4
Un ou deux documents courts
et facilement accessibles
pour appréhender le sujet
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permet à l’élève « d’entrer »
dans la double page.
Pour approfondir et analyser
les grands points du thème
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le thème
Présentation de votre manuel
8
Le chômage :
des coûts salariaux trop élevés
ou une insuffi sance de la demande ?
Découvrir
Qu’est-ce qu’un chômeur ?
DOC 1
En recherche d’emploi…
Sur la pancarte, il est écrit : « Emploi recherché. Diplômé en histoire, Université du Kent.
Interrogez-moi. Prêt à travailler gratuitement le premier mois. Ensuite, embauchez-moi
ou licenciez-moi. Merci pour votre attention. David. »
Questions
1. Déduire. À partir de cette photo, donnez les caractér istiques de ce chômeur.
2. Expliquer. Pourquoi est-il prêt à travailler gratuitement le premier mois ?
Le saviez-vous ?
La population active est composée
des personnes en âge de travailler
(15 ans et plus) qui ont ou qui re-
cherchent un emploi. Lorsqu’elles
possèdent un emploi, elles partici-
pent à la population active occupée,
et si elles en recherchent un, alors
elles appartiennent à la population
active inoccupée.
Formation et emploi
114
DOC 2
De la population totale au chômage
DOC 3
Quelques témoignages de chômeurs
Questions
1. Calculer. Quelle est la propor-
tion d’inactifs et d’actifs dans la
population française ?
D Voir Fiche méthode n
o
3 p. 154
2. Calculer. Après avoir calculé la
proportion d’actifs inoccupés dans
la population active, expliquez à
quoi correspond votre calcul.
3. Déduire. Pourquoi les chômeurs
sont-ils classés parmi les actifs ?
Questions
1. Lire. Citez tous les mots dans ces témoignages qui mon-
trent que le chômage est une expérience diffi cile à vivre.
2. Analyser. Pourquoi les chômeurs vivent-ils mal leur expé-
rience ?
D
⁄COUVRIR
Z Qu’est-ce qu’un chômeur ?
A
NALYSE R
1 Z Les emplois sont-ils en voie de disparition ?
A
NALYSE R
2 Z Peut-on réduire le chômage en baissant le coût du travail ?
A
NALYSE R
3 Z Augmenter les salaires permet-il de soutenir la demande et de créer des emplois ?
A
LLER
PLUS
LOIN
Z Comment baisser le coût du travail sans baisser le salaire ?
LÑ
ESSENTIEL
ZüExpliquer l’ef fet du salaire sur le chômage
E
XERCICES
T
RAVAUX
DI RI G⁄ S
Z Comprendre une fi che de salaire
S
OMMAI R E
Population totale (au 1
er
janvier 2008)
62 131 000
Population inactive
31 147 000
Population active
27 984 000
Population active occupée
25 913 000
Population active inoccupée
2 070 000
Insee, 2010.
Témoignage 1 : « L’ouvrier du Nord n’a jamais pen-
sé à autre chose qu’au travail. […] C’est pas normal,
je ne peux pas m’y faire […]. On ne se sent plus un
homme. »
Homme, 52 ans, marié, sans enfant, ajusteur,
certifi cat d’études pr imaires (CEP).
Témoignage 2 : « Je me sens presque culpabilisée de ne pas
travailler. Je me sens gênée quand on me pose souvent la
question : alors tu as trouvé ? ou… Alors souvent je réponds :
Oh ! presque… Énormément ! C’est vrai hein, j’ai l’impres-
sion d’être… je ne sais pas… et d’ailleurs j’ai parlé souvent
avec des gens qui ne travaillent pas, ils disent aussi qu’ils
ont le sentiment d’être, je ne sais pas, dévalorisés, de se
sentir fautifs aussi dans cette situation, parce qu’il y a aussi
l’espèce d’idéologie qui veut que ceux qui veulent vraiment
trouver, ils en trouvent toujours. »
Femme, 31 ans, mariée, sans enfant, psychologue, maîtrise de lettres.
