ACI – Risques Naturels et Changement Climatique Volet Changement Climatique Projet Changement Climatique et Cryosphère (C3) Rapport final de projet, 2004-2007 Correspondant projet: Genthon Christophe Tél : 4 76 82 42 15 Fax : 4 76 82 42 01 E-mail : [email protected] Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, UMR 5183 54 Rue Molière, BP96 1 38402 Saint Martin d’Hères Cedex 2 Rappel / résumé du projet, participants, et structure du rapport 3 Rappel résumé du projet: Quelles sont les caractéristiques de la variabilité et du changement climatique dans les régions de cryosphère? Comment exploiter les propriétés de détection et d'enregistrement de signaux de changement climatique de la cryosphère? Quel est le rôle de la cryosphère dans cette variabilité et ce changement, et peuton identifier et quantifier les rétroactions à l'oeuvre et les « risques » climatiques qu'elles posent? Quels sont les défauts liés à la cryosphère, des modèles actuellement mis en oeuvre pour l'analyse et la prévision climatique? Quelle est la réponse de la cryosphère au changement climatique en cours et à venir, qui pourra avoir des conséquences sur l'environnement et les sociétés? Ces questions, relatives aux relations entre climat et cryosphère dans un contexte de changement climatique, sont celles qui ont été abordées conjointement par 8 laboratoires français et un institut belge dans le cadre du projet C3. La cryosphère reste en effet une composante du système climatique trop mal connue, et une source d'incertitude trop importante dans les modèles de climat actuels. Ce constat est en particulier posé par le Programme Mondial de Recherches sur le Climat (PMRC), et il motive le programme international CliC (Climate and Cryosphère) récemment mis en place par le PMRC. Le projet rassemble des compétences permettant d'aborder les composantes essentielles de la cryosphère (neige, glaciers, calottes polaires, glace de mer, gel de sol), par des méthodes complémentaires (mesures glaciologiques et météorologiques de terrain, analyses glaciologiques de laboratoire, télédétection spatiale, analyses de données, modélisation multi-échelle). Il s'articule autour de 3 volets, marqués par des objectifs dont l'interdépendance est importante, et qui visent directement les questions soulevées au début de ce résumé : 1. Documentation de la variabilité climatique (1-1000 ans), et du changement depuis le pré-industriel, en exploitant les propriétés d'enregistrement de la cryosphère, et les modèles 2. Prévisions climatiques en régions de cryosphère, réponse de celle-ci, et rétroactions 3. Processus physiques d'interactions climat/cryosphère, paramétrisations et amélioration des modèles Le projet aborde donc 2 des 3 domaines d'étude ciblés de l'ACI Risques Naturels et Changement Climatique : Nature et mécanismes de la variabilité climatique; Changement du climat global. De plus, il accompagne, pour les aspects cryosphériques, des projets proposés par ailleurs par la communauté nationale (projet MC2 de la même ACI; initiative nationale ESCRIME de prévision du changement climatique, voir par exemple Salas et Genthon (2006) pour des aspects cryosphériques polaires de cette initiative) et internationale (Europe: projet ENSEMBLES), pour l'étude du changement climatique global. Les 3 volets du projet étant menés en parallèle, les résultats obtenus se sont échelonné régulièrement au long des 3 années du projet pour: • Une meilleure documentation de l'état moyen et de la variabilité récente (1-1000 ans) de, et en région de, cryosphère; • Une quantification des relations climat-cryosphère à l'échelle locale et globale, permettant l'interprétation des observations en termes climatiques; • L'étude et modélisation des processus physiques à l'oeuvre dans ces relations (hydrologie glaciaire, composantes du bilan de masse, d'énergie...), devant déboucher sur la mise à disposition de modèles (échelle locale /régionale) et de paramétrisations (modèles globaux en particulier) optimisées pour les régions de cryosphère; • Une évaluation de la réponse climatique de la cryosphère aux scénarios anthropiques simulés dans le cadre d'autres projets (projet MC2 de la même ACI et scénarios IPCC 2007) ; • Ce qui implique la mise en oeuvre de modèles et de méthodes de régionalisation adaptées aux échelles des différentes formes de la cryosphère (zoom numérique des modèles globaux et modèles régionaux sur les calottes polaire, anomalies et analogues sur les glaciers, par exemple). 4 • Et également, la modélisation de la réponse dynamique interne de certaines formes de cryosphère (écoulement des glaciers de montagnes, des calottes de glace); • Une synthèse et donc meilleure visibilité des activités, relativement dispersées, de la communauté française (et du rôle essentiel du partenaire belge) sur les relations climat-cryosphère dans le contexte du changement climatique. Les mots-clé du projet sont : Cryosphère, climat, mesures de terrain, télédétection satellitale, modélisation numérique, prévisions. Liste des personnes et des laboratoires ayant contribué au projet : Nom Statut Unité d'accueil Institut / Programme PR2 UJF LGGE CNRS/UJF Gallée H. DR2 CNRS LGGE CNRS/UJF Genthon C. DR2 CNRS LGGE CNRS/UJF Gential L. Doctorant LGGE CNRS/UJF Gerbaux M. Doctorant LGGE CNRS/UJF Krinner G. CR1 CNRS LGGE CNRS/UJF Le Meur E. Maître de Conférences LGGE CNRS/UJF Magand O. IE2 CNRS LGGE CNRS/UJF Mialon A. Doctorant LGGE CNRS/UJF Peyaud V. Doctorant LGGE CNRS/UJF CR1 CNRS LGGE CNRS/UJF Sacchettini M. IR2 UJF LGGE CNRS/UJF Sturm K. Doctorant LGGE CNRS/UJF Vincent C. IR2 CNRS LGGE CNRS/UJF Weiss J. CR1 CNRS LGGE CNRS/UJF Khorostianov D. Post-Doc LGGE ENSEMBLES Cattani O. Ing. CEA LSCE CEA/CNRS Falourd S. Techn. CEA LSCE CEA/CNRS Hoffmann G. Chercheur CEA LSCE CEA/CNRS Masson-Delmotte V. Chercheur CEA LSCE CEA/CNRS Ing. CEA LSCE CEA/CNRS Fily M. Ritz C. Stievenard M. 5 Nom Statut Unité d'accueil Institut / Programme Arnaud Y. CR1 IRD LGGE IRD/GREATICE Francou B. DR2 IRD LGGE IRD/GREATICE Ginot P. CR2 IRD LGGE IRD/GREATICE Wagnon P. CR2 IRD LGGE IRD/GREATICE Vimeux F. CR2 IRD LSCE IRD/GREATICE Etchevers P. Ing. Météo CEN Météo-France Tech. Météo GMGEC Météo-France Salas y Melia D. Ing. Météo GMGEC Météo-France van Coppenolle M. Doctorant ASTR U. Louvain La Neuve Driesschaert E. Doctorante ASTR U. Louvain La Neuve Fettweis X. Doctorant ASTR U. Louvain La Neuve Fichefet T. Chercheur FNRS ASTR U. Louvain La Neuve Goosse H. Chercheur FNRS ASTR U. Louvain La Neuve Prof UCL ASTR U. Louvain La Neuve Remy F. DR2 CNRS LEGOS CNRS/CNES Legresy B. CR2 CNRS LEGOS CNRS/CNES Moreau A. Doctorante LEGOS CNRS/CNES LERMA Obs. Paris Rascol A. van Ypersele J.P. Prigent C. CR1 CNRS Cordisco E. Doctorant LERMA Obs. Paris Aires P. CR1 CNRS LMD CNRS/X Plan du rapport final 2004-2007 Ce rapport suit la structure en 3 volets de la proposition C3 initiale : Volet 1 : Documentation de la variabilité climatique (1-1000 ans), et du changement depuis le préindustriel, en exploitant les propriétés d'enregistrement de la cryosphère, et les modèles 6 Volet 2 : Prévisions climatiques en régions de cryosphère, réponse de celle-ci, et rétroactions Volet 3 : Processus physiques d'interactions climat/cryosphère, paramétrisations et amélioration des modèles Tous ces volets ont effectivement été abordés, essentiellement selon le schéma initialement proposé. Près de 80 publications en relation avec le programme sont parues ou actuellement sous presse, 7 sont actuellement soumises pour publication, et 4 thèses ont été soutenues. Les publications, thèses et participations à congrès / colloques sont listées en fin de ce rapport. 7 Volet 1 : Documentation de la variabilité climatique (1-1000 ans), et du changement depuis le pré-industriel, en exploitant les propriétés d'enregistrement de la cryosphère, et les modèles 8 1-a) Antarctique 1-a-i) Stations d’observation : Observatoire GLACIOCLIM-SAMBA L'observation du bilan de masse de surface de l'Antarctique est actuellement insuffisante pour évaluer sa variabilité et ses tendances éventuelles, et pour vérifier et valider la surveillance satellitales qui en est faite et les modèles climatiques utilisés pour la prédire (ISMASS 2004). GLACIOCLIM-SAMBA (SurfAce Mass Balance of Antarctica, http://lgge.obs.ujfgrenoble.fr/glacioclim/samba) est la composante Antarctique de l'ORE GLACIOCLIM, dont l'objectif est la surveillance du bilan de masse des glaciers et l'étude des relations au climat. A la différence des autres composantes (Alpes et Andes), le volet SAMBA était inexistant lors de la création de l'ORE ainsi qu'au démarrage du projet C3. A l'issue du projet et de 3 saisons de terrain Antarctique, Un ensemble de réseaux et de lignes de balises d'accumulation et d'ablation a été mis en place et régulièrement relevé, dont une ligne de 150 km échantillonnant le contraste côte/plateau. Une station météorologique automatique a été également déployée au site côtier de Cap Prud'homme. Ces différents volets de l'observatoire sont décrit plus amplement sur le site internet qui lui est dédié. Par ailleurs, l'observatoire a contribué (entretien, complémentation du jeu d'instruments) au fonctionnement des stations météorologiques d'autres groupes (AMRC, partenaire italien) en Terre Adélie et à la station Concordia. Enfin, de nouveaux instruments pour l'observation glaciométéorologique en Antarctique (spectronivomètre, sondes hauteur de neige, albédomètre photographique) ont été mis en test. Accumulation neigeuse relevée le long du transect, de janvier 2004 à janvier 2005 (en rouge) et de janvier 2005 à janvier 2006 (en noir). Les données d'accumulation le long de la ligne de balises indiquent une variabilité spatiale et temporelle très élevée figure ci-dessus). Ponctuellement accessible en hiver, le réseau d'ablation de Cap Prudhomme a pu 9 être relevé à plusieurs reprises hors été par des hivernants de la station de Dumont d'Urville. Les données confirment une grande variabilité temporelle. Les composantes du bilan de masse côtier, y compris l'érosion par le vent, la fonte et l'évaporation, ont été étudiées par modélisation locale (Genthon et al. 2007). L'érosion éolienne des précipitations déposées est clairement un terme majeur. Ces résultats sont encore très préliminaires et, dans un contexte d'observatoire, il est délicat de tirer des conclusions fermes sur la base de 3 années d'observation seulement. Il reste que la partie Antarctique de l'ORE GLACIOCLIM, inexistante il y a 3 ans, est maintenant une réalité. 1-a-ii) Raids scientifiques : Campagnes ITASE L’étude de l’accumulation nette de la neige constitue une des composantes principales de l’étude des bilans de masse des calottes polaires. Les taux d’accumulation sont obtenus par l’intermédiaire de nombreuses méthodes (étude stratigraphique des carottes de glace, mesures de balises, carottages et analyses chimiques, mesures satellitales…), mais en raison de nombreux « trous » dans la couverture d’observation du paramètre accumulation, les valeurs de bilan de masse de l’Antarctique actuellement citées restent entachées de nombreuses incertitudes, tant sur la variabilité spatiale que temporelle de ce paramètre. En vue d’approfondir nos connaissances actuelles sur la thématique de l’accumulation de neige et bilan de masse dans le secteur polaire Antarctique, l’Italie et la France ont réalisé plusieurs campagnes de terrain (cf figure) en Terres de Wilkes et de Victoria (zone Nord) dans le cadre du programme ITASE (International TransAntarctic Scientific Expedition) et de la collaboration franco-italienne (station Concordia). Carte du bassin de drainage Nord et Est de Dôme C (Antarctique de l’Est – Terres de Wilkes), avec les lignes d’écoulement, et visualisation des sites de carottages réalisés dans le secteur depuis 1959-1960 (Magand et al., 2004). 