collection (boites et bases de données) et en
exposition.
1-1 Etendu du domaine concerné
La mise en perspective historique et culturelle des mutations et pratiques liées aux restes dans
l’espace méditerranéen impose de couvrir un champ suffisamment vaste pour montrer les multiples
dimensions d’une économie des restes.
Le reste a des acceptions multiples : relique, trace, ruine, ordure, déchet. Il engage des valeurs
contrastées : pur/impur ; propre/sale ; caché/montré ; sacré/profane ; abondance/pauvreté ;
jeté/conservé…
D’un côté le reste humain transformé par le rite funéraire, parfois exhumé, présenté comme une
relique sacrée, de l’autre le déchet et ses différents modes de traitement possibles du tri et du
recyclage (parfois dans une œuvre d’art !) jusqu’à sa disparition la plus totale par un traitement radical
(enfouir, incinérer, immerger…)
Les modalités d’analyse et de transformation des restes révèlent ainsi les grandes catégories dans
lesquelles ils prennent place.
1-2 pistes thématiques
Les restes comme indicateurs culturels et sociaux : les déchets sont des témoins de l’état des sociétés
d’aujourd’hui (exemples de la rudologie qui étudie les contenus des poubelles dans différents
quartiers) et d’hier (exemple de la fouille archéologique).
Restes humains : reconnaissance, traitement, reconstitutions. (Embaumement, techniques de
thanatopraxie, reconstitution des dépouilles lors d’exhumations de charniers…).