Témoignage 3 : « J’ai toujours peur d’être pris pour
un fainéant, parce que les chômeurs n’ont pas bien
d’amis, il faut reconnaître. Parce que d’après certai-
nes réfl exions, même dans ma famille, d’après cer-
taines réfl exions, le chômeur n’a pas bien d’amis, le
chômeur c’est un fainéant et pourtant, Dieu sait, un
chômeur cavale. »
Homme, 40 ans, marié, sept enfants, boulanger, sans diplôme.
Dominique iY^d Wff[h, L’Épreuve du chômage, Gallimard, [1981], 1994.
8. Le chômage : des coûts salariaux trop élevés ou une insuffi sance de la demande ? 115
Peut-on réduire le chômage
en baissant le coût du travail ?
Analyser 2
Pour commencer
Un coût du travail trop élevé en France ?
Coût de la main-d’œuvre en 2007,
en €, par heure
1
Allemagne 27,80
Belgique 32,68
Bulgarie 1,89
Danemark 34,74
Espagne 16,39
France 31,24
Lituanie 5,09
Luxembourg 33,00
Pologne 6,78
Portugal 11,32
Royaume-Uni 27,19
Slovaquie 6,41
Slovénie 12,09
Suède 33,30
UE à 27
2
19,85
1. Coût de la main-d’œuvre dans l’industrie et les services
(hors administration publique).
2. Coût de la main-d’œuvre en 2006 pour l’ensemble de l’UE à 27.
Source : Eurostat, 2008.
Questions
1. Lire. Pourquoi le salarié français est-il remplacé par plu-
sieurs autres salariés provenant de pays étrangers ?
2. Observer. À partir du tableau, proposez des regroupe-
ments pertinents de pays, en les justifi ant.
3. Déduire. Comment ces disparités de salaire peuvent-
elles jouer sur l’emploi ?
4. Expliquer. Pourquoi est-il plus pertinent de comparer
le coût de la main-d’œuvre horaire et non mensuel ?
Questions
1. Calculer. Calculez la baisse
du coût horaire du travail en
euros, puis en pourcentage.
D Voir Fiche méthode n
o
4 p. 156
2. Expliquer. En quoi le coût
du travail saisonnier réduit-il
la compétitivité de la France ?
3. Conclure. Que pouvez-vous
en conclure sur les liens entre
le coût du travail et l’emploi ?
DOC 1
Baisser le coût du travail saisonnier
L
a baisse du coût du travail saisonnier sera appliquée par anticipation dès le
1
er
janvier 2010 dans le secteur agricole, a annoncé jeudi le ministre de l’Agriculture
Bruno Le Maire devant le congrès national des producteurs de fruits (FNPF). […]
Le taux horaire, fi xé à 9,29 euros (contre 12 euros en moyenne actuellement dans
l’agriculture), « a été basculé du projet de loi de modernisation de l’agriculture (LMA)
vers la loi de fi nances rectifi cative (LFR) afi n d’être appliqué dès le 1
er
janvier 2010 », a
déclaré M. Le Maire devant quelque 200 producteurs, adhérents de la FNPF, réunis
à Valence (Drôme). […]
Le ministre s’était engagé à faire baisser le coût du travail occasionnel cet été alors
que les producteurs de fruits étaient confrontés à une grave crise en raison de la
chute des prix.
Il avait alors souligné la nécessité d’améliorer la compétitivité du secteur agricole
par rapport à ses concurrents européens, comme l’Allemagne ou l’Espagne, où le
taux horaire est bien inférieur (entre 6 et près de 8 euros).
AFP, 28 janvier 2010.
Définition
Le coût du travail correspond à l’ensemble des
coûts engendrés par l’embauche d’un salarié,
dont le salaire.
Formation et emploi
118
L
e marché du travail est un marché
qui fonctionne comme les autres.
Une offre de travail, adressée par les
travailleurs qui cherchent un emploi,
et une demande de travail, adressée
par les entreprises, se rencontrent.
L’offre et la demande de travail dé-
pendent du niveau de salaire. L’offre
est logiquement croissante avec le
salaire, alors que la demande est dé-
croissante. Pour un niveau de salaire
inférieur au salaire d’équilibre, les
employeurs sont disposés à embau-
cher de nombreux travailleurs, alors
que ces derniers travailleront moins,
et que certains ne se présenteront pas
sur le marché du travail, préférant les
loisirs à un emploi qui rapporte peu.