10 Un ou plusieurs scientifique(s) français du LGGE, ont participé à chacune des différentes campagnes de terrain préalablement citées. L’implication du laboratoire s’est notamment traduite par l’étude de la mesure des taux d’accumulation de neige, via l’outil radiochimique, dans les différents sites étudiés (Frezzotti et al., 2004 ; Magand et al., 2004 ; Frezzotti et al., 2005). L’ensemble des carottes récoltées au cours de ces campagnes (48 carottes) a été analysé en comptage Béta global et spectrométrie Gamma au LGGE, afin d’estimer les taux d’accumulation de neige. L’ensemble de ces analyses permet d’obtenir des profils d’évolution des retombées radioactives entre 1955 et 1980 et, via les horizons repères de retombées maximales (1955 et 1965), d’établir une cartographie de l’évolution de l’accumulation (variabilité spatiale et temporelle du bilan de masse en surface sur les 50 dernières années) dans les zones d’étude concernées. L’intégration de données radars et satellites (morphologie de surface) aux données d’accumulation précédemment citées, nous permettent entre autres d’évaluer la variabilité spatiale de l’accumulation de surface, et d’étudier les processus en partie responsables des variabilités observées (Frezzotti et al., 2004 ; Magand et al., 2004 ; Frezzotti et al., 2005). Il ressort notamment l’impact considérable du phénomène de sublimation induit par le vent, sur les précipitations de neige, donc sur la distribution et la variabilité du bilan de masse de surface, dans une secteur ou 90% des surfaces apparaissent comme fortement ventées. Ces travaux montrent également l’intérêt grandissant de l’emploi et le couplage de nouvelles technologiques (type radar à neige ou GPR) avec les études de forages afin de mieux appréhender les problèmes de représentativité spatiale des valeurs observées sur l’ensemble du territoire Antarctique. En parallèle, les équipes italiennes ont analysé la composition chimique (anions et cations) de ces mêmes carottes afin d’étudier la répartition des dépôts de sels marins (Na+, Mg2+, Cl-) et des composés biogéniques soufrés (MSA, nssSO42-) sur les secteurs côtiers et le plateau Antarctique en terre de Wilkes et de Victoria (zone Nord). Par le biais de l’étude de la distribution spatiale des impuretés chimiques dans la neige, ces travaux permettent de mieux appréhender le type de masses d’air, et donc de sources marines, affectant les différentes zones du secteur d’étude, ainsi que les processus de transport, de dépôt et de post-dépôt des différents composés chimiques. Les principaux résultats de ces campagnes (Frezzotti et al, 2004 ; Magand et al., 2004 ; Frezzotti et al., 2005 ) concernent : 1. Une meilleure compréhension des gradients climatiques et environnementaux latitudinaux et longitudinaux rencontrés au cours des 200-1000 dernières années dans le bassin de drainage de Dôme C et des territoires Nord de Victoria; 2. Une meilleure appréhension des processus résultant de l’interaction (redistribution par transport, sublimation, métamorphisme..) entre les couches de surface de l’atmosphère et la neige déposée, affectant ainsi la distribution de l’accumulation ; 3. Une meilleure appréhension de l’origine des masses d’air, des processus de transport et de dépôts, permettant entre autres, une meilleure interprétation des signaux enregistrés dans les carottes de glace ; 4. L’établissement de cartes précises de distribution de l’accumulation (bilan de masse de surface) dans ce secteur de l’Antarctique (Ddu – TNB – DC), ainsi que de cartes de dépôts des composés chimiques (aérosols marins, composés biogéniques soufrés). 1-a-iii) Carottages • Mesure du deutérium de la neige de surface de 104 échantillons de raids entre Terra Nova Bay et Dome C (raids ITASE 2001-2002): Ces échantillons correspondent à des échantillons provenant des transects Ouest-Est D66-GV5 et Nord-Sud M4-GV7. La composition isotopique en oxygène a été analysée par nos collègues italiens de l'université de Trieste. Les analyses des résultats sont en cours (étude des variations de l'excès en deutérium en fonction de l'altitude, la distance à la côte des sites). Ils semblent très complémentaires des analyses réalisées en 2004 sur les raids 1998-1999. • Mesure d'un profil de deutérium le long d'un forage de surface réalisé au Dôme A (132 mesures réalisées 11 chaque mètre): Conformément à l'altitude et la température locale, le site se caractérise par une valeur moyenne de -450 pour mille, correspondant aux valeurs isotopiques moyennes les plus basses actuelles connues. • Réalisation d'une base de données de teneur isotopique de la neige de surface en Antarctique: Cette base de donnée combine les données isotopiques acquises au LSCE et celles issues d'autres forages (Antarctique de l'Ouest, Péninsule Antarctique, secteur de Dronning Maud Land). Ce travail devrait donner lieu à un article à soumettre en 2007. Les résultats disponibles suggèrent un changement net d'excès en deutérium en région côtière (sous 2000 m d'altitude) par rapport aux régions antarctiques situées à plus de 2000 m d'altitude. Une comparaison entre ces indications et l'advection d'humidité simulée par les modèles atmosphériques permettrait d'identifier les causes de ce seuil à 2000 mètres d'altitude. 1-a-iv) Télédétection : 1/ Evolution des zones de fonte Antarctique L’émissivité de la neige dans le domaine des micro-ondes de fréquences comprises entre quelques GHz et quelques dizaines de GHz est extrêmement sensible à la présence d’eau liquide. Des radiomètres micro-ondes aux fréquences appropriées, embarqués sur satellites à orbite polaire, permettent donc de détecter la présence ou non d’eau liquide en surface des calottes de glace, même en très petite quantité. De tels radiomètres existent depuis plus de 20 ans et permettent une estimation, non seulement des surfaces et périodes annuelles affectées par l’eau liquide en moyenne pour le climat actuel, mais aussi de la variabilité interannuelle et de la tendance récente. Un algorithme de détection du signal de fonte en Antarctique à partir des données des capteurs SMMR puis SSM/I (canal 19 GHz), en activité depuis la fin de l’année 1979, a été développé au laboratoire. Nous avons récemment montré et corrigé l’influence de l’heure de l’acquisition des températures de brillance. Une base de données a été créée pour mettre à la disposition de tous l’ensemble de nos résultats (http://wwwlgge.obs.ujf-grenoble.fr/~picard/melting/index.php). La figure ci-dessous montre que, en moyenne, la fonte Antarctique affecte une partie substantielle des régions côtières pour un nombre de jours par an variable. Encore plus intéressant, l’examen de la série annuelle montre, d’une part une variabilité interannuelle forte, d’autre part une tendance significative sur les 20 dernières années du XXème siècle. Les variations inter-annuelles ont été explorées par analyse spectrale et par corrélation avec des indices de variabilité connus. Ni la signature de l’onde circumpolaire Antarctique, ni celle de l'oscillation Sud (ENSO) n’ont été clairement mises en évidence. Par contre, une forte composante d’oscillation Antarctique a été trouvée, suggérant une relation entre la distribution en masse de l’atmosphère entre les moyennes et hautes latitudes Sud et le bilan de l’énergie de surface d’été. Cette relation reste à explorer plus avant, en particulier par modélisation. La tendance de la fonte Antarctique sur 20 ans, entre 1980 et 2000, est à la décroissance. Ce résultat peut paraître incompatible avec un réchauffement climatique souvent évoqué en Antarctique. En fait, le signal de réchauffement climatique Antarctique le plus clair concerne la Péninsule, une région où, justement, l’indice de fonte est en légère croissance. Ailleurs, plusieurs stations indiquent un refroidissement sur les 20 dernières années (alors que, sur 50 ans, la tendance est plutôt au réchauffement). Depuis 2000 une inversion des tendances s’opère liée au SAM (Southern Antarctic Modulation). Ces résultats reflètent la complexité du climat Antarctique. Notre signal de fonte par télédétection apporte une contrainte supplémentaire à la compréhension du système climatique Antarctique. Reférences pour ce travail: Picard et Fily, 2006; Picard et al., 2007. 12 (En haut) Durée moyenne de la fonte estivale Antarctique (en jour). (En bas) Evolution interannuelle de la fonte sur la période 1980-99 (en ordonnée : 106 jours.km2). L’indice utilisé ici est le cumul sur un été des surfaces de fonte observées chaque jour. 2/ Bilans de masse En ce qui concerne le bilan de masse de l'Antarctique, nous avons montré à partir des données altimétriques d'ERS2 que seule la partie Ouest diminuait sensiblement de volume (Legrésy et Rémy, 2007). La partie Est semble elle, relativement constante même si localement des zones s'épaississent et d'autres s'amincissent. Des fonctions de covariance à partir de notre modèle stochastique d'évolution de l'Antarctique vont nous permettent d'extraire le signal potentiellement dû à la variabilité spatio-temporelle de l'accumulation de neige. L'apport de l'altimétrie bi-fréquence du satellite Envisat permet aussi de mieux appréhender et caractériser le manteau neigeux et ainsi d'améliorer la précision de la mesure (Legrésy et al. 2005, Rémy et Frezzotti, 2006). Ces données sont en relatif bon accord avec les mesures issues des séries temporelles de gravimétrie obtenues par Grace. L’ouest du continent perd de la masse, l’est en gagne très légèrement (Ramillien et al., 2006). Nous avons aussi, pour l'Antarctique (Llubes et al., 2005) ainsi que pour le Vatnajokull (Berthier et al. 2005), montré l'importance des systèmes hydrologiques sous-glaciaires. Les deux études nous permettent de proposer des valeurs du flux géothermique pour l'Antarctique et l'Islande. Pour l'Antarctique, la fonte basale et le drainage sous-glaciaire doivent être pris en compte dans le bilan de masse de certaines régions. 13 1-a-v) Modèles et comparaisons modèles/données Circulation atmosphérique, hydrologie et climat En termes de variabilité interannuelle Antarctique, ERA-40 est une source d'information cruciale. Toutefois, le contrôle par les observations est très limité en dans cette région avant l'avènement des satellites météorologiques. Sans contrôle, la variabilité est celle du modèle du CEPMMT qui, au moins chronologiquement, ne coïncide pas avec celle du monde réel. L'importance de ce contrôle est particulièrement difficile à établir en ce qui concerne l'hydrologie puisque l'observation des précipitations est quasiment inexistante en Antarctique à cause des difficultés techniques que cette mesure implique. La contribution des Etats Unis au programme ITASE a permis d'obtenir un jeu de carottes en Antarctique de l'ouest à partir desquelles il a été possible d'estimer l'accumulation annuelle et ses variations interannuelles sur des périodes coïncidant avec celle couverte par ERA-40. La comparaison des observations et des analyses (en fait, des prévisions à court terme pour l'hydrologie) indique indiscutablement un changement de comportement des analyses à la fin des années 70 (figure ci-dessous), lorsque les satellites météorologiques performants ont été mis en oeuvre. Non seulement la variabilité interannuelle, mais aussi l'accumulation moyenne sont considérablement mieux reproduits à partir de cette époque (Genthon et al. 2005). Même pour la période récente, la corrélation est imparfaite, ce qui reflète en particulier l'incohérence spatiale de la comparaison d'un résultat de modèle (significatif à grande échelle) avec une observation ponctuelle (significative, au pire, de l'échelle spatiale d'une carotte, soit quelques cm!). La nécessité d'une surveillance par balises et d'une reconstruction par carottages, à des échelles spatiales compatibles avec celles des modèles numériques et des traces des instruments satellitaux, du bilan de masse de l'Antarctique préside d'ailleurs certains des aspects de la conception de l'observatoire GLACIOCLIM-SAMBA (voir plus haut). Accumulation annuelle mesurées dans 2 carottes ITASE et résultat ERA-40 correspondant. Les lignes pointillées en sont les lissages sur 5 ans. (d'après Genthon et al. 2005). Au delà de la caractérisation et de l'amélioration de la signification spatiale des mesures de terrain, l'échelle de corrélation spatiale de la variabilité temporelle des précipitations Antarctiques est un élément important de l'estimation de la tendance actuelle du bilan de masse de l'Antarctique par télédétection satellitale. La réponse de la dynamique de l'écoulement glaciaire à des fluctuations aléatoires du bilan de masse en surface peut obscurcir une tendance éventuelle dans une mesure dépendant des caractéristiques spatio-temporelles des