
tion professionnelle. Il participe aux ateliers thérapeutiques
pour évaluer ses capacités : il se montre rapidement motivé et
fournit un travail appréciable. Il a toutefois des difficultés ponc-
tuelles d’orientation spatiale et d’inhibition comportementale.
En accord avec lui, la prise en charge se poursuit dans un ser-
vice médico-éducatif. Il y reste 16 mois et confirme ses capaci-
tés d’adaptation et de travail en Établissement et service d’aide
par le travail (ESAT). Il refuse alors toutefois de vivre dans le
foyer de l’ESAT. L’observation de son comportement dans la
vie quotidienne et ses relations aux autres conduit l’équipe édu-
cative à suivre son avis et rechercher une structure extérieure.
Un essai de stage en entreprise ordinaire conduit à un
échec : il se heurte aux problèmes de transport et à des problè-
mes relationnels. La confrontation à la réalité vient donc per-
cuter le fragile équilibre qu’il construisait.
Un mois plus tard, il obtient sa notification COTOREP
(actuelle MDPH) pour travailler en atelier protégé. Sa candida-
ture n’est pas retenue à La Teppe, faute de place disponible.
Il intègre un autre atelier protégé, à Avignon, à 150 km. Il n’y
restera que quatre mois. Les mêmes problèmes relationnels et
la solitude provoquent ce nouvel échec. Hugo a été dans
l’impossibilité de se construire un nouveau réseau social.
Il essaye alors d’intégrer un autre atelier protégé, mais malgré
le bon contrôle de l’épilepsie, la médecine du travail lui a
imposé des restrictions importantes pour l’utilisation des
machines agricoles en espaces verts. Il revient dans la région
sans emploi en nouvelle situation d’impasse psychosociale.
Deux ans après son départ de La Teppe, il est réadmis dans un
service médico-éducatif du CLE.
La « deuxième chance »
L’équipe lui propose de reprendre le projet initial (ESAT et
foyer). Cette fois, Hugo accepte : il se sent en confiance et
connaît mieux ses limites. Il fait un stage de trois mois à
l’ESAT de La Teppe. Sa candidature est retenue, ce qui le sti-
mule, et il accepte toutes les prises en charge qu’il avait refusé
auparavant : orthophonie, soins dentaires et psychothérapie
pendant quatre mois. Il accepte aussi la solution temporaire
d’hébergement au foyer de l’ESAT de la Teppe. Il admet de ten-
ter de corriger son trouble articulatoire qui le handicape dans
sa communication. Les entretiens psychologiques lui permet-
tent de retrouver confiance en lui après cet échec. Il reprend
conscience de la nécessité du suivi médical. Il peut enfin inté-
grer, à l’ESAT, la section jardinage-bio. Il y rencontre son amie.
Un an après, il peut emménager dans un appartement dans
la ville de Tain l’Hermitage. Il est suivi par le Service d’accom-
pagnement à la vie sociale (SAVS). Il devient capable de cons-
truire des projets de vie commune.
Recrudescence de crises et rechute de l’anxiété
Après deux ans de vie sans problème dans cet appartement,
àl’âge de 45 ans, Hugo présente chez lui un épisode de confu-
sion avec agressivité envers son amie. Il n’en garde pas de sou-
venir. Il présente aussi des douleurs abdominales fréquentes
pour lesquelles de multiples investigations sont normales
(anxiété ?). Il entre donc à l’UON pour traiter ses problèmes
psychologiques. Dès l’entrée, il se sent soulagé d’être entouré.
Une psychiatre l’aide à réfléchir sur son mal-être actuel qu’il
attribue à des tensions relationnelles avec son responsable
d’atelier et certains camarades. Une simple aide médicamen-
teuse ponctuelle est prescrite. Il retourne chez lui 15 jours
plus tard, beaucoup plus serein. Quelques mois après, devant
un nouvel épisode de trouble comportemental, dans un grand
contexte de grand « ras-le-bol » de sa maladie, Hugo accepte de
passer deux semaines en EEG-vidéo pour comprendre ce qui
revient à l’anxiété et à l’épilepsie. Sur le tracé EEG, des pointe-
ondes temporales droites apparaissent dès qu’il somnole. Deux
crises sont enregistrées. Elles sont initiées dans les régions tem-
porales et frontales droites. Il existe une rapide propagation
temporale gauche. Cliniquement, il présente une vocalisation
intense, une dystonie du membre supérieur gauche, une rup-
ture de contact et une aphasie. Il est très agité après la crise.
Hugo est alors rassuré de comprendre que l’épisode d’agressi-
vité qu’il a eu envers son amie était postcritique. L’adjonction
de Keppra
®
se révèle très efficace. Il regagne son domicile, est
toujours épaulé par le SAVS et peut reprendre sa vie normale.
Actuellement, il ne fait plus de malaise. Il travaille à l’atelier
maraîchage et vit en appartement avec son amie. Il apprécie
son autonomie difficilement acquise.
Conclusion
Le CLE a pris en charge un patient qui se trouvait dans une
situation initiale d’échec thérapeutique, puis dans une impasse
psychosociale. Seul un échec a permis l’acceptation de la
période transitionnelle de vie en foyer. L’accompagnement a
Figure 1. Le centre La Teppe.
Douze années de suivi d’un patient du CLE à la Teppe
Épilepsies, vol. 21, n° 2, avril-mai-juin 2009
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