Par contre, pour un niveau de salaire
supérieur au salaire d’équilibre, les
travailleurs sont disposés à travailler
davantage, et de nouveaux travailleurs
sont attirés sur le marché, alors que
les employeurs ne sont pas disposés
à embaucher trop de travailleurs, car
le coût du travail trop élevé limite la
rentabilité de la production. […] Au
niveau du salaire d’équilibre offre et
demande s’égalisent, et le plein-em-
ploi apparaît.
Si on introduit un salaire minimum,
le mécanisme de marché sera per-
turbé […] Pour le salaire proposé, les
agents économiques offrent une plus
grande quantité de travail, alors que
les employeurs demandent moins de
travail. Cela se traduit par le dévelop-
pement du chômage. La suppression
du salaire minimum permettrait par
conséquent de revenir au plein-em-
ploi.
Sous la coordination de Marc c
edjekii&
,
« Le salaire minimum », 50 débats sur le travail,
Bréal, 2008.
Questions
1. Lire. Pourquoi la fi xation du
salaire minimum (SMIC) par
l’État créerait du chômage, selon
ce texte ?
2. Déduire. À quelle condition le
salaire minimum (SMIC) pourrait
ne pas déséquilibrer le marché du
travail ?
3. Expliquer. Expliquez la phrase
soulignée.
Questions
1. Expliquer. Pourquoi la courbe
de demande de travail est dé-
croissante, et pourquoi la courbe
d’offre de travail est croissante ?
2. Déduire. Pourquoi un niveau
de salaire minimum, supérieur
au coût du travail d’équilibre, en-
traîne du chômage ?
3. Expliquer. Comment une sup-
pression du salaire minimum per-
mettrait de résorber le chômage ?
DOC 2
Le fonctionnement du marché du travail selon les néoclassiques
DOC 3
La représentation graphique du marché du travail
Coût du
travail
Salaire
minimum
Coût de travail
d’équilibre
Quantité de
travail
d’équilibre
Demande de travail au
niveau du salaire minimum
Population en emploi
lorsqu’il y a un salaire minimum Population au chômage pour
le niveau de salaire minimum
Offre de travail au niveau
du salaire minimum
Quantité
de travail
Offre
de travail
Demande
de travail
Lecture : par rapport au coût de travail d’équilibre, la mise en place d’un salaire minimum qui lui est supérieur
déséquilibre l’offre et la demande, de telle manière que davantage de travailleurs se présentent sur le marché
(l’offre de travail est plus élevée), que moins d’emplois sont proposés (la demande de travail est plus faible).
Finalement, la différence entre cette offre et cette demande constitue le chômage.
Faire le bilan
Comment une baisse du coût du travail permet-elle d’atteindre le plein-emploi ?
Le saviez-vous ?
Le salaire minimum est le salaire
en dessous duquel un employeur
n’a pas le droit de payer un sa-
larié. En France, c’est le salaire
minimum interprofessionnel de
croissance (SMIC).
8. Le chômage : des coûts salariaux trop élevés ou une insuffi sance de la demande ? 119
Découvrir
Analyser
travailleurs qui cherchent un emploi,
et une demande de travail, adressée
rentabilité de la production.
salaire minimum (SMIC) par
l’État créerait du chômage, selon
Les emplois sont-ils
en voie de disparition ?
Analyser 1
Pour commencer Les chiffres du chômage sont-ils fiables ?
Questions
1. Déduire. Identifi er les deux personnages
de la caricature.
2. Expliquer. Que semble faire l’homme
à la cravate, et pourquoi ?
3. Analyser. Pourquoi, à votre avis, l’autre
personnage affi rme que tout dépend du
point de vue ?
20 000
21 000
22 000
23 000
24 000
25 000
26 000
27 000
28 000
29 000
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
Évolution de la population active et de l’emploi en France de 1975 à 2007
Nombre d’individus (en %)
Champ : France métropolitaine, individus de plus de 15 ans.
Nombre de chômeurs
Nombre d’emplois
Insee, 2008.
DOC 1 Évolution de la population active, de l’emploi et du chômage
Le saviez-vous ?
Il existe différentes façons de mesurer le chômage, en fonc-
tion de sa défi nition ou de la méthode utilisée pour comptabi-
liser les chômeurs.