fluctuations. Ces caractéristiques spatio-temporelles peuvent être estimées à partir des modèles climatiques et 14 des analyses météorologiques (Genthon, 2004), du moins jusqu'aux échelles effectivement résolues par ces modèles. D'après ces modèles, en faisant donc abstraction du « bruit » de petite échelle, la variabilité interannuelle des précipitations est en moyenne corrélée jusqu'à des distances de 500 km en moyenne, mais avec des disparités spatiales importantes. La région du monde soumise à la plus grande variabilité climatique interannuelle (e.g. en terme de pression de surface) est l'Antarctique de l'Ouest, où se conjuguent en particulier l'influence du SAM (Southern Annular Mode) et de la propagation du signal d'ENSO depuis le Pacifique tropical. C'est également dans cette région que des tendances climatiques et glaciaires marquées ont été observées au cours des années et décennies récentes (réchauffement péninsulaire, débâcle du shelf de Larsen, dynamique du glacier de Pine Island). Les analyses météorologiques et les modèles climatiques suggèrent qu'environ 25% de la variabilité naturelle des précipitations d'Antarctique de l'Ouest est associée au SAM et et à l'ENSO (Genthon 2005). Cependant, si l'influence du SAM paraît plutôt stable, celle de l'ENSO paraît intermittente comme si l'efficacité du pont atmosphérique permettant la propagation méridienne des perturbations de circulation associée à ENSO était modulée (Genthon 2005). La signature de cette modulation dans les carottes de glace est probablement présente mais difficile à isoler à cause de la faible signification spatiale de ce type d'observation (Genthon et al. 2005). Comprendre la nature de cette modulation, si elle est confirmée, est l'une des pièces du puzzle encore très incomplet décrivant la relation de l'Antarctique, et en particulier de ses précipitations et son bilan de masse de surface, avec le reste du monde. Comparaison des modèles aux observations de terrain, analyse critique des données de terrain De 1950 à nos jours, plus de 2000 données terrain de mesure de taux nets d’accumulation de la neige ont été récoltées dans le cadre de multiples programmes et raids scientifiques, archivées et utilisées afin d’évaluer les évolutions spatiales et temporelles des bilans de masse de surface dans les différents bassins versants Antarctiques. Les compilations de données terrain de bilan de masse, incrémentées au fur et à mesure de la réalisation des raids, permettent notamment d’évaluer la capacité des modèles climatiques et météorologiques de simuler le bilan de masse actuel du continent Antarctique et de ses différents secteurs, en vue de mieux appréhender ses évolutions futures (Krinner et al, 2007, Krinner et al., soumis). La confiance accordée aux prédictions des modèles d’estimation du bilan de masse Antarctique en réponse aux changements climatiques dépend de la capacité du modèle à reproduire les données terrain de bilan de masse des périodes passées et présentes. Or, des études récentes ont montré de nombreux biais entre les cartes Antarctiques de bilan de masse, construites par interpolation des données obtenues sur le terrain, et les résultats de simulation des modèles climatiques et météorologiques. Une des raisons de l’existence de ces biais systématiques entre données terrain et modèles peut être associée à la qualité même des données de bilan de masse de surface collectées en Antarctique. Les problèmes affectant les données peuvent être de plusieurs ordres et concerner à la fois la représentativité spatiale et temporelle de la mesure dans le secteur d’étude ainsi que les incertitudes liées à cette même mesure. Une source potentielle d’erreurs (et donc d’incertitudes) est notamment la qualité et la confiance pouvant être accordée aux différentes et multiples méthodes de mesures du bilan de masse du surface directement sur le terrain. Les absences ou insuffisances d’informations qualitatives liées à une donnée de bilan de masse dans les archives disponibles au sein de la communauté internationale peuvent également être à l’origine d’erreurs importantes dans « l’interprétation et l’utilisation » de la donnée bilan de masse considérée. Les sources potentielles d’erreurs pouvant affecter les bases de données de bilans de masse de surface, classiquement utilisées pour la validation des modèles climatiques et météorologique au sein de la communauté internationale, ont été évaluées Une liste de critères de contrôle qualité a été établie, permettant d’obtenir de nouvelles bases de données de bilan de masse de surface susceptibles d’être entachées d’erreurs et d’incertitudes réduites par rapport aux compilations originales. Ces travaux ont permis de construire une nouvelle et importante base de données faisant état de l’ensemble des valeurs de bilans de masse de surface déjà existantes, accumulées dans le secteur de l’Antarctique de l’Est (90-180°E), depuis les années 50 à nos jours et «respectant» la liste de critères «contrôle-qualité» préalablement définie. L’important travail de recherche et collecte bibliographiques associés à cette base de données, ainsi que le tri et classement de ces mêmes données effectués selon des critères de qualité spécifiquement définis, font l’objet d’un article 15 actuellement sous presse (Magand et al. 2007). Il est convenu que la nouvelle base de données, proposée dans cet article, devra être entretenue régulièrement en fonction des résultats obtenus par la communauté scientifique travaillant dans ce secteur. En parallèle de ces travaux, et sur invitation de la revue Review of Geophysics, nous avons contribué à la rédaction d’un article critique sur la description de l’état actuel des connaissances sur les méthodes de mesure des bilans de masse en Antarctique de l’Est. Cet article, faisant appel à un ensemble conséquent de connaissances physiques et chimiques permettant la détermination des bilans de masse, rassemble de nombreuses personnalités de la communauté glaciologique (Eisen et al., 2007). Enfin, la base de données « contrôlées » a notamment été utilisée pour la validation d’un modèle de circulation générale développé en partie au laboratoire de Glaciologie (modèle LMDZ4) et l’estimation des changements de bilan de masse futurs sur le continent Antarctique (Krinner et al. 2007, Krinner et al., soumis). 16 1-b) Hautes latitudes Nord 1-b-i) Télédétection et climat des hautes latitudes continentales Nord Les scénarios actuels d’évolution du climat prédisent que le réchauffement climatique sera prépondérant aux hautes latitudes Nord. Les zones de pergélisol, qui occupent près de 25% des terres émergées, pourraient être parmi les plus affectées : une augmentation de la température entraînerait la fonte de grandes zones avec des implications importantes dans les domaines de l’hydrologie, des gaz à effet de serre, de l’écologie et des infrastructures économiques. La diminution des zones de pergélisol entraînerait par exemple une augmentation des zones humides de production de méthane. Une évolution du climat peut également avoir un impact important sur la couverture de neige et le gel des lacs qui, en retour, affectent la climatologie locale mais aussi les ressources en eau. Par exemple, les ressources énergétiques du Québec reposent presque exclusivement sur l’hydroélectricité. Le suivi de l’évolution des hautes latitudes Nord est doublement important en tant qu’indicateur des changements climatiques récents et en tant que composante indispensable à la prédiction de son évolution. Les mesures in situ pour le suivi et l’évolution des zones de pergélisol ont une densité faible. Seule la télédétection permet de spatialiser correctement ces informations ponctuelles. Nous utilisons les observations spatiales pour mesurer, cartographier et suivre l’évolution du couvert nival et du bilan thermique de surface estival dans les zones de pergélisol couvertes par la toundra ou la forêt. Ce travail s’appuie principalement sur les données obtenues par les radiomètres micro-ondes (SMMR, SSMI). Ces données permettent d’avoir une information sur la température de surface et, en particulier, sur la détection et le suivi des zones humides, et sur la couverture de neige. L’avantage des données micro-ondes est multiple : longues séries de données (bientôt 30 ans), couverture globale tous les jours dans les hautes latitudes, faible dépendance aux conditions atmosphériques (nuages). Temperature (°C) La première étape a été la mise au point d’une méthode de détermination de la température de surface à partir des températures de brillance micro-onde (figure ci-dessous) avec une méthode basée sur une relation entre les émissivités en polarisations horizontale et verticale. Cette méthode a été validée sur plusieurs sites au Canada. 30 Inuvik 25 20 15 10 5 0 -5 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250 Day 1996 Inuvik (Canada), été 1996 : température de l’air (ligne continue) et température de surface déduite des températures de brillance micro-onde à 19 GHz (cercles) et 37 GHz (points noirs). 17 Couverture neigeuse Comme cette première relation n’est valable que quand le sol est sans neige, une méthode, utilisant les mêmes capteurs a été utilisée pour détecter la neige. Elle est basée sur un seuillage adaptatif par pixel et par année d’un rapport de températures de brillance à 19 et 37 GHz. L’avantage de cette méthode par rapport aux bases de données existantes est d’avoir une meilleure résolution spatiale et temporelle car les capteurs optiques sont limités par la présence de nuages. Cette méthode a été validée avec les bases existantes et des données de station. Elle s’avère efficace aux très hautes latitudes mais est par contre déficiente en zones de forts reliefs. Ainsi nous disposons de la variation de la couverture de neige sur tout le Canada/Alaska et l’Eurasie du Nord depuis 1987 (Mialon et al., 2005). Cartographie moyenne (1988-2001) de la fraction d’eau libre par pixel (%) sur le Canada/Alaska et le Nord de l’Eurasie avec un zoom sur chaque zone (bassin de l’Ob en Russie). Les zones en blanc sont masquées (océans, grands lacs, pixels mixtes, calottes polaires) Zones humides La température de brillance est très sensible à la présence d’eau libre en surface car l’émissivité de l’eau est faible par rapport à toutes les autres surfaces. La méthode que nous avons développée nous permet ainsi de cartographier également l’étendue des surfaces inondées (petits lacs, étendues d’eau peu profonde etc.) et d’étudier leur variation à l’échelle saisonnière et interannuelle. Les résultats montrent une étendue maximum des zones humides de Juillet à Septembre avec une durée plus grande que celles publiées jusqu’à présent. Cette conclusion est importante pour les études portant sur l’activité des zones humides en terme de production de méthane par exemple (figure ci-dessus). Sur la période 1988-2001, l’accroissement des zones inondées en Alaska/Canada est principalement lié à une diminution de la couverture neigeuse. Sur le Bassin de l’Ob, l’augmentation de l’étendue des zones humides est liée à la diminution de la couverture neigeuse mais aussi à une augmentation du débit de l’Ob sur la même période (Mialon et al., 2005b). 18 Température de surface L’inconvénient des mesures de la température de surface par satellite est leur faible résolution temporelle (2 mesures par jour maximum) à des heures qui varient en fonction du capteur, du pixel, de la dérive des orbites, etc. Pour pallier à cet inconvénient nous utilisons les données des réanalyses ERA40 pour forcer un cycle diurne des températures de surface. Ainsi, nous pouvons interpoler « physiquement » les températures prises à des heures différentes et obtenir des produits normalisés qui seuls permettent une étude des tendances et de la variabilité interannuelle. Les résultats (Mialon et al., 2007) montrent une augmentation rapide et récente (1992-2002) des températures au Canada (+ 0.09 ± 0.04 °C/an) et un refroidissement en Alaska (-0.15 ± 0.05 °C/an). Les effets de l’éruption du Mont Pinatubo et de El Nino sont également quantifiés ainsi qu’une diminution des zones de pergélisol de 7% pendant la même période. 