code de déontologie, mais l'indé-
pendance perdure dans les normes :
03 Professional Independence
In all matters related to the audit, the
IS auditor should be independent of
the auditee in both attitude and
appearance.
04 Organisational Independence
The IS audit function should be inde-
pendent of the area or activity being
reviewed to permit objective completion
of the audit assignment.
Par ailleurs, après bien des débats
lors de leur évolution en 2000, puis
2004, l'indépendance et l'objectivité
ont été maintenues dans les normes
de l'IIA (normes 1100). L'objectivité
demeure un des 4 principes fonda-
mentaux du code de déontologie de
l'IIA qui sont,pour mémoire,l'intégrité,
l'objectivité, la confidentialité et la
compétence.
À la place de l'objectivité, l'ISACA
parle dorénavant de « due diligence »
c'est-à-dire des diligences raison-
nables ou des soins nécessaires, et
on rappelle qu'il faut le faire en
conformité avec les normes profes-
sionnelles.
La traduction que nous proposons :
Remplir leurs devoirs avec la dili-
gence et la conscience profession-
nelle appropriées, en conformité
avec les normes professionnelles et
les meilleures pratiques.
3. Serve in the interest of stakeholders
in a lawful and honest manner, while
maintaining high standards of conduct
and character, and not engage in acts
discreditable to the profession.
Cet article synthétise 2 articles de la
version précédente du code de
déontologie de l'ISACA :
(2) Serve in the interest of relevant par-
ties in a diligent, loyal and honest
manner, and shall not knowingly be
a party to any illegal or improper acti-
vities.
(10) Maintain high standards of
conduct and character and not engage
in acts discreditable to the profession.
Mais que sont ces « stakeholders »
ou parties prenantes ? Une version
précédente des normes détaillait les
parties prenantes comme les action-
naires, les employés et la commu-
nauté.En fait,il existe en gestion une
théorie des stakeholders2qui permet
d'apporter une vision sociétale à
l'entreprise, d'élargir la prise en
compte des devoirs de l'entreprise
au-delà de l'enrichissement du patri-
moine des actionnaires. On passe
donc du souci unique des groupes
qui détiennent le pouvoir à la prise
en compte des groupes qui sont
affectés par les décisions et activités
de l'entreprise même de manière
indirecte.
Le code nous demande de servir ces
parties prenantes, mais pas de n'im-
porte qu'elle façon, de manière licite
et honnête, tout en adoptant une
conduite exemplaire et en nous
enjoignant de ne pas commettre
d'actes qui pourraient discréditer la
profession. Cette injonction est à la
fois concrète et floue. Concrète car
on est dans le domaine du visible,
notre conduite et notre comporte-
ment touchent au paraître. Floue car
qui peut définir pratiquement ce
qu'est une conduite exemplaire ?
De plus, ces notions de normes
élevées de comportement comme
les "standards of ethics" relèvent de
la notion de moralité, éminemment
complexe à étudier.
Un code d'éthique,même réalisé par
des auditeurs talentueux, ne peut
apporter une vision morale qu'en
clarifiant la définition d'activités
relatives à des "normes de conduite
et de comportement élevées". C'est
pourquoi quand l'ISACA, dans cet
article, sort du cadre de l'entreprise
pour aborder la vie sociale sur son
aspect moral, l'auditeur peut se sentir
un peu désorienté.
La moralité en effet ne peut se
résoudre par l'application de notre
vision morale propre, car elle se res-
treint dans ce cas à nos habitudes et
à nos croyances, et diffèrent d'un
pays à l'autre voire d'un individu à
l'autre. Ainsi, les codes d'éthiques
importés directement des États-Unis
17
• La revue n° 82 - Mars 2006
Audit dossier
choquent les salariés français3qui
peuvent voir dans les codes de
déontologie « des chartes floues et
moralisantes » qui demandent au
personnel « de dénoncer le collègue
de magasin piquant dans les rayons
ou qui touche à la vie privée ».
Sans définition précise de ce qui est
moral, on peut ainsi craindre une
approche relativiste et communau-
tariste de l'éthique, ce qui reviendrait
à laisser l'appréciation des règles
morales indépendamment à chaque
détenteur de pouvoir.
Cette problématique relativiste a été
combattue par Kohlberg4à la fin des
années 1960. Il a concrétisé sa position
théorique en mettant au point un
test de jugement, le DIT5, qui permet
de classer les individus selon 3
grands niveaux de maturité morale
répartis sur 6 stades. Ce test est
constitué de scénarios, comme par
exemple celui où quelqu'un obligé
de voler pour obtenir un médica-
ment seul capable de sauver son
épouse, pour lequel on demande
aux participants de porter un juge-
ment moral qui sera analysé suivant
le tableau suivant6:
2. Pour une présentation de la théorie des sta-
keholders et son impact en éthique d'entreprise
voir Allison Marchildon « Vers une culture de
l'éthique en organisation : étude de deux cas »
mémoire de l'Ecole des hautes études commer-
ciales de l'université de Montréal,2002.
3. Voir dans Liaisons Sociales de mai 2005 l'ar-
ticle de Sandrine Foulon et Pierre-David
Labani « les salariés invités à cafter au nom de
l'éthique ».
4.Voir Darcia Narvaez « Moral judgement and
theory » in Seminar on moral education :
trends and directions, university of Malaya,
Kuala Lampur,July 22, 2002.
5. Pour une présentation du DIT (Defining
Issues Test) et son utilisation dans le milieu de
l'audit financier voir Christian Prat dit Hauret
« présentation de la théorie du développe-
ment moral cognitif et de ses apports possibles
dans les études sur l'audit » Centre de
recherche en contrôle et comptabilité interna-
tionale,Université Montesquieu,Bordeau IV.
6. Extrait de la revue Sciences Humaines n° 46.