Ainsi, le Bureau international du travail (BIT) défi nit comme
chômeur un individu ayant au moins 15 ans, sans emploi (il
ne faut même pas avoir travaillé une heure dans la semaine
précédente), disponible pour travailler (dans les 15 jours) et
à la recherche d’un emploi (la recherche doit être active).
Le Pôle Emploi, c’est-à-dire l’administration qui suit et aide
les chômeurs, comptabilise comme chômeurs les individus « de-
mandeurs d’emploi », c’est-à-dire ceux qui sont inscrits au Pôle
Emploi comme chômeurs.
Il n’est pas évident qu’un chômeur réponde aux deux défi ni-
tions. On peut être inscrit au Pôle Emploi sans être chômeur
au sens du BIT : comme un intérimaire par exemple, et inver-
sement : comme, par exemple, un chômeur découragé qui juge
inutile de s’inscrire sur les listes offi cielles, mais qui répond à
tous les critères du chômeur au sens du BIT.
Ne pas confondre…
Définition
Le nombre d’emplois ne correspond
pas à la population active car celle-
ci comprend tous les individus qui se
trouvent sur le marché du travail, soit
qu’ils occupent un emploi, soit qu’ils
en recherchent un (chômeurs).
Le taux de chômage mesure la part
des chômeurs dans la population
active.
Formation et emploi
116
Au sein de l’emploi salarié, les formes d’emploi se sont profondé-
ment transformées depuis le début des années 1980, avec une
augmentation des contrats « atypiques » d’emploi, tels que les CDD,
l’intérim, ou les emplois aidés. En 2007, 12,3 % des actifs occupés
étaient en CDD, en intérim, ou encore en emploi aidé ou en appren-
tissage. […]
L’emploi fl exible et temporaire fait désormais partie du paysage de
l’emploi salarié en France. Les CDD représentent la majorité des em-
bauches (près des trois quarts), et ont beaucoup contribué à augmen-
ter les mouvements de main-d’œuvre […]. Toutefois, cela ne signifi e
pas que le CDI ait disparu, puisqu’il représente toujours 77,2 % de
l’emploi […]. Ceci suggère une segmentation accrue du marché du
travail français, entre un noyau dur d’emplois stables et un ensemble
d’emplois précaires. […]
Le temps partiel s’est développé assez tardivement en France […].
Sa part dans l’emploi apparaît stabilisée depuis le début des années
2000, et se situe légèrement en dessous de la moyenne européenne.
Christine [^h[ b, « Les transformations de l’emploi en France », in « Travail, emploi,
chômage », Cahiers français, n° 353, La Document ation française, novembre-
décembre 2009.
Questions
1. Lire. Faites une phrase qui explique cha-
cune des deux données pour l’année 2007
dans les deux graphiques.
2. Déduire. À quoi correspond la zone jau-
ne dans le 1
er
graphique ?
3. Décrire. Comment a évolué cette zone
depuis 1975 ?
4. Calculer. À partir d’un calcul simple,
calculez l’évolution qu’a connue le taux de
chômage en France entre 1975 et 2008 dans
le 2
e
graphique.
D Voir Fiche méthode n
o
4 p. 156
Questions
1. Lire. Globalement, comment a évolué
le nombre d’emplois atypiques ?
2. Lire. Peut-on dire que les emplois aty-
piques représentent en France une grande
proportion de l’emploi ?
3. Expliquer. Que signifi e la phrase souli-
gnée ?
0
2
4
6
8
10
12
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
Évolution du taux de chômage en France de 1975 à 2007
Taux de chômage (en %)
Champ : France métropolitaine, individus de plus de 15 ans.
Insee, 2008.
DOC 2 Les transformations de l’emploi en France
Faire le bilan
Complétez les termes ou les effectifs manquants de ce schéma.
Population active occupée
25 1913 000
Emplois non salariés
....................
Intérimaires
548 000 Apprentis
347 000
dont Sous-emploi
1 247 000
dont Emplois aidés
1 363 000
Contrats à durée déterminée
(CDD)
....................
....................
23 183 000
....................
20 147 000
Notes : population active occupée au sens
du Bureau international du travail (BIT) ;
les données du sous-emploi sont de 2007.