1-b-ii) Télédétection de la neige Nous avons analysé la sensibilité des observations micoondes passives entre 19 et 85 GHz, pour toute l’hémisphère nord, pour un hiver. Les émissivités microondes sont tout d’abord calculées, à partir des observations SSM/I, en supprimant toutes les variabilités liées à l’atmosphère et aux nuages. L’analyse inclut le 85 GHz , souvent évité à cause de sa sensibilité à l’atmosphère. De plus, des observations satellites microondes actives (diffusiomètre d’ERS) et visibles (AVHRR) ont été analysées, en coïncidence spatiale et temporelle, afin de mieux comprendre les observations microondes passives. Les observations satellites sont comparées de façon systématique aux mesures d’épaisseur de neige dans 2784 stations en Amérique du Nord et en Eurasie, pour l’hiver 1993-1994. Les observations microondes passives hautes fréquences (85 GHz) sont très sensibles à la présence de neige sur le sol, même pour de faibles épaisseurs. Les observations microondes sont très sensibles à la présence de végétation, à la topographie, au métamorphisme dans la neige. La sensibilité au métamorphisme des cristaux de neige est d’autant plus grande que la fréquence microonde est élevée et donc plus sujette à la diffusion. A l’échelle globale, aucune des observations satellites étudiées ne montre une corrélation forte avec l’épaisseur de la neige et donc l’inversion des épaisseurs de neige à partir des observations satellites est difficile. Par contre, à l’échelle locale, les observations satellites montrent une bonne corrélation avec les épaisseurs de neige mesurées in situ. Un algorithme d’inversion basé sur les statistiques locales a donc été développé. Il combine les observations satellites, les mesures in situ et les sorties d’un modèle de surface (ISBA). De plus, le fait d’utiliser des observations de différents capteurs (SSMI, ERS, AVHRR) limite aussi les ambiguïtés et permet une meilleure inversion. La méthodologie d’inversion employée est compatible avec une stratégie d’assimilation de ces observations satellites dans les modèles de surface. De plus, les microondes permettent aussi de mieux caractériser les propriétés physiques et microphysiques de la neige. Une classification des observations satellites est proposée et montre clairement la possibilité de classifier les types de neige, avec une grande sensibilité au métamorphisme. Elle est comparée avec une classification classique de la neige. Ces travaux ont en parti été effectués dans le cadre de la thèse d’Emmanuel Cordisco (Cordisco 2005). Ils sont présentés dans un article soumis au Journal of Géophysical Research (Cordisco et al . 2006). Emmanuel Cordisco a soutenu sa thèse sur ce sujet, le 4/11/2005 (thèse Paris VI cofinancée par le CNES et ASTRIUM). 19 1-c) Glaciers des Andes, des Alpes et de l’Himalaya 1-c-i) Observations de surface : a - Alpes La partie alpine des observations de l'ORE Glacioclim correspond au service d'observation des glaciers Alpins (suivi pérenne de 4 glaciers des Alpes à savoir les glaciers de Saint Sorlin, Argentière, Mer de Glace et Gébroulaz) auquel a été ajouté le glacier de Sarennes (une des plus longues séries temporelles de bilan de masse des Alpes). Ces observations se regroupent en 2 catégories; (i) mesure bisannuelles des bilans de masse et (ii) variations des propriétés géométriques (longueur, épaisseur) et dynamiques (vitesses en surface) de ces glaciers. Ces mesures servent 2 objectifs principaux : • Servir de données en entrée pour les modèles d'écoulement glaciaire (bilans de masse représentant le forçage climatique de ces modèles) et permettre la validation de ces mêmes modèles en comparant leurs résultats aux données de variations géométriques et/ou dynamiques des glaciers (pour plus de détail, voir la rubrique « écoulement des glaciers »). • Utiliser les bilans de masse comme indicateurs climatiques. Le bilan de masse d'un glacier peut se décomposer en un terme hivernal directement représentatif de la précipitation neigeuse et un terme estival correspondant à la fonte de neige ou de glace et traduisant les flux d'énergie en surface. Les mesures bisannuelles offrent l'avantage d'obtenir séparément ces termes hivernaux et estivaux ce qui permet d'affiner la relation entre ces valeurs de bilan et les paramètres climatiques pertinents (terme de précipitaion d'un côté, et valeurs de température, de flux radiatifs et turbulents de l'autre, déduits à partir d'un modèle de bilan énérgétique en surface du glacier). Cette approche a déjà permis de dégager des tendances en termes d'évolution de température troposphérique sur les Alpes au cours des 25 dernières années. Cependant des indéterminations persistent sur les parts respectives des différents flux de chaleur responsables de la très forte augmentation de l'ablation estivale de ces 25 dernières années. Une meilleure interprétation de ces variations de bilans estivaux en termes climatiques nécessite un affinage dans le calcul des différents termes de flux de chaleur. La mesure concomitante d' un maximum de paramètres météorologiques sur les lieux de mesure de ces bilans contribuera à améliorer l'interprétation des bilan de masse glaciaires. L'instrumentation de 2 des glaciers de l'observatoire est réalisée et devrait rapidement permettre d'affiner la relation bilan estivaux/climat. La figure suivante confirme le lien avéré entre les bilans de masse glaciaires et la tendance climatique régionale. Sur cette figure sont représentés les bilans annuels cumulés pour 4 glaciers dispersés sur l'ensemble de l'arc alpin occidental. Bien que montrant des taux de variations de volumes différents (résultant essentiellemnt de différences d'orientation des glaciers), ces 4 courbes montrent des tendances étonnamment synchrones (bien que correspondant à des glaciers distants de plusieurs centaines de km) une fois qu'elles ont été centrées (soustraction du taux moyen pour le glacier de Saint Sorlin). Cette concomitance est le résultat de la réponse commune des glaciers à une même sollicitation climatique. 20 1900 1920 1940 1960 1980 2000 0 C u m u la tiv e m as s b al a n c e (m w .e) A r g e n tie r e -1 0 S t S o rlin -2 0 -3 0 H in te re is f e r n e r -4 0 S aren n e s -5 0 -6 0 C u m u la tiv e c e n t e re d m a ss b a la n c e (m w .e ) G r ie s a) 0 C la r id e n -1 0 -2 0 -3 0 1900 b ) 1920 1940 1960 1980 2000 Evolution de quelques glaciers dans l’ensemble des Alpes, a) bilans de masse cumulés de ces glaciers, b) bilans de masse cumulés centrés et ajustés sur la tendance de St Sorlin. Ces résultats montrent un signal très commun à l’échelle des Alpes au cours des 50 dernières années (adapté de Vincent et al, 2004). b - Andes Glacioclim-Andes : un réseau d’observation opérationnel Les deux premières années du projet C3 ont été mises à profit pour rendre le réseau d’observations Glacioclim-Andes opérationnel. Ce réseau est opérationnel depuis août 2003 pour le Zongo et depuis décembre 2004 pour l’Antizana 15. Ce suivi météorologique se compose de deux stations météorologiques automatiques, une installée sur une moraine hors du glacier et une seconde située à la surface de la zone d’ablation du glacier. Ce dispositif permet de suivre les tendances climatiques de ces régions et en parallèle de comprendre les processus de surface, responsables du fort retrait des glaciers tropicaux observé depuis le début des années 1980. Une meilleure compréhension des processus de surface Depuis 2002, un effort a été entrepris pour comprendre les processus de surface des glaciers tropicaux. A cette fin, nous avons évalué le cycle annuel du bilan d’énergie de ces glaciers à partir des données météorologiques collectées à leur surface. Une particularité importante des glaciers tropicaux concerne le flux de chaleur latente, négatif et fort en saison sèche : le glacier perd de la masse par sublimation une partie de l’année. L’apport principal d’énergie se fait néanmoins sous forme de rayonnement net solaire (S). Or, comme S est en grande partie contrôlé par l’albédo de surface, ce paramètre est fondamental pour expliquer la fonte du glacier. En Bolivie (climat tropical externe), les précipitations sur le glacier sont presque toujours solides. Aussi, si une année est marquée par un déficit de précipitation comme lors des épisodes El Niño, l’albédo de la partie basse du glacier chute et le bilan de masse est très déficitaire. En Equateur (climat tropical interne), l’albédo est plutôt contrôlé par la limite pluie-neige dont l’altitude est régulée par la température de l’air. Ainsi, si la température est anormalement élevée (en relation avec le réchauffement climatique, ou avec les 21 événements El Niño), la limite pluie-neige remonte en altitude laissant une partie avale du glacier recouverte de glace sale d’albédo faible. Ceci favorise la fonte, et le bilan de masse est là aussi très déficitaire. En conclusion, les épisodes El Niño, forts et intenses depuis ces dernières décennies, ont largement contribué au recul prononcé des glaciers tropicaux, à travers l’impact qu’ils ont eu sur l’albédo des parties basses des glaciers [Francou et al., 2004 ; Favier et al., 2004a et 2004b ; Sicart et al., 2005]. De plus, afin d’affiner notre étude des flux turbulents très importants sur les glaciers tropicaux, nous avons entrepris des mesures par corrélation turbulente sur ces glaciers. Ces mesures ont d’abord été menées en collaboration avec l’Université d’Alberysmith (Pays de Galle – R. Essery, et J. Pomeroy) et comme les résultats étaient très prometteurs, nous avons acquis l’appareillage nécessaire (système eddy correlation avec anémomètre sonique, et Hygromètre à Krypton Licor) dans le cadre d’un projet ANR-Jeunes Chercheurs intitulé « Turbulence et Ablation Glaciaire – TAG » regroupant JE Sicart, D Six et P Wagnon. Des campagnes de mesures ont eu lieu sur le glacier Zongo en 2004 et 2005. Les résultats ne sont pour l’instant pas encore publiés, car ils sont encore en cours d’analyse. Enfin, une étude et une modélisation des processus de fonte a été menée sur les couvertures neigeuses des zones non englacées de Bolivie afin de mieux comprendre l’apport hydrologique de ces régions non englacées, et de les comparer aux zones glacées. Les modèles de Météo-France Crocus et ISBA ont été testés, et adaptés aux conditions tropicales, et nous avons montré que les processus advectifs sont les plus importants pour expliquer la fugacité des couvertures neigeuses saisonnières (Lejeune et al., 2007). L’albédo joue aussi un rôle fondamental, comme sur les glaciers. c- Himalaya (Arnaud, Wagnon) Une étude approfondie du recul des glaciers de montagne et de son lien avec les changements climatiques et l'influence sur l'élévation du niveau des mers passe par le calcul du bilan de masse d'un grand nombre de glaciers. Un glacier de référence, le Chhota Shigri, situé en Inde a été choisi pour mesurer le recul de ces glaciers himalayens, et nous disposons actuellement de 4 années de bilan de masse pour ce glacier, entre 2002 et 2006. La figure XX donne les résultats de ces 4 années de mesures (Wagnon et al., Soumis à J Glaciol.). Sur ces 4 années, 3 sont très déficitaires et donnent un bilan spécifique pour l’ensemble du glacier inférieur à -1 m d’eau par an, et seule l’année 2004-05 est équilibrée. 5600 2002-03 part A 2003-04 part A 2003-04 part B 5400 2004-05 part A 2004-05 part B 5200 2005-06 part A 2005-06 part B 2005-06 part C Altitude (m a.s.l.) 5000 4800 4600 4400 4200 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 Annual mass balance (m w.e.) 22 1 2 Mesures de 4 années de bilan de masse en fonction de l’altitude sur le Chhota Shigri. Les croix correspondent à l’année 2002-03, les triangles à l’année 2003-04, les carrés à l’année 2004-05 et les ronds à l’année 2005-06. 