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Mais avec la
diversification des
activités
chinoises, les
relations sino-
africaines se sont
dégradées.
Les entreprises
chinoises font
l’objet
d’accusations
diverses, et les
grèves se
multiplient.
Lorsqu’elles
opèrent hors leurs
frontières, les
entreprises
chinoises seraient
des plus
corrompues sur la
planète.
Qui plus est, leur
travail, souvent
bâclé, ne respecte
que rarement les
normes de
construction et de
sécurité.
partenariat avec la Banque mondiale – une première. En tout, ce sont près de 35 pays
africains qui ont bénéficié de financements chinois pour la construction ou la refonte de
leurs infrastructures.
Mais avec la diversification des activités chinoises, les relations sino-africaines
se sont dégradées. Si elle a bénéficié d’une période de grâce, la Chine fait désormais
l’objet d’accusations diverses. Son approche – purement économique et financière – ne
fait plus l’unanimité. On lui reproche notamment ses rapports avec des dictatures telles
que celles du Zimbabwe ou du Soudan. Des voix s’élèvent contre les déséquilibres
commerciaux, la corruption entretenue à loisir par les managers chinois, et leur non-
respect des règles de travail et de sécurité. En Zambie, les mineurs se plaignent de ne
pas avoir vu leur salaire – inférieur à la moyenne – augmenter en deux ans. Leurs
vêtements de protection, dégradés, n’ont jamais été remplacés. Des accidents graves se
produisent régulièrement, faute de ventilation adéquate dans les mines. Mais
impossible de négocier quoi que ce soit – leurs supérieurs ne parlent pas, ou prétendent
de ne pas parler anglais. En octobre 2010, deux managers chinois sont même allés
jusqu’à tirer sur un groupe de travailleurs en grève. Car les grèves dures commencent à
se multiplier.
Loin d’être isolé, le cas zambien est caractéristique des problèmes actuels.
Etabli par Transparency International, le classement international des plus grands
corrupteurs (pays dont les entreprises versent le plus de dessous-de-table lorsqu’elles
opèrent hors de leurs frontières) classe la Chine en tête de liste – si bien que la Banque
mondiale a interdit à certaines sociétés chinoises de répondre aux appels d’offres sur le
continent. En 2009, l'entreprise d’Etat chinoise Nuctech a été soupçonnée d’avoir
mésusé des fonds d’un contrat avec le gouvernement namibien…une affaire
particulièrement embarrassante en raison du pedigree de celui qui était son président
jusqu'en 2008 : Hu Haifeng, le fils du président chinois Hu Jintao. La Namibie étant
une démocratie, certains de ses ministres ont passé un mauvais moment. Très souvent,
les entreprises chinoises payent hardiment les syndicats locaux pour taire toute
revendication.
En Afrique du Sud, les usines chinoises payent leurs employés en dessous du
salaire minimum légal. Les syndicats ont demandé à maintes reprises la fermeture des
usines, mais les Chinois insistent : le salaire minimum est trop élevé pour qu’une usine
soit rentable et d’ailleurs, disent-ils, bien des entreprises sud-africaines ne payent pas
mieux leurs salariés. Les Africains savent qu’un travail mal payé vaut mieux que rien,
et certains ont même défendu leurs supérieurs en s’opposant à la fermeture des usines.
Les Africains réalisent que leurs propres gouvernements ont leur part de
responsabilité. L’incompétence et l’insouciance d’une bonne partie des dirigeants
alimentent les polémiques. En Angola, par ailleurs premier pays exportateur de pétrole
pour l’empire du Milieu, les liens du gouvernement avec les Chinois seraient à ce point
corrompus qu’une sérieuse enquête est en cours. Les pratiques chinoises sont certes
bannies en Occident ou vis-à-vis du code de conduite de l’OCDE, mais elles
conviennent parfaitement aux Robert Mugabe et autres Omar el-Bashir dans la région.
On pensait que les Chinois avaient durablement fait main basse sur les contrats
de travaux publics en Afrique. Mais le vent tourne, car on commence à se rendre
compte que le travail est rarement conforme aux normes de construction, et souvent
bâclé. Résultat : des bâtiments entiers montrent des signes d’usure quelques mois
seulement après avoir été construits. En juin 2010, l’hôpital principal de Luanda, la
capitale angolaise, a dû être entièrement évacué lorsque des fissures sont apparues un
peu partout dans les murs. La structure de 80 000 m2 était le premier hôpital public à
être construit depuis l’indépendance du pays en 1975. Financé par un prêt du