Le saviez-vous ?
Le saviez-vous ?
Les contrats à durée indéterminée (CDI)
sont des contrats de travail dont le terme
n’est pas fi xé, alors qu’un contrat à durée
déterminée (CDD) prend fi n au bout d’une
certaine période. L’emploi typique est un em-
ploi qui respecte la norme de l’emploi : un
CDI à temps plein. Les autres emplois sont
classés parmi les emplois atypiques.
Le sous-emploi mesure l’ensemble des
actifs occupés à temps partiel, qui sou-
haiteraient travailler davantage, ainsi
que les personnes à temps partiel ou à
temps plein qui ont travaillé moins que
d’habitude.
8. Le chômage : des coûts salariaux trop élevés ou une insuffi sance de la demande ? 117
« Faire le bilan » pour savoir
si les élèves ont bien saisi
les enjeux des doubles-pages.
0 00
1
2
23 00
Cham
France m
tro
olitaine, individus de
lus de 15 ans.
nsee,
L
taux de ch
ma
e mesure la
art
es c
ômeurs
ans
a
o
u
at
on
ormation et emp
1
DOC 1
Une expérience paradoxale d’augmentation des salaires
Augmenter les salaires
permet-il de soutenir la demande
et de créer des emplois ?
Analyser 3
Pour commencer
Au cœur de l’activité économique, la consommation
Questions
1. Décrire. Pourquoi le personnage de ce dessin
semble déçu ?
2. Déduire. Que souhaitait faire le personnage de
l’argent obtenu du distributeur ?
3. Déduire. Pourra-t-il consommer beaucoup ?
4. Analyser. Expliquez pourquoi sa consommation
ne pourra pas créer beaucoup d’emplois.
L
e 1
er
avril 1992, le salaire minimum a brusquement
augmenté de près de 19 % dans l’État du New Jersey.
En revanche, il n’a pas bougé dans l’État voisin de
Pennsylvanie. David Card et Alan Krueger, alors profes-
seurs d’économie à l’Université de Princeton, ont profi té
de cette expérience « naturelle » pour tenter d’évaluer les
effets d’une hausse du salaire minimum sur l’embauche
des personnes concernées par ce salaire. Pour cela, ils
ont comparé l’évolution du niveau de l’emploi dans les
fast-foods situés au New Jersey et en Pennsylvanie. […]
La rentabilité de ces restaurants dépend directement de
ce niveau de salaire, et l’on doit s’attendre à ce que l’em-
ploi de ce secteur soit particulièrement sensible à ses va-
riations. Le raisonnement élémentaire auquel adhéraient,
selon David Card et Alan Krueger, plus de 90 % des écono-
mistes professionnels aux États-Unis, aboutissait à un dia-
gnostic sans appel : l’augmentation du salaire minimum va
diminuer la rentabilité du secteur de la restauration ra-
pide au New Jersey et détruira donc des emplois dans les
fast-foods de cet État. Comme le salaire minimum n’a pas
été modifi é en Pennsylvanie, on aurait dû observer une
évolution de l’emploi dans les fast-foods beaucoup plus
favorable en Pennsylvanie qu’au New Jersey. […]
La hausse du salaire minimum n’a pas eu d’impact né-
gatif sur l’emploi dans les fast-foods du New Jersey. Elle
aurait peut-être même eu un impact faiblement positif.
Un résultat inimaginable pour beaucoup d’économistes.
Pierre Y
W^kY
, André p
obX[ h X[ h]
, Le Chômage, fatalité ou nécessité ?,
Flammarion, 2004.
Questions
1. Expliquer. Pourquoi l’e xpérience scientifi que de David
Card et Alan Krueger est-elle intéressante ?
2. Déduire. Expliquez la phrase soulignée.
3. Déduire. Sachant que les salariés des fast-foods sont ré-
munérés au salaire minimum, comment pourriez-vous ex-
pliquer qu’en augmentant ce revenu, l’emploi augmente ?
Formation et emploi
120
Faire le bilan
Comment des salaires élevés peuvent-ils favoriser l’emploi ?