1-c-ii) Carottages a - Introduction des isotopes stables de l'eau dans un modèle méso-échelle Le cycle des isotopes stables de l'eau a été intégré dans le modèle régional (REMO), développé au MaxPlanck-Institut für Meteorologie de Hambourg, et testé avec succès sur l'Europe. La résolution horizontale de ce modèle peut varier de 50 à 15 km. Le modèle REMO-iso a été transporté sur l'Amérique du Sud. Une simulation sur 5 ans a été effectuée forcée par ECHAM. Les résultats de cette simulation ont été interprétés par comparaison au modèle ECHAM et aux données acquises en partie dans le cadre de l'ACI. Ce travail a été réalisé dans le cadre de la thèse de Kristof Sturm (Sturm 2005) et fait l'objet d'une article sous presse dans Journal of Climate (Sturm et al. 2006a). Cette simulation a aussi été utilisée pour étudier l'impact de la variabilité de la mousson sud-américaine sur la composition isotopique des carottes de glace andines ce qui fait l'objet d'un article sous presse dans Journal of Geophysical Research (Sturm et al. 2006b). Oxygène 18 annuel des précipitations simulés par REMO en ‰ par rapport au SMOW avec le transport d'humidité (flèche). La région des Andes est particulièrement bien définie avec cette résolution (50 km). b - Calibration de l'outil isotopes stables de l'eau en Bolivie Une calibration de l'outil isotopique a été menée au Pérou, en Bolivie et en Equateur. Les données sont disponibles sur maintenant plus de 6ans à l'échelle de l'évenement et à l'échelle mensuelle. La comparaison du signal isotopique des précipitations aux paramètres météorologiques locaux, aux données sattelitales régionales, aux réanalyses météorologiques et aux simulations du modèle ECHAM 4 montre que les compositions isotopiques des precipitations et donc des neiges qui s'accumulent sur les sommets andins sont 23 contrôlés essentiellement par la precipitation régionale tombée tout au long des trajectories des masses d'air. c - Carottes de glace du Coropuna (Pérou) L’étude des carottes de glace andines permet de reconstruire les conditions climatiques et environnementales passés et d’analyser leurs évolutions au cours des derniers millénaires. Depuis quelques décennies, plusieurs carottes de glace on été extraites des plus hauts sommets andins entre 1°S et 30°S, l’enregistrement le plus long couvrant les dernier 25 000 ans au Sajama (Bolivie). En Juin-Août 2003, une campagne intensive de forage à été organisé au Coropuna (6425m, S15°32’, W72°39’, Pérou) par l’IRD, le LGGE et le BPRC (Ohio State University) afin d’extraire 3 carottes de glace sur différents site du glacier. Parallèlement, des mesures de topographie de surface, de sondage radar, de profil de températures glaciaires, de mesures météorologiques et d’étude des phénomènes post-dépôt ont été réalisés sur ces sites. L’étude de l’évolution de la composition de la neige de surface pendant la saison sèche, comparée à des profils de puits profonds échantillonnés sur le glacier du Coropuna (Pérou) fournit des éléments pour comprendre l’influence des phénomènes de post-dépôt et de dépôt auxiliaire sur la chimie de la neige de surface. Des études précédentes sur les glaciers de l’Illimani (Bolivie, 16°S, 6430m) et du Cerro Tapado (Chili, 30°S, 5536m) ont mis en avant le rôle important de la sublimation dans l’évolution de la chimie de la neige. L’intérêt de cette étude est donc d’apporter les premiers éléments de compréhension sur les phénomènes post-dépôt et ce, dans le but d’aider ultérieurement à l’interprétation du signal chimique enregistré dans une carotte de glace extraite du Coropuna. Les résultats apportés par l’analyse chimique, par chromatographie ionique, des échantillons prélevés pendant la saison « sèche » 2003 sur ce glacier, montrent la complexité des phénomènes de dépôt et de postdépôt. En effet, les dépôts de givre en surface qui se sont produits durant cette période pourraient être responsables de concentrations très élevées dans la neige de surface. Le suivi de l’évolution des profils chimiques de puits de 30 cm sur une période de deux semaines met en évidence une ré-émission vers l’atmosphère de certaines espèces chimiques ainsi qu’une migration de certaines espèces vers un niveau plus profond plus froid. Ce phénomène s’est généralisé sur l’ensemble du site étudié puisqu’il ne présente pas de grande variabilité géographique. Grâce à l’analyse d’un puits plus profond de 2m couvrant la totalité de l’accumulation annuelle, il est mis en évidence la différence de composition de neige d’été et d’hiver, montrant principalement de plus forts dépôts d’espèces chimiques liés à l’augmentation des feux de biomasse et de l’activité biologique pendant la période sèche. Trois carottes de glace ont été extraites des glaciers du Coropuna. Un premier forage à 6080m a atteint un névé saturé d’eau de fonte à 40 m de profondeur. La présence inhabituelle de cette eau a stoppé ce forage. Deux autres forages ont permis d’extraire des carottes de glace couvrant la totalité de l’épaisseur du glacier, au sommet et sur le plateau sou jacent à 6425 m et 6350 m respectivement. Un large spectre d’analyses est effectué sur la carotte sommitale de 34m. Analyses chimique des ions majeurs et acides carboxyliques (par chromatographie ionique au LGGE), des isotopes stables de l’eau, du tritium, du 210Pb. Certains résultats sont présentés dans la figure 1. Afin de dater l’enregistrement, nous avons localisé la signature chimique de certaines éruptions volcaniques caractéristiques tel que le Pinatubo (1991) et le Tambora (1815), ainsi que des tests thermonucléaires atmosphériques commencés vers 1954. Ces points de datation mettent en évidence un changement drastique de l’accumulation neigeuse annuelle sur ce site : 280 mm d’eau entre 2003 et 1991, 85 mm entre 1991 et 1954 et 95 mm entre 1954 et 1815. A ce stade de l’étude de cet enregistrement, il est précoce d’imputer ces variations au changement climatique de ces dernières décennies. Cependant, le profil de température du glacier, mesuré dans le trou de forage de 140m du plateau sommital, montre un réchauffement de la température moyenne annuelle d’environ +2°C depuis les dernières décennies. La partie inférieure de l’enregistrement, entre 29m et le socle rocheux, présente des caractéristiques chimiques différentes du reste de la carotte. Malheureusement, aucune méthode de datation directe n’a permis de dater ces échantillons. Cependant, en comparant les profils chimiques avec ceux de la carotte de glace du 24 Sajama (Bolivie) couvrant les derniers 25 000 ans et dont plusieurs niveaux sont datés par la technique du 14C, il est vraisemblable que la partie profonde de l’enregistrement du Coropuna couvre le début de l’Holocène, le Younger Drias et la fin du dernier cycle glacière (B.P. 20000ans). D’autres analyses sont en cours pour confirmer ces hypothèses. Profils chimiques (Cl-, SO42-, Ca2+) et isotopique (δ18O) de la carotte du sommet du Coropuna. 1-c-iii) Télédétection Grâce à sa large couverture et à sa répétitivité, l'imagerie spatiale est le seul outil capable de nous permettre de suivre un grand nombre de glaciers. Nous (LEGOS, IRD, LGGE et DTP) avons développé une nouvelle méthode de calcul des variations d'épaisseur des glaciers à partir de Modèles Numérique de Terrain (MNTs) déduits d'images SPOT5. Cette méthode a été appliquée aux glaciers des Alpes françaises (Berthier et al , 2005) mais la comparaison de deux MNT SPOT 5 n'a pas encore pu ce faire par faute de données. Nous nous proposons d'améliorer la méthode pour arriver au premier calcul d'un bilan de masse annuel par satellite. Notre méthodologie consiste à calculer des MNTs précis (SPOT5) pour des années différentes puis à les soustraire pour construire un MNT différentiel. Sur les glaciers ce sont les pertes d'épaisseur (dues essentiellement à la fonte) que l'on mesure. Ces pertes d'épaisseur sont traduites ensuite en variation de masse. Pour calculer un MNT précis, deux images THR, sans nuages et avec une couverture neigeuse la plus réduite possible, doivent être acquises à la fin de la saison sèche avec une séparation temporelle faible, un rapport B/H adéquat (entre 0.5, et 0.9) et avec un gain de 1 pour limiter la saturation des capteurs sur la neige. Cette méthode a été testée et validée avec succès sur des glaciers alpins (Berthier et al., 2004) et sur la région indienne qui inclut le glacier indien du Chhota Shigri suivi par l’IRD depuis 2002. Les résultats en Inde montrent un bon accord avec les mesures de terrain et un bilan de masse pour les glaciers de la région du Chhota Shigri (915 km2 de glaciers étudiés) de l’ordre de -0.8 m d’eau par an, entre 1999 et 2004 (Berthier et al., 2007). 25 Volet 2 : Prévisions climatiques en régions de cryosphère, réponse de celleci, et rétroactions 26 2-a) XX-XXIème siècle 2-a-i) Evaluation des modèles climatiques nationaux LMDZ4 Le développement continu du modèle atmosphérique LMDZ4, qui fait partie du modèle de climat intégré IPSL-CM4 – modèle utilisé pour les exercices de prévision climatique dans le cadre du GIEC - a maintenant abouti à la mise au point d'une version présentant une climatologie globale très satisfaisante. Dans les régions polaires aussi, LMDZ4 reproduit de manière tout à fait honorable les caractéristiques du climat présent. Un article présentant cette version de LMDZ4, une validation du modèle pour les différentes zones climatiques (notamment aussi les régions polaires), et quelques études de sensibilité à des paramétrisations physiques, est actuellement en révision (Hourdin et al., 2006). Plus spécifiquement pour les régions polaires, certains aspects du climat simulé par IPSL-CM4 sur les endroits de forages profonds au Groenland et en Antarctique (GRIP, North GRIP, Dome C, Vostok, ...) ont été positivement évalués dans une étude d'intercomparaison de modèles de climat participant au GIEC (Masson-Delmotte et al., 2005). Les études de Krinner et al. (2007) et Krinner et al. (soumis) ont plus spécifiquement analysé la qualité de la représentation du climat antarctique par LMDZ à haute résolution. Le résultat essentiel de ces études est que les biais de LMDZ4 sont suffisamment faibles pour que des simulations de changement climatique futur soient dignes de confiance. La figure ci-dessous montre la qualité de la simulation du bilan de masse en surface par LMDZ4. Cette qualité est définie selon : s=max BObs BMod , . Ici, BObs et BMod signifient respectivement « bilan observé » et « bilan modélisé ». B Mod B Obs La figure montre que le bilan de masse simulé ne diffère généralement de pas plus que 20% des valeurs observées. Qualité de la simulation du bilan de masse (entre 0 et 1) par LMDZ4. 27 ARPEGE-OPA Le CNRM dispose d'un modèle couplé global de climat (CNRM-CM3) dont les composantes atmosphérique et océanique sont respectivement ARPEGE3 et OPA8. Ce système couplé comporte également un modèle d'évolution de la banquise (GELATO), un modèle de chimie homogène et hétérogène (MOBIDIC), une paramétrisation de l'ozone ainsi qu'un modèle d'écoulement des fleuves. Certains aspects de la physique atmosphérique ont été revus par rapport à l'ancienne version CNRM-CM2 (Royer et al, 2002). Pour une description de CNRM-CM3, voir http://www.cnrm.meteo.fr/scenario2004/paper_cm3.pdf ou Salas-Mélia et al. (2005). CNRM-CM3 a été utilisé afin de réaliser de manière coordonnée avec l'IPSL (initiative ESCRIME) les simulations climatiques globales demandées par le GIEC en vue de la préparation de son 4ème rapport d'évaluation (à paraître en 2007). Les expériences sont de quatre types : 1°) une simulation de contrôle représentant les conditions de l'ère préindustrielle (absence de gaz à effets de serre et d'aérosols d'origine humaine) ; 2°) une simulation du 20ème siècle, 3°) plusieurs simulations pour la période 2000-2300, correspondant à divers " scénarios " d'émissions de gaz à effet de serre et d'aérosols par suite des activités humaines et 4°) des simulations de doublement et quadruplement de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre. Les données issues de ces simulations ont été fournies selon les échéances prévues au PCMDI, responsable de la gestion de la base de données de l'IPCC. Elles ont été également mises à la disposition des participants à l'ACI-C3 en particulier, mais aussi de l'ensemble de la communauté nationale de recherche sur le climat par le CNRM, cela au moyen d'un site DODS. Le financement obtenu par le CNRM auprès de l'ACI-C3 a concrètement permis l'achat de disques RAID de stockages de données servant à l'hébergement du site DODS du CNRM. 2-a-ii) Régionalisation Accumulation de neige sur la calotte glaciaire du Groenland Une simulation des 26 dernières années (1979-2005) du climat du Groenland a été réalisée à l'aide du modèle climatique régional MAR, à 25 km de résolution. Cette simulation montre que la variabilité du bilan de masse en surface de la calotte groenlandaise est essentiellement gouvernée d'une part par l'accumulation en hiver et d'autre part par la fonte en été. La sublimation ne joue qu'un rôle très mineur et peut même être considérée comme constante d'années en années. La figure ci-dessous montre qu'aussi bien les chutes de neige que l'écoulement de l'eau de fonte (runoff) ont augmenté ces dernières années. L'augmentation de la fonte est plus importante ce qui explique pourquoi le bilan de masse en surface est diminue. Cependant cette tendance ne soit pas significative (85%). Depuis 1979, le flux d'eau de fonte dans l'océan a augmenté de 78% et ce de manière significative (99%) ce qui pourrait à la longue avoir une impact sur la circulation océanique et le niveau moyen des mers. De plus il a été montré qu'un apport d'eau de fonte facilite le glissement des glaciers sur le manteau rocheux et donc augmente le vêlage d'iceberg par la calotte groenlandaise contribuant aussi à l'augmentation du flux d'eau douce dans l'océan. 