DOC 2
Baisser les salaires, un risque pour l’emploi
D
ès les années 1930, Keynes contestait la capacité d’une baisse des
salaires à restaurer l’emploi dans une économie subissant une crise
des débouchés. Même si l’effet de substitution travail-capital existait, ex-
pliquait-il, il serait plus que compensé par un effet revenu négatif : la
chute du pouvoir d’achat des salariés accentuerait l’insuffi sance de la de-
mande et donc aussi le recul de la demande de travail. […]
Au milieu des années 1980, les théories du salaire d’effi cience […] sug-
gèrent [que] la productivité dépend des salaires. […] Libenstein (1957)
montrait [déjà [que, dans les pays pauvres, la hausse des salaires avait
des effets bénéfi ques sur la productivité globale, probablement via son
impact sur l’alimentation, la santé et l’éducation. […] L’effort et la qualité
du travail offert par l’individu sont d’autant plus forts que la rémunéra-
tion est élevée, et inversement.
Autrement dit, pour l’employeur, mieux vaut surpayer un peu des salariés
impliqués, fi ables et reconnaissants que sous-payer des salariés qui ne
manqueront pas d’ajuster leur effort à la baisse. […]
Le salaire n’est pas qu’un coût, c’est aussi un revenu qui conditionne la
survie, le niveau de vie et le sentiment d’être traité équitablement.
Jacques ]
&d&h [ k n
, Les Vraies Lois de l’économie, Seuil, 2002.
Questions
1. Expliquer. Pourquoi, selon Keynes,
une économie où la demande est faible
est une économie qui peut connaître le
chômage ?
2. Analyser. Pourquoi baisser les salai-
res dans une économie dont la demande
est faible aboutirait à amplifi er le chô-
mage ?
3. Expliquer. Expliquez la phrase souli-
gnée.
Questions
1. Lire. Pourquoi est-il perti-
nent de comparer les coûts du
travail en prenant en compte
leur productivité ?
2. Expliquer. Des salaires élevés
nuisent-ils nécessairement à
l’emploi ?
3. Déduire. À quelle condition
est-il possible d’augmenter les
salaires sans que cela nuise à
l’emploi.
DOC 3
Prendre en compte la productivité du travail
Se limiter à la comparaison des coûts horaires du travail est médiatiquement
très effi cace mais économiquement erroné : du point de vue de l’entreprise […],
tout dépend, en effet, de l’effi cacité de ces heures de travail, ce que l’économiste
appelle la productivité du travail. Partons d’un exemple fi ctif :
Du coût salarial au coût salarial unitaire
Pays Coût horaire Productivité horaire Coût salarial unitaire
Pays A 100 10 100/10 = 10
Pays B 20 2 20/2 = 10
Supposons que le coût horaire de la main-d’œuvre est de 100 dans le pays A et de
20 dans le pays B, autrement dit dans un rapport de 1 à 5. Supposons maintenant
que chaque heure travaillée en A permet de produire 10 unités d’un bien, contre
2 en B : la productivité en A est, sous cette hypothèse, 5 fois supérieure à celle
observée en B. Le coût salarial unitaire, qui est le rapport entre le coût salarial et
la productivité du travail, est alors de 10 par unité produite, et ce dans les deux
pays. Les différences de coût salarial sont, sous les hypothèses mentionnées, en-
tièrement compensées par le différentiel de productivité. Logiquement, c’est le
coût salarial unitaire que comparent les entreprises, et non pas le coût horaire
de la main-d’œuvre.
Olivier X
ekXW
×e
b] W
, Les Nouvelles Géographies du capitalisme.
Comprendre et maîtriser les délocalisations, Seuil, 2006.
Le saviez-vous ?
John Maynard Keynes (1883-1946) est un économiste
britannique. Il révolutionna la théorie économique en ana-
lysant la grave crise économique qui débuta en 1929.
Les théories du salaire d’effi cience expliquent qu’en versant
des salaires plus élevés, les individus sont incités à faire plus
d’efforts pour conserver cet emploi bien rémunéré, et donc
travaillent plus effi cacement, et sont donc plus productifs.
8. Le chômage : des coûts salariaux trop élevés ou une insuffi sance de la demande ? 121
Des rubriques
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« Le saviez-vous ? »
« Ne pas confondre »
scandent les documents.
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