28 Série temporelle du Bilan de Masse (SMB), des chutes de neige, du runoff et du flux de vapeur d'eau net (sublimation) moyennée sur la calotte groenlandaise. La corrélation avec le bilan de masse est indiquée en gras. La fonte a augmenté ces dernières années parce que la calotte s'est significativement réchauffée en été de 2.27°C depuis 1979. Comme le montre la figure ci-dessous, cette augmentation de la température en surface est due essentiellement à une augmentation du flux infrarouge (IR) descendant. A cause du fort pouvoir réfléchissant de la neige qui réenvoie directement vers l'espace une partie importante du rayonnement solaire, la contribution nette du rayonnement solaire est faible au Groenland et est de plus quasi constante depuis ces 25 dernières années, sauf en 1983 et 1992 à cause d'éruptions volcaniques. Il en est de même pour les flux de chaleur latente et sensible. La faible augmentation de la contribution nette du flux solaire net est plutôt une conséquence du réchauffement qu'une cause de celui-ci, et ce suite à la diminution de l'albédo en surface. L'augmentation du flux IR descendant est une conséquence de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre et essentiellement de la vapeur d'eau. C'est ce qui explique aussi les chutes de neige plus abondantes en hiver. En conclusion notre simulation montre qu'au Groenland la fonte l'emporte sur l'accumulation depuis quelques années. 29 Série temporelle de la température à 3m, du flux IR descendant (LWD), du flux solaire descendant(SWD), du flux solaire absorbé par la surface, du flux de chaleur sensible (SHF) et latente (LHF) moyennée sur la calotte groenlandaise pendant l'été. La corrélation avec la température est indiquée en gras. Accumulation de neige sur la calotte glaciaire antarctique Le transport de neige par le vent est un processus influençant significativement le bilan de masse en surface de la calotte glaciaire antarctique, spécialement là où les vents sont forts, c'est-à-dire depuis les côtes jusqu'à quelques centaines de kilomètres à l'intérieur (région côtière). Ce processus a été étudié en comparant les résultats du MAR à des observations par des perches à neige en Terre de Wilkes pour deux simulations de la période 1980-1987. Les résultats montrent une amélioration significative de la simulation du bilan de masse en région côtière lorsque ce processus est pris en compte (Gallée et al., 2005, figure ci-dessous). 30 Comparaison entre le bilan de masse en surface observé (ligne bleue) et deux simulations MAR avec (ligne noire) et sans transport de neige par le vent (ligne rouge) pour 4 périodes différentes dans les simulations, en fonction de la distance le long de traverses éffectuées en Terre de Wilkes, parallèlement aux côtes, à 2000 m d'altitude environ. Modélisation distribuée du bilan de masse des glaciers Alpins, sensibilité des glaciers au changement climatique Ce projet a été réalisé dans le cadre de la thèse de M. Gerbaux, co-encadrée au LGGE et au CEN. Les glaciers Alpins couvrent des surfaces de l'ordre de quelques km2. Le bilan de masse à leur surface est inhomogène à des échelles encore plus petites, ne serait-ce qu'à cause des variations d'altitude et d'orientation des surfaces. Par ailleurs, le bilan de masse est déterminé par ses relations avec l'atmosphère à travers plusieurs composantes météorologiques: la précipitation bien sûr, mais aussi toutes les composantes du bilan d'énergie (flux turbulents, rayonnement) qui contribuent à l'évaporation et à la fonte estivale. Un nouveau modèle, à base physique pour prendre en compte toutes ces composantes, et spatialement distribué pour décrire l'hétérogénéité d'un glacier, a été développé et mise en ouvre pour explorer l'évolution récente des glaciers alpins et leur sensibilité au climat. C'est à notre connaissance le premier modèle ayant toutes ces caractéristiques. Le modèle a été développé sur la base du modèle de neige CROCUS. Ce modèle, initialement développé par Météo-France pour la prévision opérationnelle du risque d'avalanche, est directement utilisable pour la modélisation du manteau neigeux sur les glaciers. Il a par contre été adapté pour une meilleure simulation des 31 surfaces en glace, qui sont les parties les plus sensibles des glaciers. L'évolution de 2 glaciers observés dans le cadre de l'ORE GLACIOCLIM/POG a été reproduite avec succès, en utilisant des données météorologiques issues du désagrégateur SAFRAN (également développé par Météo-France pour la prévision opérationnelle) sur la période 1981-2003 et une grille de simulation d'un pas de 200 m (figure c-dessous). Evolution cumulée et intégré du bilan de masse de 2 glaciers des Alpes, comparée aux observations interpolées, à un modèle simplifié, et aux reconstructions photogrammétriques. La ligne de neige d'un glacier évolue au cours de l'année et, pour une date donnée, varie d'une année sur l'autre en fonction des conditions climatiques de chaque année. La position de la ligne de neige est mesurable par photographie et par imagerie satellitale. Elle peut être utilisée pour vérifier certains aspects de la structure spatiale du bilan de masse issu du modèle. Par exemple, la figure ci-dessous montre la corrélation de l'altitude moyenne de la ligne de neige observée (données satellitale) et simulée à différentes périodes entre 1985 à 2002. Sauf pour 1992, le modèle reproduit très bien les fluctuations saisonnières et interannuelles du bilan de masse du glacier tel que caractérisé par sa ligne de neige. Comme le modèle répond explicitement et séparément à chacune des composantes météorologiques susceptibles d'affecter le bilan de masse d'un glacier, il est possible d'évaluer séparément la sensibilité d'un glacier à l'évolution à chacune de ces composantes. Il s'agit d'un progrès important par rapport aux approches couramment utilisées ailleurs, qui se concentrent sur la température et les précipitations et n'explicitent pas le rôle de l'humidité, du vent et des composantes de rayonnement solaire et thermique, variables également affectées par un changement climatique. La figure ci-dessous montre que, d'après le modèle, une augmentation de la température de 1°C a le même effet (élever la ligne d'équilibre de 160 m) qu'une augmentation de 44% de l'humidité, de 22% du rayonnement solaire, ou une réduction de 28% des précipitations. Compte-tenu des prévisions du GIEC pour le XXIème siècle, si le changement de température aura le plus gros effet sur les glaciers, les autres termes du changement climatique ne seront pas des facteurs correctifs négligeables. Ces résultats, obtenus dans le cadre de la thèse de Martin Gerbaux (Gerbaux 2005) sont publiés au Journal of Glaciology (Gerbaux et al. 2005). 32 Altitude de la ligne de neige pour les années 1985 à 2002, dans le modèle (ordonnée) et les observations satellitales (abscisse) Sensibilité d'un glacier moyen des Alpes du Nord à la variation de différents termes météorologiques en surface. 33 2-a-iii) Méthodes de régionalisation: Désagrégation des précipitations de neige sur la calotte glaciaire antarctique Un modèle physique de désagrégation des précipitations a été adapté à l'Antarctique. Il opère à partir des sorties d'un modèle hôte et d'une topographie à plus fine échelle. La méthode permet de prendre en compte, pour un coût numérique relativement faible, les effets directs du forçage topographique sur les précipitations. Nous avons appliqué la méthode aux sorties d'une simulation de 4 ans par le Modèle atmosphérique régional à 80 km de résolution. Il en ressort que la variabilité spatiale des précipitations en région côtière est améliorée par rapport au modèle à grande échelle. Par exemple, le gradient est-ouest d'accumulation du Law Dome, imputable aux trajectoires des rentrées maritimes, devient qualitativement conforme aux observations. Les figures ci-dessous présentent, pour la région du Law Dome, les précipitations annuelles simulées par le MAR à 80 km et leur désagrégation à 5 km. On peut observer un effet d'ombre derrière le sommet du dôme. Le plateau est en revanche asséché par rapport aux sorties du MAR. Précipitations annuelles (1998-2001), en mm équivalent eau, par le modèle MAR à 80 km de résolution (à gauche) et sa désagrégation à 5 km (à droite) 2-a-iv) Prévisions du bilan de masse en surface des calottes glaciaires Antarctique Le modèle LMDZ4 a été utilisé dans une version à haute résolution horizontale (60 km) sur l'Antarctique pour régionaliser les simulations " historiques " (1980 à 2000) et celles du scénario SRES-A1B (2080 à 2100) faites avec le modèle couplé IPSL-CM4 à basse résolution (projets MC2, ESCRIME). Ces simulations (Krinner et al., 2007) permettent de fournir une estimation plus fiable des changements du bilan de masse en surface de l'Antarctique suite aux variations climatiques au siècle prochain. L'analyse de ces simulations a permis d'estimer la contribution de l'Antarctique aux variations du niveau des mers à la fin du XXIe siècle à -0.8 mm/an : c'est-à-dire, l'Antarctique va modérer légèrement la montée du niveau des mers, grâce à une assez forte augmentation de la précipitation neigeuse en Antarctique suite au réchauffement prévu. En ceci, cette étude confirme et affine des résultats obtenus avec des modèles à plus basse résolution. Le même modèle a ensuite été utilisé pour des simulations sur les mêmes périodes avec des conditions aux limites océaniques différentes par rapport à l'étude précédente. Dans ce nouveau travail (Krinner et al., soumis), la température de surface de l'océan et la glace de mer n'ont pas été directement repris d'une simulation couplée (en l'occurrence, de la simulations SRES-A1B de IPSL-CM4), mais ces données océaniques ont été utilisées avec une méthode dite « d'anomalies ». Ceci signifie que pour le présent (19802000), nous avons pris les conditions océaniques observées, tandis que pour le futur (2080-2100), nous avons ajouté le changement climatique simulé du 20e au 21e siècle aux observations du 20e siècle. Cette méthode est préférable car elle permet de s'affranchir des erreurs du modèle couplé sur le domaine océanique. Les résultats obtenus avec ces nouvelles simulations sont assez significativement différents des résultats obtenus par Krinner et al. (2007), et ceci aussi bien à l'échelle continentale (l'augmentation de la précipitation moyenne sur 34 l'Antarctique simulée dans le travail plus récent est plus forte que dans Krinner et al.,(2007)) qu'à l'échelle régionale (les structures du changement de bilan de masse sont différentes). Changement relatif de précipitation moyenne annuelle (précipitation 2080 à 2100 par rapport à celle de 1980 à 2000) obtenu par Krinner et al. (2007). L'augmentation n'est pas uniforme sur le continent. Différence entre les changements de précipitation (fin 21e – fin 20e siècle) obtenus par Krinner et al. (2007) et Krinner et al. (soumis).Valeurs positives : L'augmentation de précipitation obtenue par Krinner et al. (soumis) est plus forte que celle obtenue par Krinner et al. (2007). Groenland La méthode développée par Krinner et al. (soumis) a ensuite été appliquée à des simulations ciblées sur le 35 Groenland, sur les mêmes périodes (1980-2000 et 2080-2100). Des résultats préliminaires montrent une très forte de la fonte sur la calotte de glace en cent ans (voir figure ci-dessous), mais les résultats doivent encore être affinés. Quantité de fonte (mm/an) simulée par LMDZ4 pour la période 1981-2000 (à gauche) et 2081-2100 (à droite). 2-a-v) Ecoulement des glaciers: a - Application du modèle au calcul des fluctuations du glacier de Saint Sorlin afin de préciser les conditions climatiques du Petit Age de Glace Le modèle utilisé est un modèle bi-dimensionnel d'écoulement glaciaire basé sur l'approximation dite de la 'couche mince'. Le travail a consisté à reproduire les paléo-extensions du glacier connues à partir d'anciennes cartes topographiques et de datations de moraines afin d'en déduire un bilan de masse cumulé depuis 1830 jusqu'à nos jours de -63.6 m pour le glacier. Ce travail de modélisation associé à l'interprétation de séries temporelles de bilan (mesurées ou reconstruites) sur plusieurs autres glaciers des Alpes a permis de montrer que la dernière avancée des glaciers au cours du Petit Age de Glace (1760-1830) est d'avantage le fait de précipitations anormalement élevées que d'une quelconque baisse de température. Ce travail est publié dans Geophys. Res. Lett. (Vincent et al. 2005) b - Comparaison de la méthode dite de la 'couche mince avec un modèle de type « Full Stokes » Les modèles basés sur l'approximation de la couche mince tirent parti du faible rapport d'aspect de l'objet glacé à modéliser (généralement le cas des calottes glaciaires qui montrent une très grande étendue géographique par rapport à leur épaisseur), ce qui permet entre autre de négliger de nombreux gradients de contraintes dans les équations de Stokes. Pour les glaciers de montagne, ce rapport d'aspect est beaucoup plus élevé rendant l'utilisation de cette approximation beaucoup moins évidente; Le travail a eu pour but de spécifier les conditions sous lesquelles les glaciers de petite taille peuvent être correctement représentés par cette aproximation de la couche mince. Les résultats ont été obtenus à partir de la comparaison avec un modèle dit 'Full Stokes' qui a la particularité de résoudre l'intégralité des équations de Stokes (Modèle ELMER, http://www.csc.fi.//elmer). La principale conclusion de ce travail est que c'est avant tout la valeur de la pente 36 sur laquelle repose le glacier plus que le rapport de ses dimensions géométriques qui dégrade la bonne représentativité de la dynamique glaciaire par la méthode de la couche mince. Ce travail est publié dans C. R. Physique (Le Meur et al. 2004). c - Développement d'une approche 3D de l'écoulement glaciaire avec la méthode des volumes finis Du fait des conditions restrictives dans l'application de modèles basés sur la couche mince, la modélisation numérique rigoureuse de l'écoulement pour la majorité des glaciers de montagne requiert l'utilisation de véritables modèles tri-dimensionnels. Certains de ces modèles existent déjà mais leur utilisation reste encore lourde et très consommatrice en temps de calcul (comme par exemple le code ELMER aux éléments finis). Une alternative (permettant entre autre les simulations temporelles sur plusieurs décennies à des coûts raisonnables) existe sous la forme d'approches aux volumes finis. Depuis Décembre 2004, dans le cadre d'une thèse démarrée dans l'équipe 'Glaciers' le codage de ce genre de modèle à débuté et se poursuit encore. Il devrait rapidement permettre une meilleure représentativité de la dynamique glaciaire (surtout à petite échelle spatiale) permettant de résoudre nombre de problèmes glaciologiques dans les Alpes (datation des forages, fluctuations locales des glaciers, etc...) 37 2-b) Climat millénaire Evolution du climat polaire durant l’Holocène ainsi qu’au cours du 21ème siècle Une simulation couvrant les 9000 dernières années a été réalisée avec le modèle de complexité intermédiaire ECBILT-CLIO-VECODE, en utilisant comme forçage l’évolution des paramètres orbitaux et des gaz à effet de serre. Les résultats ont été comparés de manière détaillée aux observations réalisées dans les régions polaires, ce qui nous a permis de montrer le bon comportement du modèle dans ces régions (Rennssen et al. 2005abc).L’analyse des résultats des simulations a permis de mettre en évidence une évolution très contrastée en fonction de la saison aux hautes latitudes sud (Renssen et al 2005b) alors qu’un refroidissement durant presque toute les saisons au cours de l’Holocène a été simulé dans l’Arctique (Renssen et al 2005b). En ce qui concerne la circulation méridienne dans l’Atlantique Nord, les changements sont fiables à cause d’évolutions en sens opposé de la formation d’eau profonde en Mer de Labrador et en Mer du Groenland (Renssen et al 2005c). Pour les 2000 dernières années, nous avons réalisé un ensemble de simulations où en plus des forçages utilisés dans la simulation couvrant l’Holocène, nous avons pris en compte les variations de l’irradiance solaire, l’effet des volcans, des aérosols sulfatés et des changements dans l’occupation des sols (Goosse et al. 2004, 2005, Goosse and Renssen 2004, 2005). Dans ces simulations, le maximum local de température observé dans l’hémisphère nord aux environs de l’an mil (parfois appelé période chaude médiévale) apparaît décalé de plus d’un siècle dans l’Océan Austral. L’analyse de simulations utilisant un forçage idéalisé a permis de montrer que ce délais était dû en grande partie au transport d’anomalies de température par la circulation océanique profonde vers les hautes latitudes de l’hémisphère sud (Goosse et al. 2004b). Ces simulations ont aussi montré que durant cette période chaude, l’étendue de glace était très proche de celle simulée pour la fin du 20ème siècle par le modèle (Goosse and Renssen 2005, Figure ci-dessous). Une décroissance de la glace est en effet simulée au cours du 20ème siècle, principalement liée aux activités humaines, mais l’inertie du système est telle que cette décroissance n’ est pas suffisante pour obtenir des conditions anormales comparées à celles observées au cours du dernier millénaire. Par contre, au cours du 21 ème siècle, les simulations réalisées avec des modèles de circulation générale montrent généralement une décroissance très forte de la couverture de glace dans les deux hémisphères (Arzel et al. 2006). Etendue de glace en moyenne annuelle dans l’hémisphère sud (en 106 km2) au cours des 1000 dernières années moyennée sur 10 simulations réalisées avec le modèle ECBILT-CLIO (en noir). La seule différence entre ces simulations est le choix des conditions initiales. La moyenne d’ensemble plus et moins une déviations standard de l’ensemble est en gris. Avant de construire la figure, les résultats ont été groupés en moyennes sur 10 ans. 38 Volet 3 : Processus physiques d'interactions climat/cryosphère, paramétrisations et amélioration des modèles 39 3-a) Bilan de masse latéral et sous-glaciaire des calottes polaires Impact d'une augmentation de la fusion basale sous les ice shelves sur l'évolution de la calotte Antarctique Dans le contexte d'un réchauffement climatique, la réaction de l'Antarctique reste mal connue, en particulier en ce qui concerne la réponse dynamique de son écoulement. Le réchauffement de l'océan risque de conduire à une augmentation de la fusion basale sous les ice shelves (plate-formes de glace flottantes issues de la calotte). Or ce processus est susceptible d'accélérer l'écoulement des fleuves de glace qui drainent l'Antarctique, augmentant le flux d'eau douce (sous formes solide et liquide) et modifiant à son tour la circulation océanique. Nous avons commencé le couplage entre le modèle Antarctique du LGGE (GRISLI) et le modèle océanatmosphère de l'IPSL. Pour l'instant la mise au point de ce couplage se fait avec le coupleur OASIS 3 et des modèles « jouets » pour chacune des composantes (post-doc de Dmitry Khvorostyanov dans le cadre d'ENSEMBLES). Parallèlement, nous avons cherché à évaluer l'impact d'une augmentation de la fusion basale sur l'évolution future de l'Antarctique en faisant des expériences systématiques. En partant d'un état stationnaire de la calotte Antarctique le plus proche possible de l'état observé, nous avons imposé une augmentation de la fusion basale sous les ice shelves et étudié la réponse de la calotte avec le modèle GRISLI. Par la même occasion, nous avons testé l'impact de détails de discrétisation sur les mouvements de la ligne d'échouage. Certains auteurs ont suggéré que le fait d'utiliser une grille fixe ne permet pas aux modèles comme GRISLI de simuler correctement les mouvements de la ligne d'échouage (Vieli and Payne, JGR,2005). Ce point fait l'objet d'une controverse mais il est vrai qu'une partie du recul pourrait être dû à un effet de discrétisation. Pour évaluer cela, nous avons fait toutes les expériences en double : (a) en augmentant la fusion basale partout, (b) en excluant de cette augmentation les points de grille directement voisins de la ligne d'échouage. Les résultats de cette étude sont les suivants : • Dans tous les cas, l'augmentation de la fusion basale provoque un affaiblissement de l'effet d'arc-boutant des ice shelves, une accélération de la glace posée, un amincissement de la calotte Antarctique de l'Ouest et par conséquent une augmentation du flux de glace vers l'océan. Les variations de volume obtenues (dans le cas (b) ) sont présentées sur la figure ci-dessous. Evolution du volume de l'Antarctique après avoir imposé une augmentation de la fusion basale sous les ice shelves sauf pour les points de grilles situés contre la ligne d'échouage. Dans ces conditions, l'expérience teste essentiellement l'impact de la diminution de l'effet d'arc-boutant. 40 (a) (b) Topographie de l'Antarctique et position de la ligne d'échouage 25 000 ans après le début de la perturbation. La différence entre (a) et (b) montre l'impact de la discrétisation à la ligne d'échouage. Dans le cas (a) l'augmentation de fusion basale est imposée partout y compris juste en aval de la ligne d'échouage. Cela induit artificiellement une augmentation de la pente de surface juste en amont de la ligne d'échouage ce qui accélère l'écoulement et majore l'effet de la perturbation imposée. Dans le cas (b) ces points de grilles sont exclus de l'augmentation de fusion et cet effet de pente n'existe pas. On voit que le recul de la ligne d'échouage est beaucoup plus modéré. Il est cependant possible que cette méthode sousestime l'impact réel. • Dans les premiers 100 ans, en raison du recul de la ligne d'échouage, une plus grande région est soumise à l'action de l'océan, augmentant encore une peu plus (5% de la perturbation) la quantité de glace fondue sous les ice shelves. Il y a effectivement un effet de discrétisation. La figure ci-dessus représente l'état final de l'Antarctique, 25000 ans après une augmentation de 2m/an de la fusion basale sous les ice shelves dans les expériences (a) et (b). Il faut noter que la méthode (a) est celle qui était utilisée précédemment dans notre modèle mais aussi dans l'autre modèle capable de faire ce type d'expériences pour l'ensemble de l'Antarctique (le modèle de P. Huybrechts). 41 3-b) Couplage Atmosphère – Glace de mer – Océan 3-b-i) Variabilité de la glace de mer aux hautes latitudes durant les 50 dernières années En utilisant, divers modèles, nous avons étudié la variabilité climatique aux hautes latitudes avec un intérêt particulier pour la glace de mer (Goosse et al. 2004a, Goosse and Holland 2005, Lefebvre et al. 2004, 2005, Mélice et al. 2005, Timmerman et al. 2004 2005). En particulier, après une comparaison détaillée avec les observations (Timmerman et al. 2004 2005), le modèle de glace de mer et d’océan ORCA-LIM a été utilisé pour étudier l’impact du Southern Annual Mode (SAM) sur l’océan austral et sa glace de mer (Lefebvre et al. 2004, Lefebvre and Goosse 2005) et de manière plus générale, les processus régissant la variabilité de la glace en hiver (Lefebvre and Goosse 2007). 3-b-ii) Déformation / fracturation de la banquise Les processus de déformation et de fracturation de la banquise, en contrôlant, de manière couplée avec les processus thermodynamiques, l'évolution de paramètres comme les distributions d'épaisseur de glace de mer ou la proportion d'eau libre, ont une grande influence sur les échanges entre l'océan et l'atmosphère dans les régions boréales. Le travail engagé depuis quelques années dans le cadre de l'ACI C3 a consisté à étudier les propriétés d'échelle caractérisant ces processus, c'est à dire comment par exemple la densité de fractures (et donc la proportion d'eau libre) ou la vitesse de déformation varient avec l'échelle d'observation. L'analyse de données satellitaires, effectuée en collaboration avec des collègues de l'Université de Savoie (LGIT) et du Polar Research Center de Seattle, a démontré le caractère extrêmement hétérogène et invariant d'échelle de telles caractéristiques (figure ci-dessous). Ceci peut avoir des conséquences pratiques directes : l'estimation de la proportion d'eau libre (p.ex.) sera relativement peut sensible à la résolution spatiale de la mesure. Par contre, du fait de l'extrême hétérogénéité spatiale, l'estimation d'un paramètre à l'échelle globale (p.ex à l'échelle du bassin arctique) ne peut se faire à partir d'une mesure locale que par l'intermédiaire d'une extrapolation non triviale des lois d'échelle observées (la mesure locale n'est en aucun cas directement représentative de l'échelle globale) [Weiss et Marsan, 2004]. Binarisation (à gauche) d'une image en niveaux de gris (image SPOT couvrant une superficie de 60*60 km²) pour effectuer une estimation de la densité de fractures (et donc de la fraction d'eau libre) au sein de banquise. Spectre spatial 2D (à droite) de l'image, moyenné sur des cercles de rayon k. La densité spectrale de puissance variant en 1/k démontre l'invariance d'échelle de la structure. De façon similaire, une analyse multifractale des champs de déformation de la banquise arctique issues de données satellitaires SAR (RGPS) a permis d'établir les lois d'échelle associées et de démontrer que la vitesse de déformation moyenne était dépendante de l'échelle d'observation. Une extrapolation de ces lois d'échelle vers les petites échelles suggère un comportement essentiellement élasto-fragile de la banquise (la déformation 42 est accommodée par le jeu de multiples fractures à toutes les échelles), alors que les modèles actuels de banquise utilisés dans les modèles couplés sont basés sur une rhéologie viscoplastique. Les conséquences de ces observations en termes de modélisation de la banquise à grande échelle sont en cours d'investigation. 3-b-iii) Couplage Océan-Glace-Atmosphère Antarctique L'objectif est de coupler le modèle atmosphérique régional MAR avec un modèle d'océan et de glace de mer, dans le but d'analyser les processus météorologiques et climatiques en Antarctique. Afin de préparer ce couplage, des tests de sensibilité de MAR ont été réalisés, l'un à la fraction de glace de mer, l'autre à la paramétrisation de la rugosité orographique. Ces 2 tests renseignent sur la méthodologie du futur couplage. Les mesures météorologiques en Antarctique sont spatialement peu denses et très hétérogènes. Le modèle climatique régional est donc un outil avantageux pour analyser le climat du continent. Or ce dernier est très influencé par la circulation méso-échelle, qui dépend entre autres des interactions entre l'atmosphère, la glace de mer et l'océan. L'objectif est donc de mettre au point un modèle méso-échelle du système climatique antarctique, en couplant un modèle d'atmosphère avec un modèle d'océan et de glace de mer. Le modèle atmosphérique régional MAR a été choisi car il a été développé spécifiquement pour les régions polaires, et se révèle performant pour simuler la circulation atmosphérique méso-échelle ainsi que les bilans de masse (Fettweis et al., 2005). Le modèle d'océan - glace de mer NEMO (OPA9.0 et LIM2.0) a été choisi pour ses performances reconnues d'une part, et pour la proximité du réseau d'utilisateurs et de développeurs d'autre part (équipe MEOM du LEGI à Grenoble et IPSL à Paris pour l'océan, UCL de Louvain la Neuve en Belgique pour la glace de mer). La spécificité de ce travail est la fine résolution utilisée pour le couplage (20 km), ainsi que la région d'étude et les processus climatiques très particuliers dont elle est le siège. Tests de sensibilité: Afin de préparer le couplage, il a été nécessaire de tester la sensibilité du modèle atmosphérique à quelques paramétrisations. Le secteur de la Mer de Ross a été choisi pour la diversité des processus météorologiques y prenant place. En effet, cette zone de confluence des vents catabatiques est barrée par les montagnes transantarctiques qui transforment l'énergie cinétique des vents catabatiques en énergie cinétique turbulente. D'autre part, ce secteur présente un taux important de cylogenèse et de cyclolyse, notamment en ce qui concerne les mésocyclones, qui sont souvent mal représentés dans les modèles. Sensibilité à la fraction de glace de mer: Dans un premier temps, la sensibilité du modèles à la fraction glace de mer a été testée. Il s'agit d'une composante importante du système climatique, qui est cependant assez complexe, et ce test est primordial si l'on veut estimer l'impact d'une dérive de la fraction de glace de mer dans le futur modèle couplé. MAR, utilisé seul, est habituellement forcé par les fractions de glace de mer issues de SSM/I. Ces fractions ont donc été modifiées dans différentes simulations, et la glace de mer ainsi retirée a été remplacée par de l'océan libre. En étudiant le cas de début novembre 1999, il a été constaté que la pression de la dépression subsynoptique augmentait lorsque la glace de mer diminuait, mais assez faiblement (1 hPa quand la glace de mer est diminuée de 40 % , soit 6 % del'intensité de la dépression; 2 à 3 hPa quand la glace de mer est retirée entièrement). Des analyses de vents ont montré que cette augmentation était liée à de la turbulence plus importante en surface. Cette turbulence résulte d'un pompage d'Ekman plus fort provenant d'une turbulence plus importante due aux flux de chaleur libérés par l'océan ouvert. Concernant les mésocyclones de la simulation, aucun effet n'a été noté. Ceci laisse penser que ce ne sont peut-être pas un bon objet d'analyse des performances du couplage en ce qui concerne la glace de mer. 43 Différences de pressions réduites au niveau de la mer entre l'expérience sans glace de mer et l'expérience standard (en kPa). Les contours noirs en pointillés sont les isomètres de la topographie; les contours noirs continus sont les isobares réduits au niveau de la mer pour l'expérience standard (l'intervalle est 0.2 kPa). Sensibilité à la rugosité orographique: Ensuite, la sensibilité du modèle à la longueur de rugosité orographique a été testée. Le calcul de la longueur de rugosité est basé sur le schéma de l'ECMWF (European Center for Medium-range Weather Forecasts). En modifiant la façon dont est calculée cette longueur, on peut modifier l'énergie cinétique turbulente produite au dessus du relief, notamment au dessus des montagnes transantarctiques. Une diminution de la rugosité orographique a pour effet d'augmenter considérablement les vents catabatiques arrivant au dessus de la plateforme de Ross et dans Terra Nova Bay (jusqu'à 16 m/s en novembre 1999 et 10 m/s en février 1988 quand a rugosité orographique est mise à zéro). Ceci illustre l'importance de la précision à atteindre sur cette paramétrisation. En effet, les vents arrivant au dessus de l'océan sont déterminants dans les processus de formation d'eaux denses (Mathiot, 2005). D'autre part, ces modifications de la rugosité orographique ont des conséquences importantes sur le cyclone sub-synoptique de novembre 1999, puisque sa pression augmente de 6 à 7 hPa, soit 25 % de la dépression. Cette augmentation de pression est difficile à interpréter dans la mesure où elle résulte d'une multitude de changements des vents de surface. Pour les mésocyclones de novembre 1999 et de février 1988, aucun changement significatif n'a été constaté concernant la pression de surface ou la vitesse des vents de surface. Vers un modèle couplé: Pour le couplage, le groupe MEOM du LEGI, à Grenoble, a développé une nouvelle configuration de NEMO, régionale, sur une grille cartésienne identique à celle de MAR, et avec des frontières ouvertes. Le modèle atmosphérique sera forcé par les réanalyses aux frontières (ERA40), de façon a avoir des simulations comparables aux observations (stations automatiques, sondages, satellites). Par contre, le modèle d'océan et de glace de mer sera forcé par les sorties du modèle global ORCA0.25. Les sorties du modèles 44 d'océan ne pourront donc être validées que par leur comportement moyen. La conséquence est que la glace de mer du forçage latéral n'est pas tout à fait celle de la réalité. ependant, le premier test de sensibilité nous permet de procéder de la sorte, puisqu'un écart de la fraction de glace de mer n'a que peu d'impacts à court terme. Les tests de sensibilité à la glace de mer laissent également penser qu'on peut agrandir le domaine sans craindre de trop fausser la circulation atmosphérique. Effectivement, la glace de mer n'étant forcée qu'aux frontières en mode couplé, on peut supposer une dérive vers le centre du domaine. Cette dérive devrait avoir des conséquences limitées si l'on en croit les tests de sensibilité. Un nouveau domaine a donc été choisi selon les principes de Giorgi et Mearns (1999), afin d'éloigner la zone d'intérêt (mer de Ross) de la bande de relaxation. Les frontières sont placée de préférence sur les crêtes, et de façon à simplifier la prise en compte des flux océaniques au travers d'elles. Le coupleur choisi est OASIS3, qui a déjà fait ses preuves avec NEMO. Et les simulations seront testées sur Mirage (centre de calcul intensif de l'Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble), puis lancées à l'IDRIS (Institut de Développement et des Ressources en Informatique Scientifique). 45 3-c) Couplage Atmosphère – Neige – Sol – Continent Modélisation de l'albédo de la neige Nous avons développé une nouvelle paramétrisation de l'albédo de la neige pour LMDZ4. Cette paramétrisation calcule l'albédo à partir de la taille des grains de neige, des caractéristiques du rayonnement incident (angle solaire, nébulosité, etc.) et du taux d'imuretés, et elle prend en compte les intéractions entre la végétation et la neige. Cette paramétrisation a été validée contre des observations satellitales, avec des résultats satisfaisants. Le modèle ainsi amélioré a ensuite été appliqué dans une étude de l'impact du dépôt de poussière pendant les périodes glaciaires en Asie (Krinner et al., 2006). Cette étude a permis de montrer que les forts taux de dépôt de poussière dans ces régions permettent d'expliquer plus facilement l'absence de calottes de glace en Asie pendant les périodes les plus froides de la dernières glaciation (il y a 20000 ans environ). En effet, la poussière, en diminuant l'albédo de la neige, accélère la fonte de celle-ci au printemps, ce qui, dans les conditions particulières du dernier maximum glaciaire (fort taux de dépôt de poussière, faible accumulation, rayonnement solaire similaire au présent), permet la fonte totale du manteau neigeux pendant l'été. Nombre de jours sans neige sur les continents au Dernier Maximum Glaciaire. En haut: Simulation sans poussière. Au milieu: simulation avec poussière. En bas : Différence. Des calottes de glace commencent à s'accumuler sur l'Asie dans la simulation sans poussière, contrairement aux évidences géologiques. 46 Publications et communications 2004-2007 47 Publications parues ou sous presse Arzel O., T. Fichefet, H. Goosse, 2006. Sea ice evolution over the 20th and 21st centuries as simulated by current AOGCM. Ocean Modelling (in press). Berthier E., Arnaud Y., Baratoux D., Vincent C., Rémy F., 2004. Recent rapid thinning of the "Mer de Glace "glacier derived from satellite optical images. Geophysical Research Letters 31. Berthier E., H. Vadon, D. Baratoux, Y. Arnaud, C. Vincent, K. L.Feigl, F. Remy and B. Legresy, 2005. Surface motion of mountain glaciers derived from satellite optical imagery, Remote Sensing of Environment 95, 14-28. Berthier E., Björnsson H., Pálsson F., Llubes M., Feigl K. and Rémy F., 2006. The level of the Grímsvötn subglacial lake, Vatnajökull, Iceland, monitored with SPOT5 images. Earth and Planetary Science Letters. 243, 293-302. 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